BACTERIOLOGIE - Brucella - page 1/4
Jenny, Claire et Hélène
16/03/09
BACTERIOLOGIE
15h-16h (1)
Tiare et Marjorie
Romain Volmer
BRUCELLA
La bactérie Brucella est l’agent responsable de la Brucellose qui est une maladie grave
appartenant aux Maladies Réputées Contagieuses. Il existe donc des mesures sanitaires contre cette
maladie. Elle est aussi appelée Fièvre de Malte car au XIXème siècle elle touchait les soldats anglais
qui se trouvaient sur cette île. Elle a été isolée par un médecin militaire (David Bruce) qui lui a
donné son nom.
I) Caractères généraux
Principaux caractères bactériologiques
Brucella est un coccobacille à Gram -, aérobie stricts. Sa paroi possède des caractéristiques
particulières qui lui confèrent des propriétés d’acido-résistance => Elles peuvent donc être mises en
évidence grâce à une coloration de Ziehl Nielsen modifié (car le traitement est moins fort).
Cette bactérie n’est pas mobile.
La bactérie est difficile à cultiver, elle nécessite un milieu enrichi. On a alors 2 types de colonies :
- Colonies Smooth (S) : Ces sont les souches sauvages ”. Elles sont les plus virulentes. Elles
possèdent un LPS entier.
- Colonies Rough (R) : Elles présentent une mutation du LPS qui est alors incomplet car il n’a
pas de chaines de sucres attachées au LPS.
Ces différences (chaine de sucre) sont importantes pour le pouvoir pathogène et le diagnostic.
Cette bactérie résiste longtemps dans le milieu extérieur : jusqu’à 2 mois dans les conditions
optimales (milieu organique à température fraîche = fumier…).
Elle résiste aussi dans les denrées alimentaires (lait cru), celles-ci sont donc source de
contamination pour l’homme.
Elle est détruite à la chaleur donc avec la pasteurisation (lait UHT).
Principaux genres
Les espèces principales de souche S :
- B. abortus : présente chez les bovins essentiellement et est responsable d’avortements. Elle a
un pouvoir pathogène modéré pour l’homme. Elle a une partition ubiquitaire dans le monde,
mais il y a de nombreux pays indemnes. Les mesures sanitaires ont permis de l’éradiquer, la
France en est indemne depuis 2003 bien qu’il y ait une persistance de certains foyers dans les
Alpes.
- B. melitensis : présente chez les petits ruminants, elle provoque des avortements. Elle très
pathogène pour l’homme.
- B. suis : elle possède différents variants : les variants 1 et 3 ne sont pas présents en Europe, et
ont un fort pouvoir pathogène pour l’homme. Le variant 2 est présent en Europe, touche le porc
et le lièvre et a un faible pouvoir pathogène pour l’homme. B. suis pose problème pour les
sangliers et les porcs élevés en plein air.
Chaque espèce a un hôte préférentiel qui représente le réservoir des bactéries dans la nature. Le plus
souvent, elles provoquent chez lui des symptômes. On s’aperçoit que chaque brucella a un pouvoir
pathogène différent pour l’homme (fort-modéré-faible), ce qui traduit le fait qu’il y a eu une réelle
adaptation des brucella aux différents hôtes.
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Les espèces principales de souche R (donc à faible pouvoir pathogène pour l’homme et les
animaux) :
- B. canis : responsable d’infertilité et d’avortement chez les chiens. Le pouvoir pathogène pour
l’homme est très faible (environ 0).
- B. ovis : idem mais pour les ovins.
II. Brucellose zoonose
Epidémiologie
(Cf. carte du PPT)
On a moins de 2 cas pour 1 000 000 d’habitants par an au niveau des l’Amérique du Nord, de
l’Europe et de l’Australie. 50 cas pour 1 000 000 d’habitants au moyen orient. En Mongolie il y a
plus de 500 cas / 1 000 000 d’hab. /an (ainsi, certains pays du Moyen Orient, la Mongolie et le
Pérou sont des zones à forte prévalence).
Le nombre de cas humains est directement lié au nombre de cas pour les animaux.
En France en 1960 on avait beaucoup de cas avec une incidence de 2 cas pour 100 000. On a
ensuite eu une diminution au cours des années et on arrive maintenant à une prévalence de 0,1 pour
100 000 habitants.
Cette maladie est donc rare, et devient de plus en plus rare grâce aux mesures de polices sanitaires
mises en place.
L’Europe est endémique pour cette maladie, et la France non endémique (car on a aucun cas depuis
2003).
Pour rappel : Indemne signifie que le territoire en question ne connaît aucun épisode d'une maladie
donnée; non endémique désigne une maladie ou infection se signalant dans un territoire donné de
façon accidentelle, non habituelle (donc limitée dans le temps), avec une allure soit sporadique, soit
épidémique.
En France, on est considéré comme indemne malgré qu’on ait toujours des cas (60 par an) à des
importations lors de voyages au Portugal, Algérie, Turquie notamment.
Contamination surtout par voie alimentaire, car les produits laitiers sont non pasteurisés (fromage
pas assez mûr est la première voie).
A l’époque le vétérinaire était très exposé à cette maladie.
Clinique
Chez l’homme c’est une maladie aux multiples visages car on a une grande variabilité des
symptômes qui rend le diagnostic très difficile par le médecin.
On a une fièvre classique ondulante des pics et des bas), des suées à odeur particulière de
foin pourri ”, une hépatomégalie et une splénomégalie (liées à la présence de bactéries dans ces
organes qui induisent une action inflammatoire, celle-ci entraînant une augmentation de la taille
des organes due au recrutement des cellules de l’inflammation ; ainsi qu’une destruction tissulaire
au final). On a aussi des atteintes articulaires entraînant des douleurs pouvant persister plusieurs
années (voire toute la vie), ainsi que des atteintes génitales et nerveuses (mais celles-ci sont rares).
Les étapes de l’infection
Les étapes de l’infection sont les mêmes pour l’homme et pour l’animal.
- Entrée = par l’air (surtout pour l’animal lors d’avortements) ou par voie orale (surtout pour
l’homme), elle traverse alors l’estomac et l’intestin par l’intermédiaire des plaques de Peyer.
C’est une bactérie très infectieuse, il suffit de 10 ou 100 bactéries pour contaminer une
personne ou un animal. Lors d’avortement on retrouve 10 000 000 bactéries/gramme ce qui
permet un prélèvement aisé.
La bactérie peut également pénétrer par les plaies cutanées car elle peut traverser la peau si on
a des microlésions (plus grande voie de contamination chez l’homme)
- Etape primaire :
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Phase locorégionale : elle a lieu dans les nœuds lymphatiques drainant la région
d’inoculation ; la bactérie peut être éliminée (si le système immunitaire est efficace)
mais la plupart du temps, elle persiste et prolifère. La bactérie survit dans les cellules
immunitaires et s’y multiplie, formant ainsi des granulomes, d’où le gonflement des
nœuds lymphatiques : il y a inflammation du nœud lymphatique.
Phase de dissémination : les bactéries sont relarguées dans le sang. Elles se retrouvent
libres ou associées aux macrophages, et migrent.
Phase de localisation : les bactéries s’arrêtent souvent dans les articulations, le placenta
ou les organes génitaux.
- Etape secondaire = la bactérie reste dans l’organisme, l’infection est qualifiée de chronique et
peut être plus ou moins persistante. Elle peut durer quelques mois, voire toute la vie. La
bactérie reste présente, elle peut se remettre à se multiplier lors de réactivations.
Symptômes chez les animaux
La maladie provoque surtout des avortements dans le dernier tiers de la gestation (mais ceci est
peu caractéristique). Par contre l’aspect du placenta est très évocateur : on observe une zone de
nécrose et un liquide “ caramel sur les cotylédons.
Chez les béliers et les taureaux on peut avoir une atteinte des testicules, avec une épididymite
remplie de fibrine dû aux immun-complexes, ce qui engendre une stérilité.
Les lésions articulaires se traduisent par un hygroma (=articulations très gonflées).
III. Les mécanismes pathologiques
Les bactéries sont intracellulaires facultatives (on peut donc les cultiver sur un milieu sans cellule
mais elles ont besoin de cellules phagocytaires ou de trophoblastes pour pouvoir exprimer leur
pouvoir pathogène).
Si la bactérie survit, elle se multiplie dans les monocytes-macrophages ou dans les cellules
épithéliales (type trophoblaste). On a alors production de médiateurs de l’inflammation et donc un
recrutement de cellules immunitaires entraînant la formation de granulomes. C’est une réaction
d’HS de type IV. Le granulome peut être diffus, de petite taille et est à l’origine des symptômes :
destruction tissulaire, troubles de l’oxygénation du fœtus et possible contamination par voie
sanguine de la mère au fœtus mais également passage des bactéries du placenta vers le liquide
amniotique.
Leur mode de réplication intracellulaire est particulier : les bactéries se multiplient dans les
phagosomes des macrophages, et elles ne vont survivre que dans certaines conditions. Dans 70%
des cas, la bactérie est détruite lors de sa maturation (fusion avec le lysosome). Dans 15 à 20 % des
cas, elles peuvent survivre en émettant des signaux qui emmènent la vacuole ver le REG plutôt que
vers le lysosome. Elles sont alors envoyées dans le REG et échappent au système immunitaire pour
proliférer en paix.
Le mécanisme pathologique est très étudié mais on le ne connait pas très bien.
Remarque : La bactérie Legionella (qui est à l’origine de la maladie des légionnaires) possède le
même genre de mécanisme pathologique : c’est une stratégie bactérienne qui permet d’échapper au
système immunitaire.
Rôle du LPS :
On sait que si elle a un LPS smooth, la bactérie va pouvoir survivre dans le REG, alors que si elle a
un LPS rough, la bactérie va être dégradée.
- LPS des souches S : la bactérie survit car il y inhibition de la maturation du lysosome, inhibition
de la présentation du CMH de type 2 donc une diminution de l’apoptose de la cellule hôte
(=mécanisme de défense). Ceci permet à la bactérie de se multiplier plus longtemps et d’épuiser
toutes les ressources de la cellule. Ce LPS permet aussi une entrée plus facile de la bactérie dans
la cellule hôte.
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- LPS des souches R : la bactérie est envoyée vers la dégradation car elle est incapable d’inhiber
la maturation du lysosome.
D’où l’importance du LPS S dans le pouvoir pathogène.
Le LPS des Brucella est atypique car il est considéré comme étant peu toxique (contrairement au
LPS des entérobactéries comme E. coli qui lui est très toxique) il y donc peu de réaction
inflammatoire.
On a un tropisme génital préférentiel car ces organes sont riches en dérivés lipidiques type stérols
et érythritol, qui sont des substrats permettant une multiplication rapide des Brucella. La bactérie est
aussi présente au niveau du placenta : au moment de la gestation on a une immunosuppression de
l’interface mère-fœtus car il y a une inhibition de la réponse immunitaire, et les bactéries
surviventdonc la multiplication de la bactérie est efficace à cet endroit.
Remarque : Les vaccins ne sont pas utilisés en France, mais le sont dans les autres pays à forte
prévalence. Ce sont uniquement des vaccins vivants atténués car il faut une réponse immunitaire à
médiation cellulaire.
On utilise deux souches : la S19 et Rev 1 (chez le mouton). Ce sont des souches type LPS smooth.
Ces souches sont mutées au niveau des enzymes utilisant l’érythritol donc les bactéries ne peuvent
plus l’utiliser comme substrat, les bactéries vont donc moins bien se multiplier. La souche Rev 1
entraine une réponse en anticorps dirigée contre le LPS donc ce vaccin n’est pas utilisé car il y a
une interférence avec le diagnostic de la brucellose.
Un vaccin plus récent avec la souche RB51 (vaccin autorisé en 1996 aux USA), est issu d’une
souche de B. abortus avec un LPS muté souche R.
La réponse immunitaire est donc assurée plus particulièrement pas la réponse cellulaire (immunité
innée et immunité adaptative). La réponse humorale contre le LPS est anecdotique, mais permet de
diagnostiquer la maladie.
Conclusion
Il s’agit d’une zoonose très rare en France. Mais il s’agit de la zoonose bactérienne la plus fréquente
dans le monde avec plus de 500 000 cas par an.
La bactérie est intracellulaire facultative.
Elle a un tropisme génital.
L’infection persistante est possible.
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