chômage, allocations maladie, allocations familiales, etc.). Cette prise de conscience collective est à
l'origine de l'État providence.
Mise en place de l'Etat Providence: 2 faits majeurs
1. Le Social Security Act de 1935
Il concerne les États-Unis. Le 15 août 1935, au cours de ce que l'on a appelé les «deuxièmes cent
jours» du New Deal (le deuxième et le plus important des trains de réformes de Roosevelt), est adopté
le Social Security Act. Il s'agit de la mise en place d'un système national d'assurance vieillesse (pour
les plus de 65 ans) accompagné d'une assurance chômage, organisée librement par chaque État, sous le
contrôle et, si nécessaire, avec l'aide financière du pouvoir fédéral. Dans le pays qui passait pour la
forteresse du capitalisme libéral, le social est intégré à l'économique sous le contrôle et l'impulsion de
l'État.
2. Le rapport Beveridge de 1942
Le second fait est celui de la publication, en Angleterre, pendant la guerre, du rapport Beveridge. Lord
William Beveridge fut chargé, en 1941, par le gouvernement de Winston Churchill, de rédiger un
rapport sur l'organisation d'un système de sécurité sociale. Publié en 1942, son travail (Social
Insurance and Allied Service) servit de base à la mise en place de la législation britannique. Il donne
un contenu au terme «sécurité sociale» utilisé par la loi américaine de 1935. Les principes de base sont
clairs: le système doit être généralisé (accès à l'aide sans discernement), unifié (une seule cotisation
suffit pour accéder aux différentes aides), uniforme (les prestations de services sont identiques pour
tous), centralisé (le système est géré par un organisme public unique) et global (le système rassemble
toutes les formes d'aides et d'assurances). C'est bien d'une conception nouvelle de la croissance
économique et de l'organisation sociale qu'il s'agit: les travaux de Beveridge, en donnant naissance à la
sécurité sociale, marquent du même coup la genèse de l'État providence.
III Les problématiques soulevées par l'Etat Providence
Les Etats Providence et le développement économique
L’EP ne se focalise pas sur la gestion des plus pauvres et des plus démunis. Il doit étendre son
action dans les domaines économiques et sociaux, justifiant son nouveau territoire par les nécessités
publiques. La forme nouvelle de l’Etat social est l’Etat-Providence keynésien qui s’efforce tout à la
fois de promouvoir la croissance économique, de surmonter les oppositions sociales et d’assurer une
fonction d’allocation équitables des richesses. Dans tous les pays connaissant ce système, la
concertation est recherchée par l’institutionnalisation d’institutions mixtes Etat / syndicat / patronat.
En matière de politique conjoncturelle, malgré une tendance inflationniste qui accompagne la
croissance, les politiques se révèlent efficaces. Nous avons à faire à une figure d’un état qui se précise
toujours plus ; un état qui protège le droit des citoyens, développant son action pour répondre aux
nouveaux besoins sociaux. L’Etat providence est-il capable de répondre aux aspirations les plus
contradictoires ?
Des Etats Providence en crise
Dès 1980, les Welfare States ne parviennent pas à négocier le virage ; le dérapage semble
inéluctable. La crise financière ouvre sur un renouveau des doctrines libérales qui ébranlent les
fondements des politiques de gestion de la question sociale. De nouvelles formes de précarité forcent
les décideurs à parer au plus pressé. Les marges de manœuvre financières des Etats s’amoindrissent
alors que l’évolution des structures démographiques aggravent les problèmes.
On peut légitiment parler de remise en cause de l'Etat-Providence. La capacité de l’Etat d’assurer
la croissance est limitée par l’interconnexion des économies et rejetée par la nouvelle orthodoxie
économique. La fonction providentielle de l’Etat est jugée infondée et sources d’effets pervers. L’Etat
apparaît à la fois impuissant face à la crise et bouc émissaire de toutes les frustrations qu’elle
engendre. C’est dans ce contexte que se pose aujourd’hui concrètement la question de la construction
de l’Europe sociale et plus précisément la question de la convergence des systèmes européens d’Etats-
providence.