Le lien conjugal entre normes et déviances

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Journée d’étude du CERHIO-UMR 6258
Université d’Angers
Le lien conjugal entre normes et déviances de l’Antiquité à nos jours : problématiques et
concepts
Le droit au mariage est en train de changer sous nos yeux d’une façon considérable, mais ce
changement est loin d’être sans précédents. Le lien matrimonial peut être pensé comme
indissoluble ou non, expression d’un contrat sacramentel ou civil, librement consenti ou
contraint, voué à la procréation légitime ou sanctifié par la chasteté des époux, etc. Le présent
texte est un programme de réflexion en vue d’une première journée d’étude consacrée aux
pratiques et aux variations socio-historiques autour du droit au mariage, en les considérant entre
normes et déviances.
C’est toute forme d’union stable susceptible d’engendrer une descendance que nous inclurons
dans notre réflexion. A différentes périodes, en effet, diverses constructions normatives peuvent
co-exister ; soit qu’il s’agisse de formes d’union alternatives (matrimonium et concubinat
romain), ou que de nouvelles normes apparaissent (union libre, PACS), soit qu’un changement
du cadre de référence socio-culturel religieux ou idéologique modifie la définition juridique
(païen/ chrétien, catholicisme/protestantisme, exclusivité hétérosexuelle ou non). En outre, la
définition juridique est parfois enfreinte ou contournée par les acteurs sociaux (paradoxe du
mariage « clandestin » au Moyen Age interdit mais valide, jusqu’au milieu du XVIe siècle ;
mariage « à la gaulmine ») ; ou même détournée (mariage blanc). Ces pratiques sont impulsées
par les multiples rapports de forces dont la formation du lien conjugal est l’enjeu (entre familles
et autorités, entre les familles, entre les sexes, entre les générations…).
Comme souvent, la déviance en matière de formation du lien matrimonial fournit d’abord un
observatoire privilégié de cette pluralité des normes. La norme est ici élaborée, vécue,
recomposée par les acteurs du jeu social. Les déviances matrimoniales sont-elles toutes
également synonymes d’infractions, définies par la loi et passibles d’une peine elle-même
définie par la loi ? En outre, normes et déviances sont aussi reliées au sein même de la
dynamique historique du fait que certaines pratiques précédemment jugées déviantes se
trouvent parfois intégrées dans les normes, puis dans les règles juridiques.
Cette problématique sera envisagée dans toute la continuité du temps historique, depuis
l’Antiquité jusqu’à nos jours. L’inscription de l’étude dans le temps long permettra de voir de
quelle manière l’évolution des comportements sociaux a pu conditionner l’évolution des corpus
juridiques. Certaines thématiques apparaissent déjà pouvoir être appréhendées de manière
diachronique afin de mieux révéler les spécificités historiques et les enjeux sociaux de chaque
élaboration normative. En confrontant les époques historiques, les paradigmes et les différents
champs des sciences sociales (anthropologie, sociologie, droit), nous souhaitons questionner la
pertinence d’outils conceptuels, et associer la définition de l’institution matrimoniale aux
pratiques sociales.
Cette première journée d’étude cherchera à questionner la pertinence du concept de
« déviance » appliqué à cette question, à en préciser des typologies (lexique, formes,
conditions, acteurs, enjeux), à identifier, le cas échéant, des dynamiques chronologiques. Elle
cherchera aussi à proposer un état de la question pour chaque période historique. Elle devrait
permettre de préciser les problématiques d’un colloque ultérieur (2012).
Carole Avignon
MCF Histoire médiévale
Université d’Angers
Michel Nassiet
Professeur d’Histoire moderne
Université d’Angers, IUF
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