f. yaiche

ASSOCIATION DES ENSEIGNANTS DE FRANÇAIS DE RUSSIE
XХIVe Séminaire, Dobroé, 25 janvier – 31 janvier 2015
Francis YAICHE (Paris, France)
Professeur
Universités Sorbonne Paris IV École doctorale Concepts et Langages,
Paris V René Descartes
CONFÉRENCE 1 : LE MONDE EST UN THÉÂTRE : LES TROIS
LEÇONS DU PROFESSEUR Y
Pour W. Shakespeare, E. Goffman, et même pour la plus grande part de la tradition
philosophique occidentale, "le monde est un théâtre, sur la scène duquel nous
venons jouer une pièce, pleine de bruit et de fureur, écrite par un idiot..." Partant de
cela, le premier devoir d'un professeur de communication est de faire prendre
conscience, ce qui ne va pas de soi pour la plupart des étudiants, et a fortiori pour
la plupart des gens, que le monde est UN théâtre et que nous sommes pris dans un
immense jeu de rôles, que nous devons jouer au mieux, c'est-à-dire avec le
maximum de plaisir et d'efficacité, notre partition, (paroles et musique) mais aussi
notre partition chorégraphique. Car en effet, comme l'écrit aussi J.P. Sartre, nous
devons (aurons à ) "danser" le monde d'une certaine façon : il y a "la danse" du
garçon de café, la danse de l'épicier, la danse du commissaire-priseur, la danse du
policeman, etc. et nous devons apprendre les gestes (ou la geste) qui correspondent
à notre condition. Inévitablement, le débat s'engagera alors avec eux sur la question
de la "vérité" de l'être, du conditionnement et du déterminisme social.
Le second devoir d'un professeur de communication est donc d'enseigner à ses
étudiants les moyens de (se) tenir (sur) une scène, d'enseigner la recherche du
plaisir et de l'efficacité de la représentation qu'ils doivent donner sur telle ou telle
scène : par exemple (mais pas seulement) la position, la vibration et la portée de la
voix, le langage du corps et de l'espace, la recherche de "l'état" correspondant au
rôle, l'utilisation des incidents et des handicaps inhérents à toute communication,
l'écoute active, le jeu avec les émotions, les états, etc.
Le troisième devoir d'un professeur de communication est de faire comprendre que
cet apprentissage est fondamental pour la réussite de leur vie professionnelle mais
aussi de leur vie personnelle. En effet, par le jeu ("homo ludens/homo sapiens") ils
approcheront l'idée qu'ils ne "SONT" pas épicier, chef de service, de gouvernement
ou d'État, garçon de café, mère ou père, fille ou fils, mais qu'ils ont le rôle de...
épicier, chef de service, de gouvernement ou d'État, garçon de café, mère ou père,
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fille ou fils et que cela correspond à une somme d'attentes propres à une société, une
culture, un temps. Comprendre cela leur permettra bien des déboires et notamment
leur évitera de tomber dans "la folie du rôle", comme Johnny Weissmuller l'avait
fait en finissant dans un asile en se prenant pour Tarzan, ou bien encore l'acteur du
film d'Abel Gance terminant lui aussi en hôpital psychiatrique en se prenant pour
Napoléon.
In fine, enseigner les techniques théâtrales et d'improvisation va bien plus loin que
le seul objectif de savoir faire jouer devant un public une pièce ou un sketch : il
s'agit d'approcher "de l'intérieur" la notion et la réalité du "masque" (notion
anthropologique par excellence jusqu'au "J'avance masqué" de René Descartes), de
comprendre la synergie acteur/personnage faisant que le "moi" n'est pas une réalité
endogène mais une réalité exogène, que le moi est le produit d'un spectacle.
CONFÉRENCE 2 : L’ÉCOLE DE PALO ALTO ET L’ APPROCHE
PSYCHO-SOCIOLOGIQUE DE LA COMMUNICATION
Les sciences de l’information et de la communication se sont structurées
progressivement autant en réponse à des attentes de secteurs professionnels qu’en
reconnaissance d’un champ d’investigation susceptible de produire des
connaissances et des concepts nouveaux. Cette conférence présentera quelques
concepts clés et notions essentielles pour un enseignant :
PALO ALTO, LE «COLLÈGE INVISIBLE» ET LA NOUVELLE COMMUNICATION
L’école de Palo Alto : Gregory Bateson, Paul Watzlawick
- Les paradoxes fondateurs de la réflexion en communication
- Le double plan contenu/relation : les pièges relationnels
- L’articulation langage analogique/langage digital : le langage du corps et ses
danses
- Le langage des gestes : la kinésique de Ray Birdwhistell
- Les définitions de relations ; homéostasies et schismogénèses
- Les injonctions paradoxales et les prescriptions de symptômes
- L’utilisation de l’espace dans la communication : E.T. Hall
- La théorie mathématique de l’information de Shannon et Weaver et
l’approche systémique.
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XХIVe Séminaire, Dobroé, 25 janvier – 31 janvier 2015
Quelques prolongements : l’approche psychosociologique de la communication
- Le contexte, le message, les régulations, la dynamique des échanges
- Les inférences et la compétence de communication de Dell Hymes
- La « langue fasciste » de Roland Barthes et la science du discours de Pierre
Bourdieu
ATELIERS 1, 2 : PRÉPARATION D’UN « ÉVÉNEMENTIEL »
FRANCOPHONE AUTOUR DE LA PUBLICITÉ
Préparation d'un événementiel autour de la publicité, une sorte de "Publifolie" au
cours duquel le public mais aussi un jury constitué élira la/le meilleure/pire
comédien(ne), la meilleure/pire musique, le meilleur/pire scénario, la meilleure/pire
réplique, la meilleure/pire signature ou slogan, le meilleur/pire dialogue, la
meilleure/ pire photographie ou image, etc.
Il s'agira :
- d'effectuer un travail de veille et de recherche documentaire, de constitution et de
justification de corpus ;
- d'analyse sémiotique des publicités retenues ;
- de proposer un regroupement des publicités en catégories pertinentes et
“accrocheuses” ;
- de programmer une soirée pendant la semaine de la Rencontre et d’en assurer
l’information et la publicité, en amont et en aval de l’événement ;
- d'organiser les jurys et d’animer la soirée de façon instructive ;
- de formuler un modèle reproductible dans les établissements scolaires et
universitaires. (cf événement reproduit à Vladivostok à la suite de l’édition
janvier 2014)
PROGRAMME À LA CARTE : SOIRÉE « PUBLIFOLIE »