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DC. Meyer –HKU-LC – LANG3022 – French Eastern Narratives
2. Expansion européenne et impérialisme
(19e et 20e siècles)
A la fin du 18e siècle, la surface de la terre est désormais bien connue, et
l’expansion européenne s’accélère. Après l’Espagne et le Portugal, les principales
puissances coloniales, l’Angleterre et la France d’abord, puis la Belgique, la Hollande
et l’Allemagne ensuite, entrent en concurrence pour créer des zones stratégiques
d’influence qui deviennent vitales pour leurs économies. Alors que pendant la
première partie du 19e siècle la plupart des pays du continent américain gagnent leur
indépendance, l’Afrique, l’Inde, l’Asie du Sud-Est et la Chine tombent tout à tour sous
la dépendance des états d’Europe.
Jusqu’aux premières décennies du 20e siècle, l’empire colonial français s’étend
principalement en Afrique du Nord, de l’ouest et équatoriale, dans la péninsule
indochinoise et en Océanie. La colonisation est justifiée par le prétexte d’un devoir
humanitaire et républicain, celui de secourir et de civiliser les peuples pauvres. En
réalité, outre leur qualité militaire statégique, les pays colonisés jouent un rôle
économique important : ils constituent des réservoirs immenses de main d’oeuvre
humaine pour l’exploitation des matières premières locales et servent aussi de
marchés importants pour les produits manufacturés importés de la métropole qui les
contrôle.
En Chine, à la suite
des traités de Nankin (1842)
et de Tientsin (1858), la
France
possède
des
“concessions” dans plusieurs
villes de la côte orientale,
notamment
Shanghai
et
Nankin. Dans le sud de la
Chine, la France est présente
à Canton et surtout dans la
province du Yunnan, située
près de l’Indochine, que la
France a placée sous son
protectorat. Quant au Japon,
sous la pression de la flotte
Les colonies britanniques et françaises vers 1870.
militaire
américaine
du
commodore Perry, il est contraint d’ouvrir ses ports aux étrangers en 1855, après
plus de deux siècles d’isolation volontaire du reste du monde. A part l’occupation
américaine de 1945 à 1951, le Japon restera cependant l’un des rares pays d’Asie à
n’avoir jamais été colonisé par une puissance occidentale.
Hiérarchie des races et civilisations
En France et partout en Europe, la politique de colonisation outre-mer est
motivée par “l’impératif de développement” des nations placées sous protectorat. La
colonisation est considérée comme bénéfique pour les peuples “arriérés” d’Afrique et
d’Asie. En même temps, le retard technologique de ces peuples constitue une
“preuve” de la supériorité de la race blanche sur les autres races. L’idéologie
évolutionniste qui domine au 19e siècle pose que les races sont différentes – et
inégales – non pas pour des raisons historiques et culturelles, mais à cause de leurs
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propriétés génétiques respectives. En d’autres termes, la différence entre les êtres
humains n’est pas d’ordre historique, mais d’ordre biologique, et cette “différence ne
se démontre pas, mais se constate” (Eric Savarèse, Histoire coloniale et civilisation),
comme le prouvent les travaux d’anthropométrie humaine de Gustave Le Bon. La
logique de ce point de vue suprémaciste implique qu’il existe donc une hiérarchie des
civilisations qui est déterminée par la nature. Cette idée est longuement développée
dans l’ouvrage du naturaliste Gobineau publié en 1853 et intitulé Essai sur l’inégalité
des races humaines.
L’idée de progrès, c’est-à-dire que l’humanité est en marche vers un “meilleur futur”,
grâce notamment au développement des techniques et de la science, fournit un
argument supplémentaire aux théories
racialistes et expansionnistes. Croire au
progrès c’est :
1. Croire en l’universalité des cultures
d’abord : si la modernisation est
une
bonne
chose
pour
les
Européens, elle l’est aussi pour
tout le monde.
2. Croire au destin commun des
cultures sur la planète : la
modernisation est le processus
naturel de l’évolution de toute
l’espèce humaine.
Bien évidemment, le modèle de cette
universalité culturelle est fourni par
l’Europe.
Par ailleurs, dans le discours
positiviste qui domine après les Lumières
en France, le progrès représente une
alternative à la toute-puissance de Dieu.
La France catholique mais révolutionnaire
fait sa Réforme en adoptant le scientisme comme moyen de représenter le monde
autrement que d’une manière religieuse : “L’idée de progrès a permis de donner un
sens à l’histoire sans postuler une Providence” (Taguieff, Du Progrès).
Décolonisation et Indépendances
Le processus de décolonisation commence après la fin de la seconde guerre
mondiale, en 1945. En Afrique du nord, la guerre entre la France et le Front de
Libération de l’Algérie commence en 1954 et finit huit and plus tard, avec
l’indépendance de l’Algérie. La Tunisie et le Maroc ont acquis leur indépendance en
1954. En Asie, l’Inde trouve son indépendance de l’Angleterre en 1947. La Chine
devient une république en 1949. La France perd le contrôle de la Cochinchine
(Vietnam du sud) dès 1954 après une longue guerre contre les communistes du nord.
Le Cambodge gagne son indépendance la même année.
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