bombardements alliés ont rasé de nombreuses viles du littoral atlantique, plus de
600'000 personnes sont mortes et 2 millions ont été emmenées en captivité en
Allemagne, sans compter les milliers de déportés (résistants, travailleurs forcés,
Juifs, tziganes…)
Le pays est aussi divisé : après 1940, le maréchal Pétain, chef du régime de
Vichy, collabore avec l’occupant nazi en lui livrant des matières premières et
des produits manufacturés, en participant à la déportation des Juifs, Tziganes et
homosexuels, et en créant une Milice contre les résistants. La plupart des 42
millions de français ont une attitude « attentiste » : ils subissent et attendent la
fin des « années noires ». Certains collaborent activement (55'000 Français se
sont engagés dans les forces de Vichy ou allemandes). D’autres entrent dans la
Résistance (environ 200'000).
A la libération, un Gouvernement provisoire de la République française est mis
en place et dirigé par le général résistant Charles de Gaulle. Il doit faire face à
un phénomène d’épuration sauvage contre ceux qui ont collaboré avec
l’occupant : exécution de 9000 personnes par la foule (lynchages, exécutions
sommaires), tonte de femmes accusées d’avoir aimé des allemands sont
humiliées en public et tondues. De Gaulle cherche donc à réconcilier les
français et à éviter une guerre civile. Il met en place une épuration légale avec
des tribunaux réguliers. 50'000 personnes sont condamnées pour « intelligence
avec l’ennemi ». Le maréchal Pétain, qui a signé l’armistice avec l’Allemagne
en 1940 et a été à la tête du régime de Vichy entre 1940 et 1944 est condamné à
mort pour intelligence avec l’ennemi et haute trahison. En raison de son grand
âge, cette peine sera commuée en emprisonnement à perpétuité. Le second
homme fort du régime de Vichy, Pierre Laval est condamné et fusillé en 1945.
b. La mise en place d’une mémoire résistancialiste
Pour rétablir l’unité des Français, les deux principales forces politiques de
l’époque, les gaullistes et les communistes, s’entendent pour proposer à la
population un discours résistancialiste (qui dépeint une France unanimement
résistante). Les crimes du régime de Vichy, en particulier la participation active
de l’administration française à la déportation des Juifs de France, sont effacés
des livres d’histoire, des films et de la mémoire officielle. Les Français sont
présentés comme ayant souffert mais courageusement résisté à l’occupant et
œuvré à leur propre libération. L’hommage rendu aux déportés salue l’action des
résistants et oublie les victimes de la Shoah et les autres communautés
assassinées par les nazis (Tziganes, handicapés, homosexuels)
L’image de la France résistante lui permet de justifier son statut d’Etat
vainqueur et son siège de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.
Le rôle des Américains dans la libération est minimisé.
Dès 1945, deux résistances s’affirment sur la scène nationale : celle de la
France Libre du général De Gaulle et celle des FTP communistes (francs-
tireurs et partisans). Le parti communiste français (PCF) met en avant son action
résistante pour faire oublier qu’il n’est véritablement entré dans la Résistance
qu’à partir de l’invasion de l’URSS par Hitler en 1941. Avec le début de la
guerre froide, la mémoire se politise et le mythe de la France résistante se
fracture : De Gaulle dénonce les communistes comme des agents de Moscou. Le
PCF se présente comme le « parti des 75'000 fusillés » (alors que les historiens