l'histoire de la Vie. Par exemple, vous savez que 96% des espèces vivantes
ont disparu lors d'un cataclysme au début de l'ère secondaire et quelques
autres aussi à cause du météorite qui a provoqué l'extinction des dinosaures
à la fin du secondaire. L'évolution se situe donc dans un jeu heurté qui
continue l'histoire humaine.
De même, en ce qui concerne la séparation des objets, on avait oublié que
les objets étaient liés les uns aux autres au sein d'une organisation. A
partir de ce moment, il se crée un système, dont l'originalité première est
de créer des qualités appelées émergences. Elles apparaissent dans le cadre
de cette organisation, mais elles n'existent pas dans les parties conçues
isolément. On a alors compris que la vie n'était pas faite d'une substance
spécifique mais constituée des mêmes substances physico-chimiques que le
reste de l'univers. La vie est issue de molécules ou de macromolécules qui
n'ont séparément aucune des propriétés de la vie, la reproduction,
l'autoreproduction ou le mouvement. Les propriétés vivantes n'existent donc
pas un niveau isolé des molécules, elles n'émergent que grâce à une
auto-organisation complexe.
C'est pourquoi du reste un certain nombre de sciences sont devenues
sytémiques, comme les sciences de la Terre, l'écologie ou la cosmologie. Ces
sciences ont permis d'articuler entre elles les connaissances des
disciplines différenciées. Par exemple l'écologue utilise les connaissances
des botanistes, des zoologistes, des microbiologistes et des géophysiciens.
Cependant, il n'a pas besoin de maîtriser toutes ces sciences. Sa
connaissance propre consiste en l'étude des réorganisations, des règlements
et régulations des systèmes. On constate donc, aujourd'hui, qu'un certain
nombre de sciences se remembrent en mettant à jour le problème de la
reliance. Plus largement, tout ce qui est séparé dans notre univers est en
même temps inséparable.
Par ailleurs, les travaux de Popper ont montré les limites de la valeur
absolue de l'induction. De plus, la déduction, elle-même, peut avoir des
dérapages. Il suffit de se souvenir du fameux paradoxe du Crétois qui
prétend que tous les Crétois sont des menteurs, ou bien tous les théorèmes
d'indécidabilité dont le plus célèbre est celui de Gödel.
Ainsi, les trois piliers qui formaient le corps de certitudes sont ébranlés.
Pour aggraver la situation, la physique et la macrophysique étaient
parvenues dans les années 20 à une sorte de paradoxe profond. Le même
élément, i.e. la particule, pouvait se comporter de façon contradictoire,
selon l'expérience, tantôt comme une onde tantôt comme un corpuscule. A
travers ce paradoxe étonnant, nous retrouvons aussi le paradoxe de
l'individu et de l'espèce. Si vous voyez des individus, vous ne voyez pas
l'espèce qui incarne la continuité. Mais si vous cessez de voir des
individus et que vous regardez un très vaste espace de temps, il n'y a plus
d'individus, vous ne voyez que des espèces. Ainsi, pour la société, certains
sociologues pensent que l'individu n'existe pas. Ils n'en voient pas car,
selon eux, les individus ne sont que des marionnettes et des pantins de la
société, seule réalité. En revanche, pour d'autres sociologues, la société