LES MYCOSES OPPORTUNISTES PNEUMOCYSTOSE Définition o Infection à pneumocystis jirovecii o Mycose opportuniste o Infection pulmonaire grave Agent pathogène o Pneumocystis jirovecii : pneumocystic carinii f. sp hominis o Spécifique de l’homme +++ (cpdt on peut le trouver chez tous les mammifères, cependant les espèces de pneumocystis varies d’un mammifère à l’autre). Un être humain ne peut donc pas se contaminer à partir d’un animal o Champignon atypique (non cultivé en laboratoire) o Multiplication dans l’alvéole pulmonaire +++ Cycle de réplication : La forme trophique du champignon est étroitement ancrée sur la surface de l’alvéole pulmonaire. Tout autour, le prolongement du cytoplasme permet de s’accrocher sur l’alvéole : la perturbation des échanges gazeux va se traduire par une hypoxémie sur le plan clinique. Les formes trophiques vont pouvoir s’enkyster suivant 3 stades : précoce, intermédiaire puis tardif. Au cours de la maturation du kyste, les divisions nucléaires qui vont permettre l’obtention de 8 corps intrakystiques (noyau + cytoplasme). La paroi va se rompre, libération des corps intrakystiques qui vont s’accrocher sur les alvéoles : développement. Le champignon reste en extra cellulaire. On ne connait pas la durée du cycle par conséquent le temps d’incubation de la maladie. Epidémiologie o Avant 1980 : cas sporadiques o 1980 : syndrome d’immunodéficience acquise VIH +++ (facteur favorisant l’émergence) o Aujourd’hui : Patients ID, infectés par le VIH si lymphocytes CD4 < 200/mm3, traitement préventif du PPC = maladie classante car fort risque d’exposition. Patients soumis à des traitements immunodépresseurs (greffes d’organes) (lymphocytes CD4+ < 300/mm3) o Infection cosmopolite, régions tempérées +++ o Pas de variation saisonnière Physiopathologie o Relation hôte parasite Primo infection dans l’enfance (<4ans, élimination spontanée) Pas de portage chronique Contamination à partir d’une source exogène par contact étroit (pas de contamination endogène de stade quiescent) o Source d’infection Réservoir animal exclu Réservoir environnemental non identifié Réservoir de P. jirovecii = sujet infecté +++ Mode de contamination Transmission inter humaine par voie aérienne (inhalation) Stade infectieux non connu o Multiplication du champignon Si immunodépression +++ Dans les alvéoles pulmonaires pneumopathie +++ Dissémination rare o Facteurs prédisposants Immunodépression acquise Déficit de l’immunité à médiation cellulaire +++ (lymphocytes CD4+) Immunodépression congénitale (SCID, hypogammaglobulinémie) Diagnostic clinique pneumopathie alvéolo interstitielle chez un patient immunodéprimé o Signes fonctionnels Dyspnée +++ (s’aggrave sur 3 a 4 semaines), toux, fièvre Début insidieux : pour les patients infectés pour le VIH. A l’inverse pour les patients immunodéprimés non infectés par le VIH, début plus brutal : aggravation de la dyspnée sur 8 a 10 jours : tableau d’insuffisance respiratoire aigue. Mortalité plus importante pour les patients immunodéprimés sans VIH o Signes cliniques Auscultation pulmonaire normale : toux sèche, peu de fièvre. Triade dyspnée/toux/fièvre 1 cas sur 2 o Radiographie pulmonaire Syndrome alvéolo interstitiel bilatéral (TDM : aspect en ‘verre dépoli’) Signes non spécifiques +++ o Diagnostic biologique o Diagnostic spécifique Mise en évidence de P. jirovecii dans les prélèvements pulmonaires Prélèvements : LBA +++ mais reste invasif, produits d’aspiration, expectorations, biopsies Examen direct : +++ MGG (présence de gros macrophages alvéolaire), imprégnation argentique, bleu de toluidine, IF Pas de culture PCR (autres prélèvements que LBA) Sérologie : pas d’intérêt Diagnostic positif = examen direct d’un LBA +++ (uniquement LBA) doit être fait rapidement dans les 2h. o Diagnostic non spécifique Diminution des lymphocytes sanguins CD4+ +++ Augmentation de la lactico déshydrogénase sérique Diminution de la PaO2 (hypoxie) NFS : normale ou lymphopénie Traitement curatif Les antifongiques sont inactifs, on utilise donc des ATB o 1ière intention Bactrim sulfametoxazole + triméthroprime, 21J, IV ou PO o Alternatives Welvone 2 semaines, IV (si PaO2 > 60mmHg) Pentacarinat (pentamidine) 4mg/kg/j, 3 semaines, PO Cancidas (caspofungine ?) o Mesures associées Prednisone si PaO2 < 70mmHg +/- O2 ventilation mécanique si insuffisance respiratoire Chambre seule Traitement prophylactique o 1ière intention Bactrim sulfametoxazole + triméthroprime PO o Alternatives Disulone + malocide (dapsone + pyriméthamine) PO Pentacarinat (pentamidine) 4mg/kg/j aérosol o Prophylaxie primaire VIH : CD4+ < 200/mm3 VIH- : mal codifié (6 mois post greffe, rejet) o Prophylaxie secondaire Arrêt si CD4+ > 200/mm3 2 fois a 3 mois d’intervalle +++++ LA CRYPTOCOCCOSE Définition o Infection a cryptococcus neoformans o Mycose opportuniste o Méningo-encéphalite grave, souvent disséminé Agent pathogène o Levure capsulée à tropisme neuro méningé o Variété neoformans : cosmopolite, sol, fientes de pigeons o Variété gatii : subtropical, eucalyptus Epidémiologie o Avant 1980 : cas sporadiques o 1980 : syndrome d’immunodéficience acquise facteur prédisposant o Aujourd’hui : Patients ID, infectés par le VIH si lymphocytes CD4 < 200/mm3, traitement préventif C’est une maladie classante Patients soumis à des traitements immunoD Physiopathologie o Mode de contamination Inhalation de la levure +++ Pénètre les alvéoles pulmonaires Inoculation directe après traumatisme cutané Pas de transmission inter humaine +++ o Quiescence dans les macrophages alvéolaires o Multiplication du champignon Si immunodépression +++ Dissémination sanguine, franchissement de la barrière hémato encéphalique o Facteurs prédisposants Immunodépression acquise : déficit de l’immunité à médiation cellulaire, patients infectés par le VIH, traitements anti diabète Diagnostic clinique o Méningo encéphalite torpide chez un patient immunodéprimé Céphalées, fièvre modérée +++ Vertiges, crise convulsive, paralysie d’un nerf crânien, déficit moteur Début insidieux +++ (plusieurs semaines) Mortalité globale 25% (hypertension intracrânienne ou dissémination viscérale) o Pneumopathie Signes non spécifiques (toux, expectorations, fièvre modérée) Asymptomatique (bilan de méningo encéphalite) Radiographie pulmonaire : syndrome alvéolo interstitiel bilatéral Lésions cutanées Dissémination hématogène (10%) : papules indolores ombiliquées ou ulcérées, sans ADP satellites, visage et main +++ inoculation directe : lésion unique, aspect de panaris o Autres localisations Rénale +++ (VIH+) Osseuse (os plats, vertèbres) Hépatique o Dissémination Diagnostic paraclinique (bilan minimal) o LCR (après TDM) Recherche d’antigènes solubles Examen direct (encre de chine) et mise en culture sur Sabouraux (1mois) Cytologie (méningite lymphocytaire) o Sérum Recherche d’antigènes solubles o Hémoculture o Urines, +/- LBA, +/- biopsie cutanée Examen direct (encre de chine) et mise en culture sur Sabouraux (1mois) o Radiographie pulmonaire Syndrome alvéolo interstitiel o (Sérologie : pas d’intérêt) Traitement o Méningo encéphalite Amphotéricine B (fongizone) + 5 fluorocytosine pour éviter l’apparition des resistants Relais par azolés LCR de contrôle (J15 : pronostic) o Cryptococcose extra méningée Azolés : per os, fluconazole (triflucan) Prophylaxie secondaire per os, fluconazole (triflucan) HISTOPLASMOSES Définition, agents pathogènes o Infection à Histoplasma capsulatum o Champignon dimorphique (levure chez humain, filamenteuse en extérieur) o Variété capsulatum Histoplasmose à petites formes La plus fréquente La plus grave o Variété duboisii Histoplasmose à grandes forme Variété capsulatum Variété duboisii Epidémiologie : Pas en Europe, surtout sur le continent américain, Afrique intertropicale, Afrique du sud, Asie, Océanie, Guyane, Nouvelle Calédonie - Mycose opportuniste - Mycose d’importation la + fréquente (10cas/an) Réservoir naturel, contamination : Epidémiologie : pas en Europe, présent en Afrique Moins influencé par le VIH Réservoir naturel, contamination : réservoir non connu Contamination : aérienne ? tellurique ? Diagnostic clinique : Atteinte pulmonaire (inaperçue le + souvent) Fientes d’oiseaux, guanos de chauves souris Contamination : voie respiratoire, grottes, pigeonniers Diagnostic clinique : primo infection : - Asymptomatique (immunocompétent) - Forme pulmonaire aiguë (infestation importante, immunodépression, fièvre, toux, dyspnée) - Forme disséminée : semaines/mois après 1ière infection - ID, VIH+++ - Atteintes vasculaires ADN, HMG, SMG - Ulcères buccaux Diagnostic biologique : a partir de produits pathologiques Examen direct : forme petites levures intracellulaire Culture : forme filamenteuse/culture lente Atteinte cutanée : la plus fréquente, papules ombiliquées, membres, visage Atteinte sous cutanée : abcès, adénopathies Atteinte osseuse Diagnostic biologique : sérosités, adénopathies Examen direct : forme levure, grandes levures Culture : forme filamenteuse, culture lente Traitement : Amphotéricine B Relais itraconazole pendant 1 an Drainage chirurgical Surveillance des rechutes Traitement : guérison spontanée chez IC - Forme pulmonaire : Itraconazole 6 à 12 semaines - Forme disséminée : amphotéricine, relai itraconazole - Prophylaxie : itraconazole CD4+ < 150/mm3 En zone d’endémie ASPERGILLOSE Définition o Infection par Aspergillus sp o Large ensemble nosologique (infection fongique invasive +++) Agent pathogène o Aspergillus sp : moisissure saprophyte o 300 espèces environ o A. fumigatus +++, nidulans, terreus, niger o Comportement opportuniste Aspergillus o Moisissure ubiquitaire, phytopathogène (plantes, terre, débris végétaux) o Aérosolisation des spores o Dépôt de spores sur les surfaces, dans les conduits de ventilation o Concentration maximale si remise en suspension des spores lors des travaux (dépoussiérage, gros œuvre extérieur) Pathogénicité : elle dépend : o Du niveau d’exposition à la source environnementale o Du degré d’immunodépression des patients o Facteurs déterminant la présentation clinique de l’infection Atteintes localisées Atteintes invasives multi viscérales Manifestations immuno allergiques Mode de contamination o Inhalation de spores atteinte préférentielle des poumons et des VAS o Dépôts de spores sur des plaies ou brûlures, sur la cornée, le CAE… Principales manifestations cliniques o Localisées à l’appareil respiratoire : aspergillome, aspergillome sinusien o Aspergilloses immuno allergiques : ABPA, asthme, aspergillaire, AAE o Aspergilloses extra respiratoires : otomycoses, aspergilloses oculaires, aspergilloses cutanées, onyxis aspergillaires o Aspergilloses profondes, origine exogène ou diffusion hématogène d’une API o Aspergillose pulmonaire invasive (forme grave+++) si immunodépression ou patients présentant pneumopathies Aspergillose pulmonaire invasive : o Principaux facteurs de risque : Neutropénie < 500/mm3 prolongée (3 sem) primitive ou induite par chimiothérapie (hémopathies) Troubles fonctionnels des neutrophiles ou des macrophages (corticothérapie à forte dose, prolongée) o Principaux signes cliniques : Fièvre résistante aux antibiotiques +++ Toux, dyspnée, douleur thoracique, hémoptysie Diagnostic biologique direct o Prélèvements ciblés en fonction de la clinique o Examen direct et mise en culture (+/- anatomo-pathologie) o Interprétation délicate : Isolement du champignon dans prélèvements de sites stériles affirment le diagnostic d’aspergillose Isolement du champignon dans prélèvements de sites pouvant être colonisés : intégrer le contexte clinique Diagnostic biologique indirect o Détection d’anticorps o Détection d’antigènes : galactomannane, glucane Diagnostic biologique non spécifique : o HEOS o Augmentation des IgE Imagerie o Radiographie thoracique non spécifique o TDM thoracique pour l’API : signe du halo, signe du croissant gazeux API o Diagnostic difficile o Faisceau d’arguments cliniques, biologiques et radiologiques o = critères de l’EORTC Traitement médicamenteux antifongiques o Amphotéricine B o Dérivés azolés : itraconazole, voriconazole, pozaconazole o Echinocandines Traitement chirurgical o Ablation d’une masse fongique, chirurgie de débridement Traitement anti inflammatoire Principales indications : o Aspergillome : traitement chirurgical o Aspergilloses localisées : traitement chirurgical et/ou traitement par voie orale o Aspergilloses immuno allergiques : éviction de l’allergène + anti inflammatoires o Aspergilloses invasives Urgence pronostic vital engagé Voriconazole IV +/- traitement chirurgical Prophylaxie éviction de l’exposition o Secteurs protégés (hématologie) : chambre à flux o Surveillance de la circulation des personnes (habillage, masques) o Interdiction des plantes, des cartons o Protocoles de bio nettoyage, de protection des zones de travaux o Surveillance de la contamination fongique environnementale