Chapitre 6 : Pays émergents et mondialisation Introduction : la naissance de nouveaux géants économiques et de pays investisseurs Les analyses du monde en développement ont contribué à complexifier cette notion géographique, en parle désormais des Suds et non du Sud. Depuis les années 2000, la complexification croissante rend difficile une définition homogène. Les pays émergents sont un peu les enfants de la mondialisation. En 2005, le monde en développement a produit 50% du PIB mondial, une donnée importante qui oblige à repenser la géographie de la croissance et de la production. On a parlé d’emerging markets ou emerging economies. Colman Saxe a parlé des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), les pays en développement les plus intéressants, avec des états de l’ancie bloc soviétique et des pays dits du Sud. 1. Comment les pays émergents tirent profit de la mondialisation 1.1 Une meilleure intégration dans le commerce mondial La part des pays émergents ne cesse de croitre. Entre 1964 et 1974, la part des pays émergents était d’environ 25%, aujourd’hui, de 35%. L’économie de ces pays est dite réceptive aux attentes des marchés internationaux et à la mondialisation (à mettre en lien avec une nouvelle géographie de la production). 1.2 Un succès plus facile aux investissements privés Il s’agit notamment des IDE. Les banques ont été privatisées. Les flux financiers à destination des pays en développement sont de plus en plus des investissements privés (80% aujourd’hui, soit 200 milliards de dollar, alors que l’aide publique n’est que de 20 milliards). Cet investissement est d’autant plus favorisé que le niveau de risque de ces économies a fortement diminué. 1.3 Une croissance plus soutenue Depuis les années 80, les pays émergents connaissent une croissance soutenue (la pauvreté extrême a diminué de 200 millions d’individus). Les Etats produisent de plus en plus de richesse. Une grande partie des pays émergents connaît plus de 5% de croissance. Il y a une distinction à faire entre les pays émergents et les autres pays en développement. Depuis une dizaine d’années, les pays émergent cumulent 5% de croissance, tandis que les autres n’ont qu’un rythme très ralenti, et sont fermés à la mondialisation. 2. Les pays émergents dans la division internationale du travail et dans la géographie de la production 2.1 Des pays à la main-d’œuvre bon marché qui va dans le sens de la théorie des avantages comparatifs La Chine est aujourd’hui qualifier d’atelier du monde, et notamment le sud de la Chine, au nord de Hong Kong, où sont délocalisées une grande partie des FMN. Le poids démographique de certains de ces états implique des investissements proportionnels et massifs, soit un atout supplémentaire pour les états émergents. Dans ce contexte de la nouvelle répartition des activités et de la main-d’œuvre, ces pays déstabilisent une grande partie des secteurs économiques et des économies d’autres pays en voie de développement. Grâce à leur compétitivité-prix, les pays émergents espèrent attirer des investissements. Ce système permet aux pays développés de connaître une moindre inflation. 2.2 Une réorganisation des activité à forte valeur ajouté qui ébranle quelque peu la théorie des avantages comparatifs Les pays émergents ne souhaitent pas rester et ne restent pas des pays à faible valeur ajoutée. Les grands pays émergents investissement massivement dans l’éducation, dans la recherche, dans des contextes internationaux qui héritent d’une culture, d’une éducation. Certains pays émergents ont désormais une maind’œuvre très qualifiée, qui séduit les investisseurs privés notamment dans le domaine de la finance et de l’ingénierie. L’Inde est désormais surnommé le bureau du monde, grâce à l’outsourcing (centres d’appel, services de conseil en informatique ou en finance). La Chine commence aussi beaucoup à soutenir la recherche & développement. Le capitalisme cognitif se base ainsi sur des biens immatériels, et sur la notion d’innovation, avec les marchés innovants. 2.3 L’apparition de FMN dans les pays émergents On avait jusqu’alors l’impression que seules les FMN des pays développés pouvaient déclencher des OPA. Mais aujourd’hui de grands groupes de pays émergents rachètent des entreprises des pays développés (Lenovo, etc.). Les Etats-Unis ont récemment refusé le rachat de leurs entreprises. Les FMN des pays émergents sont fréquemment soutenues par leur gouvernement respectif, ce qui est une enfreinte aux règles du libéralisme, pour les pays développés. Du coup, le soutien des pouvoirs publics pour ces entreprises. Les états des pays émergents sont désormais des états investisseurs et non plus que des états qui sont la cible d’investissement. 3. Les conséquences géographiques de la montée en puissances des pays émergents 3.1 Une pression sur les cours mondiaux des matières premières qui pousse à revoir les relations sud/sud Cette pression sur le coût des matières premières bouscule l’économie mondiale. La Chine elle s’organise pour garantir l’accès aux gisements de matières premières, notamment en Afrique. La Chine accorde des prêts aux Etats Africains avec des conditions très souples. 3.2 De nouveaux rapports géopolitiques C’est la remise en cause des rapports Nord/Sud, et des rapports sud/sud. Ces nouveaux rapports marginalisent parfois les états développés. 3.3 Questionnement sur le modèle de la croissance mondiale de la durabilité du développement On se demande si les pays émergents peuvent suivre la même voie que celle qu’avaient prise les pays désormais développés, avec notamment la question de la surexploitation des ressources, et plus généralement la problématique de l’environnement. Par exemple, le Barrage des Trois Gorges. 3.4 Les pays émergents, du fait de la vitesse de leur développement, laisse de nombreux pans de leur population de côté La plupart des pays émergents suivent une politique libérale en matière économique. L’Etat est certes présent mais pas redistributeur. On délaisse les régions les moins performantes. L’indice de Gini calcule l’écart entre les plus riches et les plus pauvres, et est très important dans les pays émergents Conclusion : une nouvelle révolution dans la répartition mondiale des activités et du capital ? Il existe donc de nouveaux rapports sud/sud. De nombreux échanges commerciaux se passent entre états du Sud. Ces tendances que l’on évoque ne font que débuter, et sont amenées à s’intensifier. On peut se poser des questions quant à la durabilité de notre mode de développement. La mondialisation donne ainsi donc lieu à un espace monde structuré par des dynamiques riches en perpétuelle évolution.