Problèmes économiques contemporains PARTIE 4 Le commerce international Chapitre I : Histoire et faits A. Généralisation du commerce international au XIXe siècle. Longue histoire du commerce entre nations avec au départ deux grandes motivations : − Différences de possibilité entre les pays − Recherche de débouchés (mercantilisme) Accélération au XIXe siècle : Avant 1800, la croissance et le commerce évoluaient au même rythme. Entre 1800 et 1913, la production par tête est multipliée par 2,2 et le commerce international par tête par 2,5. Ce mouvement concerne d’abord les pays de l’ouest-européen. Remarque : Le calcul classique des taux d’ouverture à partir des rapports exportations / surproductions. Pour l’Europe, on passe de 3% au début du XIXe à 13% à la fin du siècle. L’Angleterre enregistre le taux le plus élevé, suivie de l’Allemagne et la France, cela donne une puissance économique à l’Angleterre au XIXe dans les échanges comme dans le commerce mondial. Ex : l’Angleterre est concernée par 18% du commerce mondial au XIXe. Quelle est la hiérarchie derrière l’Angleterre ? La France puis l’Allemagne, alors que les Etats-Unis deviennent la 3e puissance commerciale à la fin du siècle. Pour le XIXe siècle, au niveau agrégé, plus des ¾ des importations mondiales concernent l’Europe. Quelle est la structure des échanges ? La spécificité des puissances coloniales (France et surtout Angleterre) est d’importer des matières premières de leurs colonies, et d’y exporter des produits finis. Plus globalement, on décompose les biens entre produits primaires (agricoles, minerais, ressources…) et produits industriels. Le commerce mondial est dominé par un bloc de pays industriels, l’Europe achetant principalement des produits primaires et vendant surtout des produits industriels. L1/S2 59 Partie 4 : Le commerce international. Ex : Au XIXe, les exportations européennes sont composées de produits manufacturés pour 60% alors que les importations comportent plus de 80% de produits primaires. Il y avait une relative stabilité de ces chiffres avec 2 modifications mineures : − La part de textile baisse dans le commerce mondial − Celle des productions métallurgiques et chimiques augmente. B. Les bouleversements du XXe siècle La chute de l’Angleterre, l’avènement des Etats-Unis et des nouvelles puissances industrielles (Canada, Japon…) ont provoqué de grands changements : Avant la 2e guerre mondiale : − Le commerce international croissait à un rythme faible (3% par an de 1913 à 1937). − L’Angleterre était rattrapée par les USA et l’Allemagne. Le poids de la France dans les échanges fut divisé par 2. − La structure du commerce par produits (répartition entre produits primaires et industriels) est presque inchangée. Après la 2e guerre mondiale : − Forte croissance du commerce international : entre 1955 et 1980, le montant des exportations est multiplié par 20. − Grande différence des taux d’ouverture des différents pays industrialisés. En 1980, 8% pour les USA, 13% pour le Japon, 18% pour la France, 23% pour l’Allemagne. − Les USA perdent de leur puissance, concurrencée par la Japon, l’Europe occidentale et les nouveaux pays industrialisés. − La part des pays en voie de développement dans le commerce mondial reste faible (environ 20%). Structure du commerce international Développement du commerce manufacturé (industries électromécaniques à produits chimiques) et baisse de celui des produits agricoles. Grande variabilité de la part des produits minéraux en raison de la fluctuation du prix du pétrole (double choc pétrolier de 1973 et 1979) et tendance à la diminution. C. Le commerce international actuellement Depuis 20 ans, le commerce mondial a été multiplié par 2,5 contre 1,5 pour la production mondiale. Quelles sont les zones actives ? − Europe occidentale : 44% − Asie : 24% − Amérique du Nord : 17% − Amérique Latine : 5% 60 L1/S2 Problèmes économiques contemporains − PECO et ex-Urss : 4% − Moyen-Orient : 3% − Afrique : 2% On observe une tendance au développement du commerce intra régional (70% des exportations de l’Europe occidentale sont intra européennes). Analyse des balances commerciales. − USA et RU toujours déficitaires − Allemagne et Japon toujours excédentaires − La France est passée d’une situation déficitaire dans les années 80 à une position excédentaire depuis, sauf en 2004. D. Protection et libre-échange depuis 1800 Point important : Le libre-échange absolu n’a jamais existé, cette période caractérisant généralement par un taux élevé de protection dans presque tous les pays. Tradition intellectuelle libre-échangiste en Angleterre. Dans les faits, les pays sont globalement libre-échangistes entre 1848 (abolition des Corn Law) et la crise de 1929. Les grands pays continentaux ne pratiquent le libre-échange que de façon ponctuelle. Ex : − La France et le traité de libre-échange avec le RU en 1860. Mais retour du protectionnisme avec les tarifications de 1881, le tarif Méline en 1892 et la loi du cadenas en 1897. − L’Allemagne : Accord du Zollverein 1834 avec les USA, mais tarifs élevé vis-àvis de l’extérieur. Au début du XXe siècle, le monde est globalement protectionniste. Renforcement des protections pendant la guerre de 14-18, puis alternance dans les années 20 de mesures de libre-échange et de protection. Retour à un protectionnisme généralisé dans les années 30. Ex : Aux USA, tarif Hawley-Smooth ; en Angleterre, Import duties act ; en France, relèvement progressif des tarifs douaniers… Depuis 1945, on voit une baisse timide mais régulière des protections douanières. Différents cadres de négociation : soit mondial (GATT ou OMC), soit régional (Europe). Même si les taux baissent au niveau global, les protections sectorielles dans les pays industrialisés restent assez fortes (agriculture en Europe, acier aux USA) L1/S2 61 Partie 4 : Le commerce international. Finalement, le libre-échange est bien plus l’exception que la norme. La grande majorité des pays reste attachée à un niveau de protection élevé. 62 Quelles théories économiques justifient le libre-échange ou le protectionnisme ? L1/S2 Problèmes économiques contemporains Chapitre II : Les théories classiques du commerce international A. Introduction 3 grands thèmes : − La composition des échanges internationaux − La détermination des prix des flux internationaux − L’effet du commerce international sur le pays échangiste. Il existe deux familles de théories de l’échange international : − Soit l’échange vient des différences entre pays (productivité, nature des dotations). Célèbre formule de Bernard Lassudrie-Duchêne pour qui l’échange international est une demande de différence car « là ou tout se révèle identique, il est inutile de changer ». − Soit l’échange vient des structures de marché (monopole ou oligopole) CAD des différences de coûts endogènes. B. Les théories du commerce international fondées sur la différence L’approche traditionnelle de Adam Smith (fin XVIIIe) à Samuelson (milieu du XXe). Les avantages absolus d’Adam Smith Adam Smith justifie le commerce international comme une réponse aux différences de coûts absolus entre les pays. Cadre de raisonnement : 2 pays, 2 biens, un seul facteur de production (travail) et les coûts de productions mesurés en nombre de travailleurs par unité. Définition : Un pays possède un avantage absolu sur son partenaire pour un bien lorsqu’il peut le produire avec moins de travailleurs. L’existence d’avantages absolus est à l’origine de la spécialisation et de l’échange. Ex : si je suis meilleur que l’autre pour produire le bien 1 et moins bon que l’autre pour produire le bien 2, j’ai intérêt à ne produire que le bien 1 et à acheter l’autre bien à l’étranger. La production mondiale obtenue grâce à la spécialisation internationale permet de produire plus qu’en situation d’autarcie. Ici, tout le monde peut être gagnant dans le commerce international. Mais il manque 2 points au raisonnement : − Comment se répartissent les gains du commerce international ? L1/S2 63 Partie 4 : Le commerce international. − Que se passe-il lorsqu’un pays est meilleur que l’autre pour toutes les productions ? Les avantages comparatifs de Ricardo Démonstration de l’intérêt du libre échange, même pour ceux qui n’ont aucun avantage absolu. Cadre de raisonnement : 2 pays, 2 biens, un seul facteur de production. (Ricardo prend l’exemple du Royaume-Uni et du Portugal avec 2 productions : le vin et les draps). Hypothèse : Le Portugal possède un avantage absolu sur le Royaume-Uni dans les deux biens. Modélisation des coûts hommes / années pour une unité de vin et de draps dans les deux pays. Coût drap Coût vin Rapport vin/drap Rapport drap/vin Portugal 90 80 0.88 1.125 Royaume-Uni 100 120 1.2 0.83 Résultat de Ricardo : Les deux pays ont intérêt à commercer. 1ère étape : Pour chaque pays, on calcule le rapport vin/drap (ou drap/vin). Vin/drap (Portugal) = 0.88 Donc si le Portugal se spécialise dans le vin, il perd Vin/drap (Royaume-Uni) = 1.2 moins en drap que le Royaume-Uni. Drap/vin (Portugal) = 1.125 Drap/vin (Royaume-Uni) = 0.83 Donc le Portugal doit renoncer à 1.125 unités de vin, contre 0.83 pour le RU. Si les deux pays se spécialisent et commercent − Le Portugal peut obtenir contre une unité de vin jusqu’à 1.2 unités de drap au lieu de 0.88 au autarcie. − Le RU peut obtenir contre une unité de drap jusqu’à 1.125 de vin au lieu de 0.83 en autarcie. Le commerce international est intéressant pour tous. Questions non résolues 1. La répartition des gains de l’échange : Elle dépend des prix du vin et du drap sur le marché international. Ceux-ci dépendent des demandes. Exemple de J.S.Mill : Si la demande de vin est faible, le prix du vin par rapport au drap va être faible le prix du vin est proche de celui pratiqué en autarcie au Portugal et les gains de l’échange bénéficient au RU. 2. Les hypothèses sur la pleine utilisation des facteurs et des coûts (nuls) de changement de production : Dans une optique mercantiliste ou keynésienne, il y a une contestation forte du premier point. 64 L1/S2 Problèmes économiques contemporains 3. L’origine des différences de productivité : Point important mais dans l’ombre chez Ricardo. La théorie du XXe siècle, dite HOS (Heckscher – Olhin – Samuelson) va examiner cet aspect. Le modèle HOS et les dotations factorielles Le modèle HOS est une synthèse de différents travaux de la 1e partie du XXe siècle. L’idée est de faire apparaître les différences de productivité entre pays comme une conséquence des dotations différentes en facteurs de production. Cadre de raisonnement : 2 pays, 2 biens, 2 facteurs de production (K et L).* Les pays ont des dotations en facteurs différents, ces facteurs sont immobiles internationalement mais mobiles nationalement. Notion de facteur abondant : Pour chaque pays, on calcule le rapport entre les quantités de capital et de travail pour déterminer les pays relativement abondant en facteur capital et ceux relativement abondant en facteur travail. Ex : France relativement abondante en capital, Inde relativement abondante en facteur travail. Abondance et prix des facteurs : Si le prix est une fonction de la rareté, le prix du capital serait faible dans les pays abondant en capital (France) et élevé dans les pays abondant en travail (Inde) Abondance, prix et des facteurs et spécialisation : Les pays choisissent les productions utilisant les facteurs de production bon marché, CAD abondants. Ex : La France doit se spécifier dans les biens intensifs en capital car celui-ci est peut cher alors que l’Inde va privilégier les biens intensifs en travail. Théorème d’Heckscher - Olhin « Un pays a intérêt à exporter le bien dont la production est intensive dans le facteur relativement abondant (dans ce pays) et à importer le bien dont la production est intensive dans le facteur relativement rare (dans ce pays). Le cadre de raisonnement HOS permet même d’analyser la dynamique du commerce international. En effet, l’ouverture au commerce international conduit à une augmentation de la production. Mais s’il y aune augmentation de la production, il peut arriver un moment où le facteur vient à manquer. Son prix va alors augmenter. Au contraire, le facteur rare étant délaissé, son prix va baisser. Ainsi, certains peuvent perdre dans un pays (le facteur rare) même si le pays dans son ensemble y gagne. Ex : Le facteur travail non qualifié en Europe depuis 40 ans. L1/S2 65 Partie 4 : Le commerce international. Le mouvement de prix s’arrête quand les prix sont les mêmes dans les deux pays. Théorème d’Heckscher – Olhin – Samuelson HOS « Le commerce international doit conduire à l’égalisation relative et absolue des prix des facteur entre les deux pays. » Dans tous les cas, il s’agit d’une analyse plus complète que celle de Ricardo, car elle peut se généraliser à plus de 2 pays, donnant des fondements raisonnables aux différences de productivité. Mais cependant, ce théorème milite, comme Ricardo, pour le commerce international. Il y a eu des tentatives de vérifications empiriques de cette théorie. HOS et le paradoxe de Leontief. Tentative de vérification empirique de la théorie au 1951 sur les USA par W. Leontief Hypothèse testée : Les exportations des USA sont intensives en capital et les importations intensives en travail. En fait, il se produit le résultat inverse : Les exportations américaines apparaissent plus intensives en travail que les importations. Paradoxe de Leontief Comment résoudre ce paradoxe ? 2 types de réponses : − On cherche à aménager le modèle en distinguant 2 types de facteurs travail : le travail qualifié, et le travail non qualifié. Dans ce cas, le modèle HOS est vérifié. − Rejet du modèle HOS et élaboration d’autres théories fondées sur les structures de marché. C. Commerce international, économies d’échelle et structure de marché Introduction Dans les analyses précédentes, on retient l’hypothèse de concurrence pure et parfaite et des rendements d’échelle constants (Les coûts de productions ne varient pas avec les quantités produites). Que se passe-t-il dans les autres cas ? Exemple de 2 biens et d’un coût moyen décroissant. Si le coût moyen est décroissant, le commerce international et la spécialisation permettent d’augmenter les niveaux de production. 66 L1/S2 Problèmes économiques contemporains Dans cette configuration très simple, l’échange n’est dû ni aux différences intrinsèques des coûts, ni aux différences de dotations mais simplement à la possibilité de produire à moindre coût en réalisant des productions de masse. Une compréhension plus en détail du processus nécessiterait d’approfondir les liens entre économie d’échelle, structure des marchés et commerces internationaux. Economie d’échelle et structure de marché. Les économies d’échelle : Notion développée par A. Marshall (fin XIXe). Dans une production de biens, le coût moyen de la production varie selon la quantité produite : - Économie d’échelle décroissante : le coût marginal décroît, et le coût moyen croît à taux décroissant. - Économie d’échelle constante : le coût moyen ne dépend pas de la production. - Économie d’échelle croissante : Le coût marginal augmente et fait augmenter à taux croissant le coût moyen. Cette théorie s’adapte à 2 aspects du coût de production : − Les économies d’échelle externes lorsque le coût par unité dépend de la dimension de l’industrie (apprentissage, transmission de connaissances…) − Les économies d’échelle internes lorsque le coût par unité dépend de la dimension des firmes individuelles. Donc avec les économies d’échelle (décroissantes), les entreprises ou les nations ont intérêt à se lancer dans des productions de masse. Exemple : Coût fixe et coût marginal constants : tendance à l’apparition d’oligopoles voire de situations monopolistiques. En cas de contestabilité, prix proche du coût moyen, les producteurs sont contraints de pratiquer des prix égaux aux coûts moyens : Un faible nombre de firmes est favorable au bien-être collectif. Car le prix est faible, et le coût fixe est réparti sur un grand nombre de consommateurs. Quelle application peut-on donner au commerce international ? Un nouveau déterminant du commerce international Application du raisonnement au cas des échanges internationaux. À cause (ou grâce) des effets d’échelle, la structure industrielle a tendance à se concentrer et à converger vers le monopole. Quel est l’effet du commerce international ? Augmentation de la taille du marché + baisse des coûts de production. Augmentation du nombre de biens produits. En effet, grâce à la baisse des coûts, certaines productions non rentables dans un petit marché peuvent le devenir dans un marché élargi. Donc le commerce international offre l’occasion de gains mutuels même si les pays ne différent pas par leurs ressources ou leurs technologies. L1/S2 67 Partie 4 : Le commerce international. Quelle est la portée de cette nouvelle théorie du commerce international ? 1. Explication du commerce intra – branches : les pays Européens vont échanger entre eux les mêmes types de produits (industriels). Explication par les économies d’échelle et l’extension de variétés. 2. Cette thèse prédit la disparition de certaines firmes (production de masse) mais il n’y a pas de prédiction sur la localisation des firmes survivantes. Il y a donc une part importante de l’histoire, de l’intervention publique dans la localisation industrielle. 3. La localisation n’a aucune raison d’être efficace. Ex : 2 pays avec le 1er étant + efficace que le 2e à même niveau de production. Cependant, les deux ont des possibilités d’économies d’échelle. Si P2 a été le 1er à produire à grande échelle, P1 ne pourra pas le concurrencer. Donc les producteurs actifs ne sont pas toujours les plus efficaces, mais souvent les plus rapides à produire de façon massive. 4. Les rendements d’échelle croissants peuvent amener certains pays à s’enfermer dans des spécialisations non souhaitables. Finalement, avec la prise en compte des économies d’échelle apparaît : − De nouvelles possibilités du commerce international − La possibilité de spécialisations non-efficaces − Des inégalités entre les nations provenant d’une mauvaise spécialisation initiale. 68 L1/S2 Problèmes économiques contemporains Chapitre III : Libre-échange et protection Présence généralisée de barrières au commerce international malgré les recommandations théoriques. Il est intéressant d’analyser l’effet des différentes mesures sur les flux commerciaux et les revenus des différents groupes. A. Analyse de la protection tarifaire La méthode la plus courante est celle du droit de douane ad valorem. (Ad valorem : taxation du bien proportionnellement à sa valeur importée). Comment justifier une telle mesure ? Elle maintient les revenus des producteurs nationaux. Analyse graphique du droit de douane avec la représentation du marché national (offre nationale, demande nationale) et du prix mondial. Prix Demande nationale Offre nationale Pnat Pmon O A B Quantité Ici, le prix mondial est inférieur au prix d’équilibre du marché national en autarcie. Que se passe-t-il en cas de libre échange ? Au prix mondial, les producteurs nationaux sont capables de produire OA. Les producteurs internationaux produiront donc AB. Quels seront les effets d’un droit de douane ? Le prix passe de Pmon à Ptaxé : La production nationale va augmenter (OA OA’) et les importations ont décru (AB A’B’). Les consommateurs ne peuvent bénéficier de moins de produits que dans un libre échange, car le prix a augmenté. L1/S2 69 Partie 4 : Le commerce international. Prix Pnat Ptaxé Perte sociale Perte sociale Pmon O A A’ B’ B Quantité Quels sont les gains et les pertes des différents groupes nationaux ? − Pour l’état, augmentation des recettes fiscales : Recette fiscales égales aux quantités importées multiplié par le taux de taxes (A’B’) * (Ptaxé – Pmon) rectangle central. − Pour les producteurs nationaux, hausse de production et hausse des prix. Il faut distinguer les gains sur les unités qu’ils vendaient déjà (AO * (Ptaxé – Pmon)) et les gains dus à leurs nouvelles ventes ((AA’ * (Ptaxé – Pmon)) /2) − Comment calculer les gains des consommateurs ? On calcule pour chaque unité achetée la différence entre la courbe de demande à ce point (ce que le consommateur est prêt à payer) et le prix. 2 effets négatifs pour le consommateur : Baisse des quantités consommées (triangle BB’ * (Ptaxé – Pmon) /2) et hausse des prix sur les quantités consommées (B’O * (Ptaxé – Pmon)). Sur les 3 groupes, la somme des gains est négative pour le pays. La perte sociale est mesurée par les 2 triangles qui bordent le rectangle de recettes de l’état. Mais il existe d’autres protections, différentes du droit de douane, qui sont en fait plus favorables aux producteurs étrangers que les taxes : − Les normes (législation sur la bière allemande, dédouanement des magnétoscopes à Poitiers). − Les quotas (acier européen, voitures japonaises).* B. Taille des nations et politique commerciale stratégique Idée : Grands et petits pays ne sont pas égaux devant le protectionnisme. Exemple : Cas d’un grand pays mettant en place une taxe douanière. - Les effets précédents sont toujours présents 70 L1/S2 Problèmes économiques contemporains - En plus, la baisse de la consommation dans ce pays fait baisser le prix mondial. Les consommateurs bénéficient du bien à moindre prix (moins que le prix initial + taxes). L’effet négatif pour les consommateurs est amoindri. C’est l’idée d’un tarif optimal pour les grands pays. La politique commerciale stratégique La structure oligopolistique au niveau international peut justifier les intentions publiques (subventions) pour favoriser leurs entreprises nationales. Exemple pédagogique : 2 pays + 1 monopole dans chaque pays (Europe, USA, et le marché des avions) 2 caractéristiques du marché : - Coûts fixes très élevés pour entrer sur le marché - Pas de profits positifs lorsque les entreprises cohabitent Comment un état peut-il influencer le résultat de la compétition entre les deux firmes ? En payant les coûts fixes de sa firme nationale. C’est le caractère stratégique de cette aide, autant que l’aspect financier, qui est important pour la concurrence entre les deux firmes. Grâce à la subvention, la firme ne perd pas d’argent même en cas de duopole. Elle peut menacer de rester crédiblement sur le marché coûte que coûte. Donc, dans un monde non concurrentiel, les décisions des états peuvent modifier les résultats de la concurrence. Attention : au niveau global (collectif), le coût est généralement plus important que les gains, mais au niveau d’un pays, le résultat est moins clair. C. Libre-échange et croissance : quelques faits Débat sur l’analyse des faits économiques Problèmes pour identifier les phases de libre-échange / protection et les phases de croissance économiques : L’Angleterre et l’Australie ont prospéré avec le libre échange. Les USA se sont développés en se protégeant. Il y a eu beaucoup de débat sur la France sur le découpage libre-échange / protection : Il y a plutôt une concordance pour la France dans les phases de croissance et de libre-échange (ou de moindre protectionnisme) mais la causalité est difficile à déterminer. L1/S2 71 Partie 4 : Le commerce international. Analyse de l’Allemagne et des USA. Ces deux pays, industriellement en retard par rapport à l’Angleterre, ont eu recours à des fortes protections pour se construire une industrie indépendante : C’est l’idée de « la protection des industries dans l’enfance ». (Théorie développée par Hamilton (fin XVIIIe, USA) et List (milieu XIXe, All.) Mais la théorie précise que la protection doit être temporaire et ne doit concerner que les secteurs où l’apprentissage est nécessaire. Finalement, - Le protectionnisme temporaire peut être un facteur favorable à la construction d’une industrie nationale. - Mais, depuis 200 ans, on a toujours observé une corrélation positive et systématique entre la croissance et le taux d’ouverture des pays. 72 L1/S2