2- En quoi le film a-t-il une dimension idéaliste ?
La genèse de sa création est amplement révélatrice des enjeux et des ambiguïtés qui
environnent ce projet artistico-patriotique. Il est le point d’aboutissement d’une double
logique dont les intentions transparaissent à travers la construction même du film. La
convergence de deux groupes de commanditaires distincts se traduit en effet par la
juxtaposition, à l’écran, de deux discours de glorification réunis sous le patronage
consensuel du CNR. Satellite du PCF, la Coopérative générale du Cinéma Français de Jean-
Paul Le Chanois qui produit le film a l’ambition de célébrer l’héroïsme de la classe
ouvrière à travers la métaphore prolétarienne emblématique du peuple cheminot. Pour
leur compte, l’association des anciens membres du réseau Résistance-Fer et la SNCF, qui
consent un généreux soutien technique, entendent valoriser une vision patriotique et
résistante de leur entreprise, redorant ainsi le blason d’une firme qui n’a guère résisté,
contrairement à nombre de ses agents.
Il en résulte un hymne unanimiste à la famille cheminote soudée dans la lutte : ingénieurs
et régulateurs, machinistes et mécaniciens, chefs de gare et aiguilleurs, tous, jusqu’aux
cheminots à la retraite, s’engagent du même élan. Dans ce climat de solidarité
professionnelle et patriotique instantanée, pas de traitre ni d’agent double, aucun lâche
ni dénonciateur… et pas non plus le moindre convoi de la déportation
3- Quels sont les procédés utilisés par le réalisateur pour rendre son oeuvre
réaliste?
Ce film appartient au courant du réalisme qui pose pour principe que l'oeuvre d'art doit
reproduire le réel avec le plus de précision possible.
Ainsi les personnages doivent adopter un langage crédible, courant en fonction de leur
appartenance sociale, culturelle. Ils évoluent dans des décors naturels.
Ici le réalisme repose sur la description précise du travail quotidien des cheminots (geste,
vêtements, conduite des trains..) et sur celle de leur action résistante (sabotage des voies ferrées
par exemple).
A noter que la 1ère partie du film = forme de documentaire (constituée par le court-
métrage : Résistance-fer) renforçant la dimension réaliste de cette fiction.
Synthèse:
CF II / A- La mémoire du résistancialisme (ancien programme)
La France meurtrie de la Libération avait besoin de mythes. Le cinéma satisfait ce besoin
à l'image de « La bataille du rail ». Doublement consacrée au premier festival de Cannes en
1946, ce classique du cinéma français magnifie la Résistance cheminote et s’impose comme
l’emblème cinématographique du mythe résistancialiste.