page 2
La justification du fait colonial : texte A
« Je dis […] que cette politique coloniale repose sur une triple base économique, humanitaire et
politique. […] Les colonies sont, pour les pays riches, un placement de capitaux des plus avantageux. […]
Les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures […], parce qu’il y a un devoir pour elles.
Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures […]. Une marine comme la nôtre ne peut se passer, sur
la surface des mers, d’abris solides, de défense, de centre de ravitaillement. »
Jules Ferry, Discours devant la Chambre des députés, le 28 juillet 1885.
Contestations des arguments de la colonisation. Texte B
« Races supérieures ! Races inférieures ! C’est bientôt dit. Pour ma part, j’en rabats singulièrement
depuis que j’ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue
dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d’une race inférieure à l’Allemand. […]
Regardez l’histoire de la conquête de ces peuples que vous dites barbares et vous y verrez la
violence, tous les crimes déchaînés, l’oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé, tyrannisé par
le vainqueur. […]
Mais n’essayons pas de revêtir la violence du nom hypocrite de civilisation. Ne parlons pas de
droit, de devoir. La conquête que vous préconisez, c’est l’abus pur et simple de la force que donne la
civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires pour s’approprier l’homme, le torturer, en
extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur.
Ce n’est pas le droit, c’en est la négation. Parler à ce propos de civilisation, c’est joindre à la
violence l’hypocrisie. » Georges Clemenceau, Discours à la Chambre des députés, 30 juillet 1885.
Vision raciale de la fin du XIX° siècle. Texte C
« C’est en vain que quelques philanthropes ont essayé de prouver que l’espèce nègre est aussi
intelligente que l’espèce blanche. Un fait incontestable et qui domine tous les autres, c’est qu’ils ont le
cerveau plus rétréci plus léger et moins volumineux que celui de l’espèce blanche. Mais cette supériorité
intellectuelle qui selon nous ne peut être révoquée en doute, donne-t-elle aux Blancs le droit de réduire en
esclavage la race inférieure ? Non, mille fois non. Si les nègres se rapprochent de certaines espèces
animales par leur forme anatomique, par leurs instincts grossiers, ils en diffèrent et se rapprochent des
hommes blancs sous d’autres rapports dont nous devons tenir grand compte. Ils sont doués de la parole, et
par la parole nous pouvons nouer avec eux des relations intellectuelles et morales, nous pouvons essayer
de les élever jusqu’à nous, certains d’y réussir dans une certaine limite. Du reste, un fait plus sociologique
que nous ne devons jamais oublier, c’est que leur race est susceptible de se mêler à la nôtre, signe sensible
et frappant de leur commune nature. Leur infériorité intellectuelle, loin de nous conférer le droit d’abuser
de leur faiblesse, nous impose le devoir de les aider et de les protéger. »
Extrait de l’article « nègre » du Dictionnaire Larousse de 1872.
II – De la domination au partage (1850 – 1914)
A/Les étapes de l’expansion
Premières interventions : la France, en Algérie dès 1830, ou la Grande-Bretagne en Nouvelle-
Zélande en 1840. Au début : réticences des états.
L’expansion change de nature vers 1880. Les rivalités grandissantes entre puissances, les
difficultés économiques entraînées par la Grande Dépression suscitent l’adoption de politiques
résolument colonialistes. Le Britannique Joseph Chamberlain et le Français Jules Ferry se font
les porte-parole d’une conquête systématique. Alors que les Français mettent la main sur la