Le Mariage de Figaro
Acte 1, scène 1
Problématique : une pièce révolutionnaire ?
Présentation de la scène :
Figaro et sa fiancée Suzanne, tous deux domestiques du comte Almaviva, discutent dans la chambre
du château que le comte leur a destinée.
La jeune et honnête Suzanne informe Figaro que le comte la désire. C’est pour obtenir ses faveurs
que ce dernier lui offre une belle dot.
Figaro projette de tendre un piège au comte tout en bénéficiant de la dot
Suzanne quitte la chambre
Scène importante car elle nous plonge d’emblée au cœur d’un des thèmes essentiels de la pièce : le
conflit entre les sexes.
Plan :
1/ une scène d’exposition / d’intrigue
2/ la symbolique des lieux
3/ une scène de comédie
Une scène d’exposition qui pose les problématiques essentielles de la pièce
Cette première scène fournit des informations indispensables à la compréhension de la pièce : respecte
la règle des 3 unités
sur l’enjeu de la pièce : le mariage de Suzanne et Figaro est l’intrigue principale + obstacles
sur le temps / durée de l’intrigue : une journée ( sous-titre de la pièce " la folle journée) ; Suzanne
évoque " le matin des noces "
unité de lieu : le château
sur les caractères des personnages : d’abord sur les 2 personnages de la scène ( 2 personnes du
peuple)
FIGARO : a les traits typiques du valet de comédie = homme du peuple, à l’esprit vif, au tempérament
enjoué ( voir fin de la scène). Mais aussi, comme le veut la tradition, un personnage rusé et plein de
ressources " Ah, s’il y avait un moyen d’attraper ce grand trompeur… " + définition que Suzanne donne
de lui " de l’intrigue et de l’argent, te voilà dans ta sphère " + " ce n’est pas la honte qui me retient "
Donc, il apparaît comme un personnage sympathique, peu scrupuleux. Il prendra une dimension plus
profonde au cours de la pièce
SUZANNE : femme de chambre de la comtesse ; elle présente des qualités du bon sens populaire ;
comme son fiancé, elle est spirituelle et gaie ( voir didascalie Suzanne riant ), espiègle. Mais elle a
néanmoins de solides principes moraux : ainsi, c’est elle qui avertit Figaro des projets du comte et le
cynisme de Bazile la révolte. Surtout c’est un tempérament taquin et moqueur : on ne rit pas d’elle. C’est
une jeune femme très psychologue " il y a mon ami… "
LE COMTE : incarne au travers de ce que dit Suzanne, le pouvoir féodal dont il use de façon
passionnelle et tyrannique . C’est un personnage double : celui qui a supprimé l’ancien droit de cuissage
et égoïste, prêt à tout sacrifier pour ses passions. Figaro le qualifie de grand trompeur.
La symbolique du lieu
Le château d’Aguas Frescas et plus particulièrement ici la chambre des futurs époux
le château n’est pas un lieu neutre ; c’est en lui même tout un symbole du féodalisme, de la force
imposante sur laquelle s’est bâtie l’autorité du comte
la chambre, espace double, perçu différemment par Suzanne et par Figaro : pour Figaro, elle se
trouve exactement entre les appartements privés du comte et ceux de la comtesse, ce qui à ses yeux
est un avantage ( pratique) " la nuit, si Madame … " . Suzanne, elle, ne manque pas de relever
l’inconvénient de cette position spatiale " fort bien… ". Donc cet espace est plein de pièges et sa
disposition n’est pas innocente car elle permet à Beaumarchais de souligner symboliquement la
situation de dépendance des valets vis - a- vis des maîtres. Beaumarchais prend soin de préciser
que cette chambre est à " demi -démeublée " Pourquoi ? ? C’est la chambre nuptiale OR le mariage
n’aura lieu que le soir et il manque l’essentiel : le lit conjugal ; Ce lit, symbole de l’union, c’est du
comte qu’ils vont le recevoir… Ce simple détail rappelle à quel point leur mariage dépend de la bonne
volonté du maître des lieux. De plus, le dénuement de leur chambre contraste avec la richesse et le
confort intime de celle de la comtesse ( acte 2)
Une scène qui ancre la pièce dans un genre : la comédie
Tout le comique de la scène repose sur le dévoilement d’un secret.
Suzanne mène la scène :
d’abord elle refuse de parler " si je n’en veux pas dire ? "
puis elle parodie le discours de Figaro " fort bien mais quand il aura tinté… " " il y a mon ami… "