Cours d`économie politique

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INTRODUCTION GENERALE
Les précurseurs de l’économie politique.
On admet généralement que le terme d’économie politique date de 1615 avec
le « traité d’économie politique » d’Antoine de Montchrestien.
Au début du XVIe siècle, l’économie politique commence à émerger comme
discipline autonome.
Bien que Montchrestien fût l’inventeur du terme, on considère Adam Smith comme le
père de l’économie politique.
Personne ne conteste cependant l’activité économie avant eux mais pas en tant que
science proposant un discours positif (qui tente d’expliquer les phénomènes), plutôt
comme une discipline au discours normatif (qui tente d’expliquer ce qu’il devrait
être, et comment faire pour le réaliser).
Cette norme, mise en pratique depuis Aristote (-384 ;-322) est la philosophie
politique.
Pour Aristote, l’activité économique doit être telle qu’elle permette le fonctionnement
de la cité : il subordonne l’économie à la politique (l’élaboration philosophique du
fonctionnement de la cité)


Quelle doit être la politique de la cité ?
 Comment doit-on tourner l’économie ?
Au Moyen Age, l’économie se transforme et subordonne la théologie chrétienne (St
Thomas d’Aquin), et il faudra que l’économie se libère de ces 2 tutelles et surtout de
celle de la théologie chrétienne pour pouvoir se développer comme science
indépendante.
Historiquement, la pensée économique s’est formée à l’opposé de la pensée
chrétienne. Les théories et les pensées dominantes vont se faire en opposition
radicale avec celle-ci.
Parmi ces précurseurs de l’économie politique, on distingue 2 catégories : Les
Mercantilistes, et les Physiocrates.
I. Les Mercantilistes
Ce sont surtout des auteurs de la vie sociale et politique : ministres,
hommes d’état, magistrats, avocats et marchands. Il s’intéressent à des problèmes
très concrets et ne cherchent pas à théoriser leurs idées, et pour cette raison, on ne
trouve pas de pensée ni de théorie mercantiliste. En revanche, il existe quand même
une direction dans leurs idées :
A. L’enrichissement et l’autonomie de l’état
L’esprit du mercantilisme s’oppose et s’affranchit de l’esprit médiéval pour
s’insérer dans le cadre de la nation et de l’état.
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Au début du XVIe apparaît une nouvelle théorie de l’état dont l’un des précurseurs
est Machiavel (1469-1527). Selon lui, les états naissent dans la violence et doivent
souvent se maintenir grâce à elle. Ainsi l’efficacité politique contredit l’enseignement
de la morale et de l’église au nom d’intérêts supérieurs.
« Le prince chargé de conduire l’état est souvent contraint de le conduire contre
l’humanité, contre la charité et la morale » (Machiavel)
Dans la conception de Machiavel, le rôle du prince est d’établir, de garantir et
d’étendre la prospérité de la cité. En d’autres termes, à partir du XVIe la conception
dominante de l’état est celle d’un état autonome.
Les fondements du mercantilisme sont d’abord politiques. L’autonomie de l’état ne
peut être garantie que si l’état lui-même est autonome. Pour cela, il faut qu’il soit fort,
mais un état fort est avant tout un état riche, en particulier parce qu’il doit avoir les
moyens de lever une armée, laquelle doit garantir l’autonomie de l’état.
Cependant, l’erreur des mercantilistes est de lier richesse et or. L’activité des
marchands doit créer le stock d’or. La doctrine mercantiliste s’inscrit donc dans
l’étude des moyens d’enrichissement de l’état pour garantir son autonomie.
B. La doctrine mercantiliste
La monnaie est au centre de la doctrine mercantiliste. Il s’agit pour
l’essentiel de s’enrichir en faisant des échanges extérieurs avec les marchands. Le
mot d’ordre est donc la balance excédentaire : une exportation supérieure permet
une entrée de stock d’or.
Les auteurs mercantilistes espagnols et portugais visent à déterminer les facteurs
d’accumulation et de conservation des métaux précieux dans le royaume. Par
conséquent ils prônent l’interdiction d’exporter de l’or et de l’argent, l’obligation de
régler en marchandises les achats à l’étranger et l’obligation de rapatrier les gains en
or et argent à l’intérieur du pays.
[ ] Elle est constituée de métal précieux marqué d’une empreinte informant le poids
d’or ou d’argent.
Cependant, la tentation est grande pour le Roi, qui a le monopôle de l’émission de la
monnaie, d’augmenter l’émission de la monnaie en la dévaluant (moins d’or dans
chaque pièce).
Mais les mercantilistes s’opposent à ces manipulations et soutiennent en général que
valeur marchande et valeur légale doivent coïncider. L’une des principales raison
avancées est la loi de Gresham (1519-1579) : « La mauvaise monnaie chasse la
bonne ».
Exemple : il existe 2 émetteurs de monnaie dans un pays. L’un dévalue sa monnaie,
il va donc y avoir plus de monnaie dévaluée, et c’est cette dernière qui s’imposera au
détriment de l’autre, qui chassée, va être thésaurisée (stockée, épargnée en
espèces). Ce fonctionnement peut conduire à une pénurie de métaux précieux.
Ainsi, même si une monnaie dépréciée permet au prince d’accroître ses revenus, à la
première occasion, la mauvaise monnaie retournera dans ses caisses : Les
manipulations monétaires ne font soulager que temporairement la richesse
publique.
La monnaie est la richesse car elle est le pouvoir d’achat. Le pouvoir d’achat est la
quantité de services ou de biens équivalent à la quantité de monnaie. L’inflation
(accroissement des instruments de paiement  hausse des prix et dépréciation de la
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monnaie) fait baisser le pouvoir d’achat. Alors que la plupart des biens sont durs à
conserver, les métaux précieux sont durables, ce qui permet à la fois d’effectuer des
paiements et de conserver la richesse.
Très tôt apparaît donc avec les mercantilistes la reconnaissance des 3 fonctions de
la monnaie :
 Unité de compte dans laquelle les agents communiquent entre eux : elle sert
d’étalon numéraire.
 Instrument d’échange : la monnaie brise les inconvénients du troc
(recherche, attente, transport).
 réserve de valeurs : ce qui permet de différer les décisions d’achat et
d’investissement et de garder la valeur de ses biens.
Pour les mercantilistes, il faut détenir de la monnaie, c’est le moyen principal de
régler les soldes avec le commerce extérieur. Le prince se doit d’avoir de l’argent
dans la mesure ou cela constitue un signe de noblesse. Mais cela doit aussi servir à
financer les guerres.
Mais quelles sont les conséquences de cette accumulation de monnaie et de
richesses ?
Au XVIe, l’histoire est marquée par un afflux massif d’or et d’argent en
provenance du nouveau monde, et par une longue phase de hausse des prix (qui
commence en Espagne au début du XVIe). Les mercantilistes sont perturbés :

Comment expliquer cette hausse des prix ?
Dans un rapport, publié en 1566, Malestroit explique que l’inflation est imputable
(impliquée par) à la dépréciation de monnaie, c'est-à-dire à la baisse du contenu de
métal par pièce de monnaie. En revanche, le taux d’échange entre les biens d’une
part et l’or d’autre part seraient restés stables. Ainsi la hausse des prix n’est que
nominale mais pas réelle dans la mesure où la quantité de métal précieux nécessaire
pour acheter une certaine unité de bien reste la même.
Jean Bodin, en 1568 conteste cette analyse. Selon lui, la hausse des prix est très
supérieure à la dépréciation des monnaies. L’inflation n’est donc pas seulement
nominale : il existe une hausse des prix en termes d’or et d’argent. Bodin analyse
ensuite les courbes de l’inflation nominale et réelle : pour lui, la cause principale est
l’abondance des richesses. L’accroissement de l’offre des métaux précieux
comparativement à l’offre des autres biens diminue les prix relatifs de l’or et de
l’argent par rapport aux autres biens, ce qui signifie une augmentation des prix de
ces biens et terme d’or et d’argent.
En terme d’économie moderne, il y a un choc extérieur : cela perturbe l’économie.
Ainsi le niveau général des prix est directement relié à la quantité d’or et d’argent.
Avec Jean Bodin, on a donc l’ébauche d’une théorie monétaire de la monnaie, et
qu’on appellera plus tard la théorie quantitative de la monnaie, dans la mesure où
elle présente une relation de cause à effet entre quantité de monnaie et quantité
générale de prêt.
Seule la causalité est mise en évidence mais pas la nature explicite de la relation. (Il
n’y a pas une causalité entre le prix, mais il ne va pas approfondir la relation).
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Les mercantilistes vont s’intéresser à la relation entre monnaie et taux d’intérêts.
Le taux d’intérêt : c’est le loyer de l’argent. Ils sont persuadés des bienfaits d’un
faible taux d’intérêts : Quand les taux sont élevés, les marchands fortunés
préfèrent placer leur argent plutôt que d’utiliser cet argent dans les affaires. Lorsque
les taux d’intérêts sont faibles, cela favorise le commerce et l’activité.
Dépréciation : par unité monétaire, on a moins d’or et d’argent
Dévaluation : modifie le cours légal.
II. Les Physiocrates
A. Boisguilbert et Cantillon
Boisguilbert (1646-1714), magistrat, va chercher les causes de
l’appauvrissement de la France sous le règne de Louis XIV. De ce fait, il va
construire un système général de l’économie.
Pour Boisguilbert, le but est d’enrichir la nation, mais il ne faut pas se tromper sur la
richesse, elle n’est pas monétaire, elle est constituée des biens qui servent à
satisfaire les besoins. Et à l’intérieur même de ces besoins, il est possible d’en
déterminer un ordre de nécessité : Les biens agricoles sont des biens
fondamentaux car ils satisfont les besoins vitaux mais c’est à partir d’eux que sont
fabriquées les produits d’industries.
Un pays riche est un pays prospère, c'est-à-dire qui a beaucoup de biens agricoles.
Ceci est la condition nécessaire à la prospérité de l’industrie.
Boisguilbert définit les laboureurs et les marchands qui travaillent dans l’agriculture
et l’industrie comme ceux qui constituent la fraction laborieuse de la population.
(15, 16 millions de personnes). Cette frange de la population tire de la vente de ses
produits, les revenus d’industries.
L’autre partie de la population, le beau monde est composé du souverain, des
propriétaires fonciers et du clergé (rémunéré par la dîme). Le beau monde perçoit
les revenus des fonds ou revenu de la terre (rente foncière). Cette rente foncière leur
est payée sous forme d’impôts ou de fermage : un cultivateur prend une terre à bail
(contrat de prêt et d’utilisation) mais doit verser un revenu fixe de location.
La classification de Boisguilbert est une opposition de classe entre « l’une qui ne
fait rien et joui de plaisir et l’autre qui travaille du matin au soir ».
Le circuit économique naît des relations qu’entretiennent revenus des fonds et
revenus d’industrie. Les revenus du beau monde constituent le point de départ : ils
sont dépensés auprès des laboureurs et des marchands, qui à leur tours en
commerçant et en produisant font naître les revenus de l’industrie, puis sur ces
revenus sont prélevés les impôts et fermages qui vont reconstituer les revenus des
fonds.
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Beau monde
Impôts et
fermages
Impôts
Laboureurs
Marchands
Revenu
d’industrie
En effet, les revenus des fonds doivent être dépensés pour que naissent les revenus
d’industries et l’importance des revenus des fonds en retour, est liée à l’importance
des revenus d’industries.
La substance nourricière de toute la société est sécrétée par l’activité des
laboureurs et des marchands. Le beau monde a un rôle spécifique et privilégié : il
est dans une situation dominante car il peut choisir entre consommer et épargner,
thésaurisation et placement.
Au total, le beau monde est seul maître des flux monétaires.
Pour la première fois, on a eu un découpage.
En 1687, Cantillon propose un circuit économique plus complet et plus élaboré que
celui de Boisguilbert. Il définit 3 classes sociales et observe 3 critères : fonctions,
natures des revenus et lieu de vie
1ere classe : Agriculteurs et artisans : Localisés dans les villages, ils fournissent les
fonds de subsistances de la nation permettant aux autres groupes sociaux de vivre.
Leurs revenus sont incertains car les quantités produites et les prix fluctuent tandis
que la rente foncière est fixe.
2e classe : Classe des entrepreneurs : elle comprend les artisans, les industriels et
les commerçants : ils habitent là où se situent le marché : les bourgs et les villes. Il
est soumis aux fluctuations des prix et de l’incertitude de la demande. Sa fonction est
de fournir des produits finis aux autres classes.
3e classe : Classe des propriétaires fonciers : elle a des revenus certains et
stables : leur comportement est orienté vers la consommation de produits agricoles
et produits finis.
Entre ces 3 classes s’établit un circuit simple. Pour Cantillon, l’agriculture est source
de richesses. Il suppose qu’en moyenne, les entreprises non agricoles ne font que
satisfaire la subsistance de ceux qui s’y livrent. Elles ne font ni bénéfices ni pertes, et
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c’est seulement l’agriculture qui dégage ce que les physiocrates appelleront un
produit maître sur lequel vivent tous les habitants du pays.
Seule la classe des laboureurs est productrice de richesses.
B. La doctrine physiocratique
La doctrine physiocratique constitue l’expression la plus achevée des
analyses du circuit au XVIIe, et les physiocrates formeront la 1ere école de pensée
systématique rencontrée en économie.
Autour de François Quesnay (1694-1774) (chef de file de la pensée physiocratique),
de Mirabeau et de Duront de Memory, cette école va dominer la réflexion
économique et sociale pendant plusieurs décennies.
Le terme physiocratie signifie le gouvernement ou le pouvoir de la nature. C’est
avant tout une doctrine de l’ordre naturel. Autrement dit : « les lois essentielles de
l’ordre social s’imposent aux hommes et sont établies par l’être suprême ».
Quesnay est surtout connu pour son tableau économique. Publié pour la première
fois en 1758, il est certainement l’œuvre majeure de son auteur.
Quesnay commence par définir chaque classe sociale par ses fonctions. Il existe 3
classes sociales :
 La classe des propriétaires qui possèdent les terres et les font mettre en
valeur par
 Les classe des laboureurs : les fermiers qui constituent la classe productive.
Les propriétaires vivent du produit net et que leur versent les laboureurs à titre de
rente.
 partie des recettes de l’agriculture qui vient en surplus
des frais assumés pour l’entretien des hommes, des bêtes et du matériel employé
dans les formes par le fermier.
La thèse de Quesnay est que non seulement l’agriculture dégage un surplus réel
(une richesse) et qu’elle est la seule activité qui le fasse. Il en est ainsi en vertu
d’une propriété physique de cette activité qui fait que le sol, par une sorte de don de
la nature, rend plus qu’on ne lui a apporté.
La classe productive chez Quesnay et les physiocrates signifie donc la classe
productive d’un produit net.
 La 3e classe : La classe stérile : elle comprend tout le reste de la société :
les artisans, les manufacturiers, leurs ouvriers, les commerçants, les
fonctionnaires, prêtres, professions libérales et magistrats. Par classe stérile,
Quesnay entend que l’activité des membres de cette classe ne correspond
pas à la création d’un produit net. Les membres de la classe stérile ne font
que transformer ce que la nature a offert.
A l’aide de son tableau économique, Quesnay va décrire les relations d’échanges qui
s’établissent entre ces 3 classes sociales et se renouvellent de périodes en périodes.
Ce tableau est célèbre car il s’agit certainement du 1er modèle économique. Il rend
compte de la réalité en la simplifiant mais sans la déformer. Ce qui est l’essence
même de l’abstraction et des constructions théoriques.
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Le circuit économique décrit par les physiocrates est idéal parce qu’il fait partie de
l’ordre naturel voulu par la divine providence, et le devoir du souverain est d’assurer
la réalisation de cet ordre naturel. Pour cela 2 principes doivent être respectés :
- La protection de la propriété : « c’est le fondement de l’ordre
économique de la société. ».
- La propriété est d’abord personnelle : c’est le droit de chacun de disposer
de soi, d‘utiliser ses propres facultés, de rechercher son propre intérêt. En
conséquence, chacun peut disposer des fruits de son travail.
- La liberté individuelle qui découle en fait du principe du respect de la
propriété.
Si les hommes sont libres et qu’il y a respect de la propriété, il y aura liberté des
agriculteurs dans le choix de ses cultures, dans l’absence de servitude et la
circulation de ses produits. Pour l’artisan, il y aura liberté de s’établir, de produire, et
de s’exposer. Enfin pour le propriétaire, il y aura liberté de dépenser puisque c’est
par leurs dépenses que le produit net qui leur revient est remis en circulation. Et c’est
là la condition indispensable au circuit.
Pour résumer, si la propriété et la liberté sont garanties, l’ordre naturel va se réaliser
spontanément « selon la volonté de la divine providence ».
La physiocratie apparaît donc comme une sorte de théologie économique.
Pour conclure l’analyse des théories du circuit, on peut dire que toutes ces théories
insistent sur la prépondérance de l’agriculture dans la production, la création de
richesse et sur le rôle déterminant des propriétaires fonciers dans la circulation
des flux monétaires.
On assiste donc à la naissance de la pensée libérale qui place la liberté
économique au cœur de l’analyse.
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PARTIE 11
PARTIE
L’économie classique
classique (de
(de Smith
Smith àà Marx)
Marx)
L’économie
La pensée classique va dominer l’économie politique pendant près d’un siècle
avec l’ouvrage d’Adam Smith, paru en 1776 et intitulé « recherche sur la nature et
sur les causes de la richesse des nations », jusqu'à la naissance du marginalisme et
des théories néoclassiques un siècle plus tard.
David Ricardo, avec son livre « les principes de l’économie politique et de l’impôt »
paru en 1817, est le véritable théoricien de l’économie politique classique.
Enfin, Karl Marx peut-être considéré comme l’un des derniers auteurs majeurs de
l’économie politique classique. Son ouvrage, « le Capital » se veut une remise en
cause radicale de l’économie politique classique : un de ses sous-titres est « Critique
de l’économie classique ». Cependant, pour des raisons historiques, le 1er livre du
capital va paraître en 1867 et, surtout pour des raisons théoriques, les économistes
le considèrent comme un économiste classique.
Chapitre I : Adam Smith et la genèse de l’école classique
Il est considéré comme le père de l’économie politique. Son ouvrage est l’un
des plus célèbres de la littérature économique. Adam Smith était professeur de
philosophie en Grande-Bretagne. En 1759, il publie un traité important intitulé « la
théorie des sentiments moraux ».
I. La théorie de la valeur et de la répartition
C’est dans le chapitre 4 du livre 1 que Smith introduit la notion de valeur. La
valeur usuelle est identifiée à l’utilité, mais par utilité, Smith vise moins l’aptitude
d’un bien à répondre à un désir subjectivement éprouvé que la faculté objective de
satisfaire une grande catégorie de besoins tels que la nourriture, le chauffage, le
vêtement…
Smith n’approfondit pas la notion de valeur d’usage (val U) car son intention est
l’explication des principes qui règlent la valeur d’échange (val E).
Avec Smith, on a une dichotomie (division + opposition) entre valeur d'usage et
valeur d'échange. Il va chercher à éclaircir 2 problèmes :


Comment se détermine la valeur ?
Comment se mesure t’elle ?
A. La détermination de la valeur
Cela renvoi à une question bien précise :
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
Quels sont les principes et les rapports d’échange entre les
marchandises ?
Pour tenter de répondre à cette question, Smith va adopter une théorie de la valeur
travail, c'est-à-dire une théorie qui explique les prix relatifs par les quantités de
travail respectivement contenues dans les marchandises que l’on échange.
En fait, plus précisément, pour Smith chaque bien comporte un coût et a une valeur.
Le coût = la peine que le travail nous a imposé. On l’appelle donc le travail
incorporé
La valeur = le travail incorporé dans les marchandises que nos obtenons en
échange, ce que l’on peut appelé le travail commandé.
Pour Smith, qu’il s’agisse de travail incorporé ou de travail commandé, la quantité de
travail doit être la même sinon l’échange ne se fait pas (selon S. on échange du
travail contre du travail).
1) Prix naturels et prix de marchés
Pour Smith, le travail est le fondement de la valeur d'échange. Dans une
société primaire (sans accumulation de capital (K.) et sans propriété privée) il existe
un seul facteur rare : à savoir le travail (W.). Et ce sont donc les coûts du travail qui
déterminent les prix relatifs. Dans une société plus avancée, avec d’autres facteurs
de production, c'est-à-dire le capital et le sol, il faut alors prendre en compte d’autres
éléments qui déterminent les prix relatifs.
Smith donne donc la définition suivante : Lorsque le prix d’une marchandise n’est ni
plus ni moins que ce qu’il faut pour payer, suivant leur taux naturel, le fermage de la
terre, les salaires du travail et les profits du capital employés à produire cette denrée
(produit comestible destiné à l’alimentation de l’homme), la préparer et la conduire au
marché, alors cette marchandise est vendue à ce qu’on peut appeler son prix
naturel (Px Nat). « La marchandise est alors vendue précisément à ce qu’elle vaut
ou ce qu’elle coûte réellement à celui qui l’apporte au marché. »
Smith ajoute que le profit du vendeur doit être inclus dans le prix de vente puisque
c’est de ce profit qu’il va tirer sa subsistance.
Ensuite, Smith introduit un autre concept de prix, le prix de marché (Px Mé), qui est
le prix effectif auquel est vendue une marchandise et qui peut être supérieure ou
inférieure au prix naturel selon les importances relatives de l’offre et de la demande
(O&D).
La relation qui s’établit entre les deux dépend du rapport existant entre l’offre et la
demande effective, c'est-à-dire la demande de tous les individus disposés à payer le
prix naturel de la marchandise.
Dans le court terme, l’offre est fixe, ainsi si l’offre est inférieure à la demande
effective, il existe un déficit de marchandise et la concurrence entre acheteurs
établira le prix au dessus du prix naturel. Cas inverse, si l’offre est supérieure à la
demande effective, il existe un excédent de marchandise et la concurrence entre
vendeurs établira le prix au dessous du prix naturel.
Cependant, cette disparité entre prix naturel et prix marché ne peut pas être
permanente car l’offre n’est pas fixe mais s’adapte à la demande effective.
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Smith conclue que le prix naturel est donc pour ainsi dire le point central sur
lequel gravit continuellement le prix de toutes les marchandises.
Remarque : La quantité offerte s’adapte à la demande effective ou, ce qui revient au
même, à la manière dont le prix naturel rejoint le prix marché. Dans ce processus
d’ajustement, le comportement des détenteurs de ressources (terre, capital, travail)
joue un rôle décisif. En effet, le prix marché de ces ressources, venant à s’écarter de
leur prix naturel, leur détenteur devront en modifier l’emploi de telle sorte que
l’équilibre soit rétabli.
En exposant la nature de la pression qui s’exerce sur les détenteurs de ressources,
Smith est amené à présenter une analyse de la concurrence et même les
fondements de ce qu’on appellera plus tard la concurrence pure et parfaite.
Selon Smith, il faut que les concurrents soient nombreux de sorte à ce que aucun ne
puisse exercer une influence sensible sur les prix. Par ailleurs, il faut que
l’information soit parfaitement diffusée, ce qui exclue les secrets de fabrication et le
secret des affaires. Et enfin il faut que la mobilité des facteurs de production en
secteurs de fabrication soit totale.
La 2e remarque concerne le véritable caractère de la valeur considérée par Smith.
On pourrait être tenté de voir dans cette théorie une explication reposant sur le jeu
de l'offre et de la demande. Mais ceci n’est pas exact car la loi de l'offre et de la
demande ne fait que déterminer le prix marché tandis que ce prix gravite autour du
prix naturel. Or le prix naturel, d’après l’analyse de Smith, ne dépend pas du tout de
la demande de biens : il dépend de la valeur des services des facteurs de
production.
On a donc une théorie de la valeur déterminée par le coût de production.
La demande influe effectivement le prix marché mais dans le court terme
uniquement. Cependant le prix naturel, qui est un prix de long terme ne dépend que
du coût de production.
La question que va analyser Smith est : Quels sont les déterminants du prix
naturel ? Quels sont les composants du coût de production ?
Cela revient à déterminer le prix des services des différents facteurs de production.
Cette analyse conduit Smith à élaborer la théorie de la répartition.
2) La théorie de la répartition
Dans l’enfance des sociétés, seul le travail permet de produire et la théorie de
la valeur travail est une bonne description de ces sociétés. En revanche, dans les
sociétés capitalistes, il y a selon Smith 3 facteurs de production :
 Capital : profits ou intérêts
 Travail : salaires
 Sol : rente
Smith considère qu’il n’est pas possible d’appliquer la théorie de la valeur travail
dans les sociétés développées dans la mesure où le profit et la rente semblent
être indépendantes de la quantité de travail utilisé pour la production.
De plus, Smith explique qu’à chaque stade de production, chaque marchandise
contient directement ou indirectement une part variable du produit de ces 3 facteurs
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déterminant ainsi le prix naturel de chaque marchandise. Chacune de ces
rémunérations des facteurs de production comporte elle aussi un taux naturel de
long terme et un taux de marché de court terme.
a) Les salaires
Smith fait la distinction entre courtes et longues périodes.
Court terme : 1 an
Moyen terme : 1 à 5 ans
Long terme : 5 à 10 ans
En courte période, la population est fixe et donc comme pour tout autre marchandise,
c’est le jeu de l'offre et de la demande qui va prévaloir sur le marché du travail.
La demande de travail émane des employeurs et l’offre des travailleurs. Le prix
courant du travail est le prix que reçoit réellement l’ouvrier d’après les rapports de
l'offre et de la demande, le travail étant cher quand les parts sont rares et bon
marché lorsqu’elles abondent.
L’offre de travail est le volume de la population en âge de travailler, et la demande
est déterminée par ce que Smith appelle les fonds destinés à payer les salaires.
Ces fonds proviennent de la récupération par la vente des produits des salaires
initialement avancés dans la production. Ils proviennent également de l’épargne des
capitalistes qui pourra être avancée en salaires supplémentaires.
Ces fonds de salaires déterminent la demande de travail alors que l’offre est fixe à
court terme.
Dans le long terme, Smith considère que le salaire ou le taux naturel (tx nat) du
salaire se fixe au niveau des subsistances des travailleurs. Il constate que le niveau
est d’abord le résultat d’un rapport de force entre employeurs et salariés.
Cependant ce rapport de force est asymétrique : les capitalistes ont souvent la
possibilité de se concerter et de s’entendre dans la légalité tandis que les travailleurs
n’ont pas le droit de se coaliser. De plus, en période de conflit, les capitalistes ont les
ressources nécessaires pour survivre sans besoins des travailleurs, ce qui n’est pas
le cas de ces derniers.
Par conséquent, les capitalistes peuvent imposer leur prix, c'est-à-dire le salaire qui
ne peut descendre en dessous du niveau de subsistance.
Le taux naturel du salaire est donc le niveau de subsistance du travailleur.
Smith avance une autre raison pour laquelle le taux de salaire est au taux de
subsistance. Dés que le salaire augmente au dessus du niveau de subsistance, le
volume de la population augmente, ce qui fait augmenter l’offre de travailleurs et
donc fait diminuer les salaires.
Pour Smith, le salaire de subsistance est plutôt de nature historique que
psychologique ou physiologique ce qui rend ce salaire compatible avec une
augmentation du bien-être en longue période.
b) Les profits du capital
Pour Smith (comme pour tous les classiques) le profit est la rémunération du
capital, mais il ne correspond pas à la rémunération du travail d’inspection et de
direction qui relève de l’analyse du salaire. Le profit brut se proportionne
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naturellement au montant du capital employé. Cette proportion ramenée à l’unité de
temps est appelée taux de profit.
Exemple : capital de 200  + 1 an : capital de 210 : profit de 10 et taux de profit de
5%
Le capital est une avance sur la production, que cette avance prenne la forme de
salaire avancé aux travailleurs, de matières premières, de machines ou de
bâtiments. Puisque le profit rémunère cette avance, il a d’abord la nature de la
rémunération du temps qui sépare l’immobilisation du capital de la vente des
produits. Donc le profit rémunère le temps.
Mais il doit aussi rémunérer le risque de la perte du capital dans l’investissement.
Au total, le profit rémunère le temps et le risque. Il est somme d’un intérêt pur et
d’une prime de risque.
Cette somme, Smith l’appelle le profit brut. Selon lui, les taux de profit ont aussi
tendance à s’égaliser dans l’économie.
En effet, comme le capital est mobile, il va se diriger dans les secteurs où il rapporte
le plus, ce qui égalise les taux de profits nets, mais pas les taux de profit bruts. Les
différences de taux de profits bruts qui subsistent ne proviennent donc que des
différences de risques.
(Produit net = produit brut – prime de risque = taux d’intérêt)
Le capital pour la production peut aussi être emprunté. Ce capital emprunté sera
rémunéré par le taux d’intérêt qui dépend ainsi de l’offre et de la demande de fonds
prêtables.

Analyse de Smith quant au taux de profit en longue période.
Selon lui, le taux de profit est orienté à la baisse en longue période car il devient
de plus en plus difficile de trouver une manière profitable d’employer le capital.
En longue période, l’analyse par Smith du profit est un peu décevante : il n’y a pas
de définition de taux naturel du profit. Il parle du taux naturel comme d’un taux
moyen et ordinaire. On ne sait pas si ce taux naturel est censé permettre le maintien
du capital intact ou s’il est censé permettre une formation nette du capital.
A présent, on peut glisser la rente dans le schéma :
La rente est le prix payé pour l’usage de la terre. La terre est un facteur de
production très particulier : son offre est fixe et elle est supposée ne pas avoir
d’usage alternatif à l’agriculture.
La rente a la nature d’un surplus différentiel : Sur le prix des produits agricoles, le
fermier paye les salaires, amorti son capital, et prélève son profit. Si un reste
subsiste, cela constituera le revenu du propriétaire foncier. Par conséquent, la rente
correspond à ce qui reste une fois rémunéré les autres facteurs de production. Ainsi
certaines terres ne seront pas cultivées si elles ne sont pas assez fertiles pour
permettre la rémunération des autres facteurs de production. Inversement, les autres
terres seront cultivées et la rente dépendra alors du prix de vente des produits
agricoles, de la fertilité de la terre et de sa localisation.
Microéconomie I
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L1/S1
Cette analyse pose une problème de cohérence : dans la théorie de la valeur de
Smith, la rente et son taux naturel est une partie constitutive du prix naturel de
chaque marchandise. Cependant lorsqu’il étudie la rente, Smith se contredit en
spécifiant que celle-ci dépend du prix du produit agricole.
Il faudra attendre Ricardo pour avoir une analyse cohérente de la rente.
B. La mesure de la valeur
Smith est l’un des premiers à faire la différence entre l’explication de la valeur
et sa mesure. Le problème de la mesure est de savoir s’il est possible de trouver un
étalon fixe des valeurs.

Pourquoi faut-il se préoccuper de trouver une mesure fixe de la valeur ?
Puisqu’on voulait mesurer la croissance économique des nations, l’objectif était de
pouvoir comparer les richesses réelles par tête, soit à un moment donné entre 2 pays
différents, soit dans un pays donné à 2 époques différentes.
Pour Smith, le meilleur étalon de la valeur est le travail. Supposons un individu
qui ne possède rien. La seule façon pour lui d’acquérir des biens est de travailler, soit
pour produire directement son usage, soit pour se porter acquéreur sur le marché
avec son salaire.
Au total, c’est toujours du travail contre du travail que l’on échange, et le seul
étalon possible de la valeur ne peut être que le travail incorporé ou le travail
commandé.
Cet étalon a en plus l’avantage de l’universalité : en effet, pour chaque individu, en
tout temps et en tout lieu, l’heure de travail représente selon Smith : « la même
portion de son repos, de sa liberté, de son bonheur ».
Dans la pratique, et pour des raisons de commodité, les prix des différentes
marchandises sont exprimés en monnaie (prix nominal) et pas en travail (prix réel)
La question est de savoir si le prix nominal est une bonne mesure de la valeur.
En toute rigueur non, puisque la valeur, en terme de travail, de l’or et l’argent se
modifie dans le temps, ce qui rend l’étalon variable. Cependant, pour le court terme,
le prix nominal est une bonne approximation.
Pour le long terme, Smith préfère le blé, car selon lui, le rapport entre une certaine
quantité de blé et le montant du travail associé est stable dans le temps.
II. La croissance économique des nations
C’est en matière de théorie de la croissance que Smith a élaboré les théories
les plus générales et les plus célèbres.
A. La division du travail
L’originalité de Smith est de faire jouer un rôle considérable à la division du
travail car selon lui, elle est le vecteur privilégié de la croissance économique des
Microéconomie I
13
L1/S1
nations. Smith fournit une description restée célèbre de la fabrication d’une épingle
où il relève pas moins de 18 opérations distinctes.
La division du travail est utilisée pour augmenter la production du travail en un laps
de temps donné. Smith envisage donc d’abord la division du travail comme la
spécialisation des tâches à l’intérieur de l‘entreprise.
La question est donc de savoir pourquoi la division du travail permet-elle
d’augmenter la productivité du travail.
 Un accroissement d’habileté de chaque ouvrier
 Une épargne de temps qui se perd ordinairement quand on passe d’une
espèce d’ouvrage à un autre
 L’invention d’un grand nombre de machines qui facilitent et abrègent le
travail et qui permettent à un homme de remplir la tâche de plusieurs.
A l’occasion de cette 3e explication, Smith observe que la division du travail n’est pas
un phénomène que l’on observe uniquement à l’intérieur de l’entreprise, c’est un
phénomène qui joue d’entreprises en entreprises, de branches en branches,
provoquant l’apparition d’activités spécialisées.
La réflexion de Smith débouche donc sur la mise en évidence de la division sociale
du travail.

Quelles sont les conséquences de cette division ?
Pour Smith, c’est essentiellement dans l’industrie que la division du travail
peut donner toute sa mesure. Donc en longue période, l’agriculture bénéficiera moins
du progrès technique que l’industrie.
Smith formule un principe célèbre : La division du travail est limitée par
l’étendue du marché. Un producteur indépendant qui veut maximiser son surplus
échangeable a intérêt à accroître la productivité de son travail, donc à se spécialiser
sous réserve que cette spécialisation rencontre le besoin d’autrui. Cependant, bien
que l’échange entraîne la division du travail, celle-ci est limitée par l’étendue du
marché : A marché étroit correspond une division limitée et une productivité faible.
Inversement, l’élargissement du marché et de la richesse va de paire.
Smith va en conclure que l’un des éléments les plus favorables à la division du travail
consiste dans les progrès des voies de communications et de transport car on élargit
l’étendue du marché.
B. Richesses, fonds de consommation et capital
Le fond accumulé des richesses de la nation se divise en 2 parties : la 1ere sert
à la consommation et donc rend service sous forme de valeur d’usage, et la 2 e fournit
un revenu monétaire et s’appelle capital.
Le capital est lui-même divisé en capital circulant et capital fixe.
Les capitaux circulants : ils peuvent être à double – titre. D’abord leur circulation
peut être technique, à savoir, les capitaux dits circulants sont incorporés au produit
fini dans le cadre du processus de production. Ils ne peuvent donc fournir un revenu
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L1/S1
à leur propriétaire que s’ils changent d’aspect matériel. Mais pour les capitaux
circulants, la circulation peut être aussi économique : cela veut dire qu’ils peuvent
fournir un revenu à leur propriétaire que s’ils s’en dessaisie par la vente.
Les capitaux fixes : par opposition, ils se définissent par leur stabilité aussi bien
physique qu’économique. Physique dans le sens où le processus de production
n’altère pas sa forme et économique car le propriétaire en tire profit sans qu’il soit
nécessaire de s’en dessaisir.

Conséquences de cette division du travail.
La 1ere est que toute richesse accumulée fut, avant d’être vendue, capital circulant
pour celui qui l’a produite, donc le capital fixe et le fond de consommation provient du
capital circulant.
2e : Les capitaux fixes ne peuvent participer à la production sans capitaux circulants
qui leurs fournissent la matière et la subsistance des ouvriers.
3e : Les capitaux fixes et circulants n’ont pas d’autres buts et d’autres destinations
que d’entretenir et d’augmenter le fond de consommation. C’est le fond de
consommation qui nourrit, habille et loge le peuple.
Toutefois, ce capital doit être entretenu pour réapprovisionner le fond de
consommation de périodes en périodes. Smith observe donc une distinction entre
revenus bruts et revenus nets.
Revenu net = (différence entre produits total et revenu brut) – entretien de
capital fixe – entretien du capital circulant.
Smith cherche à distinguer 2 composantes dans le produit annuel brut d’une nation.
 Composante entretien : dont la fonction est d’assurer que la production de
l’année suivante soit maintenue au même niveau.
 Composante résiduelle : revenu net ou surplus disponible soit pour accroître
la consommation soit pour accumuler du capital et accroître la production de
la période suivante.
Or c’est précisément pour déterminer les conditions de l’accumulation du
capital que Smith va faire la distinction entre travail productif et travail
improductif.
C. Travail productif et travail improductif
Selon Smith, va être considéré comme productif le travail qui s’intègre dans
l’ensemble du capital. Dans ce cas, l’entrepreneur qui avance le salaire et le
récupère en vendant le produit et perçoit en plus un profit. Le travail productif a donc
la propriété d’assurer d’une part la pérennité du fond qui le rémunère et d’autre part
de dégager un profit qui rémunère l’avance et le risque.
A l’inverse, les dépenses en travail improductif ne sont pas récupérées par celui qui
les réalise. Le travail improductif a les caractéristiques d’une dépense de
consommation pour celui qui verse le salaire. Non seulement il n’y a pas un profit
mais en plus il y a perte du revenu.
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L1/S1
Au total, le salaire du travail productif est une avance en capital alors que le
travail improductif est une dépense de revenu.
Smith précise que le travail improductif n’est pas dû qu’aux domestiques mais aussi
aux serviteurs de l’état, médecins, militaires, magistrats…
Le critère de matérialité est explicite et il est sous-jacent à la valeur travail incorporé
(à la marchandise). Le seul élément qui apparaît consubstantiel à la chose
(appartenant à la chose) est le travail qu’il a fallu fournir pour le réaliser.
Au contraire, les services du domestique vont périr au moment même où il les rend.
Implicitement, on a donc une dichotomie entre travail productif et travail
improductif qui sont le parallèle de la dichotomie entre biens et services.
Smith sous-entend que le travail improductif n’a pas de valeur donc on ne voit pas
pourquoi on le rémunèrerait. Cependant, Smith conçoit le critère d’utilité : l’utilité ou
le besoin subjectif qu’ont les individus de la chose. Dans ce cas, les services peuvent
avoir leur utilité au même titre que les biens matériels.
Ce découpage doit être resitué dans la théorie de la croissance de Smith. Il reconnaît
que le travail improductif peut être honorable et utile. Mais son critère est un critère
de croissance et non de bien-être.
Le capitaliste qui a récupéré son avance peut à nouveau récupérer son avance. Le
travail productif permet l’existence d’un profit qui est le revenu du propriétaire du
capital. Pour Smith, le profit n’a de sens que comme facteur d’accumulation du
capital, accumulation qui va assurer la croissance du produit annuel.

Résumé de Smith :
La production suppose une accumulation c'est-à-dire une avance et une
certaine division du travail synonyme d’un certain niveau de productivité.
La valeur de la production se décompose comme on l’a vu en salaires (des
travailleurs productifs). Les salaires des travaux productifs sont intégralement
dépensés en biens de production ce qui reconstitue le fond initial des salaires.
Une partie des profits et des rentes est dépensée en biens de consommation. Une
autre partie sert à rémunérer les travailleurs improductifs. Leurs emplois dépendent
donc de l’importance de la rente et des profits.
Mais c’est surtout la rente qui fournit les fonds en biens de consommation. Une fois
toutes ces dépenses effectuées, le reste constitue l’épargne et c’est sur cette base
que le capital s’accumule.
Dans l’analyse de Smith, les règles de partage sont floues. Pour lui, l’épargne est
automatiquement investie.
Quel est le type d’investissement à faire avec cette épargne ?
Pour Smith, c’est d’abord un investissement supplémentaire pour de nouveaux
travailleurs productifs ou une augmentation de nombre d’heures de travail, ce qui
conduit à court terme à une hausse du taux de salaire et à long terme à un
accroissement de la population.
Etant donné que les salaires sont consommés, l’épargne se résout en la
consommation, donc la séquence est donc la suivante :
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L1/S1
Epargne = investissement = accroissement du fond des salaires =
accroissement de la consommation.
Ainsi l’accumulation du capital conduit à la croissance parce que le fond de
travail productif croît mais aussi parce que la division du travail peut être plus
poussée, ce qui augmente la production. La disparition graduelle des occasions
d’investir amortira graduellement la croissance mais la division du travail en
augmentant continuellement la productivité permet de reculer l’arrêt de la croissance.
III. Smith et la main invisible
La philosophie générale de l’auteur de la richesse des nations est la suivante :
il existe en économie comme dans les autres domaines de la vie sociale un ordre
naturel qui est le résultat simple et évident de la recherche permanente de l’intérêt
personnel dans le cadre du libre exercice des tendances innées des individus :
- L’égoïsme
- La faculté de sympathie
- Le désir de liberté
- L’habitude du travail
- La propension à échanger
- …
C’est par le jeu des tendances que chaque individu poursuit son propre intérêt dont
chacun est à la fois le meilleur juge et l’agent le plus efficace.
L’exercice de ces tendances est un jeu subtil de poids et de contrepoids qui sont
autant de facteurs d’équilibre personnels, de sorte que les fruits du travail
personnel puissent faire l’objet d’échanges au mieux des intérêts de tous.
Exemple : L’égoïsme est contrebalancé par la faculté de sympathie
La libre poursuite de l’intérêt personnel conduit au bien commun
Une main invisible organise, équilibre, harmonise les intérêts individuels dans le
bien-être collectif, optimum social, résultat involontaire et idéal de la conduite
spontanée des hommes.
Cette poursuite de l’intérêt personnel conduit chacun à se spécialiser et à produire
plus de biens (biens désirés par autrui) : la rationalité individuelle conduira à
l’optimum collectif grâce à l’action de la main invisible
Conséquence : Smith prône le laissé faire en matière de politique économique,
c'est-à-dire l’existence d’un état minimal dont les devoirs sont réduits à :
 Défendre la nation contre les agressions extérieures
 Administrer la justice
 Fournir les services et les biens collectifs indispensables que le secteur
privé ne peut assurer à cause de l’insuffisance des profits directs que
fournissent les activités.
Smith prône donc l’action d’un état Régalien.
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IV. Jean-Baptiste Say (1767 – 1832) et la théorie des débouchés
« Traité d’économie politique ou simple exposition de la manière dont se forment les
richesses »
A. La théorie de la valeur utilité
Say s’oppose à la valeur travail de Smith. Pour lui, tout travail est productif
et la distinction : productif, improductif n’a pas de contenu.
Plus précisément, c’est parce que l’homme ressent le besoin d’une chose qui lui
attribue une utilité et c’est cette utilité qui est la source de la valeur.
En outre, certains besoins sont satisfaits par la seule nature, d’autres exigent du
travail.
Les éléments fournis par la nature composent la richesse naturelle, offerte
gratuitement. Elle a une utilité mais point de valeur car elle est gratuite.
Au contraire, le capitaliste fournit ce que Say appelle la richesse sociale. Celle-ci a
une valeur parce qu’elle nous en coûte pour la produire : le coût de production.
La question est donc de savoir quel est le lien entre utilité et coût de production, et
leurs incidences sur la valeur.
La valeur se réduit au coût de production même si ce sont les besoins qui vont
introduire la valeur.
Say met plus l’accent, que Smith ou Ricardo, sur le rôle de l’utilité bien qu’elle n’ait
pas complètement négligé par les deux autres.
Il explique qu’il y a plusieurs sortes de travail et non pas un seul type de travail, et
d’autre part, dans la valeur, il y a le salaire et le profit, et Smith ne pense pas qu’on
puisse lier le profit à la quantité de travail.
B. La loi des débouchés
Elle a son origine dans l’analyse de la croissance de Smith. Smith pensait que
la division du travail permettait d’entretenir la croissance mais la condition nécessaire
est que la production sur grande échelle suite à cette division du travail n’entraîne
pas de crise de production.
La loi des débouchés de Say correspond à une réponse à cette préoccupation.
« L’offre crée sa propre demande »
« Les produits s’échangent contre les produits »
L’idée développée par Say est que l’origine de la production réside dans l’offre
et qu’à partir moment où un bien est produit, il va nécessairement trouver
preneur.
Il faut donc favoriser l’offre de biens et donc il faut réduire les coûts de l’entreprise.
Les partisans de cette loi vont insister sur l’épargne qui est une condition préalable
au développement.
Pour établir son résultat, Say va se livrer à une analyse de la monnaie.
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La monnaie n’est qu’une fonction d’échange. Elle n’est donc jamais demandée pour
elle-même, mais pour les biens qu’elle permet de se procurer. De cette façon si un
bien est produit dans une entreprise A, les producteurs ont pays les ouvriers et ceuxci, avec de l’argent qu’ils ont gagné, achètent les biens de l’entreprise B.
Ainsi toute la monnaie disponible dans l’économie est dépensée et les crises
de surproduction généralisées sont impossibles.
La monnaie n’est qu’un voile sur l’économie et n’a aucune incidence réelle.
Les prix relatifs sont déterminés dans le secteur réel tandis que la quantité de
monnaie ne fait que déterminer le niveau général des prix.
Say est à la fois optimiste sur la capacité du système à s’autogérer et septique sur
l’efficacité de l’intervention publique.
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Chapitre II : David Ricardo (1772 – 1823)
« Les principes de l’économie politique et de l’impôt »
Ricardo est un riche courtier en immobilier qui a monté son propre cabinet.
Le style et le ton de son ouvrage sont très différents de celui de Smith. Ricardo est
un homme de sciences, ce qui l’amène à expliquer et illustrer toutes ses conclusions.
I. Thomas Malthus (1766 – 1835)
Son ouvrage publié en 1798 s’intitule « essai sur le principe de population ».
La croissance spontanée potentielle de la population (croissance géométrique)
excède la croissance maximum de l’offre de la subsistance (croissance
arithmétique).
Malthus considère que la population double tous les 25 ans (2,8% / an). Sa théorie
est une généralisation des observations du taux de croissance qu’il a mené dans les
états d’Etats-Unis du nord, où les moyens ne manquent pas.
Malthus voit par ailleurs une croissance arithmétique du taux de production car la
surface de production est bornée, n’est pas extensible et les rendements de la terre
sont décroissants.
Par conséquent, quelle que soit la situation de départ et quelques soient les raisons
des deux progressions, la population doit rattraper l’offre de subsistance.

La question est de savoir quels sont les facteurs qui font que la
croissance effective de la population s’adapte à la croissance des
subsistances ?
Selon lui, il existe deux freins à l’expansion démographique :
- Un frein destructif : exercé par deux voies : la misère (sous-alimentation,
disette, épidémies…) et le vice (débauche, irrégularités sexuelles…) qui est
nuisible à la procréation.
- Un frein préventif : il se manifeste par la vice et par la maîtrise morale de soimême.
Pour Malthus, parler du principe de population signifie 3 choses ou
conséquences :
- Tout excédent de subsistance par rapport au niveau de la population sera
progressivement comblé par l’accroissement de la population. De plus, aucun
des freins destructifs ou préventifs ne joue tant que cet écart n’est pas comblé.
- Tout déficit de subsistance se traduit par l’élimination de la population
excédentaire et donc par le jeu des facteurs destructifs.
- La coïncidence entre le taux de croissance de population et le taux de
croissance des subsistances est assurée par une combinaison de malheurs,
de vices ou de contraintes morales.
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L1/S1
Malthus a une conception très mécanique du comportement humain qui aura
des implications économiques très radicales. Selon lui, secourir les pauvres ne fait
que se reproduirent les pauvres, et cela entraînerait une généralisation des pauvres.
Sur le plan théorique du principe de population, Ricardo va construire une théorie
cohérente et logique du salaire.
Ricardo croit au système de Malthus.
Si la population croit au maximum compatible avec la subsistance, il en résulte
que la rémunération du travail se fera à l’équilibre au minimum vital. Avec le
principe de population, le salaire net devient le coût de production du facteur
travail qui, à l’équilibre statique, peut être définit comme celui qui assure la
reproduction à l’identique de la population.

Mais ce minimum vital est-il biologique ou historique ?
Les classes considèrent que ce minimum est marqué historiquement, ce qui
autorise pendant les phases de croissance une croissance du salaire au dessus du
taux naturel.
Cependant, pour Malthus et Ricardo, ce minimum est biologique. En effet,
comment concevoir que la pauvreté puisse éliminer l’excédent de population quand
le salaire est inférieur au minimum si ce minimum n’est pas vital au sens biologique
du terme.
II. Le système Ricardien
A. La théorie Ricardienne de la valeur
Ricardo, tout comme Smith commence par rappeler les notions de valeur
d’usage et de valeur d’échange et souligne que la valeur d’usage est une condition
nécessaire à l’apparition de la valeur, mais en reprenant l’exemple de l’eau et du
diamant, accepte la position de Smith suivant laquelle l’utilité ne peut pas fondre la
valeur.
Les sources de la valeur, selon Ricardo sont la rareté et la quantité de travail.
La rareté est source de la valeur des biens dont l’offre est fixe : les biens non
reproductibles. Dans le cas de ces biens, l’offre fixe la quantité et la demande fixe
le prix.
Prix
Offre
Demande
Quantité
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L1/S1
« Les biens qui relèvent de cette analyse sont peu nombreux » et Ricardo
s’intéresse aux biens reproductibles dont le principe général est énoncé de la façon
suivante par lui-même :
« La valeur d’une marchandise ou la quantité de toute autre marchandise
contre laquelle elle s’échange dépend de la quantité relative de travail
nécessaire pour la produire. »
La valeur est envisagée par Ricardo en termes relatifs c'est-à-dire de l’échange et
non en termes absolus. Quand le seul facteur de production dans la société est le
travail, aucune différente ne se présente. Mais Ricardo va plus loin que Smith.
Pour Smith la théorie de la valeur travail était valable pour décrire le fonctionnement
d’une société pré-capitaliste. Mais pour Ricardo, la validité de la valeur travail est
générale parce qu’il suppose que le travail lui-même est constituée par du travail
passé emmagasiné. Par conséquent, la valeur d’une marchandise est gouvernée par
la quantité de travail direct et indirect qui a été consacré à la production.
Le problème est donc de pouvoir évaluer cette quantité de travail passé et
emmagasiné et qui affecte la valeur totale d’une marchandise.
Ricardo montre que la structure des capitaux est cruciale pour déterminer la
valeur d’une marchandise.
Exemple : On suppose 2 capitalistes.
Le premier : il emploi seulement du capital circulant (le travail de l’ouvrier) et produit
du blé.
Il emploi 100 ouvriers qu’il va payer 50 chacun par an. Il emploi donc un capital de
5000 chaque année.
Si le taux de profits est de 10%, à la fin de l’année, le blé produit sera à
5000 + 10*(5000/100) = 5500
L’année suivante, il réitère son opération, donc gagne autant qu’à l’année
précédente, à savoir 5500.
Le deuxième : il emploi du capital fixe et du capital circulant.
La première année, il emploi 100 ouvriers, payés 50/an à construire une machine
destinée à tisser des draps.
Si le taux de profits est le même (10%), la machine vaudra 5500 lorsqu’elle sera
construite, à la fin de l’année.
La deuxième année, le capitaliste produit des draps avec le même nombre d’ouvriers
payés la même somme et avec l’aide de la machine construite.
Le taux de profit reste le même. Donc à la fin de l’année, les draps vaudront le prix
du capital engagé l’année 2 (salaires) + les profits fait sur ce capital engagé + les
profits faits sur le capital engagé pendant l’année 1, donc les profits déduits de la
valeur de la machine.
5000 + 10*(5000/100) + 10*(5500/100) = 5000 + 500 + 550 = 6050
On peut voir ainsi que des capitaux peuvent consacrer la même quantité de travail à
créer la même quantité de marchandise sans que celle-ci ait la même valeur et cela
en raison des capitaux fixes et du travail accumulé dans chacun d’eux.
L’accroissement d’une valeur d’une marchandise naît du temps plus ou moins
considérable que nécessite sa production et son transport sur le marché.
Microéconomie I
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Ainsi c’est l’allongement du processus de production qui créé l’augmentation de la
valeur.
Le problème c’est que le temps n’agit que par le taux annuel de profit qui, lui,
demeure inexpliqué.
Le 2e problème, c’est que l’emploi de capitaux créé des problèmes d’évaluations
difficiles à résoudre. En effet, les machines ne différent pas les unes des autres par
leur durée respectives mais aussi par leur coût de fabrication (donc par les taux de
salaires et de profits prévalant à l’époque de leur construction par des taux de profits
et de salaires qui ont prévalu ensuite par leur usure et donc par la méthode
d’amortissement que l‘on a adoptée pour tenir compte de l’usure et de
l’obsolescence.
Ce sont des problèmes complexes qui interdisent à une pure théorie de la valeur
travail d’expliquer les prix relatifs à un moment quelconque du temps.
Ricardo l’admet et il est obligé d’abandonner la thèse stricte de la valeur travail.
Mais il sera amené à la conserver en considérant qu’elle est une bonne
approximation de la réalité.
Pour Smith, la théorie de la répartition n’est qu’une application de la théorie de la
valeur (théorie des prix naturels), une théorie des coûts de production appliquée au
service des facteurs production aussi bien qu’aux marchandises.
Chez Smith, c’est donc l’évaluation des services des facteurs qui va déterminer la
répartition du revenu naturel.
Pour Ricardo, la théorie de la répartition ne s’identifie pas à la théorie de la valeur,
elle a une véritable autonomie, et le cœur de la théorie de la répartition de Ricardo
est sa théorie de la rente foncière.
B. De la théorie de la rente foncière à une théorie générale de la
répartition
L’intérêt porté à l’analyse de la rente foncière est lié aux circonstances
historiques et aussi pour des raisons qui tiennent à la conduite de l’analyse
théorique. Les économistes européens (fin XVIIe et début XIXe) n’étaient qu’au
début de la révolution industrielle, c’était donc l’agriculture qui constituait l’activité
dominante.
Par conséquent, la rente foncière, en constituant une charge pour le fermier et en
constituant le revenu des propriétaires fonciers était au centre de la vie
économique.
Le sujet a fasciné les économistes de l’époque parce qu’ils se rattachaient à l’une
des plus anciennes théories de l’analyse économique, à savoir la notion de surplus,
et surtout parce que le traitement de cette question a obligé les économistes à
accomplir des progrès importants dans leur méthodes d’analyse en les conduisant à
pratiquer l’analyse à la marge.
Microéconomie I
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1) La théorie de la rente
Selon la célèbre définition de Ricardo, « la rente est cette portion du produit
de la terre que l’on paie au propriétaire pour avoir le droit d’exploiter les
facultés productives et impérissables du sol. »
Il ne faut pas confondre la rente avec le profit du capital investi en terre que procure
le propriétaire foncier.
Ricardo constate que les terres sont de fertilité différentes et que la rente
(différentielle) naît du différentiel de fertilité et de qualité entre les terres.
Il est important de noter que la dernière terre mise en culture ne perçoit pas de rente.
Celle-ci n’apparaît que pour les terres précédentes (meilleures par hypothèse)
D’autre part, c’est la différence de qualité qui va promettre au propriétaire des terres
de percevoir une rente.
Ricardo fournit une explication de la rente différentielle et refuse l’existence d’une
rente absolue (celle que percevrait la dernière terre mise en culture)
Supposons que des terrains 1, 2, 3 rendent moyennant l’emploi d’un même capital,
un produit net de 100, 90, 80 unités de blé.
Dans un pays neuf où la quantité produite excède le nécessaire à la population, où
par conséquent il suffit de cultiver le terrain 1, tout le produit net restera au cultivateur
aussi bien que le profit du capital qu’il aura avancé.
Aussitôt que l’augmentation de la population sera devenue telle qu’on soit obligé de
cultiver le terrain 2 qui ne rend que 90 unités, les salaires des laboureurs déduits, la
rente commencera pour le terrain 1.
Que ce soit la population ou une autre personne qui cultive le 1, dans les 10 unités
de blé supplémentaires produites par rapport au terrain 2 constitueront toujours la
rente puisque le cultivateur du terrain2 obtiendrait le même résultat avec son capital
soit qu’il cultivât le terrain 1 en payant 10 unités de blé de rente, soit qu’il continuât à
cultiver le terrain 2 sans payer de rente.
En T=3 la rente du terrain 3 = 0
De même il est clair que lorsqu’on aura commencé à défricher le terrain 3, la rente du
terrain 2 devra être de 10 unités de blé ou de leur valeur tandis que la rente du
terrain 1 devra atteindre 20 unités.
Le cultivateur du terrain 3 récupère le même profit que celui qui cultive le terrain 2.
3 points essentiels :
 Les conditions de mise en culture sont les mêmes sur les 3 terrains, car sur
chacun d’eux est la même surface exploitable et on emploi également le
même capital.
 La valeur dont il est question ne comporte que les salaires. 100, 90, 80 sont
des valeurs de produit net.
 La raison pour laquelle on est conduit à mettre en culture de nouvelles terres
(moins riches) est l’augmentation de la population.
Avec Ricardo et la théorie de la rente différentielle, apparaît le raisonnement à la
marge.
Sur la terre marginale (dernière terre mise en culture) le produit est tout juste
suffisant pour rémunérer le capital et le travail.
Microéconomie I
24
L1/S1
D’où la conclusion de Ricardo, la rente est toujours la différence entre les
produits obtenus de 2 quantités égales de capital et de travail.
En appliquant des quantités égales de facteurs de production à des terres de moins
en moins fertiles le produit marginal, c'est-à-dire celui de la dernière terre mise en
culture décroît.
En raisonnant ainsi à la marge extensible de la culture, la rente naît de la fertilité
décroissante et décroît avec cette fertilité.
On peut aussi raisonner à la marge extensible de culture. Supposons que l’on
applique des quantités successives de facteurs de production (capital et travail) à un
sol homogène et d’une certaine superficie. Chaque unité de facteurs de production
supplémentaires apporte un produit supplémentaire c'est-à-dire un produit marginal
(positif) mais ce produit marginal décroît à mesure que l’on ajoute du capital et du
travail. Cette décroissance du produit marginal provenant soit de la mise en
culture d’une terre supplémentaire soit de l’application d’une unité de facteurs de
production sur une terre donnée est connue sous le nom de la loi des
rendements décroissants.
La question est de savoir si la rente est un élément du produit ou si elle est une
conséquence du prix de vente.
Smith répondrait que la rente s’ajoute aux salaires et avec le profit pour déterminer le
prix naturel du produit.
Pour Ricardo, la rente est déterminée par le prix du produit.
Exemple :
Terre 1
K engagé (€)
Rémunération salariale
(€/h)
Heures de travail (h)
Profits réalisés (%)
Production de blé (kg)
Prix du blé (€/kg)
Chiffre d’affaires
Rente (€)
20000
8
1000
10
10000
(8x1000 + 10%x20000) = 1
10000
10000
0
Terre 2
20000
8
1000
10
20000
1
20000
10000
La rente n’est pas une cause de la valeur du blé mais une conséquence de
celle-ci.
« Le grain n’a pas un prix élevé parce qu’on paye une rente, mais on paye une rente
parce que le prix du grain est élevé. »
Le fait que la rente soit une conséquence du prix est lié au facteur très particulier du
système de production.
En effet, alors que les autres facteurs de production c'est-à-dire capital et travail sont
mobiles, la terre est un facteur immobile et n’a pas d’autre usage que la production
Microéconomie I
25
L1/S1
agricole. Ou bien la terre est utilisée, ou bien le coût d’opportunité est le prix que l’on
paie en exploitant pas cette ressource qui pourrait l’être.
Si une terre n’est pas assez utilisée, c’est qu’elle n’est pas assez rentable pour
rémunérer les autres facteurs de production, elle ne peut pas être utilisée pour autre
chose. Ainsi le coût d’opportunité de la terre étant nul, il n’entre pas dans le coût de
production.
Définition du coût d’opportunité : c’est l’activité la plus importante pour soi
dont on se prive lorsqu’on choisit de faire autre chose.
Exemple : un terrain : il y a 2 possibilités : soit le cultiver, soit le transformer en une
aire de jeu payante. Si le propriétaire décide de cultiver son terrain, le coût
d’opportunité sera l’argent qu’il aurait pu gagner en l’exploitant en aire de jeu.
Supposons, par ailleurs, une 3e possibilité : garder le terrain intact pour en faire un
lieu de détente personnel. Si le propriétaire eu préféré cette solution à l’aire de jeu, le
coût d’opportunité de la culture du terrain aurait été simplement le fait de pouvoir
disposer de son terrain.)
En conclusion de la théorie de la rente, on peut dire que c’est le prix du produit
agricole, déterminé par la valeur de la production de la terre la moins productible qui
fixe le niveau de la rente pour les autres terres plus productives.
2) La théorie de la répartition
Ricardo met l’accent sur l’évolution des prix en longue période, ce qui l’amène
à préférer le jeu de l’offre et de la demande en courte période.
Ce qui intéresse Ricardo, ce sont les prix naturels, c'est-à-dire les prix de longues
périodes qui correspondent à une théorie des coûts de production et des éléments
constitutifs.
Seuls le salaire et le profit sont des composantes du coût de production pour
Ricardo.
Cependant, la rente subsiste en tant que revenu de transfert, et c’est la théorie de
la répartition qui nous informe de l’évolution de la rente dans le temps.
La théorie des salaires de Ricardo oppose comme pour Smith prix naturels et prix
courants.
Ricardo définit le prix naturel de la façon suivante : « le prix naturel du travail est
celui qui fournit aux ouvriers le moyen de subsister et de perpétuer leurs
espèces sans accroissement ni diminution. »
Il s’agit donc simplement du salaire de subsistance, qui doit être compris comme un
ensemble de biens et non comme une somme d’argent. Ainsi en valeur, le salaire
naturel croît si le prix des biens qui le composent augmente également et décroît
dans le cas inverse.
Le prix courant du salaire est simplement déterminé par l’offre de travailleurs.
Quand la croissance est forte, l’accroissement du capital est soutenu, le fond des
salaires augmente et le taux courant du salaire s’élève au dessus du prix naturel.
Cependant dans le long terme, le taux de marché doit converger vers le taux naturel
de salaire.
Pour sa démonstration, Ricardo va utiliser le principe de population de Malthus.
Microéconomie I
26
L1/S1
« Un salaire courant au dessus du taux naturel permet à l’ouvrier de maintenir une
famille robuste et nombreuse. La population augmente donc et le salaire courant
baisse à la suite de cette augmentation de l’offre de bras. »
Cependant l’augmentation de la population exige une augmentation de la production
agricole et donc nécessite la mise en culture de terres de moins en moins fertiles. On
sait que les terres les moins fertiles à un moment donné ne rapportent aucune rente.
Ce sont les terres plus fertiles qui du fait de la loi de la valeur offrent à leur population
une rente. Celle-ci est d’autant plus élevée que le salaire est productif.
Prenons la dernière terre, celle qui est la moins fertile ne procure aucune rente alors
que la production, en revanche, qu’elle contribuera à réaliser va se vendre sur le
marché.
Comment va se répartir le fruit de la vente ?
Une partie va aux travailleurs, et c’est le salaire qui se trouve au minimum vital, et le
reste constituera le profit.
Ramenée à la quantité de capital utilisé, le profit indique quelle est sur cette terre le
taux de profit pour le capitaliste, c’est le taux de profit de la terre la moins
productive. Mais c’est aussi du fait de l’égalité des taux de profits dans toute
l’économie, le taux naturel de l’économie.
Considérons une économie en progrès (terme utilisé par les classiques).
La population augmente, une nouvelle terre moins fertile que toutes les autres est
mise en culture, alors pour produire une même quantité de produits agricoles que le
sol précédemment le moins riche, il faut encore plus de travail. La valeur et le prix
des produits agricoles s’élève donc.
En effet, la valeur se détermine sur le terrain le plus pauvre. Comme le prix des
produits agricoles augmente, le salaire nominal des ouvriers va augmenter aussi afin
qu’ils puissent conserver leur pouvoir d’achat qui se trouve au minimum vital.
Une autre question importante est l’évolution des taux de profit en longue période.
Ricardo montre que plus on met en culture de terres nouvelles, et donc plus difficiles
à travailler, plus le taux de profits tend à baisser.
Mais ce n’est pas comme chez Smith, l’abondance relative des capitaux qui est à
l’origine de ce déclin, c’est le jeu normal de la loi de la valeur qui est en cause.
Exemple : On met en culture une nouvelle terre moins fertile que les autres. Un
ouvrier produit moins que sur la terre précédemment la plus pauvre. Pourtant, son
salaire reste le même. Supposons que l’ouvrier a besoin de 50kg de blé. Il s’agit du
salaire minimal vital en dessous duquel on ne peut pas descendre.
Si au temps t=1 sur la terre la moins fertile, il produit 70kg de blé, le profit sera de 70
– 50 = 20
Si maintenant, au temps t=2, il produit sur une terre encore moins fertile 60kg de blé,
le profit sera de 60 – 50 = 10.
Le profit tombe à 10kg de blé car le taux de profit est le même dans tous les secteurs
comme le capital est mobile entre les secteurs.
Sur la nouvelle terre, la rente est nulle, et sur la terre précédemment la moins fertile,
la rente est de 10kg de blé.
Microéconomie I
27
L1/S1
A l’équivalence, les taux de profits sont identiques dans tous les secteurs de
l’économie. Ainsi au total, sur tous les salaires, les taux de profits diminuent et la
rente augmente.
Le taux de profit baisse donc au fur et à mesure que s’accroît la population car
l’augmentation de la population conduit à la mise en culture de terres de moins en
moins fertiles.
Viendra alors un temps selon Ricardo où le taux de profit sera devenu tellement bas
que plus personne ne sera incité à épargner, à accumuler des capitaux pour
produire.
La population cessera de progresser, ce qui conduira à l’économie dans un
état stationnaire.
Il est important de noter que toute la constitution théorique de Ricardo repose
sur une inégale fertilité des terres et sur le caractère décroissant de la
productivité obtenue à partir d’une quantité donnée de facteurs de production.
C’est une vision pessimiste de la croissance que nous propose Ricardo, vision
d’autant plus pessimiste qu’elle est doublé de conflits entre classes sociales
puisque les intérêts des propriétaires fonciers sont manifestement contraires à ceux
des capitalistes et des ouvriers et à l’intérêt de la société en général.
Ricardo sera ainsi un fervent adversaire des lois sur le blé en Angleterre.
Ces lois limitent l’importation par des mesures de protection douanières.
Ricardo prône au contraire le libre échange.
Pour empêcher la baisse du taux de profit, il faut ouvrir les frontières et importer des
produits agricoles en provenance de pays où la loi des rendements décroissants ne
joue pas encore. Le libre échange est un moyen essentiel pour rebrousser l’état
stationnaire.
Microéconomie I
28
L1/S1
Chapitre III : Karl Marx (1818 – 1883)
« Le capital »
Marx est né en 1818 en Allemagne, et mort à Londres en 1883.
L’œuvre de Marx est immense dans le sens où il a construit un système qui
embrasse toutes les constitutions sociales.
C’est une œuvre difficile à décrire en raison de ses nombreuses relectures et
réinterprétations appelées marxisme.
Le marxisme est une philosophie, à la fois une méthode scientifique appelée
dialectique et une vision économique de l’histoire appelée matérialisme historique.
Le marxisme est aussi une prospective (la révolution, la dictature du prolétariat, le
communisme). Dans ce cas, on parle plutôt de marxisme – léninisme pour parler de
la relecture de Marx par Lénine et dont l’impact sur l’humanité au XXe a été
extrêmement considérable.
Mais le marxisme est avant tout une économie politique. On peut le juger au titre de
son œuvre : « le capital, ou critique de l’économie politique », publié en 1857.
I. Les principes de la méthode de Marx
La place occupée par Marx est unique en ce sens que jamais aucun
économiste n’a fait dériver aussi explicitement son analyse économique de ses
positions philosophiques de bases. Les conceptions philosophiques elles-mêmes
s’expriment par une vision globale de l’histoire. On dit que Marx était au confluent
de 3 courants :
 Le socialisme français (Fourier, Proudhon)
 L’économie politique anglaise (Smith et Ricardo)
 La philosophie allemande (Hegel et Kant)
L’œuvre de Marx est unique comme le socialisme français est unique, mais celui de
Marx sera scientifique dira Engels.
Smith et Ricardo ont bien aperçu l’essentiel de l’économie politique (c'est-àdire la valeur travail) mais sans en tirer toutes les conclusions. Enfin, la vision
globale de l’histoire de Marx sera très influencée par Hegel.
Hegel (maître de philosophie de Marx) avait une vision conflictuelle des rapports
humains considérés dans l’espace comme dans le temps. La base théorique
présentée dans l’œuvre intitulée « dialectique du maître et de l’esclave » est une
progression qui reconnaît l’inséparabilité des contraintes (thèse – antithèse) qui
découvrent ensuite un principe d’union (synthèse) qui les dépassent.
De cette façon, Hegel explique l’affrontement des idées, des individus, des groupes
sociaux, des nations. Ces conflits pouvaient être considérés comme le moteur de
l’histoire car chaque structure, arrivée au point le plus insupportable de ses tensions
internes, était appelée à se dépasser et à se transformer en une nouvelle synthèse.
Microéconomie I
29
L1/S1
Marx a repris ce système de pensée, son ambition déclarée était de remettre la
philosophie hégélienne sur ses pieds « par l’étude de l’ensemble des conditions
matérielles de la vie sociale ».
A la différence des classiques, Marx va refuser de disserter sur des concepts
abstraits.
La production en générale n’existe pas et n’a jamais existé. Alors, il n’existe que de
productions historiques qui ne sont définies qu’en même temps que leurs conditions
matérielles.
De la même façon, pour Marx, la société en générale n’existe pas, il n’existe que des
sociétés déterminées par les conditions matérielles de leur existence, c'est-à-dire :
 Les techniques de travail
 Les modes d’organisation sociales de ce travail.
Il a analysé le passage du monde féodal au monde capitaliste.
Les exigences matérielles de l’existence humaine sont fondamentales. C’est en effet
en exerçant une action matérielle sur la nature et sur lui-même que l’homme
développe sa conscience, sa connaissance et sa vision du monde.
Ainsi la production matérielle et historiquement bien définie est le fondement
explicatif de toute cette vie sociale : c’est le matérialisme historique.
On parle également de mode de production pour désigner l’ensemble du processus
de production sur la base duquel est fondé la société. Mais l’histoire montre
l’existence de modes de production différents et il faut expliquer comment on part
d’une mode de fonctionnement à l’autre : il faut préciser le concept de production
chez Marx.
En premier lieu, Marx parle de rapport de production : ce sont les rapports sociaux
que les hommes établissent à l’occasion de la production et tout particulièrement les
rapports de propriété.
Les rapports de production sont déterminés par l’état des forces productives.
Les forces productives regroupent la main d’œuvre, les techniques et les
moyens de production. Le développement des forces productives a pour
conséquence d’assurer le déroulement de l’histoire au moyen de la lutte des classes.
Les rapports sociaux issus de l’état des forces productives à un moment donné sont
des rapports conflictuels entre les groupes ayant des intérêts opposés.
En bref, les forces productives engendrent des rapports de production
conflictuels, lesquels peuvent finalement constituer une entrave au libre cours
des forces productives.
La lutte des classes entraîne une contradiction interne au mode de production
considéré puisque les rapports de production issus de forces productives sont
tellement conflictuels qu’ils remettent en cause les forces productives elles-mêmes.
Cette contradiction que l’on trouve dans tous les modes de production doit conduire
à la révolution et à la naissance d’un nouveau mode de production.
Marx a signalé l’existence de 7 modes de production et a analysé le passage du
mode de production féodal au mode de production capitaliste, qui a fait l’objet de son
œuvre : le capital.
Pour identifier les différents modes de production, Marx s’est intéressé à 3
éléments :
Microéconomie I
30
L1/S1
 Types de propriété des moyens de production.
 Types de propriété foncière.
 Caractère de la société considéré.
Enfin, selon Marx, quand les contradictions internes seront devenues trop fortes, le
mode de production qui doit supplanter le mode de production capitaliste est le mode
de production socialiste.
II. La théorie de la valeur et de la plus-value
A. La théorie de la valeur
1. Valeur et marchandises
Marx étudie le mode de production capitaliste et il démarre son étude par
l’étude des marchandises.
Il note en premier lieu que la marchandise a 2 pôles : elle est
 Valeur d’usage
 Valeur d’échange.
Tout d’abord, elle doit satisfaire le besoin spécifique de l’utilisateur final qui
l’acquiert. A ce titre, elle se doit d’être une valeur d’usage qui se réalise dans la
consommation.
Cette utilité de la marchandise réside dans ses propriétés physiques : ce sont les
qualités objectives d’un bien qui le rendent apte à satisfaire un besoin déterminé.
Ainsi, si la valeur d’usage se réalise dans la relation entre les hommes et les choses,
il n’en demeure pas moins que c’est dans la nature des choses (objective) qu’elle
trouve sa source.
De plus, ce qui vaut un bien dans l’usage ne peut être quantifié et ne saurait être
comparé avec ce que vaut un autre bien pour le même usage ou le même bien avec
un autre individu.
Ainsi pour Marx l’utilité est sans rapport immédiat avec l’échange.
« L’échange des marchandises est évidemment un acte caractérisé par une
attraction totale de la valeur d’usage ».
Mais dans le mode de production capitaliste, les biens ne sont pas produits pour
eux-mêmes mais pour la vente sur le marché. La marchandise est donc valeur
d’échange.
La valeur d’échange apparaît donc comme un taux d’échange, c'est-à-dire comme la
proportion suivant laquelle des valeurs d’usages différentes s’échangent entre elles.
Saisir la valeur dans l’échange c’est donc exprimer un rapport quantitatif entre les
marchandises qui en sont l’objet.
La valeur d’échange serait donc relative et non absolue et il n’y a pas de valeur
d’échange intrinsèque à la marchandise.
Marx dit que ce n’est qu’une apparence. En effet, si l’échange peut transformer en
rapport quantitatif la comparaison de 2 utilités qui ne se mesurent pas, c’est
nécessairement parce que les marchandises comportent toutes 1 élément commun
et que cet élément est quantifiable.
Marx répond que cet élément est le temps de travail.
Microéconomie I
31
L1/S1
La valeur d’échange n’est pas un rapport relatif entre 2 valeurs d’usage, c’est aussi
une comparaison objective par rapport au critère quantifiable du temps de travail.
Toutes les marchandises partagent la propriété d’être des produits du travail humain
et celui-ci donne au produit sa valeur d’échange.
« La substance » de la valeur d’échange est le travail et comme il est
quantifiable, c’en est aussi la mesure.
2. Valeur et travail
Le principe général de la valeur travail est que la valeur d’échange est
déterminée par le nombre d’heures nécessaires pour produire une
marchandise.
Bien sur, il ne s’agit pas du temps passé par tel travailleur mais du temps moyen que
Marx appelle « socialement nécessaire à la production ».
Marx reconnaît, comme Ricardo, qu’il existe plusieurs types de travaux, mais chaque
travail peut être évalué en termes de ce qu’il appelle un « travail simple ». L’étalon
de mesure est donc l’unité de travail simple qui ne requiert aucune qualification
particulière.
Par conséquent, le travail qualifié que Marx appelle travail complexe peut être traité
comme du travail simple multiplié par un certain coefficient.
Marx en conclue donc que la valeur d’une marchandise peut être évaluée en fonction
de la quantité de travail simple qu’il a fallu pour la produire puisque tous les travaux
peuvent être évalués et exprimés en termes de multiples de travaux simples.
Aux 2 pôles de la marchandise que sont la valeur d’usage et la valeur d’échange
correspond 2 façons d’envisager le travail. La valeur d’usage reflète ce que Marx
appelle le travail concret et la valeur d’échange, le travail abstrait.
Pour produire une valeur d’usage spécifique, il faut un travail particulier, utilisant des
moyens de production eux-mêmes produits dans ce but.
Ainsi le travail concret produit une valeur d’usage déterminée mais si on peut établir
un rapport quantitatif entre les choses, c’est que dans chacune de ces marchandises
il y a quelque chose de commun et cette chose est le travail abstrait.
Le travail abstrait est donc par définition ce qu’il a de commun dans tous les
différents travaux concrets.
Mais le problème est que Marx n’arrive pas à donner un contenu très clair au travail
abstrait. En parlant de force humaine, il en revient au travail concret sans définir le
travail abstrait.
B. La théorie de la plus-value
Ce que Marx désignait par théorie de la valeur avait pour fonction essentielle
dans son système d’explique l’exploitation capitaliste.
Le concept de plus-value est au cœur de cette explication.
En 1er lieu, Marx commence par expliquer la forme simple de la circulation des
marchandises.
Imaginons qu’un bien serve de monnaie (donc qui remplisse les 3 critères : unité de
compte, intermédiaire d’échange, réserve de valeur). Dans ce cadre, la forme simple
de la circulation des marchandises peut être symbolisée par l’enchaînement M-A-M
Microéconomie I
32
L1/S1
dans lequel, une marchandise est d’abord échangée contre de l’argent lequel permet
d’obtenir une autre marchandise.
Marx prend l’exemple du tisserand qui échange de la toile contre une bible.
Pour le tisserand, la valeur d’échange est la toile et la valeur d’usage est la bible.
Dans l’échange M-A-M, chacun vend pour acheter, se dessaisit d’une valeur
d’échange pour acquérir une valeur d’usage. C’est la forme simple.
Il existe une autre forme dite capitaliste de la circulation des marchandises. La
séquence caractérisant cette forme et l’économie capitaliste en général est AM-A.
Ce schéma pose 1 problème spécifique :
Pourquoi échanger de l’argent contre de l’argent ?
Cette transaction n’a de sens que si l’on obtient en fin de compte une somme plus
importante que celle décaissée.
Donc le schéma devrait s’écrire A-M-A’ avec A<A’ ou bien A’=A + A où A est un
excédent appelé plus-value.
Ce que Marx cherche à opposer avec ces symboles est simplement la sphère de
l’échange (M-A-M) qui commence par la vente et s’achève par l’achat et la sphère de
la production (A-M-A’) qui commence par l’achat et se termine par la vente.
Dans le 1er cas, les biens sont au départ et à l’arrivée, dans le 2e cas, c’est le
capital monétaire qui est au départ et à l’arrivée.
Dans le 1er cas, l’objectif recherché est la substitution de valeur d’usage, dans le 2e
cas, c’est l’augmentation de valeur d’échange.
Présentée sous cette forme, la circulation capitaliste est une énigme au regard de la
loi de la valeur.
En effet, comment expliquer l’apparition de la plus-value si l’échange se fait sur la
base de l’équivalence ?
La seule façon de résoudre ce problème est de considérer que M, dans cette
séquence, est une marchandise donc la propriété est que sa valeur d’usage
crée un supplément de valeur d’échange. Si le capitaliste, dans la sphère de
production, achète des marchandises à leur valeur, et cependant, en retire plus de
valeur, c’est qu’il a acheté une marchandise qui, utilisée dans le processus de
production, a la propriété de créer plus de valeur qu’elle n’en a coûté.
Pour que A’>A, il faut que M ait la capacité de créer de la valeur d’échange. Cette
marchandise particulière est la force de travail.
Comme tout marchandise, le capitaliste achète la force de travail à sa valeur
d’échange. Cependant, une fois acquise, l’usage de cette marchandise créé de la
valeur, ce qui augmente la valeur d’échange initiale.
La plus-value, c’est du travail non rémunéré.
Par force de travail, il faut comprendre l’ensemble des facultés physiques et
intellectuelles qui existent dans le corps d’un homme et qu’il doit mettre en
mouvement pour produire des choses utiles.
Marx ne prétend à aucun moment que le capitaliste essaie de duper le travailleur : le
travailleur obtient bien contre sa force de travail, la valeur d’échange à laquelle il a
naturellement droit.
Microéconomie I
33
L1/S1
Ceci renvoi à une question : Comment se détermine la valeur d’échange de la force
de travail ?
Réponse de Marx : Exactement comme celle de n’importe quelle autre marchandise.
Elle est formée et mesurée par le taux de travail socialement nécessaire qu’il faut
consacrer à produire la force de travail c'est-à-dire à produire les biens de
subsistance afin que cette force de travail se reproduise.
Le capitaliste, ayant acheté la force de travail et l’argent payé à sa valeur d’échange,
il s’en approprie la valeur d’usage en consommant cette force de production.
En d’autres termes, il va donner du travail à cette force de travail et va récupérer les
fruits de ce travail et ceci d’un commun accord entre les 2 parties.
Cependant, il y a une différence positive entre la durée pendant laquelle la force de
travail peut être mise en œuvre et le taux de travail nécessaire pour sa reproduction.
Cet écart entre valeur d’usage et valeur d’échange de la force de travail est
précisément la plus-value que s’approprie l’employeur et qui en définitive est du
travail non payé.
C’est l’illusion propre au capitalisme que de croire que c’est le taux de travail
de l’ouvrier que le capitaliste achète, alors qu’en fait, c’est le droit d’utiliser les
capacités productives de l’ouvrier pendant un certain temps.
Il faut préciser cependant que la force de travail n’existe pas comme marchandise
sans conditions préalables : vendues pour un certain temps par son propriétaire, cela
implique que celle-ci soit libre de sa personne.
Ni esclave, ni serf, le travail dans le mode de production capitaliste dispose de sa
force de travail et nul obstacle ne s’oppose à ce qu’il puisse le négocier sur le
marché. (Il faut être libre de vendre sa force de travail)
Mais cette possibilité peut se transformer en nécessité : si le travail ne possède pas
les moyens de production permettant d’employer pour son propre compte sans force
de travail, la vendre devient une obligation puisque c’est le seul moyen pour lui de
gagner sa vie.
Liberté personnelle et exclusion du travailleur de la propriété de moyens de
production, telles sont les deux conditions historiques pour que la force de travail
devienne marchandise.
On reconnaît ici les rapports sociaux fondamentaux du mode de production
capitaliste.
Dans l’analyse de la plus-value, il faut prendre en compte les autres facteurs de
production. En effet, le capitaliste emploi la force de travail mais aussi du capital. Ce
capital est composé de ce que Marx appelle le capital constant et le capital variable.
Le capital constant : Matières premières, équipement des bâtiments…
Le capital variable : Masse salariale, c'est-à-dire la partie du capital qui est
consacrée à l’achat de la force de travail.
Le capital constant doit son nom au fait que dans le processus de production, sa
valeur ne se modifie pas.
La valeur du capital variable se modifie au contraire car il produit son propre
équivalent plus la plus-value qui est elle-même une grandeur variable.
Ainsi la valeur d’une marchandise est donnée par M = C + V + S où
Microéconomie I
34
L1/S1
C : capital constant
V : capital variable
S : plus-value
A partir de cette relation, Marx définit un nouveau concept : le taux de plus value ou
taux d’exploitation.
C’est l’accroissement de capital, donc la plus-value, qui apparaît au terme du
processus de production rapporté au capital variable.
S = S / V
On peut représenter ce taux en terme de quantité de travail à l’échelle de la durée
du travail. Ce taux peut s’exprimer de cette manière : surtravail / travail.
Le travail nécessaire, c’est le travail nécessaire pour reproduire la force de travail, et
Le surtravail est la quantité de travail accomplie par l’ouvrier en plus de la quantité
nécessaire à sa production.
Plus généralement, la question est de savoir comment les capitalistes peuvent
accroître la plus-value.
 Allonger la journée de travail : possibilité limitée du fait qu’il faille préserver le
niveau de subsistance de l’ouvrier, et de plus parce que la journée a une
durée limitée.
 Payer la force de travail en dessous de sa valeur : ce n’est pas non plus
envisageable car le salaire de l’ouvrier est fixé à son niveau de subsistance.
 Réduire la valeur de la force de travail, c'est-à-dire la quantité de travail
nécessaire à la production des moyens de subsistances de l’ouvrier, ce qui
permettrait une augmentation de la quantité.
III. La théorie de la répartition
L’objet est d’expliquer les relations entre plus-value qui est une réalité
cachée, et les formes observables qui sont les salaires, profits, intérêts et
rentes.
Dans cette perspective, la démarche de Marx comporte 3 étapes :
 Il montre comment la valeur de la force de travail se transforme en salaires
 Il étudie le problème de la transformation de la plus-value en profits
 Il analyse comment le profit se partage en profits d’entreprise
A. Force de travail et salaires
Smith et Ricardo font la distinction entre prix de marché et prix naturels. Le
salaire naturel est fixé sur le minimum vital et il représente la valeur du travail.
Mais il y a une contradiction : pour les classique, la valeur d’une marchandise c’est
la quantité nécessaire pour la produire.
L’incohérence vient du faite qu’on parle à la fois de la valeur travail et du travail
comme étalon de la valeur donc des marchandises. Cela revient à dire que les
valeurs d’une journée de travail de 10 heures est déterminée par les 10 heures de
travail contenu dans une journée de 10 heures.
Marx, qui est un adepte de la valeur travail, ne rencontre pas cette difficulté et résout
l’incohérence des classiques en faisant la distinction entre travail et force du travail.
Microéconomie I
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L1/S1
Le travail c’est l’action de l’ouvrier, du travailleur, mais le capitaliste
n’achète pas le travail mais il achète la force de travail.
Le salaire est donc le prix du travail et il permet la production du travailleur.
Marx n’a pas besoin d’utiliser la notion énoncée de la valeur travail pour expliquer sa
théorie.
La valeur d’une marchandise = C + V + S
B. Profit et Plus-value
Sur 5000€  1000€ force de travail
200€ usure des machines
3800€ matières premières
Marchandise = C + V + S
plus-value = S/V = 100%
6000€ = 4000 + 1000 + 1000
coût de production = 5000€
 coût réellement la production de la marchandise
C’est le temps de travail qu’elle contient.
 C’est le coût réel ou la valeur de la marchandise
La différence est la plus-value qui ne coûte rien au capitaliste mais va
représenter un coût pour les ouvriers car c’est du travail non payé. Cependant pour
le capitaliste il n’y a pas de problème sauf pour Marx. Lorsque le travail de l’ouvrier
est utilisé dans le processus de production, il devient parti intégrante du
capital qui appartient au capitaliste.
Selon Marx, pour le capitaliste, cet accroissement de valeur résulte des
opérations productives qu’accomplit le capital donc il provient de capital lui
même car après le processus de production il existe et avant le processus de
production il n’existait pas.
Aux yeux des capitalistes la plus-value semble être le fruit du capital pris dans
son ensemble. Alors que pour Marx, elle ne peut provenir que du seul capital
variable
La valeur de la marchandise peut s’écrire comme la somme du coût de production de
la plus-value (assimilée à du profit).
Marx présente les deux point de vue : celui du capitaliste et son propre point
de vue. Le profit est donc la même chose que la plus-value. Il est simplement une
force mystifiée par les capitalistes :
Taux de profit : S/(C+V) = 1000/ (4000+1000) = 0.20  20%
= (S/V) / (1+C/V)
Taux de plus-value : S/V = 100%
Exemple : Marx montre que le taux de profit peut varier alors que le taux de plusvalue reste constant.
A
C = 800
V = 200
S = 200
Taux de profit: 200/100
= 0.2  20%
Microéconomie I
B
C = 600
V = 400
S = 400
taux de profit: 400/100
=0.4  40%
36
L1/S1
Le taux de profit de B est le double du taux de profit de A et celui-ci résulte de
la composition des capitaux investis dans les usines. Marx parle de la composition
technique et organique du capital.
Composition technique qui consiste dans la composition des quantité de
travail et de moyen de production techniquement nécessaire pour la
fabrication d’un bien déterminé.
Composition organique du capital est celle des valeurs moyennes de
production et de la force de travail techniquement nécessaire pour la
production d’un bien.
On peut en déduire 3 remarques :
 Une modification de la composition organique du capital peut provenir de deux
sources :
- Modification de la composition technique, la valeur de ces éléments
restant constant
- Modification de la valeur de ces éléments, la composition technique
reste constante
 A taux de plus-value et de salaire constant et pour 2 valeurs de capitaux de
valeur égal, celui qui aura le taux de profit le plus élevé est celui qui dans sa
composition organique comportera une part plus importante de capital
variable. En autre terme celui dont le rapport C/V est le plus faible. Ceci
résulte de ce que seul le capital variable créé de la plus-value
 Pour un taux de plus-value et de salaire constant, 2 capitaux de valeur
différente auront un même taux de profit si leur composition organique est
égale.
Exemple :
C
pl. (S) = 400/2000
C= 1600
V= 400
C/V = 4
=0.2
 20%
Les conclusions sont importantes car, Marx comme les autres classiques, considère
que la mobilité du capital assure l’égalisation des taux de profit c'est-à-dire chaque
capitaliste exige un taux de profit égale pour un capital avancé égale. Il est indifférent
aux capitalistes individuels que le capital avancé soit sous forme constant ou variable
Or le taux de profit ne dépend que de la proportion de capital variable et de, en
générale les taux de profit sont différents ce qui contredit l’hypothèse d’unicité
du taux de profit. La solution de prétendre à des taux de profit différent entre les
secteurs n’est pas satisfaisante.
Il n’est pas satisfaisant de supposer des taux d’explication différent selon la
composition organique du capital. Selon Marx ce serait abandonner l’interprétation
marxienne de la théorie de la valeur travail en reconnaissant que le travail est plus ou
moins productif en valeur suivant les moyens de production dont ils disposent. Marx,
pour résoudre la contradiction va introduire la notion de taux de profit moyen et de
prix de production.
Marx considère que 500 est un capital unique dans une entreprise divisée en
5 secteurs. Chacune des sections ayant une composition organique (C/V) différente
des autres secteurs. La composition moyenne du capital des secteurs de l’entreprise
est de 1/5 du capital total de entreprise soit 100 par section. La plus-value moyenne
est 110/5 soit en moyenne chaque section à une plus-value de 22
Microéconomie I
37
L1/S1
Marx conclue que le prix de chaque 1/5eme du produit totale des 500 s’élevait à 122
en moyenne. Pour chaque 1/5 du K total avancé devait donc être vendue à 122
La composition moyenne du capital constant, plus-value moyenne et taux de
profit moyen n’ont pas changé, pourtant la valeur de la marchandise n’est pas
la même par rapport aux valeur précédente car on introduit le capital constant
consommé. On observe l’apparition d’un écart entre la valeur de la marchandise et
le prix de la marchandise (somme des coûts de la production + taux de profit
moyenne (22)). Marx appelle prix de la marchandise c’est le prix de production
de la marchandise. Même si il existe un écart entre prix de production des
marchandises et valeur des marchandises.
On constate que les écarts se compensent en moyenne et donc la loi de la valeur
selon laquelle la valeur de la marchandise ne représente que la quantité de
travail incorporé dans cette marchandise (dont le prix de production reste vrai
dans son ensemble). Le passage au sein de chaque branche des valeurs signifie
que la plus-value globale de 110 a été répartie entre les branches à raison de 22 de
plus-value pour 100 de capital moyen ou encore puisque chaque branche possède
1/5 du capital totale, elle reçoit 1/5 de la plus-value en profit et de la val en prix de
production se réalise par péréquation de la plus-value (répartition de façon égale). La
péréquation de la plus-value c’est la redistribution de tel sorte que le capital ait
partout le même rendement.
La solution de Marx va donner lieu à un débat important dont l’origine réside
dans le caractère incomplet du raisonnement : en effet le taux de profit est obtenu
dans l’analyse de Marx par rapport à la valeur du capital investi, le prix des
produits est ensuit calculés. Or les capitalistes n’achètent pas le capital constant et
le capital variable à leur valeur mais à leur prix. Une solution correcte serait donc de
transformé aussi bien les valeurs des facteurs que les valeurs des produits en prix.
C. Produit et rente
L’analyse de la rente par Marx découle de l’analyse précédente c'est-à-dire de
la possibilité d’un écart entre prix de production et val de la marchandise. Marx
envisage par ailleurs deux formes de rentes : la rente différentielle et la rente
absolue.
L’analyse de la rente différentielle est assez proche de celle de Ricardo mais
la rente absolue est un apport totalement original.
Marx explique l’origine de la rente différentielle. Celle-ci suppose selon lui l’existence
d’un surprofit. Le surprofit existe non pas parce que les entreprises vendent au
dessus du prix de production mais parce que quelques rares entreprises bénéficient
de conditions exceptionnelle par rapport aux conditions moyennes.
La rente a pour origine la différence de qualité du sol, c’est donc une rente
différentielle bien qu’elle ne repose pas sur la loi des rendements décroissants.
A la différence de Ricardo, Marx considère qu’il existe une rente absolue c'est-à-dire
qu’elle est indépendante de la qualité ou de la fertilité du sol considéré. En effet,
Marx estime que le rapport C/V dans l’agriculture est inférieur au C/V moyen dans
toute l’économie, autrement dit l’agriculture emploi plus de travailleurs que de
Microéconomie I
38
L1/S1
machine en comparaison au secteur industrielle. Ainsi la valeur des produits agricole
est plus élevée que leur prix de production car dans le prix de production, on a le
profit moyen de l’ensemble des économies, ainsi la rente absolue représente alors la
différence entre valeur et prix de production que prélève le propriétaire foncier.
Dans tout les cas, la rente absolue ou différentielle, tout comme le profit n’existe que
parce qu’il existe une plus-value laquelle est issu de l’exploitation de la force de
travail.
IV. Les contradictions du capitalisme
Marx envisage 3 manifestations principales de ces contradictions qui
doivent de plus en plus difficiles le fonctionnement du système capitaliste et
facilite la prise du pouvoir par le prolétariat.
Il s’agit de la paupérisation croissante des travailleurs, les causes de surproduction et
la baisse tendancielle du taux de profit.
A. La paupérisation croissante des travailleurs
Pour Marx la première contradiction du système capitaliste réside dans
le faite qu’il y a une accumulation croissante des richesses d’une part et une
misère croissante des travailleurs d’autre part. Il y a simultanément une
accumulation croissante de richesse et une misère croissante des travailleurs : Marx
affirme que l’accumulation du capital signifie aussi progrès technique car les
capitalistes recherchent sans cesse une meilleure rentabilité de leurs capitaux.
La conséquence c’est l’emploi toujours plus important de machine et de
moyen de production perfectionné et qui rend plus productif le travail vivant
utiliser.
De ce faite la part de capital constant dans la composition organique du capital
s’accroît plus vite que celle du capital variable représentant la main d’œuvre. Marx
estime que dans ces conditions la population augment a un rythme plus rapide que
la demande de travail.
La conséquence selon lui n’est pas une baisse de salaire mais plutôt une
hausse du chômage et donc un accroissement de la misère. Ces chômeurs
constituent ce que Marx appelle l’armée industrielle de réserve qui est selon lui
indispensable au bon fonctionnement de l’économie capitaliste. En effet, en
période de vive expansion économie, les entrepreneurs peuvent puiser dans cette
réserve de main d’œuvre sans avoir à augmenter les salaires. Le problème c’est
qu’au fur et à mesure que l’industrie progresse, que cette capacité productive se
développe, l’armée industrielle de réserve augmente entraînant une plus grande
misère de la classe ouvrière.
Par ailleurs l’utilisation de machines de plus en plus coûteuses a également pour
effet de provoquer la concentration des capitaux. Ainsi la concurrence se termine
toujours par la faillite d’un grand nombre de petits capitalistes qui vont grossir les
rands du prolétariat.
Les capitalistes en développent les forces productives, la concentration et la
centralisation des capitaux créent en même temps les conditions de leur éviction et
de la mise ne place d’un nouveau mode de production c'est-à-dire le mode de
production socialiste avec la propriété collective des moyens de production.
Microéconomie I
39
L1/S1
Cependant le capitaliste ne disparaîtra pas tout seul il faut abolir le système
capitaliste qui sera l’œuvre de la classe ouvrière sans cesse grossissante de plus en
plus discipliné, uni et organisée par le mécanisme même de la production capitaliste.
B. La baisse tendancielle du taux de profit.
Selon Marx, on observe dans les sociétés capitalistes, une concentration de
plus en plus forte du capital et une augmentation du rapport C/V. En d’autre terme, la
concurrence et la recherche systématique d’une productivité accrut du travail, conduit
les entrepreneurs a utiliser une quantité toujours plus importante de machine et autre
moyens de production par rapport au travail. C'est-à-dire à substituer de plus en plus
du « travail mort » incorporer dans les machines à du « travail vivant ».
L’augmentation du rapport C/V signifie 3 choses :
 Les variations de C et de V sont des variations de quantité et non de valeur.
Il s’agit de modification affectant les relations techniques.
 Une augmentation du rapport C/V c'est-à-dire l’usage d’une plus grande
quantité relative de capital contant pour un niveau de capital total et un taux
de plus-value contant augmente la productivité du travail vivant.
Exemple : on souhaite produire X mètre de tissus avec un capital de 1000 :
Usine A : C=600 et V=400, et que S/V=100% donc S=400 on a alors C/V= 1,5
et donc C+V+S=1500
Usine B : C=800 et V=200 et que S/V = 100% donc S=200 on a alors C/V= 4
et donc C+V+S=1200.
La productivité du travail augmente car on constate que avec moitié moins
d’ouvriers, on produit autant de tissu tout en baissant sa valeur. Le capitaliste
a donc raison d’employer d’avantage de machines.
 Une augmentation du rapport C/V signifie bien une diminution relative de la
quantité de travail vivant, ce qui n’est pas incompatible avec une
augmentation absolue de ce travail.
À partir de ces 3 observations, on retrouve les conditions de la paupérisation
croissante des travailleurs. Cependant ces conditions sont aussi celle qui
provoque une tendance à la baisse du taux de profit.
P’ = S / (C + V) = (S/V) / ((C+V) +1)
Si on suppose que le taux de plus-value S/V est contant, le taux de profit ne dépend
que du rapport C/V qui de trouve au dénominateur. En conséquence plus le rapport
C/V augmente plus de taux de profit diminue.
Comme dans une économie capitaliste, le rapport C/V a tendance à augmenter,
Marx en conclue que le taux de profit moyen a tendance à baisser.
Ceci ne signifie pas nécessairement que le profit total baisse. Il est possible en effet
que le profit augmente à condition que l’augmentation du capital investi dans
l’économie soit plus forte. D’ailleurs les capitalistes peuvent être tentés d’accroître
l’accumulation de capital pour augmenter le profit absolu et ainsi contre carré la
baisse du taux de profit. Mais cette accumulation à terme aura pour seul effet de
diminuer encore plus le taux de profit.
En résumé pour Marx l’explication de la baisse du taux de profit vient du progrès
dans la productivité du travail grâce à l’utilisation de machine dans l’économie
capitaliste.
Microéconomie I
40
L1/S1
Enfin Marx parle bien de baisse tendancielle et non de baisse tout court du taux de
profit. Il pense en effet que si l’on considère l’énorme développement de la
productivité du travail et l’accumulation massive du capital fixe, le problème n’est pas
tant d’expliquer pourquoi il y a une baisse du taux de profit mais pourquoi cette
baisse n’a pas été plus importante ou plus rapide.
Il examine alors les principales contre tendance à la baisse du taux de profit.
La première force qui selon Marx atténue la baisse du taux de profit est la hausse du
taux de plus-value. En effet l’augmentation du taux de plus-value peut provenir d’un
allongement du temps de travail. Ce qui revient à accroître la plus-value absolue ou
bien de l’augmentation de son intensité (augmentation des cadences de travail). Ces
mécanismes sont peu actifs en raison des limites physiologiques des travailleurs.
Une hausse du taux de plus-value peut aussi provenir d’une hausse de la
productivité dans le secteur où sont produits les moyens de subsistance des ouvriers
relativement aux autres secteurs ce qui permet une baisse de la valeur de la force de
travail d’où une hausse du taux de plus-value.
Dans tous les cas pour Marx, la hausse du taux de plus-value est limitée. Il doit
arriver à un point où la baisse du taux de profit est inéducable. En d’autre terme, ce
que Marx veux mettre en évidence ce son donc les contradiction inhérentes au mode
de production capitaliste que l’on peut résumer de la façon suivante :
Dans le mode de production capitaliste, tous les éléments qui contribuent au
développement des forces productives et au progrès de la production
suscitent en même temps des forces contraires allant dans un sens opposé.
On retrouve ici les deux premiers termes de la dialectique hégélienne : thèse et
antithèse. Le troisième terme, la synthèse sera l’œuvre des communistes,
c'est-à-dire du prolétariat organiser en classe.
Marx a néanmoins négligé l’adaptation du système capitaliste. En termes de rigueur,
les thèses de Marx ne sont pas aussi poussées que celles de Ricardo.
Microéconomie I
41
L1/S1
PARTIE 2
Les origines de l’analyse économique contemporaine
À partir de la fin du XIXe siècle, on voit l’apparition des mathématiques dans
les analyses économiques. Au début des années 1870 et plus précisément en 1871
et 1874, 3 auteurs (Stanley JEVONS, Karl MENGER, Léon WALRAS), travaillant de
façon intellectuelle différente, ont publié des travaux dont les contenus sont
étonnamment proches.
Dans leurs travaux, ils donnent une nouvelle façon d’appréhender les
phénomènes économiques. Ils ont fondé le marginalisme. Cette école de pesée se
développe rapidement et domina toute la pensé économique jusqu’aux travaux de
Keynes dans les années 30.
Les marginalistes s’attachent comme les classiques à préciser les conditions
d’amélioration du niveau de satisfaction des hommes, mais ils considèrent au
contraire des classiques que l’élévation du taux de satisfaction s’obtient
principalement par une meilleure utilisation des ressources existant pour une
population donnée avec des besoins et des capacités productives données. Le
problème majeur de la théorie économique est donc celui de l’affectation
optimale des ressources entre plusieurs utilisations alternatives. Allocation
optimale dans le sens ou elle vise une plus grande satisfaction des hommes.
Chapitre IV : Les marginalistes
I. Les fondateurs du marginalisme.
A. L’apport de Jevons (1835 – 1882)
Jevons est un logicien et économiste anglais, dont l’ouvrage le plus célèbre
s’intitule « Traité d’économie politique » publié en 1871. Sur les méthodes que doit
utiliser l’économie politique, Jevons a une opinion très tranchée, l’économie est aussi
mathématique que la physique. Mais Jevons est surtout connu pour avoir développé
une théorie de l’utilité. Pour Jevons, la valeur est subjective, et naît de la relation de
l’individu à ses besoins. Il s’inspire du philosophe anglais BENTHAM, fondateur de
ce que l’on appelle l’utilitarisme.
« La théorie qui suit est entièrement basée sur le calcul du plaisir et des
peines et l’objet de l’économie est d’acheter le bonheur avec la peine la plus
basse ».
L’homme, selon Jevons, dispose de biens utiles. L’utilité d’un bien et défini
comme la propriété de procurer du plaisir ou d’éviter un déplaisir. Mais il ne s’agit pas
d’une qualité propre du bien. L’utilité est une relation. Elle exprime le rapport de
Microéconomie I
42
L1/S1
l’homme aux choses. Ainsi les portions d’une même marchandise ne sont pas d’une
utilité égale. Une marchandise peut être indispensable jusqu'à un certain niveau
quantitatif.
Jevons fait la distinction entre l’utilité totale d’un bien et ce que Marshall devait
plus tard désigner comme l’utilité marginale et ce que Jevons appelait le degré final
d’utilité. Le degré final est défini par Jevons comme « le degré d’utilité de la dernière
quantité ajoutée ou de la dernière addition possible d’une quantité très petite ou
infiniment petite au stock existant ».
Au fur et à mesure que l’on accroît la quantité d’un bien considéré par exemple : la
quantité additionnelle de nourriture satisfait un besoin moins pressant. Autrement dit
l’utilité de la dernière unité, c'est-à-dire l’utilité à la marge donc l’utilité marginale
diminue quand la quantité augmente. Cette utilité marginale ou ce degré final de
l’utilité, Jevons l’écrit de la façon suivante :
du / dx
x : La marchandise consommée
u :L’utilité totale de x
du/dx représente donc l’augmentation de u suite à une augmentation x
Cependant plus x augmente, plus l’augmentation de u qui en résulte est faible.
L’utilité marginale est donc décroissante c'est-à-dire du/dx diminue quand x
augmente. Autrement dit, l’utilité marginale est décroissante signifie que du/dx est
décroissant. C'est-à-dire l’augmentation de l’utilité diminue au fur et à mesure que x
augmente.
Jevons montre ensuite que l’utilité totale d’un bien qui a plusieurs emplois sera
la plus grande c'est-à-dire maximiser quand les degrés finaux d’utilité seront égaux
dans tous les emplois. Jevons ne fait pas explicitement la distinction entre la
conception ordinale et cardinale de l’utilité.
-
-
La conception cardinale : l’utilité d’un bien peut se mesurer. On peut
dire de combien l’utilité d’un bien est plus grande que celle d’un autre
bien.
La conception ordinale : l’utilité un phénomène psychologique. Un
individu peut dure si tel ou tel bien lui procure plus de satisfaction qu’un
autre mais il ne peut pas dire de combien.
Wilfrido PARETO va montrer qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une conception
cardinale pour répondre aux objectifs économique. Jevons sans faire explicitement la
distinction entre les deux conceptions pensait qu’il était inutile de faire des mesures
de niveau d’utilité.
A partir de sa théorie de l’utilité, Jevons a pu construire une théorie
d’échange : on considère deux personnes 1 et 2. La personne 1 détient une quantité
a du bien A. La personne 2 détient une quantité b du bien B. La personne 1
abandonnera des unités de A pour obtenir des unités de B. L’échange se poursuivra
entre les deux individus tant que chacun considérera la perte d’utilité résultant de la
session d’une unité de la marchandise qu’il possède comme inférieur au gain d’utilité
résultant de l’acquisition d’une unité de la marchandise qu’il se procure :
Microéconomie I
43
L1/S1
A
Bien A (a)
X quantité du bien A cédé par A
Aa–x
BY
B
bien B (b)
Y quantité de bien B cédé par B
Ax
Bb–y
1(a - x) = utilité marginale du consommateur 1 retirée du bien A
1(y) = est l’utilité marginale du consommateur 1 gagné du bien B
2(x) = utilité marginale du consommateur 2 retirée du bien A
2(b - y) = est l’utilité marginale du consommateur 2 gagné du bien B
Jevons établi qu’il y’aura échange entre les individus jusqu’au conditions
suivantes :
1(a - x) / 1(y) = y / x = 2(x) / 2(b-y)
1(a - x) = est le degré final d’utilité du bien A détenu par 1
1(y) = est le degré final d’utilité du bien B obtenue en contre partie.
Tant que : 1(a - x) < y / x * 1(y), l’échange doit donc continuer car l’individu 1
gagne à céder une unité de A pour obtenir une y/x unité de B car il perd 1(a - x) en
degré d’utilité mais gagne y / x * 1(y) en degré d’utilité. A - x diminue donc 1(a - x)
augmente tandis que y augmente et 1(y) diminue et l’individu 1 a intérêt à
l’échanger tant qu’il n’y a pas d’égalité.
y/x est donc le rapport d’échange entre les deux biens, et ce rapport
d’échange est égal à l’inverse du rapport des utilités marginales des quantités
disponibles pour la consommation une fois l’échange réalisé.
On peut l’écrire comme ça aussi :
U1mA / U1mB = U2mA / U2mB
X est la quantité de bien A que l’individu 1 a dû céder pour acquérir la quantité
de bien B. Donc x est le prix payé en bien A pour obtenir du bien B. y est donc le prix
payé en bien B pour obtenir du bien A.
U1m / U1m = PA /PB = U2mA / U2mA
du / dx > 0 d2u / dx2 = (d(dx / du)) / dx
Tout ce que dit cette relation est que le rapport des utilités marginales pour
chaque individu est égal au rapport des coûts. En conséquence, le rapport des
utilités marginales d’un individu est égal au rapport des utilités marginales pour
l’autre individu. L’équilibre est atteint lorsqu’il y a égalité des utilité marginale
des biens, pondéré par leurs prix pour chaque individu.
U1mA / PA = U1mB / PB = U2mA / PA = U2mB / PB
Microéconomie I
44
L1/S1
Une fois cette condition obtenue, il n’y a plus d’opportunité d’échange entre
les deux individus. La location des deux biens entre les deux individus est telle, que
la satisfaction ou l’utilité totale des deux individus est maximale.
Jevons va tenter de généraliser ce résultat en considérant un grand nombre
de personnes, mais cette tentative n’aboutira pas. La condition de Jevons suppose
données les quantités de biens dont les échangistes disposent. Ainsi quand l’offre de
biens est connue, et répartie entre les individus, l’utilité marginale d’un bien
relativement à l’utilité marginale d’un autre bien, détermine la valeur d'échange.

Qu’est ce qui détermine l’offre ?
Jevons répond par la formule suivante : « Le coût de production détermine
l’offre, l’offre détermine le degré final d’utilité et le degré final d’utilité détermine la
valeur. » Cependant, il n’explique pas comment s’établissent l’offre et la production
de bien. Enfin Jevons rejette la théorie de la valeur travail. La valeur d’un bien c’est
son utilité marginale et le travail ne peut avoir une incidence indirecte sur la valeur à
travers le coût de production.
B. Menger et l’école de Vienne ou autrichienne.
A la différence de Jevons, il a fondé une école de pensée lécole de Vienne ou
aussi école Autrichienne.
Menger place l’individu au centre de l’analyse économique, mais il essaye,
à la différence de Jevons, de construire une théorie subjective de la valeur,
indépendante de toute référence éthique et utilitariste. Menger commence son
analyse en définissant le concept de bien. Selon lui, les deux pôles fondamentaux
de l’activité économique sont constitués par les besoins des individus et les
façons de les satisfaire. L’utilité est définie comme l’existence d’un lien causal entre
une chose et un besoin humain.
Pour qu’une chose devienne un bien, il faut que 4 conditions soient remplies :
- L’existence d’un besoin humain.
- La chose doit posséder des propriétés qui la rendent aptes à rendre ce
besoin.
- L’homme doit reconnaître cette aptitude à satisfaire ce besoin.
- L’homme doit avoir sur cette chose un pouvoir de disposition tel qu’il
puisse l’employer à satisfaire ce besoin.
Deux classifications des biens peuvent alors être construites :
- Ranger les biens selon que leur disponibilité (cf. 4e condition) excède
les besoins ou non. Quand la disponibilité est inférieure au besoin,
les biens sont qualifiés de biens économiques. Ils sont qualifiés de
bien non économique dans le cas contraire. Les biens économiques
sont donc d’abord caractérisés par leur rareté.
- Ranger les biens d’un point de vue technique suivant leur proximité par
rapport au besoin. Ce caractère de proximités est qualifié d‘ordre.
Les biens d’ordre 1 satisfont directement les besoins : le pain. Les
biens d’ordre supérieur ne les satisfont qu’indirectement : le blé et la
Microéconomie I
45
L1/S1
farine. Ainsi les biens d’ordre supérieur à 1 soient complémentaires, ils
dépendent de la disponibilité d’autre bien
II. Léon Walras : la théorie de l’équilibre économique général (1834 – 1910)
L’œuvre de Walras est la 3e source du marginaliste avec « Elément d’économie
politique pure ». En effet, Walras voulait construire un modèle complet
d’équilibre général de l’économie en utilisant exclusivement le langage des
mathématiques. L’adjectif pur est utilisé par analogie avec une expression
employée en mécanique dite pure (sans frottement).
A. L’équilibre économique général
1. Les origines de la démarche de Walras.
D’après Walras lui-même deux influences semblent l’avoir marquées : celle de
son père et celle d’Augustin Cournot (1801 – 1877).
Cournot fonde son étude, non pas comme le veut la tradition, sur l’hypothèse de
marché concurrentielle, mais en prenant comme point de départ le cas d’un
monopôle. C'est-à-dire le cas où une seule entreprise qui produit un bien donné.
Cournot a mis en évidence pour la première fois le coût marginal et la recette
marginale. Il a ensuite cherché à rendre plus complexe son analyse en introduisant
un second vendeur (cas de duopole) puis un nombre élevé de vendeurs. La
concurrence apparaissant ainsi comme un cas limite, Il est le premier à utiliser en
économie une fonction de demande : D= F(p) : la Demande d’un biens est une
fonction F du Prix. Elle est censée dépendre inversement du prix (F’(p) < 0)
Par ailleurs, pour Cournot, cette fonction est continue c'est-à-dire c’est une
fonction qui ne passe pas soudainement d’une valeur à une autre mais qui prend
dans l’intervalle considéré toutes les valeurs intermédiaires. À partir de là, on peut
connaître la recette totale du monopôle.
La recette totale RT = p. F(p)
La recette marginale Rm est la dérivée de la fonction RT par rapport au prix. C’est la
recette procurée par la vente d’une unité supplémentaire du produit.
Rm = dRT / dp = 1 . F(p) + pF’(p)
La recette marginale est bien le supplément de recette obtenue à partir de
augmentation du prix de l’unité. Plus précisément la recette marginale est la somme
de deux éléments :
- Le surcroît de recette dû à l’augmentation du prix, et qui dépend du
niveau de la demande F(p) >0.
- La baisse de recette due à la baisse de la demande en raison de
augmentation du prix pour un niveau de prix donnée.
Microéconomie I
46
L1/S1
2. Le système de Walras
La loi de Walras nous dit que la somme de la valeur des excès nets de
demande sur tous les marchés est toujours nulle.
Conséquence : d’après la loi de Walras, dans une économie comprenant n marché
l’équilibre sur n-1 marché implique l’équilibre du dernier marché n.
3. Existence et stabilité de l’équilibre générale
La notion d’équilibre de Walras peut être défini de la façon suivante : un
système est en équilibre lorsqu’il ne tend pas spontanément à quitter la
position dont il se trouve. Cet équilibre peut par ailleurs être stable ou instable.
S’il est stable, tout mouvement (choc exogène) qui éloigne le système de sa
position d’équilibre engendre des forces internes qui tendent à le ramener vers
l’équilibre.
L’équilibre peut être instable si le mouvement qui déporte le système
engendre des forces internes qui éloignent encore davantage le système de
sa position d’équilibre initiale.
Walras s’est également interrogé sur la stabilité économique en tant que
telles c'est-à-dire sur les conditions de la stabilité et sur le processus de la tendance
à l’équilibre général. Pour Walras, les conditions de stabilité reposent
essentiellement sur les mouvements des prix. Autrement dit, si une perturbation
affecte le système économique, la libre variation des prix doit permettre au
système de revenir à l’équilibre.
On verra que pour Marshall, ce sont essentiellement les variations de quantité qui
assurent la stabilité de l’équilibre.
L’autre question c'est-à-dire celle de tendance vers un équilibre général est
plus délicate.
Supposons que tous les prix sur l’ensemble des marchés soient des prix d’équilibre
et qu’ils soudaient l’équilibre, soient perturbés sur le marché des voitures. La règle
walrassienne nous incite à modifier les prix des voitures de manière à éliminer sur ce
marché l’excédent positif ou négatif de la demande. Mais comme dans le système de
Walras ce qui est déterminant ce sont les rapports d’échange entre les biens ou les
prix relatif, cette correction va remettre en cause l’équilibre de tous les autres
marchés.
En effet, tous les marchés sont reliés entre eux par la condition de l’égalité une utilité
marginale pondérée par les prix. Il faut donc procéder à un réajustement des prix sur
ces autres marchés puis de nouveau sur le marché des voitures … etc. Walras, là
encore sans le démontrer, pense que les interactions (ajustement successif)
seront de moins en moins importantes au fur et à mesure que l’on s’achemine
vers l’équilibre c'est-à-dire que le processus est convergent.
Walras envisage un processus de convergence connue sous le nom de
tâtonnement dans le cas ou l’activité économiques consiste uniquement à échanger
des produits et il érudit ce processus dans le cas général c'est-à-dire dans le cas où
l’activité économique est faite d’échange mais aussi de production.
Walras imagine, pour établir des prix d’équilibre, une grande vente aux
enchères à la criée. Les enchères publiques ou les marchés boursiers sont les
Microéconomie I
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L1/S1
parfait modèle en tout cas les représentations les plus purs du processus
concurrentiel dans l’ensemble de l’économie.
Au court de ces enchères, un commissaire-priseur crie d’abord des prix au hasard.
Si à tel ou tel prix annoncé à la criée, il apparaît un excédent de demande (ou un
déficit d’offre) le prix sera corrigé à la hausse et inversement à la baisse si le
commissaire-priseur constate au prix annoncer un déficit de demande (ou un
excédent d’offre).
En effet, Walras imagine un système qui permet de centraliser toutes les
informations sur les offres et les demande de chaque bien ce qui permet
d’aboutir au prix d’équilibre. Si l’on considère que les biens échangés sont avant
tout des biens produits, alors le processus de tâtonnement est compliqué par le fait
que la modification des prix affecte aussi la quantité produite.
Le reproche que l’on fait à Walras est d’ignorer, dans sa théorie du
tâtonnement l’écoulement du temps réel, et la difficulté ainsi que les coûts
d’obtention de toute information sur les offres et les demandes sur tout les biens.
B. Wilfrido Pareto (1848 – 1923) : la théorie économique du bien
être.
PARETO marque la naissance de la théorie de l’optimum de l’économie dite
du bien-être. Il innove et développe une théorie des choix exploré à l’aide de
l’outil des courbes d’indifférence.

Qu’est ce qu’une courbe d’indifférence ?
Considéreront un individu qui consomme deux bien X et Y : une courbe
d’indifférence est l’ensemble des combinaisons ou des assortiments possibles
de ces deux biens et qui procure à l’individu le même niveau d’utilité de
satisfaction. Le long d’une courbe d’indifférence, le niveau de satisfaction reste le
même, mais l’assortiment entre les deux biens varie.
L’outil de la courbe d’indifférence est une innovation majeure car elle marque
ère
la 1 apparition rigoureuse d’une conception ordinale de l’utilité.
L’utilisation d’une courbe d’indifférence permet de s’abstenir de recourir à une
conception cardinale de l’utilité pour expliquer les choix économiques. Laquelle
conception suppose que l’utilité ou la satisfaction est mesurable. Pareto pense même
que l’on peut se dispenser de tout recours à la notion d’utilité. Pour qu’un agent
fasse des choix rationnels, il doit être uniquement capable de classer des
objets par ordre préférentiel les uns par rapport aux autres.
Considérons une économie composée de deux agents économique et qui
consomme deux types de biens X et Y disponible en quantité limité. Le problème que
se pose Pareto est de savoir quel est la répartition des deux biens entre les deux
individu de telle façon que le maximum de satisfaction soit atteint pour les deux
individu. Pour résoudre ce problème, il utilise la boîte d’Edgeworth laquelle consiste à
représenter les courbes d’indifférence de deux individus sur un même graphique.
Microéconomie I
48
L1/S1
y
OB
OA
x
La taille du rectangle représente la quantité disponible et donc chaque point
de la boîte représente une allocation ou une répartition des deux biens entre les
individus, on a deux systèmes d’axe d’ordonné. Le premier permet de représenter les
courbes d'indifférence dans l’espace des biens X et Y dans l’individu A et le second
système des courbes d'indifférence de l’individu B dabs l’espace des deux biens.
Pour chaque individu plus la courbe d'indifférence est éloignée de son origine et plus
son niveau d’utilité est important.

La question est de savoir s’il est possible d’améliorer la satisfaction des 2
biens sans déteriorer celle des individus ?
On peut continuer la transformation jusqu’au point P, l’individu B n’est toujours
pas laisser mais l’utilité de A est encore plus élevé relativement au point V. Par
contre à partir de P, il n’est pas possible d’augmenter la satisfaction de A sans
diminuer celle de B. Le point P correspond donc à une allocation de ressource
qui est optimale au sens de Pareto. Au point P il n’y a aucun gaspillage de
ressources. On dit que c’est un optimum de Pareto. Mais pour l’obtenir on applique le
critère de Pareto dit critère de biens être lequel permet de définir l’optimum de
Pareto.
Plus précisément le critère de Pareto se propose de comparer les différentes
façons d’allouer les différentes sources disponibles parmi les individus
composant l’économie. Ainsi une répartition Q’ est selon le critère de Pareto
strictement préféré à une répartition Q si le passage de Q à Q’ n’entraîne pas de
baisse d’utilité pour aucun individu, l’un d’entre eux au moins voyant son utilité
augmenter.
Un optimum de Pareto est une répartition des ressources telle qu’il n’existe
pas d’autre répartition qu’il lui soit strictement préférée selon le critère de
Pareto. Autrement dit un optimum de Pareto est que l’on ne peut améliorer la
situation de certains sans détérioré celle des autres.
Ainsi le cas où un individu détient toutes les ressources, alors que toutes les autres
détiennent une quantité de ressources négligeable, peut être un optimum de Pareto
si il n’est pas possible d’améliorer la situation des démunis sans détériorer celle de
celui qui détient toutes les ressources.
Le critère de Pareto est donc pauvre d’un point de vue éthique mais il à l’avantage
d’être un outil simple d’évaluation de différente allocations des ressources entre les
individus.
Microéconomie I
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Chapitre V : L’apogée de la pensé classique, Alfred Marshall
Alfred Marshall a crée les concepts modernes comme l’élasticité de surplus
des coût marginale. La démarche générale est la suivante :
Les éléments qui gouvernent la valeur doivent être recherchés d’une part dans
l’utilité apportée par les biens consommés et d’autre part dans les efforts et les
sacrifices impliqués par la production. Ces satisfactions et ces coûts sont
susceptibles d’une évaluation par le marché et c’est la monnaie qui va jouer le rôle
de la mesure. Ainsi sur le marché, l’utilité gouverne la demande et le coût
gouverne l’offre. Ces deux lames de ciseaux permettent de déterminer les prix.
I. L’étude de la consommation : la théorie de la demande.
La conception de Marshall de la demande diffère fondamentalement de celle
des classiques. Chez les classiques, la demande concerne des quantités de biens
nécessaires pour satisfaire des besoins particuliers. Il y a ainsi une demande de
biens de subsistance ou bien une demande de travail productif qui correspond à une
accumulation de capital désiré etc.… .
Il résulte de cette conception deux conséquences :
 La demande n’est pas un concept général, il existe des demandes
correspondant à des domaines particuliers ou à des comportements
particuliers.
 Les demandes sont rarement reliées au prix de marché. Elles sont
souvent fixées à un certain niveau, on dit qu’elles sont rigides ou inélastiques.
La population doit être nourri ce qui détermine la demande de blé, un certain
volume de capital doit être accumulé ce qui détermine la demande de travail
productif etc.….
En fait, la réflexion des classiques se porte essentiellement vers l’analyse des forces
gouvernante et donc le prix naturel lequel dépend essentiellement de l’offre.
Dans l’analyse de Marshall la demande joue un rôle central.
D’abord parce que la détermination du prix de marché et non du prix naturel et l’un
des principaux problèmes étudier de sorte que la demande prend naturellement sa
place à côté de l’offre.
D’autre part parce que la demande devient un concept général pertinent pour
l’ensemble des marchés.
Walras a été le premier à faire jouer un tel rôle à la demande mais c’est
véritablement à Marshall que revient le mérite d’avoir développé la théorie dans ce
domaine.
Marshall construit une courbe de demande de biens en trois étapes :
Microéconomie I
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1)
L’équilibre du consommateur
Si le consommateur acquiert des biens sur le marché, c’est pour obtenir des
satisfactions ou utilité en utilisant au mieux le budget dont il dispose. Ainsi comme
Jevons avant lui, Marshall suppose que les utilités successives apporter par des
unités supplémentaires d’un bien donné sont décroissante, L’utilité marginale est
donc décroissante. Le consommateur conformément à la règle de Jevons, que
Marshall reprend, maximise sa satisfaction lorsque la condition suivante est vérifiée :
Um1/P1=Um2/P2=…….=Um1/Pi
Le consommateur maximise sa satisfaction lorsque :
- Les utilités marginales pondérées par l’inverse des prix sont égales
entre elles.
- Le rapport des utilités marginales est égal au rapport des prix
correspondant
- L’utilité du dernier euro dépensé est le même dans tous les emplois
possibles.
La 2e étape pour construire la courbe de la demande est celle qui consiste à prendre
en compte la monnaie.
2)
Prise en compte de la monnaie
Pour Marshall, la monnaie replie une fonction de transaction. Dès lors chaque
individu souhaite détenir une quantité de monnaies en terme réel qui est
proportionnelle à son revenu réel.
M / P = K . (y / p)
Quantité de monnaie en terme réel = revenu réel
En terme réel signifie que l’on divise la variable nominale par un indice de prix pour
déflater ou corriger de l’inflation la variable. La monnaie apparaît donc aux côtés des
autres biens dans la suite des inégalités marginales. Chaque rapport Umi / Pi qui
peut être interprété comme l’utilité du denier euros dépense dans l’achat du bien i est
égale à l’utilité marginale de la monnaie détenue. Ce résultat est intuitif car les unités
monétaires étant interchangeable, l’utilité marginale de la monnaie dépense soit
l’utilité du dernier euro dépensé doit être égale à l’utilité marginale de la monnaie
détenue.
3)
La courbe de la demande
La étape consiste à dériver la courbe de demande de l’utilité. Considérons le bien
i. On peut écrire que l’utilité marginale est égale à l’utilité marginale de la monnaie
multiplié par le prix de i
Marshall suppose que l’utilité marginale de la monnaie est constante alors que celle
de l’autre bien est décroissante. « Quand le prix d’un bien se modifie, le revenu
réel du consommateur se modifie lui aussi. »
Par exemple quand un prix baisse le revenu réel augmente et les dépenses peuvent
augmenter et donc l’utilité du dernier euro diminue puisque que l’on consomme plus
d’un bien dont l’utilité marginale est décroissante. Le fait qu’une baisse du prix d’un
bien augmente le revenu réel du consommateur est appelé aujourd’hui l’effet revenu.
3e
Microéconomie I
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Marshall suppose que ces effets revenus sont négligeables ce qui revient à
considérer que l’utilité marginale de la monnaie est contante. Il est ainsi possible
de dériver la courbe de demande d’un bien en fonction de son prix. L’utilité marginale
de la monnaie étant constante, on a l’utilité marginale du bien i qui doit être égale au
prix de ces biens multiplié par une constante c.
Supposons que c = 1
On a : Umi = Pi
Lorsque pi augmente Umi augmente également or l’utilité marginale i est
décroissante c'est-à-dire, plus on consomme de bien i plus l’utilité marginale décroît
donc pour que l’utilité marginale augmente, il faut consommer moins de bien i en
conséquence, on a donc une relation inverse entre la quantité demandée de bien i et
le prix de ce bien.
On peut ainsi énoncer la loi générale de la demande. La quantité demandée
croit quand le prix baisse et diminue quand le prix augmente.
Cependant il s’agit de la demande pour un bien particulier et toute l’analyse est
conduite en supposant que les demande de biens différents sont indépendantes des
unes des autres. C’est pourquoi on dit que Marshall a initié l’analyse en équilibre
partielle (c’est-à-dire sur un seul marché par opposition à l’analyse d’équilibre
général de Walras).
Marshall prend soin de noter qu’il n’existe aucune relation déterminée entre les
variations du prix et les variations de la quantité. Pour évaluer cette relation, il
introduit la notion d’élasticité qui est en un point de la courbe de demande le rapport
de la variation relative de la quantité à la variation relative du prix. Cette élasticité
pour un bien i de la façon suivante :
i = (qi / qi) / (pi / pi)
= (Pi / Qi) / (1/ pente)
Pente = (Pi / Qi)
Si une chute de 1% du prix entraîne un accroissement de 2% de la demande, on dira
que l’élasticité de la demande est de 2.
A partir de sa théorie de la demande, Marshall introduit ce qu’il appelle le surplus du
consommateur.

Comment définir ce surplus ?
Schéma TD
La courbe de demande traduit la relation inverse entre le prix et la quantité
demandée. Supposons que le prix du bien P1 la quantité demandée soit égal à Q1.
Cependant le consommateur aurait été disposé à payer un prix supérieur à P 1 pour
toutes les quantités situées entre 0 et Q1.
On peut donc considérer que le consommateur obtient un surplus de satisfaction
pour toutes les unités consommées avant la dernière unité ou avant l’unité marginale
donc pour toutes les unités intramarginales. La totalité du surplus du
consommateur est compris dans l’aire bornée par la courbe de demande et des
axes X et Y.
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« L’excédent du prix que le consommateur accepterait de payer plutôt que de partir
sans le bien sur le prix qu’il paye effectivement constitue la mesure économique de
ce surplus de satisfaction c’est le surplus du consommateur »
II. L’étude de la production : la théorie de l’offre
Pour Marshall la demande constitue le premier volet ou la première lame de
ciseaux de la détermination des prix. La second est l’offre, dans la logique de
Marshall, il existe une symétrie entre la détermination de l’offre et celle de la
demande.
Tout comme les consommateurs qui bénéficient de l’utilité des bien qu’il
acquièrent, les offreur de services productifs (Exemple : ceux qui détiennent le
capital ou leur force de travail) supportent en quelque sorte une désutilité qui
augmente à un rythme croissant, autrement dit la désutilité marginale est
croissante (Exemple : plus on travail plus c’est pénible et de plus en plus).
Ainsi pour Marshall, de la même façon pour les courbes de demande sont
obtenue à partir de l’utilité des biens consommés, on peut construire des courbes
d’offre qui dépende de la désutilité en travaillant ou en prêtant son capital. Ces
courbes d’offre mettent en relation la quantité de travail offerte avec le prix qu’en
demandent les travailleurs : C’est le prix d’offre que Marshall définie de la façon
suivante :
« C’est le prix exigé pour mobiliser l’effort nécessaire pour produire une
quantité déterminer d’une marchandise. »
On peut ainsi établir une courbe d’offre ainsi qu’un surplus de l’offre du service
productif exemple le travail. Plus le prix offert en échange du service producteur est
important, plus le salaire est important et plus l’offre de travail est importante.
Schéma 3
Pour toute les quantité de travail situé entre 0 et L* le travail est rémunéré au
dessus de son prix d’offre c'est-à-dire à un prix supérieur à celui qui aurait été
nécessaire pour l’inciter à s’offrir sur le marché.
Mais comme toutes les quantités de travail intramarginales (inférieur à L*) sont
payées au taux W*, le surplus du travailleur est représenté par le triangle situé au
dessus de la courbe d’offre et en dessous du segment W*A. On peut faire le même
raisonnement pour celui qui épargne on obtiendrai ainsi une relation croissante entre
le prix d’offre du capital et l’offre en quantité du capital. Le prix d’offre du capital
c’est l’intérêt.
Marshall considère aussi le sol comme un facteur de production il adopte
la position de Ricardo : le sol est soumit à la loi des rendement décroissant et le
surplus pour celui qui offre la terre c’est la rente.
Marshall considère un 4e facteur de production qu’il appelle organisation et qui
consiste qui offre ce service d’organisation à coordonner les autres facteurs de
production et en particulier le travail et le capital.
Microéconomie I
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Marshall résoud le problème du temps dans la production en distinguant
plusieurs période.
1e période : La période de marché
Très court terme : la totalité des offres sont fixées. La firme ne peut répondre à un
change de la demande par l’ajustement de son offre c’est donc le prix qui s’adapte.
En conséquence c’est la demande qui fixe le prix des biens puisque l’offre est fixe.
2e période : La courte période
La taille et l’équipement de l’entreprise et donc la capacité de production de
l’entreprise sort fixe cependant des ajustement de production sont possible puisque
l’on peut faire faire des heures supplémentaire ou embaucher de nouveaux et
d’acheter plus de matière première.
3e période : La longue période
La capacité de production de l’entreprise est variable. Il peut être profitable pour
l’entreprise d’abaisser l’ensemble de ses coûts de production en augmentant ses
capacités.
Marshall considère également une 4e période de très long terme dans laquelle les
modes de production se modifient.
A. Analyse de la courte période
A court terme les coûts se répartissent entre coûts premiers et coûts
supplémentaires (coût variable et coût fixe).
Les coûts fixes ne varient pas suivant le niveau de production. Il s’agit par exemple
des dépenses liées au démarrage de l’entreprise, des remboursements d’un prêt,
des loyers etc.
Les coûts variables varient avec le niveau de production (salaires, achat de matières
premières, entretien…).
La somme des coûts fixes et des coûts variables constitue le coût total ou global.
CT = CF + CV
Le coût moyen c’est le coût total divisé par le nombre de quantité produite.
CM = CT / q
Le coût variable moyen c’est le coût variable divisé par la quantité produite.
CVM = CV / q
Le coût marginal : c’est le coût additionnel lié à la production d’une autre unité
supplémentaire.
CM = dCT / dq
Marshall considère que le coût variable qui augmente avec les quantités produites a
la forme d’une courbe en S qui passe par l’origine des axes et elle possède un point
d’inflexion I.
Jusqu'à ce point I le coût augmente avec les quantité mais moins que
proportionnellement (avec un taux décroissant).
Cependant après ce point I, le coût augment avec les quantités mais plus que
promotionnellement (à un taux croissant).
Schéma 4 (voir TD)
THE END
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