piaget - Charles Buls

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APPRENTISSAGE ET DEVELOPPEMENT
J.J. Maurice
09/01/02
LES STADES DU DEVELOPPEMENT
Ce sont les étapes caractéristiques du développement. A l’inverse de l’apprentissage, le développement est
constitué de phases incontournables. L’enfant ne peut faire à un certain âge des choses qu’il va faire
naturellement plus tard. Il y a un développement des structures de l’intelligence.
-
Pour tout humain, ces stades ont un ordre qui est invariant
-
Ils sont intégratifs, c’est-à-dire que le stade antérieur est intégré dans le suivant. Il y a à la fois rupture et
continuité
-
Chaque stade est modélisé par une structure.
Chaque stade achève le précédent et prépare le suivant.
Psychologie en direct, p.308
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1. Stade de l’intelligence sensori-motrice
C’est la première période du développement cognitif. De la naissance à 2 ans environ, l’enfant s’appuie sur ses
sens et sa motricité pour explorer et comprendre son environnement.
Les premières acquisitions vont être motrice (succion), acte moteur en réponse à une sensation. Le milieu dans
lequel l’enfant va agir et construire ses connaissances est très important pour la construction des schèmes et les
bases moteurs.
Comment cette intelligence sensori-motrice va t-elle se modéliser ?
L’enfant va apprendre à se servir de ses mains et à marcher. Une structure cognitive va s’installer : on la
nomme groupe de déplacement. C’est lorsque l’enfant, qui veut atteindre un objet fait un détour quand il
rencontre un objet. C’est de la coordination de translation et de rotation (modèle mathématique). L’enfant va
assez vite montrer qu’il peut très rapidement maîtriser ces notions. L’enfant agit sans comprendre. Il ne peut
pas y mettre un langage, un concept ni se le représenter. D’ailleurs, si un objet à attraper est complètement
caché, pour l’enfant l’objet a disparu et il n’essayera pas de l’attraper. Lorsqu’il pourra se représenter l’objet
absent par des images mentales, il aura atteint le stade symbolique ou sémiotique.
Le schème de la succion lui est donné avant sa naissance. Il fait partie des réflexes héréditaires. Dans les
schèmes, une partie est innée et tout le reste est acquis.
Pour apprendre, l’enfant va faire des actions (secouer les objets, faire du bruit, etc.). Il se fabrique des critères
de classification. Tout petit, l’enfant a déjà la posture du chercheur car il expérimente beaucoup. Le fait qu’il
rencontre de nombreux d’obstacles va lui permettre de mieux construire ses connaissances.
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2. La période préopératoire
Elle est caractérisée par la centration, l’irréversibilité, la non résolution des pb de conservation.
L’enfant de 2 à 6-7 ans se situe dans une période préopératoire, caractérisée par le développement d’une
pensée symbolique (langage et jeu symboliques) et par la constitution d’une pensée intuitive. Une des limites
de cette période est l’incapacité d’accomplir des opérations logiques. L’enfant est en effet incapable d’utiliser
de façon systématique des idées ou des symboles pour formuler des principes logiques à propos de ses
expériences. En d’autres termes, il n’a pas la capacité d’appliquer de manière constante une règle générale
de type « Si X, alors Y » ou « Si ce n’est pas X, alors ce n’est pas Y » et d’en comprendre les implications.
La pensée à la période préopératoire se caractérise aussi par l’égocentrisme intellectuel. Celui-ci se
manifeste de plusieurs façons : dans le jeu symbolique, dans les caractéristiques de l’animisme et de
l’artificialisme entre autres. Dans le jeu symbolique, l’enfant transforme le réel en fonction de ses désirs. Par
exemple, il crée des scénarios avec ses oursons et ses camions, ou encore il utilise une boîte de carton comme
avion, maison ou vaisseau spatial. Et c’est par animisme qu’il conçoit les choses comme vivantes et douées
d’intentions : le vent sait qu’il souffle, la lune nous suit quand on marche et les arbres souffrent quand on
casse leurs branches. De façon analogue, c’est par artificialisme qu’il croit les choses faites par l’être humain
et pour lui. « L’univers tout entier est ainsi fait : les montagnes « poussent » parce qu’on a planté des cailloux
après les avoir fagriqués ; les lacs ont été creusés, et jusque très tard, l’enfant s’imagine que les villes ont
existé avant leurs lacs, etc. » (Psychologie du développement, p.217)
L’enfant est égocentrique et confond ce qui est moi et non moi. Ce n’est que progressivement qu’il va faire
des décentrations.
Il va faire ses conduites logiques : classification, sériation (en acte et non en pensée).
Il va s’avéré capable de faire des compositions de déplacement :
 Réversibilité du déplacement (conscience qu’il y a un sens qui peut être inversé). Cette réversibilité n’est
pas aussi avancée que celle des opérations formelles de haut niveau (liquide dans les 2 récipients)
 Identité : identifier un déplacement identique à un autre
 Associativité : 2 déplacement étant équivalent à un 3ème
Ce sont les structures mère des math.
3. Période des opérations concrètes
Stade qui se termine vers 11-12 ans. On le divise en 2 :

Intelligence symbolique (ou sémiotique), se termine vers 7 ans

Intelligence opératoire concrète
L’Intelligence symbolique, c’est désigner un objet par autre chose que l’objet lui-même. Permanence de
l’objet (Ex : le chien sort de le maison, l’enfant sait qu’il existe toujours).
Signifiant : geste, attitude qui permet d’évoquer l’objet qui n’est pas là.
Déf. 1 : Les phénomènes psychiques s’accomplissent au travers du symbolique. Selon J. Lacan, « Le
signifiant, c’est le matériel audible, ce qui ne veux pas dire pour autant le son. Tout ce qui est de l’ordre de la
phonétique n’est pas pour autant inclus dans la linguistique en tant que telle. C’est du phonème qu’il s’agit,
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c’est-à-dire du son comme s’opposant à un autre son, à l’intérieur d’un semble d’oppositions. » Les
signifiants sont détachés de tout signifié, ils s’agencent entre eux en fonction de lois particulières et
déterminent le sujet. (Dictionnaire de la psychanalyse et de la psychologie).
Déf. 2 : (du latin significare, indiquer par signe, faire comprendre). Celui qui, contrairement à la conception
classique qui définit le langage comme la désignation des choses par des mots, définit le signe linguistique
comme l’union d’un concept et d’une image acoustique, c.-à-d. qu’il lie indissolublement entre elles deux
réalités psychiques ; le son est la face signifiante, le concept la face signifiée, l’ensemble formant le signe et la
pensée étant le recto d’une feuille dont le son est le verso ; ex. arbor, tree, Baum : « On oublie que si arbor est
appelé signe, ce n’est qu’en tant qu’il porte le concept « arbre », de telle sorte que l’idée de la partie
sensorielle implique celle du total. (Vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines).
a) Indice :
C’est lorsque l’on masque, par exemple, partiellement une poupée par une couverture. L’enfant va prendre
conscience que l’objet existe toujours même lorsqu’il disparaît. L’indice sera la jambe de la poupée qui
dépasse. Le signifiant est la poupée entière.
Autre type d’indice : le bruit de vaisselle qui annonce l’arrivée du repas du biberon. Par la répétition,
l’association de ce bruit familier annonce l’arrivée du biberon (conditionnement). C’est un type de dressage,
une structure rassurante de par ses régularités qui est à l’opposé de l’expérimentation. Grâce à ce type
d’approche, l’enfant fait une association entre un bruit et un objet. Pour que l’entourage soit suffisamment
riche, il doit y avoir ces 2 modes d’apprentissage : surprise et déstabilisation / structures invariantes et
régulières.
b) Symbole :
C’est lorsque qu’il y a une ressemblance entre le signifiant et le signifié (faire « houa, houa » pour signifier le
chien). Modèle de l’objet. L’enfant a quitté la perception immédiate pour travailler sur la représentation de
l’objet. On accède au virtuel, aux premiers pas pour quitter le concret. Il y a transformation de l’objet. Un jeu
éducatif se met en place : l’imitation différée. L’enfant qui joue à la poupée refait sa vie en la corrigeant, en
revivant des conflits. Le jeu symbolique n’est pas la soumission du sujet au réel mais une assimilation du réel.
Déf. symbole : signe conventionnel et abstrait qui représente une chose, une qualité.
(Vocabulaire de la philosophie et
des sciences humaines).
Déf. Imitation : comportement essentiellement humain par lequel l’enfant acquiert le langage, fait
l’apprentissage des techniques et des règles sociales par ses jeux de rôle.
(Vocabulaire de la philosophie et des sciences
humaines).
c) Signe
Plus de ressemblance avec l’objet, convention entre nous. (son pour dire « chien », plus de ressemblance avec
l’aboiement du chien).
A ce stade, on affirme, on ne démontre pas. Piaget dit : on est pré-logique. C’est encore le stade de l’intuition,
du figuratif. La quantité est liée à l’espace occupé.
L’Intelligence opératoire concrète
Elle se caractérise par le développement de la réversibilité logique, l’acquisition de la conservation des
quantités, les invariants, ainsi que la dépendance au concret. Les opérations ne sont effectuées que sur des
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objets concrets. Il n’y a pas possibilité de raisonner sur des hypothèses (ce sera au stade des opérations
formelles), on applique des schèmes.
L’enfant peut mettre en mot une opération intellectuelle qui a été vécue et qu’il passe au langage naturel.
L’enfant a des arguments :
-
d’identité : reconnaître que 2 choses sont identiques
de compensation : « c’est plus haut mais c’est moins large »
-
d’inversion : « si l’on refait une boule de pâte à partir d’un boudin, on aura la même chose qu’avant ».
A ce stade, l’enfant est dépendant au concret, au contenu (à l’école). Il a besoin du concret tant qu’il n’a pas
atteint l’abstraction. L’école oublie ce principe lorsqu’elle donne un théorème en math sans donner d’exemple
concret. L’abstraction ne se transmet pas, elle se construit. La dépendance au concret va impliquer :
-
des décalages (modèles : structure d’ordre, topologie)
des classifications.
Exemple : tableau à double entrée
R
R
R
B
B
B
Croisement de 2 classes : matrice
Comme la multiplication
La construction du nombre n’apparaît que vers 7 ans. On est du côté de l’opératif.
Déf. classification : concept selon lequel les objets peuvent être répartis dans des catégories (comme les fruits,
les légumes, les produits laitiers dans le cas des aliments) selon des critères et des règles logiques
rigoureusement appliqués. Ce concept est acquit à la période opératoire concrète . (Psychologie du développement p. 233)
Lexique
Animisme : croyance de l’enfant au stade préopératoire que tous les objets sont vivants et doués d’intention, de
conscience et de sentiments.
Assimilation : processus qui pousse à réagir à une nouvelle situation de la même manière que dans une situation
semblable déjà rencontrée, familière.
Accommodation : processus de réajustement des façons de penser existantes, restructuration des schèmes pour y
incorporer de nouvelles informations, de nouveaux objets ou de nouvelles idées.
Centration : tendance du jeune enfant à axer son analyse sur un aspect d’une situation ou d’un objet à
l’exclusion de tous les autres.
Conservation : capacité de reconnaître qu’une quantité, un poids ou un volume donnés demeurent constants
malgré leurs changements de forme, de longueur, de position.
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Egocentrisme intellectuel : incapacité de tenir compte d’autres points de vue que le sien , caractéristique du
stade préopératoire.
Identité : caractéristique de la pensée qui permet de comprendre qu’une substance donnée reste la même en
dépit des changements qui affectent sa forme et son apparence.
Pensée opératoire formelle : forme de pensée hypothétique, logique et abstraite qui caractérise la quatrième
période du développement cognitif.
Permanence de l’objet : étape majeur dans le développement cognitif du nourrisson, soit la conscience du fait
que les objets (ou les personnes) continuent d’exister même lorsqu’ils ne peuvent être vus, entendus ou touchés
directement.
Schème : structures cognitives ou modèles d’action formés par plusieurs idées organisées se développant et des
modifiant au fil de l’expérience.
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