AUTISME ET TROUBLES ENVAHISSANTS DU DEVELOPPEMENT Les Ted sont des déficits sévères et envahissants dans plus secteurs du développement. Ils touchent les capacités d’interaction sociales, de communication, la conduite avec des activités stéréotypées et des intérêts restreints. Il y a une variation qualitative de ces déficits en fonction du niveau de développement. L’autisme peut se définir comme un trouble et une incapacité innée à constituer une relation affective et à répondre aux stimuli de l’environnement. Prévalence exacte inconnue. TED : 67/10000 Autisme infantile : 22/1000 1 fille pour 3 à 4 garçons Les TED regroupent cinq troubles : l’autisme infantile, le trouble désintégratif de l’enfance, les syndromes d’Asperger et de Rett et les troubles envahissants du développement NS. L’autisme est le trouble envahissant du développement le plus fréquent. Les manifestations comportementales anormales sont reliées aux atteintes neurologiques et chimiques. Les troubles envahissants du développement changent la façon dont le cerveau traite les informations et ils peuvent donc affecter tous les aspects du développement. Ces troubles neurologiques se caractérisent par des déficits importants et une altération envahissante de trois domaines du développement. Ces trois domaines forment « la triade de l’autisme » Les relations sociales Difficultés à comprendre les mécanismes sociaux, la personne veut interagir mais éprouve des difficultés importantes. - peu ou pas d’interaction avec les autres enfants - absence d’empathie : semble indifférent aux sentiments et aux états des autres - impossibilité de se mettre à la place d’autrui, d’imaginer ou de déduire ce que l’autre a perçu ou vécu La communication verbale et non verbale Perturbation dans l’acquisition et le développement du langage; difficultés à décoder le langage d’autrui; absence de dialogue. - langage verbal : absent, franchement retardé, confusion pronominale, écholalie, présence d’un jargon personnel, questions insistantes ou stéréotypées … - difficulté à répondre aux questions, conversations impossibles - si langage verbal absent, ne cherche pas à se faire comprendre à l’aide de signes. Peu ou pas de gestes sociaux. - Peu ou pas de vrai contact visuel, ou contact intense mais fugitif. Difficultés dans le développement du jeu symbolique et de l’imagination. (= répertoire restreint et répétitif des intérêts et des activités ) Les personnes présentent des comportements restreints, répétitifs, ritualisés, stéréotypés. Ceci peut prendre la forme de préoccupation exclusive limitée à un ou plusieurs centres d'intérêts stéréotypés. Ils présentent des habitudes rigides et des rituels spécifiques apparemment inflexibles. Le jeux symbolique, ou jeu de faire semblant, leur est peu ou totalement inaccessible. - présence de stéréotypies, d’autostimulations sensorielles - jeux répétitifs et sans imagination, pas ou peu de « faire semblant » - intolérance aux changements, aspect « obsessionnel » ++ - retentissement sur les apprentissages L’enfant présente également des troubles « tonico-émotionnels » : - frayeurs intenses sans motif évident et sans réassurances possible - grande intolérance à la frustration - trouble du tonus, majorés par l’angoisse - troubles du sommeil, notamment insomnie d’endormissement - troubles alimentaires - « phobies » spécifiques et intenses. Il n’existe pas de forme unique de l’autisme mais une hétérogénéité intra et inter individuelle. Généralement, les enfants atteints d’un trouble désintégratif de l’enfance ont un développement normal suivi d’une régression entre 1 et 6 ans. Dans le syndrome d’Asperger le langage est quasi-normal. L’autisme atypique se caractérise par le manque d’un élément. Le syndrome de Rett montre une évolution par phases de plus en plus sévères. Ces troubles doivent débuter avant l’âge de 3 ans. Caractéristiques et signes associés Axe cognitif Anomalie du développement cognitif hétérogène (certains points sont meilleurs que d’autres comme l’organisation spatiale, d’autres plus mauvais comme la compréhension verbale) Présence d’une déficience intellectuelle. En effet il y a 70% de retards mentaux dans l’autisme. Troubles du langage. Axe somatique Perturbation sensorielle : vision (ex : jouent avec la lumière en passant la main devant leur yeux ou enfants qui voient beaucoup de détails = attention focalisée) audition [parfois surdité] (quand ils écoutent de la musique c’est l’oreille sur les amplis) Atteinte neurologique : épilepsie Maladies génétiques spécifiques : syndrome de Rett, X fragile, Sclérose tubéreuse de Bourneville. Axe des interactions actuelles Permet le repérage des éléments réactionnels. Au sein de la famille Au sein d’un groupe de pair Au sein des équipes soignantes Pronostic Risque individuel Immédiat Potentiel évolutif : un Qi normal et un accès au langage avant 6 ans sont des facteurs de meilleur pronostic. Contexte Diagnostic précoce Absence d’attention conjointe à 15mois Pas de jeux de faire semblant à 15 mois Absence de pointage Evolution Sur un mode continu Des acquisitions sont possibles au cours du développement Souvent sur un mode dysharmonique L’adolescence est parfois marquée par des troubles du comportement A l’âge adulte Moins de 5% des autistes ont un travail et une vie autonome 1/3 d’entre eux accèdent à un certain niveau d’autonomie avec persistance de difficultés dans le champ des intérêts et des interactions sociales, de troubles du langage, de difficultés à appréhender des concepts abstraits. Les profils évolutifs sont très hétérogènes. Signes d’alertes : - absence de babillage, de pointage ou autres gestes sociaux à 12 mois absence de mots à 18 mois absence d’association de mots (non écholaliques) à 24 mois perte de langage ou de compétences sociales quel que soit l’âge. AXE THERAPEUTIQUE La prise en charge s’organise autour de 3 grands volets. La part donnée à chacun des aspects dépend de l’évolution du sujet et doit être réévalué régulièrement dans le cadre d’un projet individuel. - thérapeutique : bien être, développement et santé mentale du sujet CMP, hôpital de jour … Orthophonie, psychomotricité, psychothérapie, ergothérapie etc. Peu de psychotropes - éducatif : autonomie du sujet IME, IMPro etc. Différentes méthodes possibles - pédagogique : apprentissages. CLISS, scolarisation en milieu ordinaire +/- AVS, scolarité au seins des institutions. QUELS SONT LES CAUSES DE L’AUTISME ? Pas de cause unique à cette pathologie ! L’idée selon laquelle l’autisme trouverait son origine dans des troubles de la relation parents-enfant doit être maintenant totalement abandonnée. Modèle multi-factoriel avec des causes biologiques, génétiques, environnementales etc. Certains déficits seraient peut-être dus à un dysfonctionnement cérébral : - les troubles de la cognition sociale Ces troubles seraient la conséquence d’une altération primaire des fonctions interpersonnelles qui sont normalement à l’origine de la compréhension sociale. - la théorie de l’esprit. Ce concept se définit comme la capacité pour l’individu d’attribuer des états mentaux à lui-même et aux autres. (Nb : Vers 4 ans les enfants « normaux » sont capables d’attribuer des états mentaux différents des leurs aux autres personnes.) Chez les enfants autistes, l’exploration de cette capacité à montré leur difficulté à comprendre ce qu’une personne pense. Cette notion semble pouvoir expliquer les troubles de l’imagination, de la communication et de la socialisation. - les fonctions exécutives Elles traduisent certains processus plus complexes : aptitude à se dégager du contexte, capacité de générer des séquences planifiées d’actions intentionnelles, persévération dans une tâche, maintien de l’attention etc. Les autistes auraient des anomalies –non spécifiques- de la planification, de l’organisation et de la persévération des actions. - la cohérence centrale Ce concept fait référence à la capacité d’extraire les stimuli significatifs parmi un ensemble de stimuli perçus, dans un contexte établi. Les autistes n’arriveraient pas à sélectionner et hiérarchiser les informations dans une situation à cause d’une « cohérence centrale faible » entraînant un déficit du traitement global des informations. TROUBLE DE LA COMMUNICATION Ce sont à la fois le langage et la communication non verbale qui sont très perturbés. Le langage expressif peut être absent. Lorsqu’il se développe ; il est retardé et se caractérise par de nombreuses particularités : - écholalies – inversion des pronoms, incapacités à utiliser des termes abstraits, mots détournés de leur sens habituel Dans le cas où le langage est bien développé, la voix a fréquemment une modulation anormale, avec un débit et un rythme particuliers. La communication peut être gênée par une tendance au soliloque ou des incongruités. La syntaxe est souvent immature mais peut être correcte. Les mots concrets sont les premiers (ou les seuls) reconnus quel que soit le stock lexical. Les conversations abstraites, l’humour, les mots dont la signification varie avec le contexte ne sont pas accessibles à l’enfant. Enfin quel que soit le niveau de langage, le sujet semble incapable d’entrer dans un échange à type de dialogue. Les modes de communication non verbales sont aussi limités, que ce soit pour comprendre autrui – mimiques , sourires, gestes- ou pour aider à l’expression : désigner du doigt, dire au revoir, avoir des mouvements de joie, de surprise ou de peur. Les expressions faciales sont pauvres, le sourire rare Le partage avec autrui des activités ou intérêts est limité, l’enfant n’initie pas de gestes interactifs, n’imite pas ceux de l’adulte, l’instrumentalise en le considérant « pour une partie de lui même » : il prend sa main pour obtenir quelque chose, ou s’assied sur lui comme sur une chaise. COMPORTEMENTS LINGUISTIQUES PARTICULIERS Echolalie Elle peut être immédiate, le sujet répétant le dernier mot ou groupe de mots entendus, ou différée. Au moins ¾ des enfants atteints d’autisme présentent une écholalie, au moins durant une période Idiosyncrasie Figure d’expression fondée sur le transfert à une entité du terme qui en désigne une autre. Ex : blum pour vérité. Inversion pronominale Spéculations anciennes sut le signe de « confusion » de l’identité. Défaut de cohérence globale. Inversions présentes pour tous les éléments linguistiques de type déictique. LE BILAN ORTHOPHONIQUE DE L’ENFANT AUTISTE C’est d’abord un bilan des capacités de communication avant d’être un bilan de langage. Attention : Ne pas attendre l’apparition du langage pour faire un bilan !!! Le bilan de communication fait partie du bilan diagnostic recommandé. Il faut l’adapté à l’enfant et à l’autisme et le filmer si possible. LA DIMENSION PSYCHOMOTRICE DANS L’AUTISME L’intervention du psychomotricien est systématique lors des bilans d’enfants autistes. Les troubles autistiques touchent la motricité dans les fonctions d’adaptation au milieu et de relation avec l’environnement social. Les troubles psychomoteurs peuvent être des signes d’alertes. Les premiers signes apparaissent souvent dans la période sensori-motrice. Perturbations psychomotrices spécifiques. Troubles de la motricité relationnelle : sagesse particulière, tble du tonus, de l’adaptation posturale, de l’orientation dans la relation Troubles de la communication non verbale : mimique pauvre, trouble du regard Troubles du niveau d’activité ou de l’attention : instabilité, inhibition Mouvements anormaux : stéréotypies corporelle, d’objets, autostimulation.. Troubles perceptivo-moteurs : négligences ou focalisation sur des stimuli sensoriels Troubles de la motricité globale : démarche particulière, mouvements stéréotypés. Trouble de la motricité fine : problème de préhension, de coordination, de latéralité … Evaluation et psychomotrice et objectifs L’évaluation se doit d’être classique par la description des capacités psychomotrices et spécifique aux enfants autistes, en soulignant leurs particularités psychomotrices. Modalités : ◘ Entretien avec les parents ◘ Examen de l’enfant, orienté sur le développement et les comportements, Généralement en deux temps : observation libre puis activités structurées. ◘On évalue à trois niveaux : -le niveau relationnel : la manière dont le corps est engagé dans la relation d’autrui - le niveau d’adaptation : la manière dont le corps est engagé dans l’action - le niveau développemental : l’équipement neuromoteur du sujet Ces trois niveaux interagissent et se conditionnent réciproquement. Conclusion L’appréciation globale de l’activité de l’enfant, sa dimension affective et de ses variations relationnelles reste évidemment une préoccupation majeure à cet examen. C’est toute la personnalité de l’enfant qui est engagée dans son corps, et c’est bien elle que l’observation psychomotrice vise à mieux cerner. Les observations faites en psychomotricité visent à mettre en évidence les dysfonctionnements et surtout les capacités émergentes, point d’appel des prises en charge ultérieures. Le bilan psychomoteur ne doit pas se contenter de servir aux psychomotriciens. PICTURE EXCHANGE COMMUNICATION SYSTEME Il s’adresse à toutes les personnes ayant des difficultés à s’exprimer oralement et est très utilisé auprès des personnes autistes. C’est une méthode d’apprentissage de communication alternative et augmentative. Cette approche préconise la personnalisation de la méthode, la généralisation des acquis et l’implication des parents. Elle favorise les interactions sociales. Objectifs : Aider l’enfant à comprendre les fonctions de la communication Aider l’enfant à initier une interaction communicative de manière spontanée Aider l’enfant à initier le langage Développer les compétences pour la communication Le programme est enseigné par des personnes formées et comporte 7 étapes. L’apprentissage débute par une évaluation des capacités de compréhension de l’enfant et de ses intérêts. Le temps des séances évolue au cours des acquisitions. MAKATON Inventé en 1972 par un orthophoniste. Introduit en France en 1996. Ce système de communication multimodal favorise le développement du langage oral par la superposition de plusieurs canaux de communication. L’utilisation de plusieurs afférences apporte une redondance du message, la présentation multimodale permet au sujet de s’approprier le moyen le plus adapté à ses propres capacités. Utilisation d’un vocabulaire de base restreint en quantité, mais très fonctionnel structuré en 8 niveaux. Le vocabulaire est personnalisé en enlevant dans chaque niveau les items qui ne sont pas pertinent pour l’enfant et en attribuant un ordre de priorité. Il allie la parole, les signes de la LSF, ainsi que des pictogrammes. Tous sont complémentaires avec cependant une priorité accordée aux signes en début d’enseignement. Il favorise également l’accès a l’écriture et à la lecture. LOVASS = ABA Objectifs : Apprend à l’enfant à : Etre attentif, imiter, développer le langage réceptif et expressif, les habilités pré-académiques et d’autonomie personnelle. On utilise le modèle ABC = une demande A suivi d’un comportement B entrainant une réponse C. Utilisation de la répétition des réponses comprises jusqu’à l’assimilation complète. Plus efficace pour les autistes de léger à modéré et dans l’échelle supérieure de QI. On obtient une allocution verbale chez certains ou un départ accéléré chez d’autres. TEACCH Inclut les parents comme thérapeutes. Reconnaît le besoin d’un soutien de l’enfance jusqu’à l’âge adulte. Porte autant l’attention sur la façon dont l’autisme affecte la personne que sur les comportements. Il favorise l’autonomie à tous les niveaux de fonctionnement et s’adapte aux besoins individuels des personnes autistes. Il met l’accent sur les modalités visuelles d’apprentissage.