
 Sciences Humaines-Hors série-septembre 2000 
 
 Le retour de l’acteur 
 
 
 
Deux dimensions du phénomène :  l’une  a  une  signification  sociale  et  politique  (la 
vague  de  « l’individu-roi »  et  du  libéralisme),  l’autre  est  propre  au  champ  des 
sciences humaines. Seule cette dimension nous intéresse, même si les deux sont 
parfois liées. 
 
Années 80 : tournant. Le débat a commencé en sociologie. 
 
1982 : Raymond Boudon et François Bourricaud publient un « Dictionnaire critique 
de la sociologie » dans lequel ils tentent d’imposer le paradigme de « l’individualisme 
méthodologique » en sociologie, contre le structuralisme dominant incarné par Pierre 
Bourdieu. Boudon s’inscrit dans la démarche de Max Weber et Alexis de Tocqueville. 
Cette approche est en concordance avec d’autres approches microsociologiques qui 
se développent à l’époque, comme l’ethnométhodologie. 
 
Boudon : « Pour expliquer un phénomène social quelconque, il est indispensable de 
reconstruire  les  motivations  des  individus  concernés,  et  d’appréhender  ce 
phénomène comme le résultat de l’agrégation des comportements individuels dictés 
par ces motivations ». 
 
 Etude des stratégies des acteurs qui « créent le social ». 
 
Alain Touraine se situe également dans un mouvement de réhabilitation de l’acteur. 
(cf : « Le retour de l’acteur » 1984). Mais Touraine adopte une troisième voie entre 
deux approches contradictoires : « l’une qui présente un acteur hors de tout système 
et l’autre un système qui exclut les acteurs ».  
 
A Touraine met au centre de son analyse de la société, les mouvements sociaux qui 
« luttent pour imposer leur projet, le modèle de société auxquels ils aspirent ». Pour 
Touraine,  la  société  apparaît  comme  le  produit  instable  de  ces  conflits  pour  le 
pouvoir.  L’acteur  dont  parle  Touraine  est  avant  tout  un  acteur collectif, porteur de 
projet social, luttant pour imposer ses idéaux, ses valeurs, ses normes.  
 
 
Le « retour de l’acteur » a été également perceptible en histoire. Ce mouvement s’est 
fait jour contre « l’histoire immobile » ou l’histoire des structures, promue par Fernand 
Braudel.  retour de la biographie, de l’individu, de l’événement et du politique. 
 
Ex : Emmanuel Le Roy Ladurie « Histoire de France » ; Marc Ferro « Pétain ». 
Egalement, au début des années 80, « micro-histoire », avec Carlo Ginzburg.