Pourquoi il faut partager les revenus ? Le seul antidote à l’appauvrissement collectif de Patrick Artus et Marie-Paule Virard (La découverte, 2010). Introduction : crise 2007 = pas une crise isolée mais une crise qui en préfigure d’autres Plan de relance : soutien aux PME innovantes, aide à la recherche en entreprise mais plan de relance qui va mettre du temps à produire de la croissance (1015 ans). Il est donc dur de penser que la France pourra échapper au marasme qui a touché le Japon même si elle a relancé plus tôt car rapidement on a observé un retour à l’austérité + réduction des exportations en direction ses pays émergents + fin des possibilités de financement par l’épargne drainée par les pays émergents (puisque ceux-ci gardent de plus en plus leur épargne pour financer des ov intérieur) Thèse défendue : il faut que la France soutienne sa demande intérieure sans compter sur les exportations et sur l’aide extérieure. Comment ? 1) modifier le partage des revenus entre salaires et profits car le salaire est consommé alors que les profits sont surtout épargnés, 2) réforme fiscale : pas assez d’emploi, faible nécessité d’inv car on surproduit déjà => pourquoi taxer si fortement le travail et faiblement le capital ? et 3) renforcer la solidarité européenne I-La « déglobalisation » et ses effets Les pays émergents substituent rapidement de la demande intérieure aux importations et ont moins besoin de nous. Pourquoi ?: - Baisse de la demande intérieure des pays de l’OCDE dûe à la crise, ce qui a pour corollaire une baisse des importations + baisse des investissements et une baisse du pouv d’achat ( car conséquences sur l’emploi et les salaires) - Substitution de le production intérieure aux importations dans les pays émergents maintenant de plus en plus capables de répondre à la demande intérieure du fait qu’ils réalisent désormais d’importants transferts technologiques - Montée en gamme qui rend très compétitifs les nouveaux pays , tout cela est lié au transfert de compétences ( les firmes des pays riches qui se sont installées dans les nouveaux pays ont permis des transferts de technologie et de compétences) et rôle de l’Etat dans ces pays qui soutient de manière intense les entreprises high-tech ainsi que la formation et l’enseignement technique/spécialisé. Ex : bas de gamme représentait 36% de leurs exportations en 1998 et 21% en 2007. Dans les pays émergents le retour à la croissance a été plus rapide, ce qui joue est surtout la force de la demande. Le pays qui incarne le plus ce nouveau modèle est celui de la Chine dans lequel l’évolution de la demande intérieure est particulièrement forte => nécessité de sécuriser son approvisionnement en matière première et contourner ou éviter les obstacles à sa croissance ( législation sociale et environnementale) et nécessité d’assurer la substitution de la prod nation aux importations ( poursuivre les transferts technologiques). Tout ceci n’est que mauvaise nouvelle pour les pays de l’OCDE qui devront maintenant compter sur leur seuls efforts pour faire tourner leur machine éco puisque leur exportations vont baisser. Bien sûr, les grands groupes s’en sortiront mai c’est en allant à l’étranger => dégradation de la situation de l’emploi national . De plus , il y a de fortes raisons de penser qu’il y aura une augmentation du prix des matières premières du fait du redressement de l’activité industrielle dans les pays émergents et de l’excès de liquidité mondiale qui alimente la spéculation sur les matières premières. II- Le risque de « déglobalisation » financière Fin 2009 : capitaux et IDE des pays riches reprennent le chemin des pays émergents. Pk ? - augmentation du nombre de délocalisations car baisse des perspectives de demande intérieure des pays riches, par contre, potentialité de croissance élevée dans les autres régions du monde. C’est d’autant plus grave que c’est irréversible. - les écarts de croissance => écarts de tx i ( plus élevés dans les pays émergents) et i inflation qui est plus forte làbas donc les investissements s’avèrent plus rentables… - si les investissements se font massivement là-bas, cela crée des incitations pour les locaux à investir dans leur pays. Pour le moment, ce mouvement est un peu mis en pause parce que la Chine ne peut avoir de vrai politique monétaire, et doit aligner son taux de change de sa monnaie sur celui du $ => BC chinoise crée de la monnaie et achète des actifs en $ càd accumule de fortes réserves de change pour maintenir sa monnaie basse et gagner des parts de marché. Or personne ne sait ce qui se passerait si ce contrôle était levé. Or la contraction du marché mondial réduit les perspectives de ces pays et les avantages d’assurer la stabilité des tx de change s’amenuisent à mesure que les pays émergents ressentent le besoin de mettre en place un dev interne, ce qui implique que ces pays pourraient rapidement abandonner cette politique de stabilisation et laisser flotter leur monnaie. Si cela arrive, ce serait terrible pour les USA et l’Europe car la dépréciation importante de leur devise par rapport aux monnaies émergentes => hausse du prix des importations et hausse forte des tx i de long terme ( car les BC de ces pays achèteraient moins d’obligations au BC des pays riches) III- Le spectre de la « maladie japonaise » Le risque d’entrer dans une crise semblable à celle qu’a connu le Japon et contre laquelle deux plans de relance n’ont servi à rien est maintenant fort. Or même si la situation du Japon est structurellement (population vieillissante et résistance culturelle forte aux changements) et conjoncturellement ( le Japon a tardé à réagir) de celle de l’Europe, il existe des similitudes : surendettement public et privé important, récession sévère avec chômage. Ce qui explique la réaction rapide de l’OCDE qui a peur de cette crise à la japonaise. Fin 80’s : le Japon connait la prospérité : croissance, spéculation à tout va, augmentation forte du prix de l’immobilier puis… retour à l’inflation car l’augmentation des couts salariaux ( gonflés par la surchauffe et les créations d’emplois) entraine une augmentation des prix. Les autorités réagissent en montant les tx i ce qui provoque l’éclatement de la bulle financière et immobilière, les ménages et les entreprises se rendent comptent de ce qui se passe et tentent de se désendetter => lente glissade déflationniste. Du coup, la trop forte chute des prix a conduit la BC à baisser très fortement les tx i, tellement bas que trappe à liquidité, dès lors, la politique monétaire n’est plus contracyclique mais procyclique puisque quand l’inflation devient négatives, la baisse des tx i nominaux par la BC conduit à la hausse des tx i réels, ce qui asphyxie les consommateurs, contracte la demande et réduit l’investissement => aggravation de la crise...Point de départ : problème de baisse des salaires. En effet, les salaires nominaux ont chutés et le yen s’est apprécié or si les salaires n’avaient pas baissé, la baisse des prix aurait permis de stimuler la demande intérieure. Pk les salaires ont baissé ? à cause de l’exigence des actionnaires mais aussi à cause de la difficultés des entreprises nippones à se financer sur les marchés ou par le crédit ( l’épargne privée est en effet drainée par le déficit public), ce qui les conduit à tailler dans les salaires pour conserver leur capacité d’autofinancement, or les entreprises, en anticipant une crise et en voulant la prévenir ont surréagit Or le Japon est un pays dans lequel le secteur de pointe est surdéveloppé ( électronique, machine-outil,…) => retard énorme qui explique ses difficultés à émerger. 2008 : même prémices de cette dynamique apparaissent en Europe et aux USA Ressemblances avec la crise japonaise ? -chute des prix des actifs, une volonté des ménages de se désendetter et des banques de rester en retrait, ce qui a provoqué une baisse de l’inv et un recul du crédit bancaire => recul de l’inflation -drain de l’épargne des entreprises par le déficit public, on observe alors aujourd’hui comme au Japon avant, une hausse forte dans les portefeuilles des zinzins et des banques, de la part des titres publics, qui du coup ne sert pas à financer du capital productif=>réduction de l’investissement réduisant leurs inv soit financement de celui-ci par autofinancement donc baisse des salaires nominaux ( pas directement mais par exemple en associant cette baisse à une baisse du temps de travail, en recourant à une embauche plus fréquente par temps partiel, etc). Cette baisse des salaires nourrit donc la tendance déflationniste, ce qui est d’autant plus grave qu’en plus, on assiste à une contraction des exportations alors que c’est justement la bonne situation exportatrice du Japon qui lui a permis de limiter la casse. IV-Les politiques monétaires s’usent si l’on s’en sert Tout va aller de plus en plus mal pour les pays riches ( vieillissement de la pop, perte de Pé, migration des K vers des pays où les couts sont moins élevés, désindustrialisation forte… ) et tout va s’améliorer pour les pays émergents pour des raisons symétriques. On s’attendait à une baisse de la croissance des pays de l’OCDE bien avant mais ça n’a pas été le cas. Pk ? ils ont préféré faire une fuite vers l’avant en encourageant et favorisant le recours au crédit grâce à une politique monétaire adaptée, qui a décidé de ne pas voir la hausse irraisonnée de ce crédit et du prix des actifs tant que l’inflation restait sous contrôle Mais dès que l’endettement des entreprises et des ménages a été perçu comme excessif, la demande fiancée à crédit a brusquement disparu et il a fallu que le financement public prenne le relais du financement privé pour soutenir l’activité économique. Or, pour qu’il y ait croissance, il faut espérer que l’augmentation des salaires viendra prendre le relais du creusement du déficit public ; or c’est le contraire qu’on observe puisque les salaires ne font que baisser… Autre danger qui est apparu : la monétisation du déficit public :comme les besoins de financement du déficit public sont supérieurs à ce que les investisseurs privés étaient prêts à financer en achetant des titres publics, les BC des pays de l’OCDE ont monétisé la dette publique càd qu’elles ont achetées des titres publics en masse, avec en contrepartie une création monétaire ex nihilo. Donc quand la crise a tué la confiance en dissuadant les investisseurs d’acheter des titres publics, le choix de la monétisation de la dette publique et l’accumulation de réserves qui lui est associé a été fait, ce qui a entrainé une forte hausse de la liquidité mondiale (+ 30% en 2009) associée à des tx i bas, ce qui implique le retour à des comportements spéculatifs et de nouvelles bulles se forment un peu partout. Le problème est que les perspectives de réduction du déficit public sont quasi nulles puisque : croissance faible + perspectives de vieillissement + précarité => creusement accru du déficit Ensuite, si les BC augmentent les tx i à CT, les zinzins et les banques qui se sont gavés de titres publics vont le payer très cher puisqu’ils profitent de l’écart de tx i pour acheter à court terme des obligations à tx bas pour financer l’achat de titre sur le plus long terme, donc si la BC augmente ses tx i ( cf. effet balançoire),cela va pousser les banques à stopper leurs achats de titres publics .Il y a alors le risque que les instances de régulation mettent fin à cette pratique parce que si les banques financent des emplois donc du long terme avec des ressources de court terme, elles courent le risque énorme de se trouver en illiquidité, or pour le moment, les institutions de régulation laisse faire pour que les banques reconstituent leur profit mais que se passera-t-il quand elles sanctionneront ces pratiques frauduleuses ?D’autant plus que si le Japon s’en est un peu sorti en monétisant sa dette càd en rendant sa monnaie plus faible donc en stimulant les exportations, tandis que mtn, tous les pays riches le font ce qui est de fait néfaste puisque toutes les monnaies se lancent dans une course effrénée vers le bas qui débouche le plus souvent et uniquement sur un excès de liquidité mondial. Un pays qui veille particulièrement à ça c’est les USA puisque le $ peut être emprunté à des txi faibles attire les emprunteurs et les spécialistes du carry trade garantit sa position de monnaie faible, ce qui permet aux USA de reporter le risque déflationniste sur les pays que ne peuvent mener cette guerre, ce qui est le cas de la zone euro qui n’a pas de politique monétaire qui lui permet de déprécier leur monnaie a! Mais les pays émergents aussi se livrent à cette guerre ( Chine comme on l’a vu mais aussi Russie). V-A long terme, nous serons tous morts sauf si… Plusieurs mouvements se sont accélérés en Europe et grèvent les possibilités de reprise : - le mouvement de désindustrialisation s’accélère du fait que les entrepreneurs anticipent la faible croissance des pays de l’OCDE par rapport à celle des pays émergents qui va exploser, du coup, les usines trop vieilles et trop chères à retaper ferment et on en ouvre mais le pire n’est pas la fermeture mais le manque d’ouverture d’autres usine. En France , c’est le pays où la désindustrialisation est la plus marquée mais la France va pâtir de cette désindustrialisation non seulement au niveau des emplois dans l’industrie mais aussi au niveau de tous les autres emplois ( nombreux) dans les services qui sont liés à l’industrie ( on peut penser à l’emploi qualifié dans la recherche et le développement -la montée en gamme qu’on aurait pu espérer avec l’entrée dans le marché mondial des pays émergents qui devaient logiquement occuper les emplois et effectivement les taches dites de bas de gamme. Or, on n’a pas observé ça, puisque seuls certains emplois de milieu de gamme sont montés et les autres emplois peu qualifiés voire moyennement qualifiés sont restés stables voire se sont dégradés. Deux stratégies ont été adoptées : celle de la France : se spécialiser dans quelques niches très particulières et celle de l’Allemagne : faire supporter le poids de la concurrence à tous les secteurs de l’industrie. Or ces deux stratégies ont e toutes les deux des conséquences néfastes sur l’emploi. - sous-investissement dans le domaine du R&D et de l’enseignement supérieur, la France plus qu’ailleurs souffre d’un déficit d’innovation parce que même si elle arrive à faire des progrès dans les quelques secteurs qu’elle prend en charge (pharmacie, automobile, transport), c’est pas suffisant en terme de quantité et de Ex : dépenses en R&D de SanofiAventis : 4.5 milliards et celles de l’américain Pfizer : 6 milliards. D’où situation d’entre deux en Europe : les Etats sont suffisamment unis pour avoir une monnaie commune et pour pouvoir utiliser les avantages comparatifs des différents pays et changer plus facilement la localisation des usines en fonction de ça mais pas assez de coopération pour permettre à chacun de dev une stratégie industrielle viable pour tous. - faiblesse dans les emplois et les secteurs dits « verts » - financement à long terme dur à faire car les crises éco qui se sont rapprochées n’incitent pas les ménages et les entreprises à en acheter, enfin, les nouvelles lois de régulation de la finance mondiale imposent désormais aux zinzins et aux banques d’accroitre leurs fonds propres et leur imposent une certaine prudence, ce qui les conduit encore à se détourner des actions pour préférer acheter des obligations et des titres publics et surtout, pour les banques , à restreindre leur offre de crédit Que faudrait-il faire ? 1) abaisser l’exigence de rentabilité du capital ; 2) adopter une fiscalité qui décourage les plus-value à court terme pour ne pas que l’épargne soit drainée par la spéculation ; 3 )mieux prendre en compte les effets macroéconomiques de plans de régulation pour ne pas que les institutions fi soient dissuadées d’investir en long terme VI-Un nouveau partage, l’antidote à l’appauvrissement collectif Début 2009, on voit apparaitre une situation tout à fait paradoxale : les grandes entreprises qui étaient tant en difficultés il y a quelques mois distribuent une énorme quantité de dividendes aux actionnaires tandis que les plans sociaux se multiplient. Sortir de la crise c’est rompre avec la logique qui veut que les salaires soit la « variable d’ajustement » des entreprises, et qu’en cas de difficultés, les salariés les moins qualifiés et les plus vulnérables soient mis au chômage et sombrent dans la précarité car le cocktail baisse des salaires et hausse des dividendes n’est pas vraiment efficace pour soutenir la demande et l’emploi et donc la croissance. Certes de nombreux secteurs ont souffert ( ArcelorMittal a vu son chiffre d’affaire divisé par deux) mais du côté des actionnaires, l’exigence n’a pas été revu à la baisse. Ce mouvement ne fait donc que s’amplifier et, comme les perspectives de croissance sont de plus en plus faibles à mesure que les salaires sont tirés vers le bas et ne peuvent plus garantir l’émergence d’une demande intérieure forte, le mouvement de désindustrialisation et de délocalisation s’accroit. En France comme dans les autres pays riches, à la place de ces emplois industriels, on voit naitre des emplois dans les services ( distribution, transport, loisir et tourisme, ) beaucoup moins bien rémunérés que les précédents ( ex : en France l’ écart de rémunération entre un salarié du secteur des services aux particuliers et un salarié de l’industrie est de 45 %). Ce qui est spécifique à la France et qui ne va pas pour conjurer la crise : le pouvoir d’achat augmente faiblement et les taux d’épargne est parmi les plus élevé de tous les pays développés ( les Français préfèrent donc épargner pour survivre à un avenir incertain (réforme des retraites, montée du chômage et donc anticipation de l’aggravation des difficultés ou encore…« neutralité ricardienne »). La première solution serait de modifier le partage des revenus en faveur des revenus consommés càd des salaires et non dividendes. Le poids des charges sociales qui alourdit le cout du travail ( 17% du PIB en France) est inadpaté à la situation puisqu’en parallèle, le chômage est massif, le besoin d’inv est faible, le taux d’épargne est élevé, mieux vaut alors alléger les prélèvements sur les salaires et le faire peser sur l’épargne et donc sur le revenu du capital. Pourquoi ne pas soutenir les salaires moyens et bas grâce à des prélèvements effectués sur les profits investis et les revenus du K on dépensés, sur les plus-value tirées des bulles spéculatives puisque celle-ci sont stériles pour la collectivité ? Mais il faut que cette réforme dépasse le cadre national et soit par exemple appliquée par l’ensemble du G20. Le deuxième solution serait réduire les objectifs de rentabilité du capital car il est incohérent d’exiger la même chose avant et après la crise, quand le contexte a entièrement changé et s’est fragilisé. L’Etat pourrait ainsi investir dans les entreprises françaises en exigeant d’elles des projets à long terme. La troisième solution est de favoriser le baisse des prix sur le marché des biens te des services en cassant les situations de monopole et d’oligopole comme dans le secteur de la téléphonie mais aussi sur le marché du travail en favorisant la flexibilité de ce marché et ainsi permettre la disparition de certaines rentes que touchent les salariés et favoriser la rotation de l’emploi. La quatrième solution est de créer des politiques d’emplois favorables aux catégories de personnes les plus vulnérables comme les jeunes en instaurant par exemple des quotas dans les entreprises. VII-Le temps du tango ou l’impératif de la solidarité européenne Le problème qui existe en Europe c’est que comme il n’y pas de risque de taux de change entre les pays puisque tous ont la même monnaie, chacun peut pleinement profiter de l’hétérogénéité et de avantages comparatifs qu’offrent certains pays. Or, tout pourrait bien se dérouler s’il y ait coopération ce qui n’est pas la cas, l’exemple le plus flagrant est celui de l’Allemagne qui est la locomotive de l’Europe au niveau de la création de richesse, c’est elle qui innove le plus et garantit une bonne part de la compétitivité de l’Europe au niveau mondial mais elle tient sa réussite sur sa faible coopération, parce qu’elle pratique depuis des années une politique de désinflation compétitive avec contraction des couts salariaux, et que cette stratégie dessert tous les autres pays qui sont obligés eux aussi de se lancer dans une guerre des couts qu’ils n’auraient normalement pas à suivre. La politique monétaire commune joue alors un rôle contrasté donc les pays à croissance forte « bénéficient » d’une politique mon »taire trop restrictive pour eux tandis que les pays à croissance faible souffre d’une politique trop restrictive ( les tx i sont trop hauts pour eux).Il faut garantir la libre circulation du capital et du travail pour que le travail aille des zones de faible croissance vers celles où la croissance est forte et que l’excès d’épargne suive le chemin inverse. Or on voit que ça n’existe pas comme en témoignent les écarts de taux de chômage et, en temps de crise, les écarts de taux d’intérêt. Il n’y a pas de fédéralité ( comme en Allemagne, entre les Länder) qui garantirait cela, même pas de politique budgétaire qui y tendrait ( ça se comprend quand on voit la faiblesse du budget européen), il faut créer ces mécanismes pour parvenir à une Europe uni économiquement qu’homogène socialement ( on ne peut abandonner un état avec un tx de chômage de 20 %). *** L’approche d’Artus et Virard est à la fois clair et plutôt synthétique, les données chiffrées ne sont pas trop écrasantes mais correctement insérées et souvent tout à fait pertinentes (par contre, on ne donne que trop rarement leur source, ce qui est plutôt grave !). En ce qui concerne le contenu strict, il est tout à fait important de replacer la France dans le cadre des échanges économiques européens mais aussi mondiaux étant donné le niveau d’imbrication des différentes économies. Cette manière de traiter le sujet (par zooms progressifs à travers lesquels la France n’apparait qu’à la moitié du livre) est tout à fait intéressante, pertinente et rarement aussi clairement menée. Par contre, il est également possible d’adresser plusieurs critiques à ce livre. En premier lieu, certains phénomènes simples sont parfois expliqués de façon très détaillée (parfois trop) tandis que d’autres, plus complexes auraient mérité plus d’éclaircissements, au moins en note (qui sont peu nombreuses) et du coup, restent obscurs. Pour ne citer qu’un exemple, les auteurs parlent de taux de change et de cours obligataire sans préciser quel type de relation les liait (sans nécessairement citer l’effet balançoire par exemple, on aurait au moins souhaité quelques explications succinctes) tandis qu’à d’autres moments, ils s’attachent à décrire les conséquences sur leurs investissements de la restriction de l’accès au crédit et aux marchés financiers pour les entreprises, ce qui n’était pas franchement nécessaire… Les auteurs ne semblent donc souvent avoir que peu conscience de ce qui pourrait pour leurs lecteurs (pas tous économistes) poser problème. En deuxième lieu, ce livre n’apporte finalement pas grand-chose par rapport aux autres livres que ces deux auteurs ont écrit (ensemble ou séparément) il n’est qu’une synthèse des ouvrages précédents et n’apporte pas réellement de pistes en plus… En troisième lieu, ce qui contribue parfois à rendre le livre peu clair est le mélange « des genres » càd de l’analyse néoclassique mêlée à des solutions plutôt keynésiennes. En effet, dans la partie plus analytiques, les auteurs font référence aux notions de marché du travail, de salaire comme variable d’ajustement et même d’équivalence ricardienne. Ce qui ne n’aboutit pas toujours à une analyse cohérente : les ménages épargneraient alors pendant les périodes de relance budgétaire car, selon les auteurs, ils anticiperaient une probable hausse de l’inflation mais quelques pages plus loin, les auteurs expliquent que cette phase d’épargne a été observée pour la première fois au cours d’un des plans de relance lors de la crise japonaise, cela voudrait donc dire que les agents ne sont pas toujours ricardiens ? Ou ne le sont que quelques mois dans l’année ? Et lorsque le principe de l’équivalence ricardienne est à nouveau appelé à la rescousse pour expliquer pourquoi le taux d’épargne des Français a été l’un des plus élevé au monde, cela voudrait-il dire que nous sommes plus rationnels que les autres ? La confusion s’accroit encore lorsque à ce type d’explications, les auteurs donnent des solutions d’inspiration keynésienne (sans jamais se référer à ce dernier !) comme par exemple lorsqu’ils évoquent (seulement par allusion) la « socialisation de l’investissement », l’ « effet multiplicateur » qui s’appuie sur la « propension marginale à consommer » plus forte chez les pauvres, tous les termes entre guillemets n’apparaissant jamais dans le texte mais faisant l’objet de paraphrases. En quatrième lieu, et ce qui est sans doute plus grave que les remarques précédentes est l’incohérence du titre avec le reste du livre. Si en ouvrant le livre, on attend un ouvrage qui va certes constater mais surtout apporter des solutions et défendre une réforme fiscale, il n’en est question que dans un (petit) chapitre à la fin ! Et encore, sans vraiment d’explications approfondies, les auteurs se contentent de donner des pistes de réformes sur fond de « pourquoi ne pas… ». Avec un titre pareil et surtout, des constats aussi solidement construits, on attendait que le livre aille plus loin que le simple constat d’une situation et nous dise « pourquoi il faut partager les revenus ». Et c’est là tout le problème: le titre annonce quelque chose, une thèse détaillée suivi de propositions or l’analyse n’est que très peu liée à l’ambition du titre et même si l’analyse est souvent pertinente, on n’atteint jamais la dimension critique et normative que se proposait de réaliser les auteurs puisque les solutions proposées sont insuffisamment développées voire frôlent le ridicule ou la naïveté. On peut citer comme exemple celui de le réindustrialisation, proposition lancée comme ça, sans plus d’explication sur sa mise en œuvre, que les auteurs doivent bien sentir impossible compte tenu de l’ampleur du mouvement de délocalisation mais surtout du retard en matière de R&D dont souffre l’Europe. Un autre exemple : les auteurs déplorent un système qui est arrivé au bout de ses forces, mais un système qui a quand même eu le temps de changer notre rapport au profit, la place de salariat dans la production, la représentation de l’entreprise, bref un système qui a induit des modifications jusqu’à l’intérieur de nos valeurs. Que faire face à cela ? L’une des trois propositions des auteurs (avec la socialisation de l’investissement et la taxation des bénéfices boursiers reversé aux plus pauvres, ce qui n’est pas d’une grande originalité) consiste à « convaincre les investisseurs de modérer leurs exigences de rendement du capital, afin d’éviter la baisse de la part des salaires dans le partage des revenus »… On a presque envie de rire de la naïveté d’une telle proposition. Et quand, à la suite de ces trois solutions plutôt keynésiennes, on trouve cette petite dernière « il ne s’agit pas de reréglementer le marché du travail » mais de lui donner plus de flexibilité en rompant avec une certaine idée de la protection de l’emploi, on retrouve la conception libérale de l’économie avec un « marché » capable mieux que quiconque de décider de l’allocation optimale des ressources. Je ne reviendrais donc pas sur les analyses qui ont été faites et qui sont dans l’ensemble cohérents mais plutôt sur la thèse que défendent les auteurs et qui est inusuffisamment soutenue « il faut partager les revenus ». En effet, on s’attendait sans doute à ce que les auteurs s’appliquent davantage à analyser historiquement et à critiquer cette déformation du partage des revenus au détriment des travailleurs, aujourd’hui premières victimes de la globalisation du capitalisme, et des crises économiques qui marquent son évolution. On trouve ce type d’analyse dans le livre de Liêm Hoang-Ngoc qui est quant à lui très clair et serait à la hauteur d’un titre comme « Pourquoi il faut partager les revenus ? ». Ce livre est composé de trois parties, toutes les trois dotées d’une cohérence et d’une dynamique différente. Dans la première, Hoang-Ngoc revient sur l’historique de la répartition des revenus et explique comment, après plusieurs décennies de réduction des inégalités, celles-ci ont recommencé à se creuser et que même si le salaire médian et moyen continuent de progresser, cela est surtout lié à la très forte progression de la situation des très hauts revenus tandis que pour les ménages modestes et moyens, la situation stagne voire se détériore. L’auteur explique que cela vient de l’augmentation forte qu’ont connus les revenus du patrimoine, notamment des dividendes or ces revenus sont très inégalement répartis parmi les classes sociales. Parallèlement, les ménages modestes ( dont les prestations sociales constituent 30 % des revenus) et les ménages moyens ( dont les revenus salariaux représentent 75 % des revenus) connaissent une dégradation de leur situation sur ces deux fronts : outre la hausse des dépenses contraintes dont ces deux types de ménages sont particulièrement tributaires, les allocations diverses et autres minima sociaux ont sans cesse connu une érosion ( faible mais régulière), de même, les salaires ( moyens et bas ) ont eux-aussi connu une régression à mesure que la part des salaires dans la VA était grignotée par celle du profit, utilisé non pas en investissements mais reversé sous forme de dividendes… L’auteur veut ainsi tordre le cou aux thèses qui avanceraient que la perte de pouvoir d’achat dont se plaignent les ménages ne serait que ressentie mais non réelle. Pour cela, il revient sur les indicateurs utilisés pour mesurer les inégalités vis-à-vis du pouvoir d’achat, des revenus, etc. En détaillant la façon dont ceux-ci sont construits, ce qu’ils mesurent, quels sont les biais qu’ils comportent et les inégalités qu’ils cachent, l’auteur montre quels sont les indicateurs qu’il vaut mieux utiliser pour mieux prendre la mesure des inégalités. Dans la deuxième partie, l’auteur revient sur les différents modèles macroéconomiques dans lesquels le revenu et sa répartition sont pris en ligne de compte, il réfute alors le modèle néoclassique qui explique le phénomène de croissance par l’épargne (cf. théorème de Schmidt) et qui insiste sur le fait que pour eux, l’économie est contrainte par l’offre qu’il est donc nécessaire de soutenir. Pour ce faire, l’auteur explicite le paradoxe des couts et de l’épargne qui est observable aujourd’hui puisque l’épargne est excédentaire mais l’investissement, la croissance et l’emploi n’en sont pas plus stimulés. Hoang-Ngoc développe alors le modèle de croissance post-keynésiens qui lui, pose la consommation comme élément moteur de la croissance. On voit alors, en utilisant le différentiels de propension marginale à consommer entre les différents ménages à quel point le partage des revenus peut être bénéfique pour la croissance et permettrait, dans le cas présent de relancer l’économie. Enfin, l’auteur, dans une troisième partie, revient sur la crise économique et financière récente. Il en détaille alors le déroulement, les tout cela en comparant la crise de 29 et celle de 2008 et en dégageant ainsi les point communs mais aussi les différences qui existent entre ces deux crises. D’une part, on voit alors, à quel point la crise récente comme celle de 29 sont liées au partage des revenus et plus particulièrement au décrochage que l’on observe avant chacune d’elle entre l’évolution des gains de Pé dans les entreprises et l’évolution des salaires. D’autre part, lorsque Hoang-Ngoc explique quels ont été les différents plans de relance, leur composition, leur but, leur ampleur, on perçoit à quel point les plans bien que conséquents ne proposent que très rarement une réforme du système de répartition et de production, réformes pour le moins nécessaires. En conclusion, l’auteur propose quelques solutions, développées de manière plus conséquente que dans le livre d’Artus et Virard. Il prône par exemple, une extension des prérogatives du FMI qui pourrait devenir une véritable instance de contrôle du système financier. En ce qui concerne la stricte répartition des revenus, il y a dans ce livre de nombreuses pistes qui sont poursuivies et développées dans e livre du même auteur Vive l’impôt ! et qui décortique le système fiscal français tel qu’il est depuis des siècles, tel qu’il a évolué, et tel qu’il devrait être pour être vraiment équitable. Mais d’autre économistes ont également fait des propositions dans ce sens (sans forcément aller chercher dans les thèses d’ATTAC Pour un big-bang fiscal) on peut citer certaines propositions originales ( mais tout à fait réalisables) comme celle de Lordon et ses SLAM : Shareholder Limited Authorized Margin (marge actionnariale limite autorisée) qui fixe une limite à la rentabilité des actions en utilisant le taux d’intérêt de l’actif sans risque plus une prime de risque, non comme un seuil plancher tel qu’il était défini mais plutôt comme un seuil plafond au-delà duquel le supplément de profit dégagé de l’action serait versé à l’Etat (voir texte complet dans les archives du Monde Diplomatique de février 2007 ou en annexe 1) Pour finir, il est également possible de trouver des auteurs qui ne voient pas pourquoi il faudrait partager les revenus voire même qui voient dans l’impôt progressif une hérésie. Je vous ai donc reproduit le texte (en découpant certains bouts inutiles) cat je pense que le texte parle de lui-même sans qu’il y ait besoin de plus de commentaires. (annexe 2) Annexe 1 : Enfin une mesure contre la démesure de la finance, le SLAM ! Par Frédéric Lordon Les structures actuelles du capitalisme financier ont ceci d’inouï qu’elles ont levé presque toute restriction aux élans de conquête et d’accaparement des actionnaires. Sans régulation interne ni externe, donc sans limites, le désir de la finance était voué à devenir tyrannique. Nous en sommes là. A la fin de la décennie, le pli est pris : la « norme » actionnariale exige 15 % ! Notre BNP, qui en 1999 se bat contre la Société générale, a fait bien des progrès : elle s’engage dorénavant sur un ROE de 18 %. Le milieu de la première décennie 2000 voit des entreprises de moins en moins rares proposer à leurs actionnaires des ROE de 20 %, voire 25 %. En 2006, The Economist s’extasie sur la performance de Goldman Sachs qui aura « sorti » un 40 % record. En fait, la question doit être posée autrement : où sont les forces qui pourraient empêcher la finance actionnariale de faire du record d’aujourd’hui la norme de demain .Nestlé n’a pas hésité en 2005 à fermer son usine de Saint-Menet au motif qu’elle ne dégageait qu’un taux de profit de 9 % quand la norme du groupe, évidemment calquée sur les desiderata des actionnaires, exige au minimum 13 %... Mettre une limite au désir sans limites de la finance suppose alors de borner réglementairement et autoritairement son profit, seul moyen de lui ôter toute incitation à pressurer les entreprises, leurs salariés et leurs sous-traitants, en créant donc les conditions qui rendent la surexploitation sans objet. A la force, il faut opposer la force ; à celle du capital, celle de la loi – la seule à notre disposition. C’est l’instrument du fisc qui se chargera de guillotiner le profit du capital actionnarial – qu’il se rassure, nous lui en laisserons un peu, et aussi la tête sur les épaules. Lui en laisser un peu n’est pas autre chose qu’en revenir à la norme économique rustique selon laquelle le capital se rémunère grosso modo à la hauteur du taux d’intérêt. Des 10, 15, puis 20 % réclamés aux 3 % qui font les taux d’intérêt actuels, il y a l’exacte mesure de la dérive financière à rembobiner. Car, en l’occurrence, l’instrument tranchant pourrait être construit selon un plan emprunté... à la finance elle-même – mais évidemment quelque peu détourné de ses finalités originelles. Le « vrai » profit, dit l’EVA (Economic Value Added), c’est-à-dire celui qui fait sens du point de vue actionnarial, n’est pas le profit « habituel », la différence simple des recettes et des dépenses. Car ce calcul-là oublie en cours de route un « coût caché », injustement passé inaperçu, et que la doctrine de l’EVA porte enfin au jour : le coût du service méritoire en quoi a consisté l’apport des capitaux propres par les actionnaires. Ce « coût du capital », l’EVA suggère de le calculer comme somme du taux d’intérêt de l’actif sans risque (généralement les bons du Trésor à trois mois) plus une prime de risque spécifique. L’EVA a donc le culot de rebaptiser « valeur économique ajoutée » le surprofit – celui qui reste une fois qu’on a tout enlevé, y compris ce « coût du capital » – et n’hésite pas à déclarer qu’une entreprise n’est « vraiment profitable » que lorsque ce surprofit est lui-même positif. Mais elle a aussi, quoique très inintentionnellement, le bon goût de faire revenir dans le paysage une référence quantitative intéressante, puisqu’elle est effectivement située dans l’orbite des taux d’intérêt : la somme du taux de l’actif sans risque et d’une prime, voilà qui nous met par les temps qui courent autour de 5 % ou 6 % – c’est déjà plus raisonnable que les 20 % en vigueur pour le ROE. Evidemment, pour l’EVA, cette référence ne fait pas norme en soi, tout au contraire : elle définit simplement le minimum minimorum en deçà duquel une entreprise, quand bien même elle fait des bénéfices au sens comptable du terme, ne peut pas encore être dite profitable. Le « vrai profit » n’est compté qu’à partir de ce seuil, et assurément on l’encourage à être aussi élevé que possible... Retourner contre la finance actionnariale ses propres armes, c’est alors faire subir à l’EVA un double détournement. En premier lieu, ce qu’elle considère comme un plancher, il faut en faire un plafond ! – et désigner par là l’azimut général du retour dans l’orbite des taux d’intérêt (à une prime de risque près). Mais surtout, là où l’EVA n’est en fait conçue que comme un nouvel indicateur comptable, c’est-à-dire comme un critère de performance imposé aux entreprises, il faut en faire une norme bornant la rémunération actionnariale effective. Il reste une dernière composante de la rémunération actionnariale effective, et pas la moindre : les plus-values. Hors les divers moyens de soutirer directement à l’entreprise sa substance, l’actionnaire peut y gagner sur le marché par le jeu spéculatif des achats et reventes. On nomme TSR (Total Shareholder Return) cette rémunération actionnariale effective globale rapportée au capital-actions investi. C’est au TSR qu’il faut s’en prendre. C’est lui qu’il faut ratiboiser pour convaincre les actionnaires qu’une fois un certain seuil atteint il est inutile de pressurer davantage l’entreprise pour obtenir d’elle « plus encore et indéfiniment », car tout l’excès désormais tombera, par voie de couperet fiscal, dans la poche de l’Etat. Où fixer ce seuil ? Précisément au niveau indiqué, à son corps défendant, par la théorie de l’EVA elle-même, soit le taux d’intérêt (de l’actif sans risque) plus un petit quelque chose (la prime de risque). Sur cette base, comment faire le calcul fiscal ? La question n’est pas simple, car des plus-values sont réalisées chaque jour de l’année, alors que les transferts par dividendes et les rachats d’actions ne sont connus qu’en fin de période. Il va donc falloir établir quelques conventions à l’esthétique incertaine pour les théoriciens purs de la finance. Il reste une question à trancher, à la fois très superficielle et très importante : quel nom donner à ce raccourcisseur de prétention actionnariale ? Pourquoi pas SLAM, comme Shareholder Limited Authorized Margin (ou marge actionnariale limite autorisée) ? On aurait pu préférer VLAN, l’équivalent français, qui saisit bien l’esprit de la chose, mais l’acronyme était plus difficile à construire. Et puis la finance se pique de ne parler qu’anglais, langue des affaires, par là réputée moderne ; donc on lui en donne. Il y a aussi qu’arraisonner la finance est un combat politique à portée évidemment internationale. Rien n’est plus souhaitable que de voir le plus grand nombre s’emparer de l’idée, pour se l’approprier, la décortiquer, trouver ses défauts présents, y remédier, pourquoi pas la rendre encore plus méchante ; bref le code du SLAM est immédiatement en open source, sa vraie place est dans le domaine public. Mais qu’on ne s’y trompe pas : l’internationalisation de la proposition répond à des intentions essentiellement politiques, et secondairement « techniques ». Qu’on n’aille pas, en particulier, y voir l’anticipation d’un projet qui devrait être « nécessairement international » pour venir à bout de la prévisible objection, jadis opposée à la taxe Tobin, qu’un dispositif de cette nature ferait « immédiatement fuir les capitaux hors de France ». Qu’ils fuient, ma foi, c’est bien possible, quoique dans une mesure qu’il ne faut sûrement pas exagérer. Que ce soit un problème réel, c’est déjà beaucoup plus contestable. Il est temps en effet d’indiquer la portée véritable des « bienfaits » de la Bourse au chœur des amis des marchés financiers qui ne cesse de répéter que « sans elle, pas de financement ». Car, à supposer même qu’on mette de côté la somme extravagante des nuisances en tout genre infligées aux entreprises par la tutelle actionnariale, la thèse de la « Bourse-qui-finance-l’entreprise » est tombée depuis belle lurette dans le domaine des contrevérités patentées. Annexe 2 : Réfutation de l'usage de la théorie de l'utilité marginale décroissante pour justifier l'impôt progressif par Vincent Bénard (institut Hayek) (Mars 2007) L'une des justifications utilisée par les partisans des impôts sur le revenu progressifs réside dans « l'utilité marginale décroissante du dernier euro de revenu ». […]Ce principe stipule que vu du consommateur, l'utilité d'un bien décroît avec sa consommation. Cette utilité marginale décroissante est évidemment très variable en fonction des personnes, des endroits, des périodes, et des circonstances. […]De même, certaines personnes trouvent une utilité marginale élevée à chaque place de cinéma qu'ils achètent, alors que d'autres estiment qu'au-delà de trois sorties annuelles, ils ont leur compte et préfèrent utiliser leur argent à d'autres loisirs. […] Comment ce principe d'utilité marginale décroissante est-il appliqué aux revenus ? Simple, certains économistes affirment que plus l'on gagne d'argent, moins l'utilité marginale du dernier euro gagné est élevée. Alors que le plus pauvre des individus a un besoin vital de tous les euros qu'il gagne, le plus aisé, une fois qu'il a satisfait ses besoins de consommation de base, aurait moins d'utilité à gagner un euro supplémentaire. Ils déduisent de ce postulat que la moindre utilité marginale du dernier euro gagné justifie une taxation plus importante au nom de l'équité. […] Puisque l'utilité marginale de chacun des euros gagnés en plus diminue, alors le taux d'imposition d'un euro supplémentaire doit être supérieur à celui de l'euro qui l'a précédé. Ce raisonnement, visant à donner une justification théorique à une certaine idée de « justice fiscale », doit être réfuté selon plusieurs angles d'attaque: Tout d’abord, la mise en œuvre de l'impôt progressif en France, viole le principe « utilité décroissante justifie taxation plus élevée » .En effet, en France, le code des impôts comporte des exemptions justifiées non seulement par certaines charges particulières, ce qui pourrait s'admettre, mais aussi par ce que vous êtes: de nombreuses professions bénéficient encore d'exemptions inaccessibles à d'autres, malgré un nettoyage récent de ces exemptions. […]L'existence d'exemptions catégorielles, ou liées à certains types de placements, viole la notion de justice que le lemme de l'utilité marginale décroissante des revenus est censé justifier. Ceci dit, si l'impôt actuel était transformé en impôt progressif sans aucune exemption catégorielle ou niche fiscale, levant l'objection qui précède, sa progressivité ne serait pas plus justifiée au titre du principe d'utilité marginale décroissante. L'utilité marginale d'un euro de revenu est tout aussi variable que l'utilité marginale d'un bien de consommation. Soit deux individus de même situation matrimoniale gagnant chacun 20.000 euros annuels nets, soit à peu de choses près le salaire médian. Ces deux individus peuvent percevoir une utilité marginale extrêmement variable de leur 20001ème euro de revenu. Le premier vit aux fins fonds de l'Auvergne, est propriétaire de sa maison depuis longtemps, une partie de la nourriture qu'il consomme vient de son jardin. Le second paie un loyer à Paris parce qu'il y travaille, envoie chaque mois 300 euros à un jeune frère au chômage, et doit consentir des frais professionnels élevés (habillement, déplacements domicile travail, etc...) du fait du métier qu'il exerce, et aime suivre les modes. Nul doute que le second ressentira indubitablement un besoin plus élevé pour chaque euro supplémentaire ! Faudrait-il alors taxer différemment le 20.001ème euro du parisien et de l'auvergnat ? Tenir compte de chaque situation individuelle ? Impossible. Certes, le code des impôts module l'imposition en fonction de la composition du foyer, et de quelques charges, mais ne peut en aucun cas adapter l'imposition à l'utilité marginale différemment ressentie pour chaque euro de même rang par différents individus. Aussi la justification de la progressivité de l'impôt par l'utilité marginale décroissante apparaît moins évidente : la taxation progressive taxe identiquement des utilités marginales très variables, et donc retire à certains contribuables plus d'utilité marginale qu'à d'autres: la contribution n'est plus « également répartie en raison des facultés » marginales de chacun. L'utilité marginale des revenus ne pourrait-elle être que décroissante ? […]Que l'on démontre le contraire, et toute leur justification morale de l'impôt progressif tombe. On peut facilement identifier des situations où l'utilité marginale des revenus encaissés est croissante. Si un individu pauvre, en ne se nourrissant que de féculents « premier prix » et en habitant le logement le plus modeste disponible, consacre 400 euros mensuels incompressible à sa subsistance, alors l'utilité marginale des 399 premiers euros gagnés est bien moindre que celle du 400ème, celui qui lui permet d'honorer son loyer et de ne pas se retrouver à la rue. Parce que toute structure de consommation comporte des postes budgétaires à la fois très peu substituables et « insécables », que sont principalement les loyers ou les mensualités de crédit, ainsi que le minimum vital alimentaire, l'utilité marginale des euros gagnés en deçà de la somme de ces montants est moindre que celle de l'euro qui permet d'atteindre ces sommes. […]. Taxer exagérément les revenus croissants sans tenir compte de l'utilité croissante de certains revenus en fonction des projets de vie qu'ils peuvent alimenter empêche donc la réalisation des dits projets, comme la création d'une entreprise, la rénovation d'une maison ancienne, ou la conception d'un troisième enfant. Enfin, il est faux de croire que la consommation « superflue » au-delà des minimums vitaux ait nécessairement une utilité décroissante. Reprenons l'exemple de notre RMIste. Avec 400 Euros, il satisfait au minimum vital. Mais ne manger que des féculents premier prix est nuisible pour la santé: toute augmentation de son budget alimentation lui permet d'améliorer sa condition physique. Toute amélioration de son logement lui permet de tisser des relations sociales plus fécondes... Qui peut estimer que l'utilité marginale des revenus supplémentaires serait décroissante en ce cas? Le raisonnement peut également valoir pour des ménages plus aisés. Ainsi, plus de revenus permettent d'augmenter, si nécessaire, le budget nécessaire à l'éducation d'enfants, et donc à mieux préparer leur avenir: là encore, qui peut dire que l'utilité marginale des euros nécessaires à la réalisation de cet objectif est décroissante ? […] L'utilité marginale de chaque euro gagné ne doit pas s'apprécier qu'en termes d'unités de consommation individuelle supplémentaires possibles. Son utilité collective doit être comptabilisée. Cependant, l'expérience montre que la plupart des produits de luxe d'un jour sont les produits grand public de demain. Un exemple parmi des millions: Les équipements de sécurité que l'on trouve sur la moindre Twingo ont pour la plupart été introduits dans les années 80, voire au début des années 90, sur des automobiles de luxe. […] Cette évolution n'aurait pas été possible sans la conjonction de deux phénomènes. Le premier d'entre eux est l'investissement de particuliers dans des entreprises nouvelles, conduisant d'une part à un élargissement des besoins pouvant être satisfaits par l'offre, d'autre part à une amélioration perpétuelle du rapport qualité prix de cette offre. Cet investissement nécessite que les individus ayant des idées disposent de fonds pour en amorcer la réalisation, puis trouvent des investisseurs aisés pour financer la croissance du projet (les fameux « business angels »). Ces fonds sont alimentés par l'épargne rendue possible par l'augmentation des revenus, et en dessous d'un certain seuil critique, l'investissement des business angels ne saurait avoir la même efficacité qu'au-delà de ce seuil: […] l’utilité marginale de l'euro supplémentaire investi pour atteindre ce seuil est donc plus élevée que celle des euros immédiatement antérieurs: encore un exemple d'utilité marginale croissante. En surtaxant cette utilité, le trésor public l'amoindrit. […]De même, la consommation initiale de ces produits par une clientèle aisée acceptant de payer des marges élevées pour en bénéficier peu après leur apparition sur le marché. En conséquence, les entreprises peuvent investir pour améliorer leur offre, l'existence d'un espoir de gain permet à de nouveaux entrants d'augmenter la compétition sur ces offres nouvelles et d'en améliorer le rapport qualité prix, etc... Là encore, si une taxation excessive des revenus les plus élevés limite cette consommation, les processus corollaires d'amélioration de l'offre accessible aux revenus plus bas -en un mot, le progrès- sont retardés d'autant. Ajoutons que ce foisonnement d'idées nouvelles et de besoins de consommation nouveaux multiplie les opportunités offertes aux individus situés en bas de l'échelle sociale d'améliorer leur condition en leur permettant de valoriser les compétences qu'ils acquièrent de par leur expérience. Stopper le progrès, c'est arrêter l'ascenseur social. L'utilité marginale des derniers euros gagnés est donc bien plus élevée que la seule prise en compte des besoins individuels de consommation ne le suggère. Cette utilité additionnelle est collective, « sociale » au sens propre du terme, en ce sens qu'elle résulte en des processus vertueux qui améliorent les conditions de vie du plus grand nombre. […] les théoriciens de l'impôt progressif ignorent cette utilité marginale collective et sociale, fonction croissante des revenus. Par conséquent, les taxations proportionnelles apparaissent sur le long terme comme bien plus profitables à tous, y compris aux plus faibles. Donc plus justes !