disciplines dans lesquelles elles puisent les acquis scientifiques : « une utilisation de diverses sciences humaines
et sociales dans une perspective de plus en plus interdisciplinaire » (Jeanneret, Ollivier, 2004, p. 29). Cette
caractéristique propre aux SIC, courant scientifique relativement jeune, ne signifie pas que nous ne puissions
pas parler de discipline à part entière, bien au contraire. Reconnue académiquement, notre discipline
interdisciplinaire fonctionne comme tout autre discipline « au niveau de la production de normes scientifiques,
sociales, institutionnelles, des processus de socialisation et de représentation... et de la production de ses
membres » (Boure, 2002, p. 21). Les Sciences de l’information et de la communication « tracent peu à peu un
espace d’objets et de questions qu’elles prennent plus particulièrement en charge » (Jeanneret, Ollivier, 2004,
p. 28). Puisque, à ce jour, les problématiques autour de la thématique de l’orientation des élèves de classe de
seconde ont été largement débattues par les Sciences de l’éducation et la sociologie de l’éducation, nous
pouvons être amenés à nous demander « si les SIC apportent, vis-à-vis des sciences qui les jouxtent, quelque
chose de nouveau. Se contentent-t-elles de leur emprunter des méthodes, des concepts, des outils, pour
s’arroger le droit de les utiliser de leur côté ? Permettent-elles d’offrir un point de vue nouveau sur des
questions déjà traitées par d’autres ? » (Ibid p. 87).
Le choix d’orientation des élèves de classe de seconde : un nouvel objet pour les SIC
Le choix d’orientation des élèves de classe de seconde semble directement lié aux Sciences de l’éducation. Les
chercheurs concernés ont, dans le cadre épistémologique qui est le leur, fait apparaître de nombreuses
explications certes intéressantes mais qui nous laissent toutefois insatisfaits. Ces dernières n’insistant pas
suffisamment sur les relations circulaires possibles entre les acteurs, et ne prenant pas en compte les
dimensions communicationnelles. Il en ressort, nous semble-t-il, matière à porter un nouveau regard sur le
« choix d’orientation des élèves de classe de seconde », celui des SIC, avec une dimension interdisciplinaire.
Elle correspond au concept d’orientation et objets qui forment le contexte de choix.
Curieusement, « le choix d’orientation des élèves de classe de seconde » n’a pas encore fait l’objet de travaux
en SIC qui permettraient un autre regard sur celui-ci. La plupart des chercheurs en SIC se sont principalement
arrêtés aux problématiques d’apprentissage et aux relations entre l’apprenant et les dispositifs
d’enseignement. Il existe dans ces thématiques de très nombreux travaux et ouvrages ; Alex Mucchielli évoque
la formation à distance comme nouveau domaine pour les SIC (Mucchielli, 2006). En 1998, un ouvrage tente de
répondre aux questions posées par les utilisateurs de multimédias éducatifs (Depover, Giardina, Marton, 1998),
un autre cherche à comprendre la place de l’ordinateur et des cédéroms dans le processus d’apprentissage de
l’enfant (Noy, 2006). D’autres, enfin, sont à destination des enseignants (Hirschsprung, 2005) et du monde
éducatif (Paquelin, 2009).
Les chercheurs en SIC s’intéressent également aux formations à distance : ils contribuent à mieux cerner et
comprendre les interactions qui se construisent entre les apprenants et l’outil technologique. Par exemple,
Serge Agostinelli explique que « les TICE donnent ainsi naissance à de nouvelles façons de travailler, de
communiquer, d'apprendre. Elles bousculent la notion de proximité, de présentiel et doivent a priori contribuer
à une augmentation du travail à distance, en groupe, en collaboration pour favoriser des processus individuels
d'acquisition de connaissances » (Agostinelli, 2003, p. 61).
De nombreux articles sont écrits dans différentes revues telles que la « Revue internationale de
psychosociologie » (De Lavergne, 2007), la revue « Distances et savoirs » (Galisson, Lemarchand, Choplin, 2004
; De Lavergne, Lieb-Storebjerg, 2009) pour n’en citer que quelques unes.
Un récent travail de thèse en SIC (71ème section) à l’Université de Montpellier III a ainsi porté un regard croisé
sur deux dispositifs de formation : une formation présentielle, l’autre à distance (Szafrajzen, 2010). Dans ces
domaines principalement dédiés aux Sciences de l’éducation, nous le percevons, les SIC portent un regard. La
thématique de l’orientation et plus précisément « le choix d’orientation des élèves de classe de seconde »
reste encore, quant à lui, un objet d’étude à investir par les SIC. L’absence du « choix d’orientation des élèves
de classe de seconde » comme objet de recherche en SIC ne signifie donc pas, bien au contraire, que cet objet
soit à l’extérieur des frontières de notre champ d’études. D’ailleurs, c’est « le point de vue qui crée l’objet »
(Ollivier, 2001, p. 352) et « le choix d’orientation des élèves de classe de seconde » peut être pensé à l’aune de
l’approche communicationnelle.