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On admet généralement que le terme d’économie politique date de 1615 avec
le « traité d’économie politique » d’Antoine de Montchrestien.
Au début du XVIe siècle, l’économie politique commence à émerger comme
discipline autonome.
Bien que Montchrestien fût l’inventeur du terme, on considère Adam Smith comme le
père de l’économie politique.
Personne ne conteste cependant l’activité économie avant eux mais pas en tant que
science proposant un discours positif (qui tente d’expliquer les phénomènes), plutôt
comme une discipline au discours normatif (qui tente d’expliquer ce qu’il devrait
être, et comment faire pour le réaliser).
Cette norme, mise en pratique depuis Aristote (-384 ;-322) est la philosophie
politique.
Pour Aristote, l’activité économique doit être telle qu’elle permette le fonctionnement
de la cité : il subordonne l’économie à la politique (l’élaboration philosophique du
fonctionnement de la cité)
Quelle doit être la politique de la cité ?
Comment doit-on tourner l’économie ?
Au Moyen Age, l’économie se transforme et subordonne la théologie chrétienne (St
Thomas d’Aquin), et il faudra que l’économie se libère de ces 2 tutelles et surtout de
celle de la théologie chrétienne pour pouvoir se développer comme science
indépendante.
Historiquement, la pensée économique s’est formée à l’opposé de la pensée
chrétienne. Les théories et les pensées dominantes vont se faire en opposition
radicale avec celle-ci.
Parmi ces précurseurs de l’économie politique, on distingue 2 catégories : Les
Mercantilistes, et les Physiocrates.
I. Les Mercantilistes
Ce sont surtout des auteurs de la vie sociale et politique : ministres,
hommes d’état, magistrats, avocats et marchands. Il s’intéressent à des problèmes
très concrets et ne cherchent pas à théoriser leurs idées, et pour cette raison, on ne
trouve pas de pensée ni de théorie mercantiliste. En revanche, il existe quand même
une direction dans leurs idées :
A. L’enrichissement et l’autonomie de l’état
L’esprit du mercantilisme s’oppose et s’affranchit de l’esprit médiéval pour
s’insérer dans le cadre de la nation et de l’état.
INTRODUCTION GENERALE
Les précurseurs de l’économie politique.
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Au début du XVIe apparaît une nouvelle théorie de l’état dont l’un des précurseurs
est Machiavel (1469-1527). Selon lui, les états naissent dans la violence et doivent
souvent se maintenir grâce à elle. Ainsi l’efficacité politique contredit l’enseignement
de la morale et de l’église au nom d’intérêts supérieurs.
« Le prince chargé de conduire l’état est souvent contraint de le conduire contre
l’humanité, contre la charité et la morale » (Machiavel)
Dans la conception de Machiavel, le rôle du prince est d’établir, de garantir et
d’étendre la prospérité de la cité. En d’autres termes, à partir du XVIe la conception
dominante de l’état est celle d’un état autonome.
Les fondements du mercantilisme sont d’abord politiques. L’autonomie de l’état ne
peut être garantie que si l’état lui-même est autonome. Pour cela, il faut qu’il soit fort,
mais un état fort est avant tout un état riche, en particulier parce qu’il doit avoir les
moyens de lever une armée, laquelle doit garantir l’autonomie de l’état.
Cependant, l’erreur des mercantilistes est de lier richesse et or. L’activité des
marchands doit créer le stock d’or. La doctrine mercantiliste s’inscrit donc dans
l’étude des moyens d’enrichissement de l’état pour garantir son autonomie.
B. La doctrine mercantiliste
La monnaie est au centre de la doctrine mercantiliste. Il s’agit pour
l’essentiel de s’enrichir en faisant des échanges extérieurs avec les marchands. Le
mot d’ordre est donc la balance excédentaire : une exportation supérieure permet
une entrée de stock d’or.
Les auteurs mercantilistes espagnols et portugais visent à déterminer les facteurs
d’accumulation et de conservation des métaux précieux dans le royaume. Par
conséquent ils prônent l’interdiction d’exporter de l’or et de l’argent, l’obligation de
régler en marchandises les achats à l’étranger et l’obligation de rapatrier les gains en
or et argent à l’intérieur du pays.
[ ] Elle est constituée de métal précieux marqué d’une empreinte informant le poids
d’or ou d’argent.
Cependant, la tentation est grande pour le Roi, qui a le monopôle de l’émission de la
monnaie, d’augmenter l’émission de la monnaie en la dévaluant (moins d’or dans
chaque pièce).
Mais les mercantilistes s’opposent à ces manipulations et soutiennent en général que
valeur marchande et valeur légale doivent coïncider. L’une des principales raison
avancées est la loi de Gresham (1519-1579) : « La mauvaise monnaie chasse la
bonne ».
Exemple : il existe 2 émetteurs de monnaie dans un pays. L’un dévalue sa monnaie,
il va donc y avoir plus de monnaie dévaluée, et c’est cette dernière qui s’imposera au
détriment de l’autre, qui chassée, va être thésaurisée (stockée, épargnée en
espèces). Ce fonctionnement peut conduire à une pénurie de métaux précieux.
Ainsi, même si une monnaie dépréciée permet au prince d’accroître ses revenus, à la
première occasion, la mauvaise monnaie retournera dans ses caisses : Les
manipulations monétaires ne font soulager que temporairement la richesse
publique.
La monnaie est la richesse car elle est le pouvoir d’achat. Le pouvoir d’achat est la
quantité de services ou de biens équivalent à la quantité de monnaie. L’inflation
(accroissement des instruments de paiement hausse des prix et dépréciation de la
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monnaie) fait baisser le pouvoir d’achat. Alors que la plupart des biens sont durs à
conserver, les métaux précieux sont durables, ce qui permet à la fois d’effectuer des
paiements et de conserver la richesse.
Très tôt apparaît donc avec les mercantilistes la reconnaissance des 3 fonctions de
la monnaie :
Unité de compte dans laquelle les agents communiquent entre eux : elle sert
d’étalon numéraire.
Instrument d’échange : la monnaie brise les inconvénients du troc
(recherche, attente, transport).
réserve de valeurs : ce qui permet de différer les décisions d’achat et
d’investissement et de garder la valeur de ses biens.
Pour les mercantilistes, il faut détenir de la monnaie, c’est le moyen principal de
régler les soldes avec le commerce extérieur. Le prince se doit d’avoir de l’argent
dans la mesure ou cela constitue un signe de noblesse. Mais cela doit aussi servir à
financer les guerres.
Mais quelles sont les conséquences de cette accumulation de monnaie et de
richesses ?
Au XVIe, l’histoire est marquée par un afflux massif d’or et d’argent en
provenance du nouveau monde, et par une longue phase de hausse des prix (qui
commence en Espagne au début du XVIe). Les mercantilistes sont perturbés :
Comment expliquer cette hausse des prix ?
Dans un rapport, publié en 1566, Malestroit explique que l’inflation est imputable
(impliquée par) à la dépréciation de monnaie, c'est-à-dire à la baisse du contenu de
métal par pièce de monnaie. En revanche, le taux d’échange entre les biens d’une
part et l’or d’autre part seraient restés stables. Ainsi la hausse des prix n’est que
nominale mais pas réelle dans la mesure où la quantité de métal précieux nécessaire
pour acheter une certaine unité de bien reste la même.
Jean Bodin, en 1568 conteste cette analyse. Selon lui, la hausse des prix est très
supérieure à la dépréciation des monnaies. L’inflation n’est donc pas seulement
nominale : il existe une hausse des prix en termes d’or et d’argent. Bodin analyse
ensuite les courbes de l’inflation nominale et réelle : pour lui, la cause principale est
l’abondance des richesses. L’accroissement de l’offre des métaux précieux
comparativement à l’offre des autres biens diminue les prix relatifs de l’or et de
l’argent par rapport aux autres biens, ce qui signifie une augmentation des prix de
ces biens et terme d’or et d’argent.
En terme d’économie moderne, il y a un choc extérieur : cela perturbe l’économie.
Ainsi le niveau général des prix est directement relié à la quantité d’or et d’argent.
Avec Jean Bodin, on a donc l’ébauche d’une théorie monétaire de la monnaie, et
qu’on appellera plus tard la théorie quantitative de la monnaie, dans la mesure où
elle présente une relation de cause à effet entre quantité de monnaie et quantité
générale de prêt.
Seule la causalité est mise en évidence mais pas la nature explicite de la relation. (Il
n’y a pas une causalité entre le prix, mais il ne va pas approfondir la relation).
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Les mercantilistes vont s’intéresser à la relation entre monnaie et taux d’intérêts.
Le taux d’intérêt : c’est le loyer de l’argent. Ils sont persuadés des bienfaits d’un
faible taux d’intérêts : Quand les taux sont élevés, les marchands fortunés
préfèrent placer leur argent plutôt que d’utiliser cet argent dans les affaires. Lorsque
les taux d’intérêts sont faibles, cela favorise le commerce et l’activité.
Dépréciation : par unité monétaire, on a moins d’or et d’argent
Dévaluation : modifie le cours légal.
II. Les Physiocrates
A. Boisguilbert et Cantillon
Boisguilbert (1646-1714), magistrat, va chercher les causes de
l’appauvrissement de la France sous le règne de Louis XIV. De ce fait, il va
construire un système général de l’économie.
Pour Boisguilbert, le but est d’enrichir la nation, mais il ne faut pas se tromper sur la
richesse, elle n’est pas monétaire, elle est constituée des biens qui servent à
satisfaire les besoins. Et à l’intérieur même de ces besoins, il est possible d’en
déterminer un ordre de nécessité : Les biens agricoles sont des biens
fondamentaux car ils satisfont les besoins vitaux mais c’est à partir d’eux que sont
fabriquées les produits d’industries.
Un pays riche est un pays prospère, c'est-à-dire qui a beaucoup de biens agricoles.
Ceci est la condition nécessaire à la prospérité de l’industrie.
Boisguilbert définit les laboureurs et les marchands qui travaillent dans l’agriculture
et l’industrie comme ceux qui constituent la fraction laborieuse de la population.
(15, 16 millions de personnes). Cette frange de la population tire de la vente de ses
produits, les revenus d’industries.
L’autre partie de la population, le beau monde est composé du souverain, des
propriétaires fonciers et du clergé (rémunéré par la dîme). Le beau monde perçoit
les revenus des fonds ou revenu de la terre (rente foncière). Cette rente foncière leur
est payée sous forme d’impôts ou de fermage : un cultivateur prend une terre à bail
(contrat de prêt et d’utilisation) mais doit verser un revenu fixe de location.
La classification de Boisguilbert est une opposition de classe entre « l’une qui ne
fait rien et joui de plaisir et l’autre qui travaille du matin au soir ».
Le circuit économique naît des relations qu’entretiennent revenus des fonds et
revenus d’industrie. Les revenus du beau monde constituent le point de départ : ils
sont dépensés auprès des laboureurs et des marchands, qui à leur tours en
commerçant et en produisant font naître les revenus de l’industrie, puis sur ces
revenus sont prélevés les impôts et fermages qui vont reconstituer les revenus des
fonds.
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En effet, les revenus des fonds doivent être dépensés pour que naissent les revenus
d’industries et l’importance des revenus des fonds en retour, est liée à l’importance
des revenus d’industries.
La substance nourricière de toute la société est sécrétée par l’activité des
laboureurs et des marchands. Le beau monde a un rôle spécifique et privilégié : il
est dans une situation dominante car il peut choisir entre consommer et épargner,
thésaurisation et placement.
Au total, le beau monde est seul maître des flux monétaires.
Pour la première fois, on a eu un découpage.
En 1687, Cantillon propose un circuit économique plus complet et plus élaboré que
celui de Boisguilbert. Il définit 3 classes sociales et observe 3 critères : fonctions,
natures des revenus et lieu de vie
1ere classe : Agriculteurs et artisans : Localisés dans les villages, ils fournissent les
fonds de subsistances de la nation permettant aux autres groupes sociaux de vivre.
Leurs revenus sont incertains car les quantités produites et les prix fluctuent tandis
que la rente foncière est fixe.
2e classe : Classe des entrepreneurs : elle comprend les artisans, les industriels et
les commerçants : ils habitent là où se situent le marché : les bourgs et les villes. Il
est soumis aux fluctuations des prix et de l’incertitude de la demande. Sa fonction est
de fournir des produits finis aux autres classes.
3e classe : Classe des propriétaires fonciers : elle a des revenus certains et
stables : leur comportement est orienté vers la consommation de produits agricoles
et produits finis.
Entre ces 3 classes s’établit un circuit simple. Pour Cantillon, l’agriculture est source
de richesses. Il suppose qu’en moyenne, les entreprises non agricoles ne font que
satisfaire la subsistance de ceux qui s’y livrent. Elles ne font ni bénéfices ni pertes, et
Beau monde
Laboureurs
Revenu
d’industrie
Impôts
Marchands
Impôts et
fermages
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