I. Introduction à l`ensemble du cours

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PHYSIOLOGIE DE LA REPRODUCTION
M. LEBOUCHER
COURS 1
D1 334
UNIVERSITE PARIS X : 2001-2002
INFLUENCE DES FACTEURS DE L’ENVIRONNEMENT SUR LA
REPRODUCTION
I. INTRODUCTION A L’ENSEMBLE DU COURS
I. 1. Le cadre général : la reproduction sexuée
Le cadre général du cours est la reproduction sexuée. On s’intéresse aux aspects
psychophysiologiques de la reproduction sexuée. C’est-à-dire à l’étude des :
 Facteurs nerveux
 Facteurs endocriniens
 Facteurs environnementaux
qui régulent la reproduction.
L’avantage de la reproduction sexuée par rapport au bouturage c’est qu’à chaque fois qu’on
refait un individu, on tire un peu les dés au niveau génétique : ½ des caractères paternels et ½ des
caractères maternels. Cela permet de répondre aux modifications de l’environnement : les individus
peuvent s’adapter.
Dans la reproduction, les deux partenaires doivent être coordonnés :

Les saisons de reproduction doivent être synchrones entre mâle et femelle.

Au sein de la période de reproduction, la fertilité du mâle est constante mais la femelle va
être limitée par la période d’ovulation.
Cela nécessite une synchronisation minutieuse. Cette synchronisation va être assurée par les
hormones et en particulier par les stéroïdes sexuels sécrétés par l’ovaire ou par le testicule.
I. 2. Effet organisateur et activateur des stéroïdes sexuels
Les stéroïdes sexuels peuvent avoir un effet organisateur ou activateur :
 Organisateur : dans la période périnatale (bref et précis)
 Activateur : à partir de la puberté c’est-à-dire à l’âge adulte, activation par les
hormones (réveil des potentialités qui étaient présentes). Ce sont des effets
transitoires (uniquement lorsque l’hormone est présente).
Ces effets d’activation sont importants car ils permettent à l’individu d’ajuster son
comportement en fonction d’événements ou de contraintes physiologiques internes (ex : ovulation qui
doit s’accompagner de nidification pour être prise en compte) et en fonction d’événements ou de
contraintes externes en provenance du milieu (ex : la température, la lumière ou des signaux sexuels
envoyés par le partenaire potentiel).
La séquence d’activité qui permet à l’individu de mener à bien sa reproduction comprend :
1. Phase de recherche ou d’attraction du partenaire sexuel : soit on recherche (en se déplaçant)
ou on émet des signaux (on fait venir l’autre). on parle de comportement de cour.
2. Phase d’accouplement ou de copulation.
3. Phase parentale (chez les mammifères et la plupart des oiseaux) : c’est la phase d’élevage des
petits.
Suivant les espèces concernées et donc suivant la vitesse de développement du jeune, un ou
plusieurs cycles de reproduction peuvent se succéder : c’est la durée de l’embryogenèse qui
détermine cette faculté.
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Presque pour la totalité des espèces, la reproduction dépend du cycle des saisons. Il y a des
périodes de reproduction et de repos sexuel.
Dans la plupart des espèces, à l’exception de la notre, on doit distinguer un période plus
courte durant laquelle la femelle va s’accoupler : on dit que cette femelle est réceptive. Cette période
est liée à un état hormonal particulier, elle s’appelle l’estrus (œstrus) et durant cette période
d’œstrus, il y a une recherche de contact et de partenaire sexuel.
Selon les espèces, on put imaginer que la femelle émettra des signaux (odeur, cris…) pour
attirer les mâles. On parle d’attraction des mâles/
Il y a aussi un comportement de recherche active du partenaire, on parle de proceptivité. Le
mâle peut lui aussi émettre des signaux qui vont attirer la femelle.
Au cours d’une saison de reproduction, le mâle a une période de fertilité identique durant toute
la saison de reproduction. Pour la femelle, la fertilité va dépendre de l’ovulation.
La femelle naît avec un stock limité d’ovogonie (ovocytes), une partie seulement se
développe en ovocytes susceptibles d’être fécondés. C’est l’individu qui a le plus de contrainte qui va
être à l’origine de la façon dont les choses vont se synchroniser. Les comportements reproducteurs
vont être obligés de se caler sur le cycle de la femelle. Il faut que les deux partenaires arrivent à se
caler sur le cycle reproducteur de la femelle.
Le cycle ovarien de la femelle va être important. Durant ce cycle ovarien, on distingue deux
phases :

La phase folliculaire (avant l’ovulation) : durant cette phase, l’ovocyte s’entoure d’un
nombre de plus en plus grand de cellules qui forment le follicule, c’est la phase de
maturation de l’ovocyte et du follicule. Ces cellules qui entourent l’ovocyte sécrètent des
hormones qui sont l’œstradiol et la progestérone.

La phase lutéale (après l’ovulation) : quand le follicule est à maturité, sous l’influence
d’un pic de LH, il y a rupture du follicule et il y a ovulation. L’ovocyte est chassé du
follicule, il va aller dans les voies génitales. Soit il rencontre des spermatozoïdes soit il
n’en rencontre pas. Quel que soit le devenir de l’ovocyte, le follicule se transforme et
devient le corps jaune. Ce sont les mêmes cellules qui vont essentiellement produire de
la progestérone.
 S’il y a eu fécondation : on entre dans un autre cycle : la gestation.
 S’il n’y pas eu fécondation : il y a dégénération
La production de stéroïde sexuelle est sous la dépendance d’hormones produites par
l’hypophyse (adénohypophyse) qui est elle-même sous le contrôle de l’hypothalamus.
L’adénohypophyse sécrète deux hormones qui sont dites gonadotropes et qui sont la LH
(luténisante) et la FSH (folliculo stimulateur).

Chez la femelle, la FSH permet la croissance et la maturation du follicule ovarien. Elle
permet également la sécrétion d’œstradiol par ce follicule. La LH déclenche l’ovulation,
c’est un pic de LH qui déclenche la rupture de la paroi du follicule et l’ovulation. la LH
stimule également la libération de progestérone.

Chez le mâle, la FSH assure la spermatogenèse et stimule la fabrication des
spermatozoïdes et le développement des tubes séminifères. La LH stimule la production
de testostérone.
Ces hormones sont sous le contrôle de la gonadolibérine (GnRH) produite par
l’hypothalamus avec une série de rétrocontrôles possibles.
Chez la femelle, le cycle ovarien détermine un ensemble de modifications hormonales qui
entraînent une série de modifications comportementales. Chez bon nombre d’espèces, la réceptivité
de la femelle ne se manifeste qu’au moment de l’ovulation.
Dans les heures qui précèdent l’ovulation, il y a des modifications du comportement de la
femelle, on parle d’estrus.
Ex : chez les rongeurs, un cycle de reproduction dure 4 jours.
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Chez ces animaux qui ont un oestrus, pour parler du cycle ovarien on parle souvent de cycle
estrien (oestrien).
II. INFLUENCE DES FACTEURS SAISONNIERS SUR LA REPRODUCTION
II. 1. Influence de la durée du jour
Pour de nombreuses espèces animales, l’activité sexuelle est saisonnière. Elle va s’exprimer
sur une période plus ou moins longue et bien délimitée dans le temps. Le réveil du comportement
sexuel à une période précise a pour but que les jeunes naissent à un moment favorable à leur
développement. Le décalage va être lié soit à la période de gestation soit à la période de couvaison.
II. 1. A. Les oiseaux et les petits mammifères (période de gestation ou de
couvaison courte)
La reprise de l’activité sexuelle correspond à la fin de l’hiver ou le début du printemps.
Chez bon nombre d’espèces, on a pu montrer que le facteur important c’est la durée
d’allongement du jour. Quand on regarde dans le détail on voit que l’allongement du jour fait
augmenter la GnRH et s’accroître la libération de LH et FSH et donc d’estradiol et de testostérone en
fonction du sexe de l’individu.
Cela se traduit par un réveil de l’activité sexuelle.
II. 1. B. Les animaux qui ont des périodes de gestation longues
Les animaux vont décaler leur période d’activité sexuelle.
Ex :
– Le bélier et la brebis, les accouplements on lieu en automne avec des naissances en mars et avril.
– Le sanglier, il s’accouple en décembre et les naissances ont lieu en mars ou avril.
II. 2. Rôle de l’épiphyse et de la mélatonine
Il y a des mécanismes biologiques qui impliquent une glande qui s’appelle l’épiphyse ou
glande pinéale. L’épiphyse fait partie du diencéphale (toit du diencéphale). Elle produit une hormone
appelée la mélatonine. La mélatonine est un dérivé de la sérotonine (5HT). Pour passe de la 5HT à la
mélatonine, il y a deux enzymes : NAT et HIOMT.
Or, on s’est aperçu que la NAT n’est active que lorsque l’individu est dans un environnement
sombre. Donc la mélatonine n’est sécrétée que durant la nuit. Donc on a un marqueur biologique de
l’alternance entre les jours et les nuits. C’est la durée de production de cette hormone qui va réguler
l’activité sexuelle.

Polycopié : Représentation schématique de la liaison entre le noyau suprachiasmatique et l’épiphyse.
De la rétine part des faisceaux qui ne sont pas impliqués dans la vision et qui vont se projeter
dans une région hypothalamique qu’on appelle le noyau suprachiasmatique. Ces noyaux
suprachiasmatiques jouent le rôle de donneur de rythme au niveau du système endocrinien. Ensuite, il
y a une série de connexions qui font intervenir le système nerveux périphérique (ganglion cervical
supérieur) puis l’épiphyse.
Suite aux informations reçues, l’épiphyse va ou non fabriquer de la mélatonine. Il y a des
récepteurs pour la mélatonine dans les régions qui produisent la GnRH (aire préoptique,
hypothalamus). La mélatonine serait libérée dans le liquide céphalo-rachidien et se déplacerait jusqu’à
ces récepteurs. On trouve aussi des récepteurs dans les suprachiasmatiques, ce qui suppose
l’existence d’un rétrocontrôle.
L’épiphyse est importante dans la régulation des comportements sexuels.
Ex 1 : le hamster est une espèce dite de « jour long », c’est une espèce qui se reproduit quand les jours
rallongent. Chez ces animaux les testicules sont développés quand les jours raccourcissent, ils régressent.
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Si on supprime l’épiphyse, c’est-à-dire le moyen de savoir la durée du jour, cette régression
n’a plus lieux.
Ex 2 : le bélier est un animal de « jour court » qui se reproduit quand les jours raccourcissent. Si on
supprime l’épiphyse il n’y a plus de régression des testicules lorsque les jours s’allongent.
La privation d’épiphyse empêche le système nerveux d’interpréter correctement l’évolution de
la durée du jour. En fait, ce n’est pas la quantité de mélatonine qui est importante mais la durée
pendant laquelle elle est sécrétée.
Expérience : On prend des hamsters sans épiphyse et on les soumet à :
– 8 h de jour par journée
– 16 h de nuit par journée.
Puis on fait des perfusions de mélatonine. On perfuse la même quantité dans les deux groupes et on fait
varier la durée pendant laquelle on perfuse :
– G1 = pendant 6 heures (\\ été)
– G2 = pendant 12 heures (\\ hiver)
On constate que quand on perfuse pendant 6 heures, on a des taux de LH élevés et que
lorsqu’on perfuse pendant 12 heures on a des taux de LH bas. Dans un cas l’animal peut se
reproduire dans l’autre non. C’est la durée de production de la mélatonine qui va influencer le
comportement sexuel.
II. 3. Autres facteurs
Ex : âge de la puberté chez les jeunes filles. L’âge de la puberté diminue au cours du temps (de 1840 à
aujourd’hui). Pour notre espèce, en 100 ans, on peut observer un abaissement de l’âge de la puberté.
Il existe d’autres facteurs que la durée du jour :
 Facteurs alimentaires
 Facteurs sociaux et facteurs psychosociaux.
Des relations entre individus peuvent avoir un retentissement sur la physiologie et le
comportement sexuel. Il existe chez de nombreuses espèces dont la nôtre une communication par
voie olfactive qui va réguler la reproduction.
III. INFLUENCE DES FACTEURS SOCIAUX SUR LA REPRODUCTION
III. 1. Communication olfactive et reproduction : les phéromones
III. 1. A. Différences et points communs entre hormones et phéromones
Bon nombre de travaux mettent en évidence l’existence d’une communication chimique entre
les individus d’une même espèce : on parle de phéromones.
Les phéromones ont été mises en évidence dans les années 1950-60 par des personnes qui
travaillaient sur les insectes. Ils ont découvert que des femelles émettaient une substance chimique
qui avait un rôle d’attractant chez le mâle. On a retrouvé cela chez les mammifères et notamment
chez le rat.
Phéromone : substance qui est produite par un individu, qui est excrété, qui peut venir en
contact avec un individu de la même espèce et qui peut provoquer chez ce dernier une réponse
comportementale ou physiologique.
La phéromone intéresse non seulement le canal olfactif mais dans certaines espèces
(insectes) elle peut également être ingérée.
Ex : Chez les abeilles, un seul individu a un appareil reproducteur développé. Potentiellement tous les
individus pourraient se reproduire or la reine émet une phéromone qu’elle va donner aux ouvrière qui
viennent la nourrir. La phéromone échangée par la reine va stériliser les ouvrières.
Les phéromones ne sont pas des hormones. Les hormones sont à usage interne alors que les
phéromones sont à usage externe. Les hormones sont libérées dans la circulation sanguine d’un
individu et vont agir sur ses propres cellules et en aucun cas ne vont sortir de l’individu pour
s’intéresser aux cellules des congénères.
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Les phéromones sont au contraire libérés à la surface du corps ou dans les urines. Elles sont
destinées à agir sur un congénère. Dans ce cas, on a un émetteur et un récepteur.
Il y a des points communs :

Pour l’homme, la formule chimique des phéromones est proche des hormones, ce sont
des dérivées des hormones.

Pour que l’émetteur produise des phéromones, il faut qu’il soit dans un certain état
hormonal.

Pour le récepteur, certaines phéromones ne fonctionnent que si le récepteur est dans un
certain état hormonal. Dans certains cas la phéromone va servir à modifier l’état hormonal
du récepteur.
Ce sont deux systèmes distincts mais pas complètement indépendants.
Chez les poissons c’est la même chose (poisson rouge), on a montré que ces animaux libèrent des
hormones dans l’eau qui agissent sur les congénères.
Hypothèse : à l’origine c’est la même molécule puis avec l’évolution les systèmes se sont séparés.
Il y a des phéromones pour signaler le danger.
Ex : chez le poisson rouge, il y a des phéromones de peur.
III. 1. B. Phéromones initiatrices et phéromones signal
Pour les phéromones impliquées dans la reproduction, on distingue :
 Les phéromones initiatrices
 Les phéromones signal
a) Les phéromones signal
Elle va provoquer une réaction immédiate et temporaire chez un récepteur, à condition que
celui-ci soit au préalable dans un certain état physiologique. Autrefois, on parlait de phéromones
déclenchant. Les attractants sexuels sont parmi ces phéromones signal.
b) Les phéromones initiatrices (phéromones d’amorçage)
Elles ne provoquent pas de modification comportementale immédiatement décelable mais
elles vont provoquer une modification de la physiologie du récepteur et cette modification peut être
immédiate.
En particulier, on va voir une modification de l’état hormonal. Ces modifications
physiologiques vont entraîner à plus ou moins long terme des modifications du comportement.
III. 2. Effet des phéromones initiatrices
III. 2. A. Effet Vandenbergh, effet Lee-Boot, effet Whitten, effet Bruce…
L’animal qui émet n’a pas besoin d’être présent. Généralement les observations sont faites
sur les femelles.
a) L’effet Vandenbergh
Lorsqu’on met des souris femelles immatures dans une cage, ces dernières atteignent la
puberté plus précocement lorsqu’elles sont en compagnie de mâles mâtures que lorsqu’elles sont en
compagnies d’autres femelles ou de mâles immatures. Ce qui est important, ce sont les phéromones
qui sont urinaires.
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Expérience : on prend de l’urine des différents types de mâles et on badigeonne le museau des femelles.
On regarde le poids de l’utérus des femelles. On utilise des souris âgées de 21 jours et on applique le
traitement pendant 8 jours.
– Un groupe reçoit de l’eau
– Un groupe reçoit de l’urine de mâle dominé
– Un groupe reçoit de l’urine de mâle dominant.
Traitement
Poids corporel (g)
Poids de l’utérus (mg)
Eau (contrôle)
17.5
45.8
Urine dominé
18
47.6
Urine dominant
17.9
73.4*
* différence significative
Les mâles dominés on peut d’androgènes et donc peut de phéromones. Il y a un effet dosedépendant de la phéromone. C’est une molécule lourde qui reste dans l’urine ( air)
b) L’effet Lee-Boot
A l’inverse les femelles inhibent mutuellement la reproduction. Les femelles émettent une
phéromone qui ralentit la maturation sexuelle des jeunes femelles. Lorsque des femelles sont
groupées seules en grand nombre (jusqu’à 30 dans une cage, quelle que soit la taille de la cage), on
observe une disparition des cycles, de l’œstrus et de l’ovulation.
Les femelles se trouvent dans un état d’anestrus. Il n’est pas nécessaire que l’animal soit
présent dans la cage. On peut récupérer l’urine et lui présenter : c’est une phéromone qui responsable
de l’effet.
Hypothèse : ce serait une économie d’énergie.
c) L’effet Whitten
Si on introduit un mêle parmi les femelles en état d’anestrus (ou l’urine d’un mâle) on observe
un redémarrage de l’activité sexuelle et une synchronisation des ovulations.
On observe également cet effet chez les brebis. Cela peut entraîner des naissances
synchrones. On peut montrer que chez les brebis dans les minutes qui suivent l’introduction du bélier,
il y a des pics de LH qui se produisent. C’est bien une phéromone initiatrice : effet de synchronisation
des œstrus et des ovulations.
Chez le bélier, la capacité de stimulation et cette synchronisation est dépendante des taux de
testostérone du mâle en question.
Ex : Un mâle castré est inefficace car il ne produit pas de phéromone.
Si on prend une femelle et qu’on lui injecte de la testostérone cela produit un effet, c’est la même chose si
on injecte un mâle castré.
Cette phéromone est dépendante des taux de testostérone de l’animal.
d) L’effet Bruce
Il montre que les phéromones peuvent intervenir plus tardivement dans la régulation de la
physiologie des congénères.
Ex : Chez les souris, on prend des mâles et des femelles qui s’accouplent et on les laisse ensemble puis on
les sépare. La femelle est en gestation après 3 à 4 jour. Après on va mettre la femelle avec un autre mâle.
Si le mâle est assez différent du premier, il y a arrêt de la gestation et avortement spontané.
L’importance de cet effet va dépendre du degré de ressemblance entre les deux mâles :
Si c’est la même souche  30 % d’avortements
Si c’est une souche différente  80 % d’avortements.
Hypothèses : l’intérêt est pour le mâle, en faisant avorter la femelle, il peut s’occuper de ses propres petits
plutôt que de supporter ceux des autres.
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Il suffit de mettre de la litière souillée pour avoir le même résultat. Cette phéromone aurait
pour effet d’empêcher la libération de prolactine (hormone hypophysaire) qui est responsable du
développement du corps jaune. Le corps jaune produit la progestérone. La progestérone permet le
maintien et la nidification des embryons.
La phéromone qui fait avorter est la même que celle qui accélère la puberté chez les jeunes
femelles. Elle est tout le temps émise en période de reproduction par les mâles. Pourquoi les femelles
sont immunisées pour la phéromone du partenaire ?
Lors de l’accouplement la femelle mémorise un type d’odeur et après elle est immunisée
contre cette phéromone. Cette mémorisation se fait au moment de l’accouplement et dans les 24 à 48
heures qui suivent.
III. 3. Effet des phéromones signal
III. 3. A. Signal olfactif et recherche du partenaire sexuel androsténol et
androsténone
Ce sont des phéromones qui vont jouer le rôle d’attractant sexuel.
Expérience 1 : chez le porc, on a pu mettre en évidence les phéromones signal.
Travaux de SIGNORET : il a eu recours à un labyrinthe en « T »
Dans chaque type d’expérience on va mette un animal adéquat ou non :
– Femelle (truie)
– Mâle (verrat)
– Pour la femelle on met un mâle castré.
Résultats :
Partenaire adéquat
Partenaire inadéquat
Sujet testé
Mâle intact (verrat)
Mâle castré
Truie en estrus
129.25*
41.75
Truie en anestrus
81.86
88.27
Truie en estrus
Truie en anestrus
140.38
113.06
Verrat
On regarde le temps passé devant l’un ou l’autre des compartiments. Les mâles ne sont pas
capables de distinguer le bon partenaire. C’est la même chose pour la femelle en anestrus. Par
contre, la truie en estrus va rester plus longtemps devant le bon partenaire (verrat) plutôt que devant
le mâle castré.
Le compartiment de recherche du partenaire est plus précis chez la femelle que chez le mâle.
Chez le sanglier c’est la même le mâle qui fait le territoire et c’est la femelle qui choisit. L’effet de la
phéromone dépend de l’état physiologique du récepteur. Seules les femelles en estrus sont capables
de trouver le bon partenaire. Si on prend une femelle en anestrus et qu’on lui injecte de l'œstradiol,
elle parvient à faire le choix.
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Expérience 2 : elle consiste à rechercher les facteurs impliqués dans cette reconnaissance.
Conditions du test
Partenaire adéquat
Partenaire inadéquat
Mâle intact (verrat)
Mâle castré
170.12*
76.12
159.54*
38.62
148.14*
64.14
Truie en estrus
Truie en anestrus
173.44*
38.01
Partenaires potentiels visibles
Partenaires potentiels cachés
Partenaires potentiels cachés et
anesthésiés ( visuel et sonore)
Partenaires potentiels visibles
Ce sont des informations véhiculées par le canal olfactif qui sont responsables de la
reconnaissance du bon partenaire. D’autres expériences avec des femelles à qui on a enlevé le bulbe
olfactif ont du mal à opérer leur choix. La communication se ferait par voie de phéromone.
S’il y a un mâle castré et l’autre pas, le résultat laisse penser que la phéromone serait produite
sous l’influence de la testostérone. Donc on est dans le cas d’une phéromone qui est elle-même sous
l’influence de la testostérone.
III. 3. B. Androsténone et Androsténol
Depuis 1944, les chercheurs ont isolé dans les tissus testiculaires du verrat des stéroïdes
odorants dont la structure chimique est très proche de celle de la testostérone. C’est une molécule
avec 19 atomes de carbone :
 Androsténol
 Androsténone
Ce sont des dérivés de la testostérone et ce sont des substances odorantes mais dépourvues
de toute activité hormonale. Par contre elles ont pour caractéristiques odorantes :
 Androsténol : odeur musquée
 Androsténone : odeur d’urine
Elles sont véhiculées par voie sanguine et l’androsténone a tendance à se stocker dans les
tissus graisseux, on la retrouve également dans les glandes maxillaires. Donc on retrouve ces deux
phéromones dans la salive. Lorsqu’on injecte une femelle avec de la testostérone on retrouve de
l’androsténone dans la salive.
Donc lors de l’accouplement les phéromones sont véhiculées dans la salive du mâle. Lors de
la période de reproduction le mâle émet beaucoup de salive et l’androsténone attire la femelle et
permet d’immobiliser la femelle quand elle est au contact ce qui permet l’accouplement.
L’androsténol s’est révélé être une phéromone initiatrice qui accélère l’apparition de la
puberté chez la truie. On a retrouvé de l’androsténol dans la truffe (champignon) et chez l’homme.
III. 4. Sensibilité aux phéromones suivant le sexe
III. 4. A. Expériences d’olfactométrie
Il y a souvent un dimorphisme sexuel aux phéromones et cette sensibilité peut dépendre de
l’état hormonal de l’individu.
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Ex : chez le rat, les mâles flairent l’urine des femelles et inversement donc il y a une attraction pour les
phéromones présentes dans ces urines. Si on supprime les gonades, les individus ne sont plus capables de
faire la discrimination et ‘on plus d’intérêt.
 Soit on a supprimé la discrimination
 Soit on a supprimé l’intérêt
III. 4. B. Influence des hormones, dimorphisme sexuel
On refait des expériences d’olfactométrie avec une source d’odeur ou une absence d’odeur et
on mesure la réponse de l’animal. On test des animaux intacts ou des animaux castrés. Les mâles et
les femelles ont les mêmes capacités de discrimination qu’avant. Par contre, il semble avoir perdu
l’intérêt pour ces odeurs.
On montre que chez la femelle les hormones influencent cette capacité de discrimination
notamment au moment de l’estrus c’est-à-dire au moment où la femelle pourrait s’accoupler. On a
cherché à savoir si l’androsténone est perçue de la même façon par les mâles et les femelles. On
teste des verrats et des truies (les femelles sont gestantes car leur taux d’hormones est alors plus
bas).
 Si on met des odeurs neutres (pain = pinène) les deux sexes savent faire la
discrimination.
 Si on met de l’androsténone, on s’aperçoit que les femelles ont une capacité de
discrimination supérieure à celle des mâles.
Dans la mesure où les femelles ont des taux d’hormones sexuelles bas, il semble qu’il y ait un
dimorphisme sexuel indépendant de l’état hormonal.
III. 5. Voies olfactives, relation avec l’hypothalamus : système olfactif
principal et système voméronasal
Les messages odorants sont véhiculés par deux systèmes distincts et parallèles :
 Le système olfactif principal (haut des fosses nasales)
 Le système voméronasal – ou accessoire – (bas des fosses nasales)
a) Le système olfactif principal
On trouve une muqueuse olfactive et des cellules constituent un neuro-épithélium c’est-à-dire
une couche de cellules nerveuses qui sont des cellules nerveuses spécialisées. Elles sont
renouvelées en permanence. Ces cellules contiennent un soma et du soma partent des dendrites qui
se ramifient et forment des cils qui vont être englués dans une couche de mucus.
Pour qu’une substance odorante soit détectée, il faut qu’elle circule dans l’air ambiant, qu’elle
parvienne dans les fosses nasales. Ces molécules vont se trouver engluées dans le mucus et vont se
lier à des sites récepteurs qui se trouvent sur les cils.
Il va y avoir une affinité à ces molécules. Il y a des protéines transporteurs qui favorisent ces
relations. Chaque cellule est plus ou moins sensible à une substance mais il y a une certaine
spécialisation. Il y a transduction et le message nerveux est transporté par les axones. Le nerfs olfactif
est formé de ces axones qui vont traverser deux pellicules d’os et aller vers le bulbe olfactif. Dans
l’olfaction, il y a un grand nombre de relais avant d’arriver au relais sensoriel. Le bulbe olfactif est
appelé aire olfactive primaire.
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Aire olfactive
primaire
Nerf olfactif 

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Aire olfactive secondaire
–
- Noyau olfactif antérieur
–
- Tubercules olfactifs
–
- Cortex piriforme
–
Bulbe olfactif 
–
- Cortex entorhinal
 Thalamus
 Néocortex
- Amygdales (noyau cortical
et noyau médian)  aire
préoptique médiane et
hypothalamus antérieur
L’aire préoptique : noyaux sexuellement dimorphes impliqués dans le comportement
sexuel et dans ma production de GnRH

Polycopié p. 11 : Représentation schématique des voies olfactives intervenant dans la régulation du
comportement sexuel du hamster
b) Le système voméronasal
Les récepteurs sensoriels de ce système se situent dans la partie inférieure de la cavité
nasale, au-dessus du palais. Ce système serait spécialisé dans la détection des odeurs peu volatiles
(ex : les phéromones des urines qui sont des molécules lourdes). De là, il y des axones qui partent
vers le bulbe olfactif accessoire et de là vers le noyau médian de l’amygdale. Après le noyau
médian de l’amygdale, le trajet est commun aux deux systèmes par la strie terminale.
L’amygdale est un relais important qui fait partie du système limbique. C’est dans le système
limbique que les odeurs vont prendre leur coloration affective.
(1) Chez l’animal
Des expériences chez l’animal ont montré l’importance des systèmes olfactifs principal et
secondaires. Des lésions ont été faites (bulbe principal ; bulbe accessoire ; strie terminale), chaque
fois (hamster) cela a supprimé les comportements de flairement et il y a une quasi disparition du
comportement sexuel.
Chez le hamster mâle on trouve des récepteurs aux androgènes au niveau des noyaux
amygdaliens et notamment au niveau du noyau médian. Quand les animaux sont en forte activité
sexuelle, ils activent ces voies mais en dehors de ces période ce système n’est pas activé.
(2) Chez l’homme
Chez l’homme, il y a un organe voméronasal . Cet organe est fonctionnel dans les deux
sexes. On a fait des mesures avec des électrodes de surface.

Les odeurs volatiles n’ont pas d’effet : en particulier l’androsténol et l’androsténone ne
sont pas traitées (odeurs volatiles).

Les substances qui provoquent des réponses ne sont pas les mêmes chez les hommes et
chez les femmes.
Le fait que le système voméronasal soit stimulé par des odeurs entraîne des modifications
physiologiques (température de la peau, rythme cardiaque, réponse électro-dermale). Cela peut avoir
une relation avec les émotions. On peut suspecter que cela a une influence sur le comportement et
sur le comportement sexuel en particulier.
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III. 6. Le syndrome de De MORSIER-KALLMANN : mise en évidence des
rapports entre les cellules du système olfactif et les cellules à GnRH
de l’hypothalamus
Au cours de l’embryogenèse, on voit que les deux systèmes ont des choses en comun. C’est
le syndrome de De MORSIER-KALLMANN qui met en évidence une relation entre les cellules du
système olfactif et les cellules à GnRH de l’hypothalamus.
C’est un syndrome assez rare qui touche plus souvent les hommes que les femmes
(1/10.000) . On le trouve aussi chez les animaux. Il semble que c’est un problème d’origine génétique
avec les symptômes suivants :

Absence totale d’odorat : anosmie, car les bulbes olfactifs sont complètement régressés.

Régression totale ou quasi totale des gonades (ovaires ou testicules) avec une quasi
absence de comportement sexuel.
Il existe un gène appelé gène KAL qui est porté par le chromosome X. Tout gène deux
formes (ou allèle) : dominante normale et une forme mutée récessive.
 Pour la femme, pour qu’il y ait pathologie, il faut deux allèles récessifs
D
X
X
r
r
X
X
r
Dr
rD
DD
rr
 Pour l’homme, il suffit d’un seul récessif
X
r
Y
D
r
Lorsque l’allèle dominant s’exprime, il va permettre que soit codé et fabriquée une protéine
(protéine KAL) voisine des « protéines d’adhésion ». Ces dernières vont faire que certaines cellules
vont rester associées. Cette protéine KAL permet d’assurer la cohésion des cellules du bulbe olfactif.
Si une personne est atteinte de ce syndrome, l’allèle mutée ne permet pas l’adhésion, donc
les cellules du bulbe olfactif ne restent pas ensemble et cela entraîne sa quasi disparition pendant
l’embryogenèse.
Durant l’embryogenèse, les cellules à GnRH ne sont pas dans l’hypothalamus mais se
trouvent très en avant du système nerveux, dans une région très antérieure. Elles se trouvent à peu
près au niveau de l’épithélium olfactif : c’est-à-dire au niveau de la placode olfactive. Ces cellules à
GnRH vont migrer sous l’influence de signaux cellulaires pour rejoindre leur place dans
l’hypothalamus.
Les cellules à GnRH vont migrer le long de ces voies olfactives pour aller se loger dans la
région hypothalamique. Or, au cours de la migration, elles passent par le bulbe olfactif. C’est un relais
indispensable sur ce trajet. Or, dans le syndrome, le relais a disparu et les cellules à GnRH vont
s’arrêter et vont finir par dégénérer. La conséquence est qu’il n’y a pas de GnRH donc pas de LH,
donc pas de testostérone ni d’œstradiol. Cela entraîne une régression des gonades.
L’intérêt est de vois que ces systèmes olfactifs ont une origine embryologique commune et
donc ce n’est pas étonnant qu’il y ait une influence de l’odorat sur le comportement sexuel.
III. 7. Existe-t-il des phéromones sexuelles humaines ?
Il y aurait des substances odorantes qui seraient sécrétées par le corps et qui auraient des
effets sur le congénère du sexe opposé en modifiant sa physiologie (initiatrice) ou en modifiant son
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comportement
consciente.
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(signal). Il faut que les phéromones soient perçues, pas forcément de façon
Arguments contre :
– Les odeurs corporelles chez l’humain ne sont pas considérées comme agréables.
– L’odorat humain n’est pas très performant ( papillon)
Il faut distinguer les :
 Macrosmates : odorat très développé
 Microsmates : odorat peu développé
Il y a trois éléments en faveur des phéromones sexuelles :
 Existence de régulation physiologique qui évoque l’existence de phéromones
initiatrices
 Existence de substances comme l’androsténol et l’androsténone (\\ utilisées
comme phéromones par les cochons).
 La sensibilité olfactive est différente selon les sexes
III. 7. A. Existence de régulation physiologique
On va observer la régulation des cycles ovariens chez la femme. Les études portent sur la
régulation des cycles menstruels chez les femmes. Cela laisserait penser l’existence de phéromones
initiatrices.
En 1971, Mc CLINTOCK (USA) a l’idée d’aller se renseigner dans des pensionnat de jeunes filles pour
étudier les dates des règles et observer les synchronisations. Il n’y a pas d’hommes et elles dorment dans
des dortoirs communs.
Au bout de quelques mois dans des dortoirs communs, il y a une synchronisation des cycles.
En fait, plus la durée de cohabitation est grande et plus la synchronisation est grande.
En 1980, RUSSEL (USA) recherche les sources de phéromones. Il s’intéresse à la sueur et en particulier la
sueur axillaire (sous les bras). Chez une seule femme, il récupère de la sueur axillaire au cours d’un cycle
ovarien. Par la suite, il va demander à des femmes sur un campus de venir tous les jours et de récupérer un
coton afin de se frotter le au-dessus de la lèvre supérieure avec. Il y a un groupe expérimental (5) et un
groupe contrôle (6). Il va étudier le décalage de cycle entre la personne qui donne sa sueur et la personne
soumise au traitement. L’expérience du 4 mois (pas de contraceptif oral durant l’expérience).
Le décalage moyen au départ est de 8 à 9 jours. A la fin de l’expérience, pour le groupe
contrôle, le décalage existe toujours et pour le groupe expérimental, il est tombé à 3 jours. Il y a 4
femmes qui se collent au cycle de la donneuse et 1 chez qui ça ne marche pas.
 Conclusion : il y a une substance, une phéromone qui a permis ce décalage.
 Critique : il n’y a qu’une seule femme donneuse.
En 1998, Mc CLINTOCK (USA) s’est intéressé à la physiologie sexuelle des rongeurs pour
faire un grand nombre d’expérience. Elle va s’apercevoir que lorsqu’on veut synchroniser des cycles, il
faut un accélérateur et des substances qui ralentissent.
Chez les souris et les rat il y a deux phéromones :
 Une qui accélère et raccourcit les cycles avant l’ovulation
 Une qui ralentie et rallonge au moment et après l’ovulation.
Elle reproduit l’expérience chez les femmes en se demandant s’il y a des phéromones qui
accélèrent et ralentissent le cycle.
Elle récupère des phéromones au moment de la phase folliculaire (avant ovulation) et au moment de
l’ovulation. Elle utilise 9 femmes qui vont donner leur sueur. D’autres femmes vont servir de receveur avec
un traitement à base de la sueur prélevée lors de la phase folliculaire et d’autres avec une traitement à base
de la sueur prélevée au moment de l’ovulation. Un troisième groupe témoin est constitué des femmes
donneuses. Les traitement est effectué pendant deux cycles consécutifs tous les jours (pas de
contraception orale).
Il y a une modification uniquement sur la phase folliculaire ( lutéale) :
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 Quand on a pris de la sueur pendant la phase folliculaire = la phase folliculaire est
raccourcie de deux jours.
 Quand on a prise de la sueur pendant l’ovulation = la phase folliculaire est
allongée de deux jours.
Grâce à ce décalage, cela pourrait aboutir à une synchronisation des cycles.
D’autres chercheurs vont rechercher si la sueur masculine a un effet sur les femmes.
CUTLER (1986) prélève des hommes et badigeonne les narines des femmes avec des cycles anormaux (<
25 jours et > 33 jours). Elles se frottent le dessus de la lèvre supérieure trois fois par jours (pas de
contraceptif oral et abstinence sexuelle stricte pendant l’expérience. l’expérience dure trois mois.
Pendant cette durée, il y a une régulation progressive vers 28 jours (cycle normal) alors que
pour le groupe contrôle (< 25 jours et > 33 jours) on voit qu’il y a un effet qui ressemble à un effet de
phéromones.
III. 7. B. L’androsténol et l’androsténone sont-elles utilisées comme
phéromones humaines ?
Dans la sueur axillaire on retrouve de l’androsténone et de l’androsténol qui sont utilisées par
les porcs comme phéromones. Est-ce que la sueur véhicule des informations phéromonales ? Les
précurseurs de ces substances sont chez l’homme produits par le testicule et une partie passe dans
les glandes sudoripares axillaires. Ces substances sont excrétées en même temps que la sueur. Les
bactéries à la surface de la peau seront à l’origine de la transformation de ces subsistances en
androsténol et androsténone.
Chez les femmes, elles seraient fabriquées à partir des androgènes surrénaliens (corticosurrénales) qui seraient des précurseurs véhiculés par voie sanguine jusqu’aux glandes sudoripares
et transformées par les bactéries à la surface de la peau. On ne sait pas si n’est pas cela qui agissait
dans l’expérience précédente.

Androsténone  odeur déplaisante (\\ urine)

Androsténol  odeur musquée
Expérience : on imbibe des sièges d’androsténone dans un cinéma et on regarde où les gens s’assoient.
 Les femmes s’asseoir sur ces sièges
 Les hommes vont les éviter
Est-ce un signal d’évitement pour les hommes et d’attraction pour les femmes ?
Expérience : on présente des photos avec de l’androsténol et on demande de donner une note
 Les sujets mettent une meilleure note s’il y a de l’androsténol dans l’aire
III. 7. C. Sensibilité olfactive selon le sexe et l’état physiologique
Toutes les individus n’ont pas forcément la même acuité. L’individu qui s’en sert le plus est
celui qui arrive le mieux à les détecter. On peut s’attendre à ce que ce soient les femmes qui soient
les plus aptes à les détecter et que leurs performances soient différentes en fonction des moments du
cycle.
a) L’androsténone
Des expériences d’olfactométrie montrent que les femmes perçoivent mieux cette odeur que
les hommes (millionième de mg par litre d’air) 90 % des femmes et  54 % des hommes. Il y a une
sensibilité différentielle.
Avant la puberté les garçons et les filles perçoivent ces phéromones de la même façon et au
moment de la puberté il y aurait une diminution de la capacité olfactive chez le garçon.
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b) L’androsténol
Il n’y a pas d’expérience mais il existe des expériences avec une molécule d’exaltolide
proche de l’androsténol qui a été effectuée dans les années 1950. Les femmes perçoivent assez bien
cette odeur à des concentrations faibles (90 % ) alors que les hommes ne perçoivent pas ( 50 %). On
a mis en évidence qu’il fallait des concentrations 100 fois supérieures pour les hommes.
La sensibilité des femmes à cette molécule augmente très fortement au cours de la phase
folliculaire. Donc au moment de la phase folliculaire il y a une augmentation du taux d’œstradiol et
l’œstradiol favoriserait la perception de cette molécule. Pendant la phase lutéale, on retrouve une
diminution de la sensibilité olfactive.
La sensibilité à cette substance diminue pendant la grossesse quand les taux d’œstradiol sont
bas et que les taux de progestérone augmentent. La sensibilité augmente au moment de la puberté
chez les filles.
On a montré que des hommes comme des femmes peuvent déterminer le sexe en fonction
des sécrétions palmaires. Si ce sont deux personnes du même sexe les hommes sont moins doués
pour ce genre de reconnaissance.
Il y a une dizaine d’année, on s’est aperçu que la signature individuelle olfactive chez les
rongeur est liée aux gènes du complexe majeur d’histocompatibilité. On va avoir beaucoup de
caractéristiques communes au niveau odeur avec des individus apparentés. Lors du choix sexuel, les
rats ont tendance à choisir des individus plutôt différents d’eux-mêmes c’est-à-dire qui ont des gènes,
des protéines et des odeurs différentes. Cela viserait à éviter l’endogamie (reproduction entre
apparentés). On s’aperçoit que ce que cherchent à éviter les animaux, c’est l’odeur de leur famille
d’adoption et pas forcément la leur.
IV. INFLUENCES PRECOCES SUR LA REPRODUCTION
Le comportement sexuel de l’adulte dépend d’influences précoces. Quels sont les facteurs
dominants : hormonaux, sociaux ?
IV. 1. L’influence de l’environnement fœtal
Les premières observations ont été faites au début du XX° siècle. Lorsque des vaches donnent naissance à
des jumeaux mâles et femelle, la femelles présente des caractéristiques masculines et une stérilité.
L’idée c’est que dans le cordon ombilical il y a des la testostérone et qu’elle influence la petite
sœur.

Polycopié p. 7 : L’environnement hormonal
Ex : Chez les rongeurs, la femelle a deux cordes utérines. L’attribution des places se fait de façon aléatoire.
Il peut y avoir une femelle entre deux mâle ou un mâle entre deux femelles, etc.
Or, comme chez la vache et les veaux, un peu des hormones d’un individu diffuse et peut aller
modifier l’état hormonal du voisin. C’est surtout les mâles qui ont un influence sur les femelles. Les
femelles qui ont deux mâles pour voisin sont influencées par la testostérone des deux frères. A l’âge
adulte, on constate que ces femelles qui ont eu deux mâles pour voisins, atteignent la maturité plus
tardivement et de manière générale ont moins de portées au cours de leur vie. Ces femelles sont peu
attractives pour les mâles.
Pour les mâle ce serait un avantage d’être à côté de deux frères qui apporteraient un taux de
testostérone plus important. Ils auraient à l’âge adulte un meilleur succès reproducteur et plus de
descendants qu’un mâle entre deux femelles.
Lors de tests de choix, les animaux qui ont eu deux mâles comme voisins sont les animaux
qui sont préférés par les femelles. Chez l’homme, il n’y a pas eu d’études dans ce domaine. Il y a eu
une étude des taux de stéroïdes à la naissance. Lorsqu’il y a des jumeaux garçon et fille, la fille peut
avoir des taux de testostérone plus élevés que le petit frère.
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IV. 2. L’influence de l’environnement social sur le comportement sexuel
IV. 2. A. L’isolement précoce
Il existe des expériences anciennes où on isolait complètement les jeunes  isolement
complet chez les souris, les rats, les singes… On constate qu’à la puberté, chez le mâle, s’il est mis
en contact avec un partenaire élevé normalement, il est incapable de s’accoupler normalement.
Souvent, il y a une très grande agressivité (problème de la familiarisation). Il y a une forte
présence de comportements stéréotypés (hochement de tête, sautillement…) et de comportement de
monte inadaptés (sur les objets ou avec des objets).
On a fait des expériences avec les rongeurs (après 3 semaines ; environ 14 jours). A partir de
ce moment là on les a élevé dans des cages seuls mais avec des informations visuelles, olfactives et
auditives provenant des autres congénères ; il n’y a pas de contact tactile. Là encore on constate que
le comportement sexuel de ces individus est complètement anormal.
Cela montre que le contact est important et particulièrement les comportements de jeux chez
les jeunes. Le seul traitement pour faire retrouver un comportement normal au mâle c’est de le faire
cohabiter avec une femelle adulte : un petit pourcentage retrouvent un comportement normal.
IV. 2. B. L’influence maternelle
Le comportement sexuel est influencé par le contact entre le jeune et sa mère.
Expérience : Les rat mâles sont élevés au biberons sans la mères. Ils sont in capables d’avoir des
comportements sexuels normaux, même si on les élève avec des congénères.
Chez les rongeur il y a deux raisons :
Chez les rongeurs on sait que durant les soins maternels, la mère fait des léchages dans la
région ano-génitale . c’est indispensable car les jeunes ne peuvent pas uriner et déféquer s’ils n’ont
pas ces stimulations.
Les mères ne se comportent pas de la même façon avec les mâles et les femelles. Il y a une
plus grande quantité de léchage chez les mâles car il y a une phéromone dans leur urine qui attire la
mère. Ces léchages aurait une fonction important dans la maturation de cette région ano-génitale.
Cette phéromone dépend de la testostérone sanguine. On peut rendre la mère anosmique et dans ce
cas elle diminue son nombre de léchage au petit mâle de façon préférentielle.
On constate qu’à l’âge adulte ces petits mâles ont alors plus de mal à s’accoupler. Ils ont un
retard quand à l’éjaculation.
Lorsqu’il tête sa mère, le jeune mémorise l’odeur maternelle. Ultérieurement, ils cherchent une
odeur différente de l’odeur endogénique mais qui se rapproche de l’odeur maternelle. Il y a un degré
d’étrangeté maximal : ni trop différent ; ni trop identique.
IV. 2. C. L’influence du stress prénatal sur la sexualisation et sur le
comportement sexuel
IV. 2. D. Description et étiologie du syndrome de stress prénatal
Chez le rongeur, on s’est aperçu que lorsqu’on met des rates en fin de gestation dans des
situation (cages petites, surpopulation et stimulation sonores et lumineuses trop importantes…) cela
provoque un stress chez la femelle et également au niveau du fœtus.
A l’âge adulte, on constate que c’est les mâles qui sont affectés par la situation parce que
certains ne sont plus capables de s’accoupler. Si on les castre et qu’on injecte des œstrogènes et de
la progestérones et qu’on les place face à d’autres mâles, ils présentent des comportements de
lordose.
Pour les femelles le résultat est moins net, pour certaines modifications de la durée des cycle,
du comportement maternel.
Si on observe ces mâles stressés pendant la période périnatale, ils ne présentent pas de
différences particulières. Par contre au niveau des noyau sexuellement dimorphes de l’aire préotique,
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ils sont de taille intermédiaire entre les mâles normaux et des mâles castrés à la naissance. C’est un
signe d’une perturbation de la sexualisation.
Le stress provoque une libération d’ACTH et une libération de corticostérone. En même temps
que l’ACTH, il y libération de -endorphine. La -endorphine a un effet inhibiteur sur la GnRh. La endorphine est libéré de façon importante lors d’un stress. Cela va inhiber la libération de LH, donc
c’est aussi la testostérone qui est moins libérée. Cela perturbe également le pic de testostérone qui a
lieu le 19° jour avant la naissance et qui permet les phénomènes de déféminisation et de
masculinisation du système nerveux central.
Donc les phénomènes de sexualisation vont être perturbé. On constate aussi que l’enzyme
aromatase semble être produite de façon moins importante (notamment dans l’hypothalamus). dans
cette situation là, tous les individus n’ont pas exactement les mêmes symptômes. Il y a un tout petit
nombre d’individus qui perdent tout comportement sexuel (mâle ou femelle). A l’inverse, il a un petit
nombre qui montre un comportement sexuels normal. Au milieu il y a la masse de ceux qui présentent
un comportement sexuel anormal et cela au sein d’une même portée.
L’existence de cette variabilité suggère qu’il y a peut être autre chose que les facteurs
hormonaux : position dans l’utérus et lien des animaux entre aux après la naissance (soit entre eux
soit avec leur mère). On va utiliser cette variabilité pour valider l’influence des facteurs hormonaux et
des facteurs sociaux.
Expérience : on prend des individus soit de portée normale soit de portée dont la mère a été stressée. Le
sevrage a lieu à 16 jours puis les jeunes sont placés dans des conditions différentes. On utilise que des
mâles :
– mâles logés avec une femelle de leur âge
– mâles logés avec un mâle normal de même âge
– mâles logés avec un mâle de mêle âge qui a subi un stress prénatal
– mâles isolés jusqu’à la maturité sexuelle
A l’âge adulte on teste les mâles face à des femelles en œstrus et on regarde le pourcentage
de mâle capables de s’accoupler et aller jusqu’au bout. Le test dure pendant 6 jours successifs.

Polycopié p. 13
Résultat : pour les mâles stressés et logés avec des mâles qui ont subit un stress prénatal , la courbe situe
au milieu ½ réussissent et ½ ne réussissent pas. C’est le résultat de l’interaction des deux facteurs.
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