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Christian Nace, « Colonisation, décolonisation ». JDI Romans/Isère, 16 nov. 2006 ; académie de Grenoble.
Mais les temps changent. En 2004, les historiens français et algériens rédigent un livre
commun pour évoquer la guerre d’Algérie 50 ans après ce qui montre la volonté de renouveler les
problématiques et de regarder l’histoire en face des deux côtés de la Méditerranée, c’est bien la fin
de l’amnésie.
Après 20 ans de quasi oubli durant les années 1980-2000 on assiste à l’émergence du devoir de
mémoire pour les héritiers de ce pan de l’histoire de la France face à l’outremer et un retour à une
guerre des mémoires entre les pros, les antis, les victimes de tous les bords…
La guerre d’Algérie cristallise tous ces affrontements. Le silence officiel des politiques s’est
interrompu en 1999, ce n’est qu’à cette date que les députés ont utilisé le mot « guerre » pour
désigner les « événements » d’Algérie. Après 25 ans d’impasse, d’oubli, les groupes de mémoire
s’affrontent, les antagonismes ressortent et s’affichent au grand jour.
4 groupes prennent position :
1 Les anciens combattants qui ont exigé de bénéficier du statut des grands aînés des guerres
précédentes.
2 Les Européens d’Algérie, les Pieds-noirs, ont réussi à faire élever des monuments
commémoratifs « à la mémoire des victimes de l’Algérie française », c’est-à-dire de l’OAS, à Nice,
à Toulon, dans les années 1980, à Perpignan, en 2003, à Marignane, encore, en 2005. Avec le vote
de la loi du 23 février 2005 dont l’article 1 stipule: « La Nation exprime sa reconnaissance aux
femmes et aux hommes qui ont participé à l'œuvre accomplie par la France dans les anciens
départements français d'Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires
placés antérieurement sous la souveraineté française. » on voit comment des lobbys peuvent faire
une utilisation politique du passé pour obtenir des réparations matérielles et morales.
3 Troisième réveil de mémoire, celui des Harkis, au milieu des années 1980. Il a fallu qu’émerge
dans la génération de leurs enfants une élite qui revendique à son tour des réparations pour les
pertes et les humiliations subies par leurs pères.
Le président Chirac leur rend hommage le 25 septembre 2001.
4 Ce mouvement en a rencontré un autre, celui des Beurs, qui ont manifesté leur désir de
reconnaissance et cherché à redonner leur dignité à leurs parents, immigrés dans l’ancienne
métropole coloniale.