L’étude Bronkinou
Dans cette démarche, et dans le cadre d’un financement du ministère de la santé (PHRC) et de
l’association des réseaux de bronchiolites (ARB) a été réalisée entre octobre 2004 et janvier
2008 une étude pour évaluer l’efficacité dans 10 services de pédiatrie de la région parisienne,
appelée « Bronkinou » (4).
Il s’agissait de nourrissons âgés de 15 jours à 24 mois, hospitalisés pour un premier épisode
de bronchiolite. Les patients étaient éligibles dans les premières 24h de l’hospitalisation si il
présentait à l’admission au moins : un aspect toxique, ou une notion d’accès de cyanose ou
d’apnée, ou des prises alimentaires diminuées de plus d’un tiers, ou un rythme respiratoire > à
60/mn , ou une StcO2 < 95%. Les patients nécessitant des soins intensifs ou présentant une
maladie chronique sous jacente étaient exclus.
Les patients étaient randomisés pour avoir 3 fois par jour pour une durée de 10-15 mn (dans
une salle isolée où il n’y avait que le nourrisson et le kinésithérapeute), soit une séance de
kinésithérapie classique (n = 246), soit uniquement une aspiration nasale (mais restait dans la
salle 10-15mm) (n= 250).
Les deux groupes ne présentaient pas de différence significative, hormis la fréquence d’une
atélectasie radiologique plus élevée dans le groupe aspiration nasale (12,9%) que
kinésithérapie (7.6%). L’âge médian était de 2 mois (avec des extrêmes de 1.3 à 4 mois). Un
eczéma ou des ATCD d’atopie au premier degré était présent dans 40% des cas. Un VRS était
mis en évidence dans environ 75% des cas. Il existait : une StcO2 < 95% dans 44% des cas,
la nécessité d’une oxygénothérapie nasale dans 44% des cas, des difficultés alimentaires dans
environ 85% des cas, la nécessité d’une nutrition entérale dans 10% des cas.
L’efficacité était mesurée comme le temps nécessaire pour obtenir de manière durable (24
heures) un score de lutte inférieur à 2 (score de 0 à 3), un score de sibilances inférieur à 2
(score de 0 à 3), une StcO2 sous air > 94%, une autonomie alimentaire; les patients étant
évalués toutes les 8 heures. La médiane de temps nécessaire pour le groupe aspiration nasale
était de 2.31 jours (1.97-2.73) et pour le groupe kiné de 2.02 jours (1.96-2.34), sans
différence significative. Il n’y avait pas non plus de différence sur la survenue d’une
aggravation nécessitant l’admission en soins intensif ou le recours à une aide ventilatoire.
Concernant la tolérance, il n’y avait pas de différence concernant la survenue de bradycardie
ou de désaturation, en revanche la survenue d’une décompensation transitoire ou de
vomissements était plus fréquent dans le groupe kiné que le groupe aspiration nasale.
Réflexions
L’étude Bronkinou concerne donc de très jeunes nourrissons, hypoxiques et déshydratés dans
la majorité des cas. L’expérience montre que ces jeunes enfants âgés 0 à 3 mois hospitalisés,
s’améliorent très rapidement avec une bonne hydratation (perfusion ou nutrition entérale) et
des aspirations nasales répétées traduisant leur épuisement rapide à se dégager eux mêmes de
leur encombrement proximal. Contrairement aux nourrissons plus âgés de 3-6 mois dont
l’hospitalisation a été nécessaire non tant en raison de leur décompensation rapide mais en
raison de lésions bronchiques plus sévères et qui de fait vont mettre plus de temps pour
s’améliorer ; ces patients présentant une distension et une compliance thoracique diminuée.