La relation commerce international - croissance selon Ricardo Ce cours présente le schéma de la croissance économique selon Ricardo et la place du commerce international dans ce processus. Sous les hypothèses retenues par Ricardo, le commerce international permet de faire reculer la date de l'avènement de l'état stationnaire et il est favorable à tous les pays s’ils se spécialisent selon la théorie des avantages comparatifs. Dans un deuxième temps on présentera les arguments de ceux qui critiquent la mise en place du libre-échange. Vous pouvez lire une note replaçant l'analyse de Ricardo dans son contexte historique. Plan du cours I - Le commerce international permet de faire reculer l'avènement de l'état stationnaire 1.1. Les hypothèses de David Ricardo. 1.1.1. Les rendements décroissants dans la production agricole. 1.1.2. Le principe de population de Thomas Robert Malthus. 1.1.3. La loi de Jean-Baptiste Say 1.2. La théorie ricardienne de la croissance économique 1.2.1. La relation salaire – profit 1.2.2. La nécessité de libéraliser les échanges (document 1) 2. Les limites de la spécialisation 2.1. L'analyse de Friedrich List. (document 2) 2.1.1. L'école historique allemande. 2.1.2. Le protectionnisme offensif 2.2. Une synthèse à partir de l'analyse de Maurice Allais. (document 3) 2.2.1. Le libre-échange est à l'origine du chômage 2.2.2. Les autres critiques à l'encontre du libre-échange. fiche auteur 1. Le commerce international permet de faire reculer l'avènement de l'état stationnaire (document 1) 1.1. Les hypothèses de David Ricardo. 1.1.1. Les rendements décroissants dans la production agricole. La loi des rendements décroissants sur le sol est la conséquence de la mise en culture de terres de moins en moins fertiles lorsque la production agricole doit augmenter. Conformément à la théorie de la valeur travail, on en déduit la hausse du prix du blé. David Ricardo retient l'hypothèse déjà formulée par Turgot (économiste français de la fin du 18éme siècle) : les rendements factoriels sur le sol sont décroissants. Si la terre est considérée comme une donnée en quantité et en qualité, l'accroissement des quantités de travail fournies permet d'accroître la production agricole mais dans des proportions toujours plus faibles. Par exemple, si l'augmentation de la quantité de travail utilisé est toujours de 10 % sur 2 périodes et que la production agricole augmente de 7 % pour la l ère période et de 5 % pour la 2ème période, on a des rendements décroissants du travail sur le sol (raisonnement dit aux marges intensives, le facteur de production terre est fixe). Dans la réalité, la quantité de terre disponible n'est pas fixe mais les terres mises en culture en priorité sont les plus fertiles. Aussi, une même quantité de travail permet d'obtenir une production agricole plus faible selon le niveau de fertilité de la terre (raisonnement aux marges extensives). Lorsque la quantité de travail nécessaire pour obtenir une quantité déterminée de produits agricoles augmente on a un accroissement de la valeur des produits agricoles (théorie de la valeur travail). Synthèse : rendements factoriels décroissants sur le sol font que l’on observe la hausse de la valeur des denrées agricoles quand il faut accroître la production agricole. Retour au plan 1.1.2. Le principe de population de Thomas Robert Malthus (1766 - 1834). Selon Malthus, pasteur anglican et ami de Ricardo, la croissance de la population est limitée uniquement par la quantité des subsistances disponibles. La mise en relation avec la modèle de Ricardo est la suivante : la croissance économique génère un accroissement de la population (via la hausse des salaires et ses conséquences sur la mortalité infantile) d’ou découle une hausse du prix du blé relativement à la nécessité d’accroître la production de blé. Les hommes ont une tendance naturelle à procréer au maximum des possibilités biologiques. A partir d'observations sommaires (raisonnement inductif donc non-scientifique), il déduit que la population croit à un rythme géométrique (1-2-4-8-16-32........ ). Or, dans le meilleur des cas, la production agricole progresse à un rythme arithmétique (1-2-3-4-5-....). Il arrive fatalement un moment (point d'intersection sur la courbe) où les quantités de subsistances deviennent insuffisantes pour nourrir toute la population. De là, l’inéluctabilité des situations de misère (guerre, épidémies, famines = obstacles naturels à l'accroissement de la population). Malthus admettra toutefois que l'accroissement de la population peut être limité par les hommes eux-mêmes (obstacles préventifs = libertinage, chasteté) mais la tendance à la reproduction rapide reste forte. Cette argumentation l'amène à s'élever contre la généralisation du domaine d'application des lois d'assistance aux pauvres (prise de position contre la réforme Goodwin qui instaure un revenu minimum distribué par les paroisses) et surtout à légitimer l'ordre économique et social en place. Le capitalisme libéral est le système le plus efficace dans la production des biens économiques et la redistribution des richesses ne peut que généraliser la pauvreté. La pauvreté est une situation naturelle et la redistribution entraîne la hausse du nombre de pauvres (baisse de la mortalité infantile chez les pauvres, baisse du pouvoir d'achat des individus qui n'étaient pas pauvres jusqu'alors). Ricardo s'appuiera sur l'analyse de Malthus pour expliquer que la croissance économique amène une augmentation de la population. Dès lors, il est impératif de mettre en œuvre des terres moins fertiles pour nourrir toute la population. La hausse du prix des biens agricoles et en particulier du blé (bien salarial le plus important) est inéluctable. Retour au plan 1.1.3. La loi de Jean-Baptiste Say L’accumulation du capital dans une économie de marché est une condition suffisante pour soutenir la croissance économique puisqu’on n’envisage pas de problème de débouchés. Un taux de profit élevé est donc souhaitable puisqu'il permet une épargne, donc une accumulation, plus importantes. Selon Jean-Baptiste Say, toute offre crée sa propre demande ce qui signifie qu'au niveau de l'ensemble des marchés, il n'y a pas de problème de débouchés même si on peut observer des déséquilibres partiels qui se compensent mutuellement. La croissance économique requiert uniquement l'amélioration des conditions de l'offre d’où la nécessité d'accroître l'efficacité du travail ainsi que la quantité de travail productif utilisée (le salaire courant "gravite" autour du salaire minimum). Cela suppose l’accumulation du capital (somme d'argent qui permet de mettre en oeuvre un processus productif chez les classiques). On comprend dans ce schéma la nécessité d'un taux de profit (profit / capital avancé) suffisamment élevé pour permettre et soutenir l'accumulation . Synthèse : c'est une perspective libérale, Ricardo considère que le taux de profit est la variable déterminante dans le processus de croissance économique. Retour au plan 1.2. La théorie ricardienne de la croissance économique 1.2.1. La relation salaire – profit La distribution du revenu est affectée par la loi des rendements décroissants : l'augmentation du prix du blé entraîne une hausse des parts de la rente et des salaires et une baisse de la part des profits dans le revenu. Il faut envisager les solutions qui permettent de contrer (momentanément, c'est à dire seulement retarder) cette évolution. Suffisamment d'éléments sont réunis pour qu'à partir d'un modèle simple, on comprenne l'inéluctabilité de l'avènement de l'état stationnaire (et la nécessité de libérer les échanges). Hypothèses du modèle -on dispose de 3 terres A, B , C de fertilités différentes -chaque salarié consomme 0,1 tonne pendant le processus de production (le salaire minimum = 0,1 tonne est constant) -on utilise uniquement du travail direct -le blé est le seul produit Unités de travail par tonne de blé A B C 5 6 7 Valeur de la tonne de blé 0,5 0,6 0,7 Si on doit produire une tonne de blé, on utilise la terre A; la valeur de 1 tonne de blé à produire est 0. 5 tonne. Le profit est de 0. 5 tonne et le taux de profit est de 100 % Si on doit produire 2 tonnes de blé (la croissance économique a amené une augmentation de la population, il faut donc produire plus de blé) ; on met en culture la terre B. Le prix de la tonne= de blé est alors de 0,6 tonne. Le profit = 0,4 tonne et le taux de profit = 0,4/0.6 = 66.66 %. La péréquation des taux de profit détermine le profit pour la terre A (0. 33 tonne , 0.5 x 66.66 %) d’où l’apparition d'un surplus de richesses sur la terre A = 0. 166 tonne qui va être transféré aux propriétaires fonciers dans le cadre du paiement de la rente (ici rente foncière différentielle, pour 2 tonnes, la rente de la terre B est nulle). Si on doit produire 3 tonnes, on met en culture la terre C. Les résultats pour les 3 niveaux de production, sont dans le tableau suivant. 1 tonne 2 tonnes 3 tonnes Fonds des salaires 0.5 1.1 1.8 Profit 0.5 0.73 0.77 100 % 66.66 42.8 Rente 0 0.16 0.429 Part des profits dans le revenu en % 50 36.5 25.7 Part des salaires dans le revenu en % 50 55 60 Part de la rente dans le revenu en % 0 8.3 14,3 Taux de profit en % Remarque : la croissance économique amène l'augmentation du fonds des salaires, celle de la rente foncière, celle du profit alors que le salaire individuel reste constant et que le taux de profit diminue. Ainsi, la croissance économique va être bloquée par la faiblesse du taux de profit et les seuls à bénéficier de cette évolution sont les propriétaires fonciers (les mêmes à être favorables aux lois sur le blé). Ce résultat est tout à fait inéluctable étant donné les hypothèses envisagées plus haut. Par contre, une baisse du prix du blé réduit le fonds des salaires et la rente foncière. Elle hausse le taux de profit. Elle permet l’ accumulation et la croissance économique. On comprend bien l’intérêt de la libéralisation des échanges Retour au plan 1.2.2. La nécessité de libéraliser les échanges (document 1) La spécialisation selon les avantages comparatifs procure différents avantages : -elle permet la hausse du taux de profit et donc l’accumulation du capital. -elle avantage tous les pays participant au commerce international. -elle permet d’accroître la diversité des biens mis à la disposition des consommateurs. -elle pacifie les relations entre les nations. La théorie des avantages comparatifs permet de régler le problème posé par les recommandations d'Adam Smith. Dans Recherches sur les causes et la nature de la richesse des nations (1776), Adam Smith indique qu'un pays doirt se spécialiser dans la production pour laquelle il dispose d'un avantage absolu (un coût de production inférieur à celui des autres pays). Qu'en est-il des pays qui ne dispose d'aucun avantage ? Avec Ricardo la question est levée, tous les pays peuvent participer à l'échange et tous sont gagnants.(1) La théorie des avantages comparatifs repose sur des hypothèses fortes (un seul facteur de production, immobilité du capital entre les nations, rendements constants) qui sont autant de limites appelant soit des approfondissements soit des controverses. Retour au plan 2. Les limites de la spécialisation 2.1. L'analyse de Friedrich List. (document 2) 2.1.1. L'école historique allemande. Selon Friedrich List, la richesse est définie par l’état de développement des forces productives (la manière dont est organisée la production et l'efficacité de cette organisation) plutôt que par la quantité de biens échangeables comme dans la tradition classique (celle de Ricardo). Il est souhaitable que les nations franchissent les différentes étapes caractérisant le développement. Le protectionnisme s’inscrit comme un élément déterminant dans la possibilité de réaliser ce processus. Retour au plan 2.1.2. Le protectionnisme offensif Le protectionnisme est offensif dans le sens ou il doit préparer un affrontement à armes égales entre les nations. Le « système douanier » doit créer les conditions d’une véritable concurrence internationale. Le sacrifice de richesse (à court terme) au sens classique est le prix à payer pour assurer le développement des industries naissantes. Retour au plan 2.2. Une synthèse à partir de l'analyse de Maurice Allais. (document 3) 2.2.1. Le libre-échange est à l'origine du chômage L'économiste français Maurice Allais (prix Nobel d'économie en 1988) considère que les spécialisations internationales ne sont pas figées et l’arrivée d’un nouveau pays concurrent génère soit l’abandon de certaines activités, ce qui pose le problème d’un chômage de reconversion, soit la réduction des salaires ce qui pose le problème d’un chômage néoclassique quand le marché du travail est rigide. Puisque le facteur travail ne se déplace pas comme les capitaux, la recherche du profit le plus élevé ne s'accompagne pas d'un mouvement d'égalisation des salaires. Les écarts de salaires demeurent durablement importatnts et entraînent des pertes d'emplois dans les pays confrontés à un coût du travail plus élevé. Le libreéchange a des effets bénéfiques lorsqu'il est pratiqué entre pays ayant des niveaux de développement comparable. Cela conduit Maurice Allais à réclamer un protectionnisme prenant la forme d'une "préférence communautaire". Retour au plan 2.2.2. Les autres critiques à l'encontre du libre-échange. Il est nécessaire de ne pas satisfaire aux enseignements de l’analyse de Ricardo lorsque l’on souhaite préserver les sécurités alimentaire et intérieure, arguments que l’on rencontre déjà chez Smith. Par ailleurs, on peut ne pas accepter le libre-échange en contrepartie d’un accroissement des inégalités et du développement de l’exclusion. Retour au plan Document 1 Retour au plan L'Angleterre peut se trouver dans des circonstances telles qu’il lui faille, pour fabriquer le drap, le travail de cent hommes par an, tandis que, si elle voulait faire du vin il lui faudrait peut-être le travail de cent vingt hommes par an : il serait donc de l’intérêt de l'Angleterre d’importer du vin, et d’exporter en échange du drap. […] En Portugal, la fabrication du vin pourrait ne demander que le travail de quatre vingt hommes pendant une année, tandis que la fabrication du drap exigerait le travail de quatre-vingt-dix hommes. Le Portugal gagnerait donc à exporter du vin en échange pour du drap. Cet échange Pourrait même avoir lieu dans le cas où on fabriquerait au Portugal l’article importé à moindres frais qu’en Angleterre. Quoique le Portugal pût faire son drap en n’employant que quatre-vingt-dix hommes, il préférerait le tirer d’un autre pays où il faudrait cent ouvriers pour le fabriquer, parce qu’il trouverait plus de profit à employer son capital à la production du vin, en échange duquel il obtiendrait de l’Angleterre une quantité de drap plus forte que celle qu’il pourrait produire en détournant une portion de son capital employée à la culture des vignes, et en l'employant à la fabrication des draps. […] Dans ce cas, l'Angleterre donnerait le produit du travail de cent hommes en échange du produit du travail de quatre-vingts. Un pareil échange ne saurait avoir lieu entre les individus du même pays. On ne peut échanger le travail de cent Anglais pour celui de quatre-vingts autres Anglais ; mais le produit du travail de cent Anglais peut être échangé contre le produit du travail de quatre vingt Portugais, de soixante Russes ou de cent vingt Asiatiques. Il est aisé d’expliquer la cause de la différence qui existe à cet égard entre un pays et plusieurs: cela tient à l'activité avec laquelle un capital passe constamment, dans le même pays d’une province a l'autre pour trouver un emploi plus profitable, et aux obstacles qui en pareil cas s'opposent au déplacement des capitaux d’un pays à l'autre. C'est pourquoi le commerce étranger, [est] très avantageux pour un pays, puisqu’il augmente le nombre et la variété des objets auxquels on peut employer son revenu, et qu’en répandant avec abondance les denrées bon marché, il encourage les économies et favorise l'accumulation des capitaux [… ]. Dans un système d’entière liberté de commerce, chaque pays consacre son capital et son industrie à tel emploi qui lui paraît le plus utile. Les vues de l'intérêt individuel s'accordent parfaitement avec le bien universel de toute la société. C'est ainsi qu’en encourageant l'industrie, en récompensant le talent, et en tirant tout le parti possible des bienfaits de la nature, on parvient à une meilleure distribution et à plus d’économie dans le travail. En même temps l'accroissement de la masse générale des produits répand partout le bien-être; l’échange lie entre elles toutes les nations du monde civilisé par les noeuds communs de l’intérêt, par des relations amicales, et en fait une seule et grande société. C'est ce principe qui veut qu’on fasse du vin en France et en Portugal, qu’on cultive du blé en Pologne et aux États-Unis, et qu’on fasse de la Quincaillerie et d’autres articles en Angleterre. David Ricardo, Principes de l'économie politique et de l'impôt, Calmann-Lévy, 1970, (1ère édition 1817). Questions sur le document 1 1) Remplissez le tableau suivant Quantité de travail en hommes / année par unité de bien produite Réponse vin drap Portugal 80 h 90 h Angleterre 120 h 100 h 2) Proposez une définition des avantages comparatifs Réponse 3) Déterminez les prix relatifs internes Réponse 4) Comment vont s'opérer les spécialisations ? Réponse 5) Commentez la phrase soulignée Réponse 6) Pourquoi faut il libéraliser les échanges ? Réponse Document 2 Retour au plan Dans le développement économique des peuples, par le moyen du commerce extérieur, il faut donc distinguer quatre périodes. Dans la première, l'agriculture est encouragée par I'importation des articles manufacturés étrangers et par l’exportation de ses produits ; dans la seconde des manufactures s'élèvent en même temps que s'importent les articles des manufactures étrangères; dans la troisième les manufactures du pays approvisionnent en majeure partie le marché intérieur; la quatrième, enfin voit exporter sur une grande échelle les produits des manufactures du pays et importer de l'étranger des matières brutes et des produits agricoles. Le système douanier, envisagé comme moyen d’aider au développement économique de la nation, en réglant son commerce extérieur, doit constamment prendre pour règle le principe de l'éducation industrielle du pays [… ]. L’industrie manufacturière se rattache à tant de branches de la science et de l'art, elle implique tant d’expérience, tant de pratique et d'habitude, que l'éducation industrielle d’un peuple ne peut s'effectuer que lentement [ ]. Des droits d’importation trop élevés, qui excluent absolument la concurrence étrangère, sont préjudiciables au pays même qui les adopte; car ils suppriment l'émulation entre les fabricants indigènes et les fabricants étrangers, et entretiennent chez les premiers l'indolence [ ]. Le droit protecteur en faveur d’une industrie ne doit pas descendre assez bas pour que l’existence de celle-ci puisse être compromise par la concurrence étrangère. On doit prendre pour règle invariable de conserver ce qui existe, de protéger l’industrie nationale dans son tronc et dans ses racines. La concurrence étrangère doit simplement prendre sa part dans l'accroissement annuel de la consommation. Les droits doivent être haussés lorsqu'elle prend la plus forte part ou la totalité de cet accroissement annuel [ ]. La perte causée par les droits protecteurs ne consiste après tout qu’en valeurs, mais les pays acquièrent ainsi des forces, au moyen desquelles il est mis pour toujours en mesure de produire des masses incalculables de valeurs. Cette dépense de valeurs doit être considérée comme le prix de l’éducation industrielle du pays [ ]. Un bon système protecteur [ ] est utile, en ce sens non seulement qu’il réveille dans le pays des forces productives dormantes et oisives, mais encore qu’il y attire des forces productives de l'étranger, des capitaux matériels et moraux à la fois, des entrepreneurs, des industriels habiles, des ouvriers. Friedrich List, Système national d'économie politique, (1ère édition 1840). Questions sur le document 2 1) Quelles sont les étapes du développement des nations ? Réponse 2) Commentez la phrase soulignée Réponse 3) Quelles est la position de List par rapport au protectionnisme ? Réponse Document 3 Retour au plan En dernière analyse, la justification d’une politique de libre-échange se fonde dans ses principes sur la théorie des coûts comparés. [ ] Cette spécialisation a bien pour effet à terme de rapprocher l’économie mondiale d’une situation d’efficacité maximale. Mais si, au cours de ce processus et à terme, certains pays peuvent voir leur situation s'améliorer, d’autres par contre peuvent voir leur situation se dégrader. L'hypothèse de l'invariance des coûts comparés au cours du temps En fait la théorie des coûts comparés repose sur une hypothèse essentielle, généralement non explicitée, à savoir que la structure des coûts comparés reste invariable au cours du temps. Mais il n’en est ainsi en général que dans le cas des ressources naturelles. Ainsi, par rapport à l'Europe occidentale, les pays producteurs de pétrole disposent d’un avantage comparatif qui restera le même dans l'avenir prévisible. [ ] Par contre, dans le domaine industriel aucun avantage comparatif ne saurait être considéré comme permanent. Chaque pays aspire légitimement à rendre ses industries plus efficaces, et il est souhaitable qu’il puisse y réussir. Il résulte de là que la diminution ou la disparition de certaines activités dans un pays développé en raison des avantages comparatifs d’aujourd'hui ne pourront que se révéler demain fondamentalement erronées et désavantageuses dès lors que ces avantages comparatifs disparaîtront et que cette disparition nécessitera à terme le rétablissement des activités supprimées. L'autosuffisance alimentaire Même lorsqu'il existe des avantages comparatifs de caractère permanent, il peut être tout à fait contre-indiqué de laisser s'établir les spécialisations qui seraient entamées par une politique généralisée de libre-échange. Ainsi, dans le domaine de l’agriculture, le libre-échange mondial n’aurait d’autre effet que de faire disparaître presque totalement l’agriculture de la Communauté européenne en raison des avantages comparatifs de caractère permanent au moins pour l'avenir prévisible, détenus actuellement par des pays comme les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Australie ou l'Argentine. Une telle disparition doit certainement être regardée comme non souhaitable du point de vue sociologique et politique, et elle est en tous cas de nature à compromettre la sécurité de la Communauté européenne en matière alimentaire. [ ] L'abaissement des rémunérations du travail relativement moins qualifié dans les pays développés Dans la présentation habituelle de la théorie des coûts comparés, on néglige trop souvent sinon toujours, les effets considérables du libre-échange sur la répartition des revenus à l'intérieur de chaque pays. En fait, la loi des coûts comparés pour les productions joue également pour les facteurs de production. De là, il résulte que, dans toutes les activités où les salariés sont relativement moins qualifiés, les pays moins développés ont au cours du change un avantage relatif, et que, dans l'équilibre qui s'établit, l'abondance plus grande de ces salariés relativement moins qualifiés dans les pays moins développés entraîne dans les pays développés une baisse des rémunérations des salariés relativement moins qualifiés et une hausse parallèle des rémunérations des salariés relativement plus qualifiés. Mais ce mouvement divergent est rendu totalement impossible par les législations ou les accords sur les minima des salaires, et en tous cas par l'impossibilité sociologique d’un accroissement considérable des inégalités considéré par l’opinion comme tout à fait inacceptable. C'est ce mécanisme sous-jacent, mais cependant très puissant et tout à fait fondamental, qui est à l’origine, pour une large part, du développement du chômage des salariés moins qualifiés dans les pays occidentaux, et de l’accroissement constaté des inégalités. [ ] Des exportations génératrices de chômage Il résulte de là encore qu’au-delà des exportations nécessaires pour pouvoir importer les biens que des pays développés ne peuvent produire par eux-mêmes, et par un mécanisme qui n’est paradoxal qu’en apparence, tous les efforts de ces pays pour exporter, au-delà de ce qui leur est nécessaire, dans des pays moins développés ne peuvent qu’accroître leur propre chômage. Considérons en effet et par exemple, le cas très simplifié de deux pays, l’un développé et l'autre moins développé. Supposons qu'initialement le pays développé produise lui-même avec des salariés relativement moins qualifiés des productions que le pays moins développé peut potentiellement et avec des techniques comparables produire et exporter. Supposons encore qu’au cours du change les salaires globaux horaires des salariés relativement moins qualifiés du pays développé soient quatre fois plus élevés que les salaires globaux horaires correspondants du pays moins développé. Comme les balances commerciales des deux pays doivent être en équilibre, les valeurs globales des exportations doivent être égales. Il en résulte alors, dans le cas considéré et sous des conditions très générales, qu’ à toute création d'emplois de 100 dans le pays développé par des exportations supplémentaires de technologie avancée correspondra, en raison des importations impliquées, une destruction d’emplois de 400 pour les salariés relativement moins qualifiés, d’où une perte nette d’emplois de 300. Un effet inverse se constatera dans le pays moins développé. Maurice Allais, Combats pour l'Europe, 1992-1994, Clément Juglar, 1994. Questions sur le document 3 1) Pourquoi le libre-échange est-il à l'origine du chômage ? Réponse 2) Quels sont les autres arguments que Allais soulève contre le libre-échange ? Réponse Réponses aux questions sur le document 1 1) Quantité de travail en hommes / année par unité de bien produite vin drap Portugal 80 h 90 h Angleterre 120 h 100 h 2) Avantages comparatifs = comparaison des niveaux des productivités du travail entre 2 pays pour un même bien. Pour Ricardo, les pays doivent se spécialiser en fonction des avantages comparatifs. Chaque pays doit se spécialiser là où il dispose du plus grand écart absolu de productivité pour ce qui concerne la production d'un bien ou pour les productions montrant les plus faibles désavantages absolus, toujours en termes de productivité du travail. Comme Ricardo considère que la valeur des biens dépend du temps de travail nécessaire à leur production, cela revient à comparer les prix relatifs des biens et ceux-ci déterminent les spécialisations. 3) Prix relatifs internes vin contre drap drap contre vin Portugal 0,88 (80/90) 1,125 Angleterre 1,2 0,83 Au Portugal une unité de vin s'échange contre 0. 88 unité de drap ; tandis qu'en Angleterre, une unité de vin s'échange contre 1.2 unité de drap. Le producteur de vin portugais a intérêt à vendre une partie de sa production en Angleterre. En Angleterre, une unité de drap s'échange contre 0.83 unité de vin alors qu'en exportant le drap au Portugal une unité de drap rapportera 1. 15 unité de vin. Bien que le Portugal dispose de tous les avantages absolus, il a intérêt à participer aux échanges internationaux puisque le drap est relativement moins cher en Angleterre qu'au Portugal. L'Angleterre a aussi intérêt à participer aux échanges internationaux puisqu'elle peut obtenir plus de vin contre une même quantité de drap. Les conclusions de Ricardo vont au delà de celles d'Adam Smith puisque que tous les pays bénéficient de la libéralisation des échanges (si les prix relatifs sont différents) et s'ils choisissent la bonne spécialisation, même les pays qui ne disposent d'aucun avantage absolu. 4) Le Portugal se spécialise dans la production du vin (écart de 40 heures de travail par unité de vin par rapport à l'Angleterre et le vin est relativement plus cher en Angleterre qu'au Portugal). L'Angleterre se spécialise dans le drap (là où elle présente un écart de seulement 10 heures de travail et où elle pourra vendre son produit dans de meilleures conditions au Portugal qu'en Angleterre). On remarque que les différences de productivité du travail entre les pays sur les biens restent inexpliquées (sauf le soleil pour le Portugal). La portée explicative du modèle s’en trouvera réduite dès lors que les productions seront moins liées à des conditions naturelles. Par ailleurs, l’hypothèse d’unicité du facteur de production (tout peut se ramener à du travail) sera relâchée par l’analyse néoclassique. Elle explique les spécialisations internationales par les différences de dotations en facteurs de production moyennant les hypothèses que les ceux-ci circulent librement et que les technologies de production sont accessibles à tous. Le "théorème" H-O (Hecksher-Ohlin) stipule que les pays doivent se spécialiser là où ils disposent des facteurs de production les plus abondants (Japon dans la haute technologie puisqu'il dispose de beaucoup de main-d'oeuvre qualifiée, Argentine dans la production agricole puisqu'elle dispose de beaucoup de terres fertiles...). En prolongeant cette analyse Samuelson a établi le "théorème" d’égalisation des rémunérations des facteurs de production au niveau mondial. L’analyse néoclassique du commerce international sera approfondie pour prendre en compte l’évolution dans les spécialisations (théorie du cycle de vie du produit de Vernon) ou critiquée pour ce qui concerne l’inégalité dans la qualité des spécialisations. 5) Puisque le Portugal est plus efficace que l'Angleterre dans la production des 2 biens, l'allocation optimale des facteurs de production voudrait que tout le capital de l'Angleterre se déplace au Portugal afin de profiter de conditions de production plus avantageuses d’où la fin du commerce international. Mais d'après Ricardo, la mobilité du capital est nulle (entre les nations). Alors, le commerce international apparaît comme une solution intermédiaire entre l'autarcie et l'allocation optimale des facteurs de production. Néanmoins, aujourd'hui la mobilité du capital est très forte et l'hypothèse de Ricardo ne peut plus être retenue (cf. théorème HO). 6) D'après l'auteur, le commerce international présente différents avantages : il accroît le nombre et la variété des biens. en réduisant le prix des biens (en particulier le blé), il favorise le taux de profit, l’accumulation du capital et la croissance économique. il étend aux différentes nations les effets bénéfiques de la main invisible. il pacifie les relations entre les pays (création d'un lien marchand, cf. le "doux commerce" de Montesquieu). On peut montrer sur l'exemple de Ricardo que le commerce international permet d'accroître les productions à quantités de travail utilisées inchangées. Avec la spécialisation, l'Angleterre est en mesure de produire 2.2 unités de drap et le Portugal peut produire 2.125 unités de vin (à chaque fois au lieu de 2 unités en autarcie) d’où la baisse de la valeur de ces produits et le développement de l’accumulation. On peut aussi déterminer les quantités de travail épargnées grâce au commerce international pour des niveaux de production inchangés. On considère cepandant que les rendements d'échelle sont constants ce qui en fait , est une hypothèse restrictive et pose le problème de l'inégalité dans la qualité des spécialisations. On peut considérer que tous les pays ne gagnent pas de la même manière à l’échange international. Ricardo a milité activement pour le libre échange et en particulier, il lutte contre les lois sur le blé (lois qui autorisent la taxation des importations de grains). Ces lois seront supprimées en 1846 ce qui marquera le début de la politique libre-échangiste de l'Angleterre. Si les modèles de Ricardo ou HOS expliquent le commerce inter-branches (lequel occupe une faible part dans les échanges internationaux aujourd'hui), de nombreux auteurs lui reprochent de ne pas expliquer le commerce intrabranche.. Réponses aux questions sur le document 2 1) Les étapes 1ère étape : exportations de produits agricoles et importations de produits manufacturés afin de faciliter le développement de l'activité agricole. 2ème étape : développement des industries manufacturières et importations de produits manufacturés. 3ème étape : les industries manufacturières sont suffisamment développées (elles approvisionnent le marché national) pour bientôt affronter la concurrence internationale. 4ème : étape exportations de produits manufacturés et importations de produits agricoles. Ces étapes mises en évidence par List, sont tout à fait significatives d'une stratégie de remontée des filières telle qu'ont pu la mettre en oeuvre les NPI du sud-est asiatique. Le protectionnisme doit permettre la remontée des filières et d'éviter le piège de la dépendance relatif à l'acceptation d’une spécialisation définitive sur des produits agricoles pouvant conduire à la dégradation des termes de l'échange. 2) Le protectionnisme doit permettre de développer les forces productives même si cela signifie le sacrifice des avantages en termes de richesses tels que les envisagent Ricardo. Les deux auteurs n'ont pas la même conception de la richesse. 3) Le protectionnisme est offensif dans le sens où il doit permettre le développement des industries naissantes avant qu'elles ne soient confrontées à la concurrence internationale. Le libre échange est valorisé à partir du moment où les nations luttent à armes égales. D'ailleurs List considère que le protectionnisme ne doit pas être total et que les entreprises nationales doivent toujours sentir la menace d’une compétition venant de l’extérieur (il doit être réservée une part du marché national aux entreprises étrangères). l'Etat a donc un rôle considérable dans le processus de développement ne serait-ce qu'en contrôlant les échanges internationaux. Remarque : le protectionnisme de List ne se réduit à l’application d’un tarif douanier mais présente des modalités « très modernes » puisqu’il s’agit par exemple pour l’Etat d’attirer des investissements étrangers. Réponses aux questions sur le document 3 1) parmi les différentes raisons qui font d'après Maurice Allais que le libre-échange crée du chômage, on a : la structure des avantages comparés peut évoluer dans le temps. L’apparition de nouveaux producteurs toujours plus efficaces génère la disparition des activités dans les pays menacés. L’amélioration des conditions de l'offre risque de créer du chômage de conversion qui peut se traduire par du chômage de LT. D’où l’idée d'un protectionnisme défensif que l'on trouve déjà chez Smith. les rigidités à la baisse des salaires dans les pays faiblement pourvus en travail peu qualifié (cf évolution du revenu selon Samuelson) crée un chômage de type néo – classique. le contenu en emplois des exportations des pays développés est inférieur au contenu en emplois des importations des pays en voie de développement. Cependant, le raisonnement est critiquable car il repose sur un équilibre systématique de la balance commerciale par rapport à ces pays, ce qui n'est pas forcément le cas. De plus les échanges en provenance de ces pays permettent d'accroître le pouvoir d'achat dans les pays industrialisés et le développement d'autres activités dans ces pays. 2) Les autres arguments : Il faut privilégier l'indépendance alimentaire, argument que l'on peut extrapoler à l'industrie d'armement (cf aussi Smith). L’ évolution des rémunérations va dans le sens de la baisse des rémunérations des moins qualifiés dans les pays du nord (ou chômage). On observe donc un creusement des inégalités qui peut alimenter l’exclusion. Thomas Robert Malthus : économiste britannique (1766-1834). Pasteur anglican, professeur d'histoire et d'économie politique. Son principal ouvrage est son "Essai sur le principe de la population" (1803). Son sujet de prédilection est donc démographique. Selon lui, la population a tendance naturellement à croître à un rythme trop important pour les ressources alimentaires. Selon la loi des rendements décroissants, en effet, une faible population commencera par exploiter les terres les plus fertiles. Mais au fur et à mesure de la croissance de la population, on devra avoir recours à des terres de plus en plus difficiles à cultiver et nécessitant donc de plus en plus de ressources financières et humaines. Cela se traduit par des crises de famine périodiques. Il en déduit qu'il ne faut pas porter secours aux plus pauvres de manière à éviter leur multiplication... Depuis, lorsque l'on parle de malthusiannisme, on évoque les théories qui préconisent une limitation des naissances, ou parfois, d'une façon plus générale, de l'offre. Dans un ouvrage ultérieur (1820), il évoquera les effets négatifs d'une épargne trop développée. Il se distingue également des autres économistes classiques par sa conviction que c'est la demande qui stimule l'offre et non l'inverse comme le pense Say. Jean-Baptiste Say : économiste français (1767-1832) et chef d'entreprise (jusqu'à 400 salariés), auteur d'un "Traité d'économie politique" (1803). Il est surtout connu pour avoir diffusé en France les idées d'Adam Smith. Il se singularise toutefois par certains apports personnels. Il introduit la notion d'utilité comme source de valeur, idée qui sera reprise plus tard par les néo-classiques. Il considère la monnaie comme un "voile des échanges", masquant en quelque sorte les échanges réels, qui seuls doivent intéresser l'économiste. Enfin, il est l'auteur de la fameuse "loi des débouchés", par laquelle il montre que l'offre crée sa propre demande (les revenus liés à la vente, partagés entre salariés, fournisseurs et chef d'entreprise, créent une demande d'un montant équivalent à la vente). Eli Hecksher, économiste suédois1879-1952, Bertil Ohlin économiste suédois1899-1979, prix Nobel en 1977 Paul Anthony Samuelson économiste américain (né en 1915) prix Nobel en 1970 Friedrich List (1789-1846) : Autodidacte, il fut d'abord fonctionnaire, puis accéda à la chaire d'économie de l'université de Tübingen (1816). En 1819, il se consacra à la politique et fut élu à la Diète. Son attitude ouvertement libérale le fit condamner, en 1821, à dix mois de travaux forcés. Il s'évada, voyagea en France, en Suisse et en Grande-Bretagne. De 1825 à 1832, il vécut aux États-Unis, où sa pensée économique mûrit. En 1833, il revint en Europe en tant que consul général des États-Unis à Leipzig. Favorable à l’union douanière entre les Etats allemands, il estime que le libre-échange sert avant tout les intérêts de la Grande-Bretagne. Il est partisan d’un protectionnisme permettant aux "industries dans l’enfance, industries naissantes", de se développer avant de se lancer dans l’échange international. Son influence a été considérable notamment en Allemagne. Maurice Allais, (né en 1911), major de l'Ecole polytechnique, diplômé de l'Ecole nationale supérieure de mines de Paris et ingénieur-docteur de la faculté des sciences de l'université de Paris, Maurice Allais est un représentant de la tradition française des ingénieurs économistes. Son oeuvre économique a valu à Maurice Allais une reconnaissance internationale et le Prix Nobel d'économie en 1988. Pour l'étude des conséquences du libre échange, Maurice Allais défend depuis la fin des années 80 une analyse critique des orientations européennes. Libéral, partisan depuis toujours de la construction européenne il considère que l'application générale du libre échange est la principale explication du niveau élevé du chômage en Europe. Sa position théorique est utilisée comme référence par des courants aussi éloignés que les mouvements d'extrème droite (Front National, M.N.R) et l'association Attac ! Maurice Allais a produit aussi une œuvre considérable dans le domaine de la physique. Retour au plan Retour au plan Ricardo a vécu à l’époque de la suprématie britannique. L'Angleterre, berceau de la révolution industrielle, domine le monde. Et pourtant comme Malthus, Ricardo incarne le pessimisme en économie. Il a une vision sombre de l’avenir. Son idée générale est qu’en longue période la répartition du revenu national se modifie au détriment du profit à l’avantage de la rente foncière, faisant tendre l'accumulation du capital vers l'état stationnaire (croissance par tête = zéro). Le capitalisme industriel aura alors atteint ses limites. Il est vrai qu’en Grande-Bretagne fin XVIIème début XIXème, les rentes avaient prodigieusement augmenté. Le commerce du grain prospérait. L'aristocratie foncière qui dominait le Parlement se dota, pour défendre ses intérêts, d’une réglementation protectionniste très rigide : les corn laws (lois sur les grains), pour empêcher les importations de grain étranger meilleur marché. En 1813 la situation était catastrophique : des mauvaises récoltes et la guerre contre Napoléon avaient engendré des tarifs de famine, le grain atteignait des prix fantastiques ; la farine se vendait quatorze shillings le boisseau, soit le double de la paie hebdomadaire d’un ouvrier. C'en était trop pour les industriels. En 1815, Ricardo publie un Essai sur l'influence d'un bas prix du blé sur les profits. Il écrit « les intérêts des propriétaires fonciers sont toujours opposés à l’intérêt de toutes les autres classes de la communauté ». Il réclame l’abrogation des "corn laws" et la libre importation du grain. Non au protectionniste ! Oui au libre échange ! En 1817, il publiera son oeuvre majeure, tentative d’approfondissement et d’extension de l'essai de 1815, Des principes de l'économie politique et de l'impôt. Napoléon fut vaincu et le prix du blé retomba à des niveaux plus raisonnables, mais les "corn laws" ne furent abrogées que bien après la mort de Ricardo en 1846. Retour au plan (1) La théorie de Ricardo est donc souvent présentée comme un progrès relativement à celle de Smith. Cependant l'analyse d'Adam Smith est importante sur un autre point négligé par Ricardo. Si le commerce international doit être libéré c'est parce que c'est un moyen d'étendre les marchés et de faire jouer pleinement les bienfaits de la division du travail. L'extension des marchés accroît l'efficacité et autorise des économies d'échelle. Les théories modernes de l'échange international puisent dans cette observation lorsqu'elles font des rendements croissants une explication essentielle du développement des échanges. Pour plus de détails voir le chapitre consacré à la théorie des échanges internationaux.