
et  1913).  L’automobile  marque  déjà  la  vie  quotidienne  (taxis,  autocars)  et  a  des  « effets 
amont » sur l’industrie lourde, mais aussi les méthodes de production. Sans compter les autres 
industries nouvelles : aéronautique, électricité, électrochimie et électrométallurgie, aluminium 
(records de croissance). Mais la croissance est là aussi dans les branches traditionnelles.  
 L’avance générale de l’industrialisation 
L’aptitude  à  innover  se  diffuse.  Si  la  croissance  de  la  production  diffère,  la  productivité 
hausse rapidement (± 1 % par an) dans toutes les branches. L’investissement repart dans le 
textile (surtout coton) et la métallurgie (besoins de plus en plus diversifiés) vers 1890. L’acier 
succède  à  la  fonte  et  au  fer.  La  production  se  concentre  et  la  métallurgie  lorraine  naît  => 
production de fonte * 3 et d’acier * 4 entre 1890 et 1913. 
 
Forces et faiblesses de l’économie française à la veille de la guerre 
de 1914 
 
La  phase  de  reprise  aura  été  trop  courte  pour  rattraper  le  retard  accumulé  et  les  facteurs 
structurels de freinage n’ont pas disparu. Quelle est l’originalité de l’économie française ? ses 
retards, ses faiblesses ? 
 
1. Retard ou spécificité du développement français? 
En  1914,  la  France  est  semi-développée,  semi-urbanisée  mais  affronte  les  problèmes 
communs aux nations de la 1° RI : économie aux structures vieillies avant d’être arrivées à 
maturité, « vieillissement précoce », clivages régionaux et concentration ± avancée.  
 Vieillissement précoce et dominance rurale 
Le fléchissement démographique est renforcé par une baisse de la natalité ; le renouvellement 
des générations n’est plus assuré et la part des jeunes diminue, alors même que la population 
reste surtout rurale et agricole (56 et 40 %). Le secteur tertiaire est précoce, mais hétérogène, 
l’industrie  progresse  modérément  (3  patrons  pour  7  salariés  en  1911).  La  stabilité  sociale 
domine (46 % de salariés) dans le modèle de développement français, même si la croissance 
du taux d’activité (immigration et démographie) et l’émigration rurale perdurent. 
L’écart entre une France dynamique et une France stagnante se maintient. 
 Déséquilibres régionaux et pôles de croissance 
Au  Nord-Est  d’une  ligne  Cherbourg-Marseille  se  concentrent  les  ressources  agricoles  et 
énergétiques,  les  matières  premières,  les  pôles  dynamiques ;  le  Sud-Ouest  est  en  voie  de 
désindustrialisation => seuls trois réseaux ferroviaires du N-E sont équilibrés financièrement. 
Le  Bassin  Parisien  domine,  y  compris  démographiquement  =>  macrocéphalie  politique, 
culturelle, industrielle (16 % de l’emploi industriel, très diversifié) et financière. Il existe trois 
autres foyers : le Nord (textile et métallurgie), la Lorraine (fonte et acier), Lyon (= Paris). 
 Concentration et productivité 
L’industrie française est fortement concentrée géographiquement, ce qui favorise les ententes 
régionales (métallurgie) ; pour la chimie dominent de très grandes entreprises => cartellisation 
et élimination de la concurrence ; dans la houille, la concentration reste faible et les coûts de 
production  élevés.  Les  ententes  ont  un  caractère  essentiellement  défensif,  si  parfois  elles 
fixent  les  prix  plus  haut  que  le  marché,  elles  permettent  de  résister  aux  grands  groupes 
étrangers. Malgré une impression statistique d’éparpillement, les industries modernes ont très 
souvent des effectifs importants alors que les industries traditionnelles et en essor sont plus 
dispersées  =>  la  corrélation  entre  productivité  et  taille  peut  être  inverse.  Par  rapport  à 
l’extérieur, la France est plutôt plus productive dans les industries jeunes et moins dans les 
industries de base : l’économie française a donc « mieux vieilli » que l’anglaise.