introduction au théâtre - Le capes de lettres modernes en clair

1
ENVOYE PAR CELINE.
LE THEATRE MARIE-CLAUDE HUBERT
Avant-Propos
Le théâtre ne s’accomplit vraiment que dans la représentation.
On sait bien que les comédies ne sont faites que pour être jouées ; et je ne conseille de lire celle-ci qu’aux
personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre (Molière “Au lecteur”
L’Amour Médecin)
Il y a bien de la différence entre peindre à mon imagination et mettre en action sous mes yeux (Dorval, porte-
parole de Diderot Entretiens sur le fils naturel)
Le roman et le théâtre sont deux genres irréductibles.
I
I
L
LE
E
S
SY
YS
ST
TE
EM
ME
E
D
DR
RA
AM
MA
AT
TI
IQ
QU
UE
E
Le théâtre est un art de la mimêsis, Platon mimêsis = le poète fait parler ses perso.
diégésis = “ parle en son nom.
I.A Le dialogue ou la double médiatisation du discours
I.A.1 Absence de discours commentatif
Dans le poème dramatique il faut que le poète s’exprime par la bouche des acteurs ; il ne peut y employer d’autres
moyens (D’Aubignac, La Pratique du théâtre, livre I)
Les idées de l’auteur ?
On ne peut que rarement les dégager de la pièce (un peu avec le théâtre engagé, Sartre)
L’auteur et ses perso
Le théâtre, quoique hypostasiant le « je » puisque chaque personnage perle à la première personne, interdit toute
possibilité d’autobiographie. (MCH)
Autobio dans la pièce, qq traces avec Molière qui écrivit Le Misanthrope lorsqu’il comprit qu’il
ne pourrait pas se faire aimer d’Armande Béjart.
Il se sont déjà détachés de moi (Pirandello, pref de Six personnages en quête d’auteur)
Pas de plan préétabli
C’est parce que le dramaturge ne peut s’exprimer directement que nous n’avons jamais
d’architecture d’ensemble d’une œuvre dramatique. (MCH) Il est remarquable que pour souligner le lien
entre ses trois pièces Le Barbier de Séville, Le Mariage de Figaro, La Mère coupable, Beaumarchais
utilise des mots de romancier “Le roman de la famille Almaviva”
I.A.2 Absence de description du personnage dramatique
Caractère énigmatique du personnage
Le perso n’existe que dans le dialogue,
2
CLOV : A quoi est-ce que je sers ?
HAMM : A me donner la réplique. (Beckett Fin de partie)
Parfois, explication partielle avec un “récitant” (Brecht) ou un coryphée (théâtre antique) mais
ce perso ne peut être objectif car il appartient à la pièce.
Rareté des portraits
“Le personnage, sur scène, est d’abord appréhendé à travers l’acteur(MCH) La perception de
sa personne est immédiate.
Le portrait d’un personnage est fait souvent par un autre perso, exemples, le portrait de
Thomas Diafoirus par son père dans Le Malade Imaginaire, les portraits que fait Célimène dans Le
Misanthrope (nous renseignent plus sur Célimène que sur les perso qu’elle décrit)
Le rôle
Il y a parfois des changements de rôle au cours de la pièce mais le spectateur reconnaît tjrs le
rôle profond, exemple Silvia prend le rôle de Lisette dans Le Jeu de l’Amour et du Hasard mais
demeure Silvia pour les spectateurs.
Le jugement est dévolu au spectateur, exemple Fin de Partie (Beckett)
HAMM : On n’est pas en train de…de…signifier quelque chose ?
CLOV : Signifier ? Nous signifier ! (Rire bref) Ah elle est bonne !
HAMM : Je me demande (Un temps) Une intelligence, revenue sur terre, ne serait-elle pas tentée de se faire des
idées, à force de nous observer ? (Prenant la voix de l’intelligence) Ah, bon, je vois ce que c’est, oui, je vois ce qu’ils
font !
Ce sont les perso secondaires (qui n’apparaissent pas) qui sont le plus souvent décrits.
I.B L’action dramatique
I.B.1 Le conflit
La scène est tjrs un champ de bataille (physique chez les antiques, physique ou verbal chez les
classiques)
Solomon Marcus dégage le “degré de verbalisation du conflit” qui est le nb de présence avec
répliques d’un perso / le nb de présences scéniques total de ce perso.
I.B.2 L’exposition
Présentation du conflit dès le début de la pièce Problème du dramaturge : concilier cette
nécessaire explication et l’action, pas de temps d’arrêt trop long.
Exemple La Mère coupable I2 Figaro Suzanne qui lui reproche de lui rappeler des choses
qu’elle connaît déjà) Encore faut-il bien s’expliquer pour s’assurer que l’on s’entend” Beaumarchais
souligne cette difficulté.
I.B.3 Le déroulement du drame
Durcissement du conflit jusqu’au nœud. Ce fait est souligné par le perso de Dubois dans Les
fausses Confidences (Marivaux) : “Voilà l’affaire dans la crise !”
Une pièce de théâtre est une construction constituée d’une série d’états de conscience, ou de situations, qui
s’intensifient, se densifient, puis se nouent, soit pour se dénouer, soit pour finir dans un inextricable insoutenable
(Ionesco, Notes et contre-notes)
I.C L’écriture didascalique
Deux niveaux d’écriture, dialogue et didascalies (appelées pantomimes au XVIIIème). Les
didascalies sont de plus en plus abondantes depuis le XVIIIème. Pour M. Issacharoff, Le spectacle du
discours, les didascalies sont à peu près l’équivalent de la fonction métanarrative dans le roman.
3
I.D Les servitudes de la scène
Le canevas de la pièce (sa structure interne qui existe dans l’esprit de l’auteur) pourrait aussi
bien être un résumé de roman. La structure externe est spécifiquement dramatique et dictée par
l’espace clos de la scène. Corneille avait conscience de cette contrainte scénique :
Nous sommes gênés au théâtre par le lieu, par le temps, et par les incommodités de la représentation qui nous
empêchent d’exposer à la vue beaucoup de personnages à la fois […] Le roman n’a aucune de ces contraintes : il
donne aux actions qu’il décrit tout le loisir qu’il leur faut pour arriver…(Corneille, Deuxième discours)
I.D.1 Contraintes spatio-temporelles
Espace scénique / espace dramaturgique
Espace scénique : “L’ensemble abstrait des signes de la scène” Anne Ubersfeld, Lire le Théâtre.
= Lieu scénique : “Espace concret investi par les comédiens”
Espace dramaturgique : Imaginaire, n’existe que dans le discours des perso. Ouvre la scène sur
d’autres horizons. Arrière-plan qui n’est pas montré.
Les deux temps du théâtre
Temps de la représentation = temps de l’action. Les classiques veulent donner l’illusion que si,
les auteurs contemporains soulignent sans cesse que non.
Au théâtre nous manipulons le temps comme un accordéon, à notre plaisir. (Un perso du Soulier de Satin, Claudel)
I.D.2 La division en actes
L’unité temporelle de l’acte
La division en actes permet de ne représenter que les moments marquants. Un acte marque une
unité. Salomon Marcus dégage l’indice de mobilité” d’un perso, nb d’entrées et sorties du perso / nb
total de scène.
Le temps des entractes
Un intervalle de temps (de l’action dramaturgique imaginaire) variable sépare les actes. Euripide
et Sénèque meublaient ces entractes avec des chants et des danses ce que condamne Aristote. Dans
Athalie, Racine ponctue chaque acte avec un chant du Chœur, les chanteuses sont aussi des
personnages. Pour la mise en scène du Bourgeois Gentilhomme, Jérôme Savary réutilise les intermèdes
chantés et dansés, originellement présents dans la pièce de Molière.
I.D.3 Le langage dramatique
Intrusion du diégétique
Lors des récits, les termes introducteurs des didascalies peuvent être supprimés par l’auteur.
Entre l’écrit et le dit
Les acteurs sont sensés dialoguer devant nous, mais c’est une illusion comme en témoigne
l’existence des apartés. Ainsi, le langage dramatique est à mi-chemin entre l’écrit et le dit. Il a la
spontanéité apparente de l’oral et la perfection de l’écrit.
Les six fonctions du langage (cf. Jakobson)
La versification
Au Moyen-Âge, ce sont l’octosyllabe et le décasyllabe qui sont le plus employés. Au XVIIIème le
texte est surtout en prose, le romantisme alterne entre la prose et l’alexandrin.
4
I.E Le goût du public
I.E.1 L’illusion du côté du spectateur
Le rapport au spectateur
Le texte est parfois remanié en fonction de l’appréciation du public, Musset, sifflé décide de ne
plus écrire que des piècesà lire” (le théâtre dans un fauteuil). Hugo arrête sa carrière de dramaturge
après l’échec des Burgraves.
L’imaginaire du spectateur est activement sollicité pour reconstituer un décor fait de planches
Suppléez par votre pensée à nos imperfections […] C’est votre pensée qui doit ici parer nos rois (Shakespeare,
Henry V)
Le mythe de l’illusion parfaite
On veut croire “que c’est pour de vrai” comme un enfant. Dans Racine et Shakespeare, Stendhal
raconte que lors d’une représentation d’Othello, un spectateur a tiré sur le perso d’Othello au moment
il allait tuer Desdémone. Dans l’Illusion Comique, Primadant est le perso du crédule qui croit que
c’est “pour de vrai”.
I.E.2 Rire et / ou pleurer
Le théâtre est le miroir de la nature. Pour que le spectateur puisse être ému, il faut qu’il puisse
croire à ce qu’il voit.
Le monde stylisé qu’évoque le théâtre, plus vrai que le vrai, met en cause le spectateur dans son existence même,
et c’est pourquoi le théâtre nous émeut. Par le spectacle qu’il nous offre de nous même, il nous fait ressentir
l’artifice de la vie humaine. MCH (cf. Shakespeare )
Le monde entier est une scène et les hommes et les femmes ne sont que des acteurs (Shakespeare, Comme il vous
plaira)
I.E.3 L’illusion du côté de l’acteur
Dans Le Paradoxe sur le Comédien, Diderot note que l’acteur ne doit éprouver aucune des
émotions du perso. Son jeu ne doit pas être investi d’émotions mais être le fruit de qualités
particulières et surtout, de travail. Ce n’est pas l’acteur qui vit les émotions du perso mais les
spectateurs. Les romantiques pensent le contraire.
I.E.4 Les moralistes et le théâtre
L’attitude de Platon
Pense que le poète est dangereux car séducteur.
La condamnation des jansénistes
Pour eux le jeu corrompt. D’où la polémique de leur part contre Racine.
Le psychodrame
Pour les psychanalystes, le jeu semble favoriser une levée des inhibitions, le théâtre est parfois
utilisé comme une thérapie.

5
I
II
I
L
LE
E
T
TH
HE
EA
AT
TR
RE
E
M
ME
ED
DI
IE
EV
VA
AL
L
II.A Naissance d’un genre
II.A.1 Origines
Le théâtre est né d’une tradition religieuse et profane
Le théâtre religieux
Dès le IXème siècle, on joue des drames liturgiques dans les églises, ceci est à l’origine des
Mystères et des Miracles.
Le théâtre profane
Les jongleurs jouent les chansons de geste, ils imitent plusieurs perso.
Les fêtes
Au XIIIème siècle, la Fête des Fous psychodrame. Les institutions sont bafouées, les hauts
dignitaires sont tournés en dérision. Cette fête est interdite en 1436 mais elle survit jusqu’au milieu du
XVIème. Elle a ouvert la voie à la Sotie par son aspect contestataire et à la Farce par son côté
grotesque.
II.A.2 Les premiers Jeux
“Réalisme dans le tableau des mœurs et abondance de traits comiques” MCH. Pas de nette
séparation entre le religieux et le profane.
Le « Jeu de Robin et de Marion »
Crée par Adam de la Halle, dit Le Bossu à la fin du XIIIème, c’est un théâtre entièrement
profane, il adapte un genre poétique en vogue, la pastourelle. L’histoire : un chevalier essaie par deux
fois de séduire la bergère Marion, fidèle à Robin. Robin veut la défendre mais devient lâche et s’enfuit
laissant Marion se débrouiller toute seule. Robin est à l’origine d’un type comique qu’on retrouve
souvent chez Molière, le paysan balourd.
Le « Jeu du garçon et de l’aveugle »
Série de mauvais tours qu’un jeune garçon joue à son maître aveugle. L’aveugle était tjrs un être
antipathique au Moyen-Âge, d’où le rire est possible. Le couple valet/aveugle restera très présent dans
la litté, c’est l’objet du premier roman picaresque, La Vie de Lazare de Tormes.
Procédé comique de la répétition, largement exploité par la suite ainsi que le double langage (le
garçon prend une voix de gentil pour s’adresser à l’aveugle)
II.A.3 Les “dits”
Un perso qui déclame un monologue versifié, Rutebeuf Dit de l’herberie. Ce terme peut
également désigner un fabliau, le Dit des perdrix.
II.B Nouvel Essor
Déclin du théâtre au XIVème siècle (guerre de 100 ans, peste noire…) Après, explosion de
formes comiques.
II.B.1 Sermons joyeux et monologues
Sermons joyeux : Saint-Andouille, Saint Frappe-culz, tournent en dérision les sermons religieux
avec un latin macaronique, plaisanteries obscènes.
Monologues : caractère dramatique plus marqué, Le Franc Archer de Bagnolet. Structure en
deux temps, le plus souvent 1ère partie récitation : un soldat bravache qui se vante, 2ème partie jouée : le
soldat est ridiculisé.
Parfois certains acteurs étaient dans le public pour lancer des commentaires.
1 / 29 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !