le SIDA humain est la conséquence de la transmission du SIV à l'homme qui a donné
naissance au HIV, un nouveau virus adapté à l'humain. Les deux grands types de HIV (HIV-1
et HIV-2) sont issus de deux souches de SIV différentes (SIVcpz du chimpanzé et SIVsm du
singe sooty mangabey, respectivement) ayant été transmises à l'humain à plusieurs reprises et
de façon indépendante (). Les zoonoses (passage d'un virus à une nouvelle espèce), souvent
délétères, peuvent se produire si le virus d'origine est capable de s'adapter à un nouvel hôte,
mais sont cependant limitées par des barrières d'espèces. Parmi ces barrières, des facteurs de
restriction cellulaires récemment décrits sont capables de limiter l'infection par des lentivirus
de primates, de façon spécifique pour chaque espèce hôte. C'est le cas du facteur cellulaire
Trim5alpha, responsable de la restriction à l'infection par HIV-1 dans certaines cellules de
singe et qui pourrait expliquer le fait que HIV-1 ne puisse pas infecter les singes à l’exception
du chimpanzé dont il est originaire. Le mécanisme d'action de ce facteur, encore mal connu,
cible la capside virale après son entrée dans la cellule et bloque l'infection à une étape
antérieure à la transcription inverse qui pourrait impliquer la déstabilisation du complexe
nucléoprotéique entrant (, ). Des protéines accessoires virales peuvent cependant, dans
certains cas, permettre aux virus de s'adapter aux facteurs cellulaires. C'est notamment le cas
de la protéine Vif du HIV-1 qui permet de protéger le virus contre APOBEC3G, un facteur
cellulaire antiviral responsable d'hypermutations dans l'ADN proviral néosynthétisé (, , ).
Un blocage de l'infection par SIVmac, levé par la protéine accessoire Vpx, a été mis en
évidence au laboratoire, dans l'infection des cellules dendritiques (DCs) humaines. Les DCs
sont des cellules présentatrices d'antigène, cibles de HIV in vivo qui jouent un rôle important
dans l'infection puiqu'elles font partie des premières cellules infectées par le virus et
permettent sa dissémination et sa transmission aux lymphocytes T (). Le gène vpx n'est
présent que chez certaines souches de SIV et chez HIV-2 (fig. 2). Vpx est issu de la
duplication de vpr, un autre gène accessoire présent chez tous les lentivirus de primate (). Ces
deux gènes codent des protéines de 112 et 96 acides aminés, respectivement, qui sont
incorporées dans les particules virales via une interaction avec le domaine p6 de la protéine
structurale Gag (, ). Chez les lentivirus qui, comme HIV-1, ne possédent pas Vpx, Vpr a deux
fonctions principales. Elle provoque d'une part l'arrêt du cycle cellulaire en fin de phase G2,
ce qui pourrait permettre de garder un environnement cellulaire favorable à la transcription
virale (, ). D'autre part Vpr joue un rôle dans l'import nucléaire de l'ADN proviral, étape
nécessaire pour l'infection de cellules qui ne se divisent pas telles que les macrophages ou les
cellules dendritiques (, , ). Chez les lentivirus possédant à la fois Vpr et Vpx, comme HIV-2
ou SIV du macaque (SIVmac), ces fonctions sont séparées entre les deux protéines (): Vpx