C3 – Elasticités et prix Plan : I. Les élasticités : concepts et applications ................................................................................. 2 A. Les différentes formes d’élasticité ..................................................................................... 2 2. L’élasticité-revenu .......................................................................................................... 3 3. L’élasticité-prix ............................................................................................................... 5 4. L’élasticité-croisée .......................................................................................................... 8 B. A quoi sert l’élasticité ? ..................................................................................................... 9 1 / La nature du choc économique dépend de l’élasticité-prix ........................................... 9 2. L’élasticité-prix est utile au producteur pour déterminer le prix de vente ................... 11 II / Les interventions réglementaires sur les prix et les quantités ............................................ 13 A. Le contrôle des prix : objectifs, prix planchers, prix plafonds ........................................ 13 1. Subventions ................................................................................................................... 13 2. Les taxes........................................................................................................................ 16 3. Contrôle des prix et rationnement (prix planchers et plafonds) .................................... 19 B. La régulation par les quantités ......................................................................................... 21 1. Les quotas ..................................................................................................................... 21 2. Les permis ..................................................................................................................... 22 Mots-clés : Elasticité-prix, élasticité-revenu, élasticité-prix, biens inférieurs, normaux, supérieurs, biens typiques, biens atypiques, biens « giffen », biens « veblen », élasticitécroisée, biens complémentaires, biens substituables, choc d’offre, choc de demande, subvention, taxes, prix plancher, prix plafond, incidence fiscale, rationnement, quotas, permis. 1 I. Les élasticités : concepts et applications A. Les différentes formes d’élasticité 1. Le concept 2 2. L’élasticité-revenu L’élasticité-revenu mesure l’influence d’une variation du revenu (variable explicative) d’un agent économique sur la quantité demandée d’un bien (variable expliquée) : Par exemple, supposons que le revenu d’un ménage plutôt pauvre augmente de 25%, on peut se demander comment évoluera la quantité de viande consommée ? En règle générale, la viande est un bien recherché et plutôt cher (lorsque la viande est de qualité !). Ainsi, le ménage pauvre aura tendance à accroître sa consommation de viande suite à une hausse de ses revenus. Supposons que le ménage consommait habituellement 1 kg de viande par mois et que désormais il achète 2 kgs de viande par mois. Quel est l’effet de la hausse du revenu sur la quantité consommée de viande du ménage ? L’élasticité est de 4. Que signifie cette donnée ? Lorsque le revenu augmente de 1%, la quantité de viande consommée augmente de 4% ! L’élasticité est forte. Ce qui signifie que la consommation de viande du ménage est très sensible à une hausse des revenus. Néanmoins, l’élasticité-revenu n’est pas toujours aussi forte. Parfois, elle est inférieure, d’autres fois supérieures…Cela dépend du type de bien. On peut distinguer plusieurs types d’élasticité et de biens : 3 L’élasticité-revenu permet de distinguer trois types de bien : - Pour les biens inférieurs, la hausse du revenu entraine une baisse de leur consommation car ce sont des biens qui seront remplacées. L’élasticité-revenu est donc négative. Par exemple, une hausse du revenu permet à un ménage pauvre de substituer des baguettes de tradition à des baguettes ordinaires. La hausse du revenu entraine donc une baisse de la quantité consommée de baguettes ordinaires ; l’élasticité-revenu de la demande de baguettes ordinaires est négative. - Pour les biens normaux, la hausse du revenu entraine une hausse de leur consommation mais, proportionnellement, moins importante L’élasticité-revenu est donc comprise entre 0 et 1. Par exemple, une hausse du revenu d’un ménage de 20% permet à ce ménage d’augmenter la consommation de baguette de tradition de 10%. L’élasticité-revenu est alors de 0,5. Cela signifie qu’une hausse du revenu de 1% entraine une augmentation de la quantité consommée de baguette de tradition de 0,5%. - Pour les biens supérieurs, la hausse du revenu entraine une hausse encore plus importante de leur consommation car ce sont des biens valorisés socialement. Elasticité supérieure à 1. Ex : les loisirs Tableau n°1. Typologie des biens selon l’élasticité-revenu -∞ Valeur de eD/R Dénomination Sous-catégories Exemples 0 Négative Inférieurs Biens de première nécessité Et/ou qui ont peu de substituts Baguette ordinaire Pâtes ordinaires 1 +∞ Faiblement positive Normaux Biens de consommation courante Fortement positive Supérieur Biens qui satisfont de nouveaux besoins Baguette de tradition Pâtes fraiches Pains spéciaux Parfums Voitures de sport Exercice d’application n°1. L’élasticité-revenu 4 3. L’élasticité-prix 5 Tableau n°2. Typologie des biens selon l’élasticité-prix Valeur de eD/p Dénomination Sous-catégories Exemples Fortement négative Faiblement négative Typiques Biens de Biens de moindre première nécessité nécessité et/ou qui ont des Et/ou qui ont substituts peu de substituts Automobiles Carburant Voyages en Pain train Faiblement positive Fortement positive Atypiques Biens Biens de indispensables, consommation dits « Giffen » ostentatoire, dits « Veblen » Pommes de terre Parfums en Irlande à la Voitures fin du XIXème sport siècle L’élasticité-prix de l’offre est toujours positive si le producteur agit rationnellement. 6 de Il est possible de représenter graphiquement les différents degrés d’élasticité-prix de la demande et de l’offre : - L’élasticité-prix de l’offre : o Si l’élasticité est forte, cela signifie que la quantité offerte est très sensible à une variation de prix. Ainsi en cas de hausse des prix, la quantité offerte (Q1) augmente fortement (Q2) ; o Si l’élasticité est intermédiaire, cela signifie que la quantité offerte est sensible à une hausse des prix. Ainsi, en cas de hausse des prix, la quantité offerte (Q1) augmente (Q2), mais dans des proportions moindres que dans le cas d’une offre très élastique ; o Si l’élasticité est nulle, cela signifie que la quantité offerte est insensible à une hausse des prix. Ainsi, en cas de hausse des prix, la quantité offerte (Q1) n’augmente pas (Q1 = Q2). Graphique n°1. L’élasticité-prix de l’offre - L’élasticité-prix de la demande : o Si l’élasticité est forte, cela signifie que la quantité demandée est très sensible à une variation de prix. Ainsi en cas de baisse des prix, la quantité demandée (Q1) augmente fortement (Q2) ; o Si l’élasticité est intermédiaire, cela signifie que la quantité demandée est sensible à une baisse des prix. Ainsi, en cas de baisse des prix, la quantité demandée (Q1) augmente (Q2), mais dans des proportions moindres que dans le cas d’une offre très élastique ; o Si l’élasticité est nulle, cela signifie que la quantité demandée est insensible à une baisse des prix. Ainsi, en cas de baisse des prix, la quantité demandée (Q1) n’augmente pas (Q1 = Q2). Graphique n°2. L’élasticité-prix de la demande 7 Exercice d’application n°2. Calculer une élasticité-prix 1. Entre septembre 2003 et janvier 2004, le prix du paquet de cigarettes est passé de 3.90 € à 5€. Comment les ventes ont-elles évolué ? Mesurez les évolutions des prix et des ventes par un taux de variation en %. 2. Evaluez l’élasticité prix de la demande de cigarettes. Faites ensuite une phrase exprimant la signification du résultat. 3. L’augmentation du prix se traduit-il toujours par une baisse des ventes ? 4. L’élasticité-croisée 8 B. A quoi sert l’élasticité ? 1 / La nature du choc économique dépend de l’élasticité-prix Sur un marché donné, la nature d’un choc économique n’est pas le même selon l’élasticitéprix de l’offre et/ou de la demande. 9 Rappelons qu’en économie, on définit le choc économique comme une modification imprévue de l’offre agrégée et/ou de la demande agrégée. Ces chocs sont, dans une large mesure, imprévus et non anticipés sur les marchés. Il y a donc deux types de choc : - Le choc de demande : Modification importante et soudaine de la situation économique entrainant un déplacement de la courbe de demande. Le choc de demande est positif lorsque la demande agrégée augmente et négatif lorsqu’elle diminue. La réunification allemande constitue un exemple de choc positif : elle entraine une forte augmentation de la demande de biens de consommation et d'investissement pour faire face aux besoins des Länder de la partie orientale (l’est) de l'Allemagne ; - Les chocs d’offre : Évènement inattendu provoquant une modification des coûts de production ou des capacités productives des entreprises et un déplacement de la courbe d'offre. Le choc d’offre est positif si l’offre agrégée augmente et négatif si elle diminue. Les chocs pétroliers de 1973 et de 1979 constituent des exemples de chocs négatifs : la hausse du cours du pétrole augmente les coûts de production des producteurs et se répercutent dans les prix de vente de tous les biens et services utilisant cette matière première directement ou indirectement. Ainsi, qu’il s’agisse d’un choc d’offre ou d’un choc de demande, la nature de ce choc varie selon l’élasticité-prix de la demande et/ou de l’offre. 10 Graphique n°3. Choc économique et élasticité-prix Elasticité-prix D forte Prix Elasticité-prix D moyenne Prix Elasticité-prix D faible Prix O2 O2 O1 O1 O2 P2 O1 P2 P2 P1 P1 P2 D Q1 Q2 D Q1 Q2 D Q1 Q2 Le choc pétrolier de 1973 illustre la nature d’un choc d’offre négatif. Le 6 octobre 1973, l’Egypte et la Syrie déclenchent une offensive sur Israël dans le but de reprendre les territoires occupés par l’Etat Hébreu depuis la guerre des 6 jours en 1967. Quelques jours plus tard, les pays de l’OPAEP augmentent la pression pour qu’Israël se retire des territoires occupés en réduisant les exportations de pétrole de 5%. La tension monte sur les marchés et le cours du pétrole est multiplié par quatre en quatre mois. La hausse du prix du pétrole alimente de fortes tensions inflationnistes car, même si elles compressent leur marge pour rester compétitives, les entreprises sont obligées de répercuter la hausse de leurs coûts de production sur le prix de vente des produits. En effet, la demande de pétrole étant peu élastique car il n’y a pas de substitut possible, les entreprises sont contraintes d’accepter la hausse du prix du pétrole et d’augmenter le prix de vente des biens qui incorporent en grande quantité cette matière première. Cette exemple permet de souligner comment, dans le cadre d’un événement imprévu, à savoir la réduction des exportations de pétrole par les pays de l’OPAEP, un choc d’offre négatif, soit la baisse de la quantité offerte de pétrole, entraine une forte hausse des prix et une faible de la demande de pétrole en raison de sa faible élasticité. 2. L’élasticité-prix est utile au producteur pour déterminer le prix de vente 11 En dehors des situations de concurrence parfaite, où le producteur ne fixe pas son prix, la détermination du prix est un choix stratégique. Une hausse de prix peut avoir deux effets contradictoires : Hausse de la recette marginale par produit et, partant, une hausse du CA et des profits ; Baisse possible des quantités vendues et, partant, une baisse du CA et des profits ; Pour connaître l’effet global de cette hausse du prix sur le CA et le niveau des profits, le producteur a tout intérêt à évaluer l’élasticité-prix de la demande. - Si eD/P < -1, une hausse de prix de 1% se traduit par une baisse des quantités vendues supérieure à 1%, donc par une baisse du chiffre d’affaires ; Si 0 < eD/P < -1, une hausse de prix de 1% se traduit par une baisse des quantités vendues inférieure à 1%, donc par une baisse du chiffre d’affaires. L’exemple des pays exportateurs de produits primaires illustre la nécessité de bien connaître l’élasticité-prix de la demande pour comprendre la situation économique d’un pays. Comme la demande de produits primaires est peu élastique, lorsque le prix de ces produits augmente, les pays exportateurs continuent à vendre en grande quantité et enregistrent une forte hausse de leurs recettes. Ce fut le cas des pays exportateurs de pétrole dans les années 1970. Mais lorsque le cours de ces produits primaires diminue, la demande des pays importateurs n’augmente pas pour autant. Les recettes des pays exportateurs diminuent très fortement. Ce fut le cas par exemple des pays exportateurs de pétrole, et plus globalement des pays exportateurs de produits primaires, dans les années 1980 et 1990, d’où la crise de la dette des pays du tiers-monde. 12 II / Les interventions réglementaires sur les prix et les quantités Les pouvoirs publics peuvent agir de plusieurs manières sur les courbes d’offre et de demande. On peut distinguer deux types d’intervention : la régulation par les prix ou par les quantités. A. Le contrôle des prix : objectifs, prix planchers, prix plafonds 1. Subventions 13 Graphique n°4. Les effets économiques d’une subvention de la demande 14 Graphique n°5. Les effets économiques d’une subvention de l’offre Le versement d’une subvention aux propriétaires permet de diminuer le prix du marché par rapport au versement d’une subvention aux locataires. En revanche, les sommes réellement perçues et acquittées une fois les subventions prises en compte sont les mêmes dans les deux situations. Les politiques de subvention peuvent faire baisser le coût des loyers et augmenter les quantités échangées. Pourtant, en France, le mal logement demeure un problème central. Pourquoi ? - - 15 Une des raisons de ce paradoxe tient au fait que des politiques d’incitations fiscales à l’investissement locatif ont conduit à des constructions excessives dans des zones où la situation était relativement satisfaisante sans rien changer dans certaines villes où la crise du logement bat son plein. Le dispositif Pinel, entré en vigueur le 1 er septembre 2014, vise à répondre à ce problème en limitant l’aide aux constructions ou rénovations dans les zones présentant un déséquilibre entre l’offre et la demande de logements. Pour que l’effet de ces subventions soit réel, il faut un niveau élevé de subventions, ce qui représente un effort budgétaire très important que l’Etat ne consent pas à faire. 2. Les taxes Il y a de nombreuses taxes en France sur le marché immobilier. Par exemple, la taxe foncière qui est acquittée par le propriétaire ou la taxe d’habitation qui est versée par celui qui réside dans le logement qu’il soit locataire ou propriétaire. Supposons une taxe proportionnelle de 20%. Cela signifie que lorsqu’un propriétaire vend son bien, il ne conserve que 80% du prix de vente et verse 20% à l’Etat. La pente de l’offre ainsi taxée change car elle est égale à 1,2 fois celle de l’offre non taxée sachant qu’on ajoute 20% au prix initial. Graphique n°6. Les effets économiques d’une taxe 16 La taxe a alors plusieurs effets : - Un effet sur le prix : toutes choses égales par ailleurs, la quantité de logements offerts à la vente diminue puisque les propriétaires sont taxées sur la vente du bien. Il en découle une hausse du prix des logements : le nouveau prix d’équilibre P** (37 500 euros) est supérieur au prix d’équilibre initial P* (34 286 euros). - Un effet sur la quantité : toutes choses égales par ailleurs, la hausse du prix entraine une baisse de la demande de logements. La quantité échangée passe de Q* (48 571 euros) à Q** (40 000 euros) ; - Une perte sèche : cela signifie que la perte de surplus est au total supérieur aux gains de surplus. Les gains de surplus réalisés par l’Etat à travers ses nouvelles recettes fiscales sont inférieurs aux pertes de surplus des consommateurs et producteurs. Plusieurs remarques : - La perte sèche ne signifie pas que l’impôt soit inutile ou inefficace car les sommes collectées peuvent être utilisées pour financer des subventions ou des services publics qui augmentent le surplus des consommateurs ou producteurs dans d’autres contextes. La perte sèche est seulement un outil pour comparer différentes situations de marché avec ou sans intervention publique ; - Si la taxe est payée formellement par les propriétaires, elle est en réalité supportée par les acheteurs à cause du prix de vente. Sachant que le bien est vendu 37 500 euros, le propriétaire reverse 20% du prix, soit 7 500 euros. Sur ces 7 500 euros, 3214 euros sont payés par le consommateurs (soit 43% du montant de la taxe) car le prix de marché est passé de 34 286 euros à 37 500 euros ; les propriétaires versent 4 286 euros. Il faut donc bien vérifier l’incidence fiscale d’une mesure, c’est-à-dire qui la paye effectivement. L’incidence fiscale d’une taxe sur l’offre de logements dépend de l’élasticité-prix de la demande : Graphique n°7. Élasticité et effets économiques d’une taxe 17 18 3. Contrôle des prix et rationnement (prix planchers et plafonds) 19 Graphique n°8. Les effets économiques d’un prix plafond Prix du loyer Offre P* P** Demande Q** Q* Quantité de logements Outre les prix plafonds, l’Etat peut mettre en place des prix planchers. C’est ce qu’a proposé François Hollande le 25 avril dernier lorsqu’il a parlé d’un « prix plancher du carbone »1. Ce prix plancher éviterait que le coût du carbone ne descende trop bas, comme c’est le cas avec le système européen d’échange de quotas d’émission de gaz à effet. L’objectif de cette mesure est donc de fixer un prix plancher supérieur (P**) au prix d’équilibre (P*) pour élaborer une politique plus respectueuse de l’environnement. Cette mesure aurait un effet à la baisse sur la quantité demandée de quotas de CO2. La quantité demandée passerait de Q* à Q**. 1 http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/04/26/pourquoi-francois-hollande-propose-t-il-un-prix-plancher-ducarbone_4909061_3244.html 20 Graphique n°9. Les effets économiques d’un prix plancher Prix du carbone Offre P** P* Demande Q** B. La régulation par les quantités Q* Quantité de carbone La régulation par les quantités suppose que l’Etat agisse directement sur les quantités offertes ou demandées pour un prix donné. On peut alors distinguer deux types de politique : les quotas et les permis. 1. Les quotas 21 Graphique n°10. Les effets économiques d’un quota (maximal) Dans le cas d’une politique de quota minimal, on peut prendre l’exemple de la loi SRU qui, depuis 2000, impose l’existence d’au moins 20% de logements sociaux sur certains territoires sous peine du paiement d’une amende. Si le quota de logement est supérieur à la quantité d’équilibre, il faut que l’Etat use de son pouvoir pour forcer les individus à offrir des logements à la location. L’Etat peut alors forcer les propriétaires à louer leur logement à un tarif peu onéreux, mais ce serait inefficace car ils auraient tendance à le vendre aux primoacquérants et à ne plus investir. Pour éviter ces difficultés, les logements sociaux sont souvent gérés par la puissance publique. 2. Les permis L’Etat peut également réguler les quantités produites par l’instauration de permis. C’est le cas notamment du système européen d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre. Les États membres imposent un plafond sur les émissions des installations concernées (environ 12 000 installations dans les secteurs de la production d’électricité, des réseaux de chaleur, de l’acier, du ciment, du raffinage, du verre, du papier, etc. qui représentent plus de 40% des émissions européennes de gaz à effet de serre ), puis leur allouent les quotas correspondants à ce plafond. À la fin de chaque année, les installations sont tenues de restituer un nombre de quotas équivalent à leurs émissions réelles. Les entreprises assujetties ont par ailleurs la possibilité d’échanger des quotas sur le marché européen des quotas d’émission : - une installation qui émet plus que son allocation doit se procurer les quotas manquants : c’est le principe pollueur-payeur ; - une installation qui émet moins que son allocation peut revendre ses quotas non utilisés et bénéficier ainsi de revenus, qui sont mobilisables par exemple pour financer des investissements leur permettant de maîtriser leurs émissions. 22 Pour organiser ces échanges, un marché des droits à polluer a été créé où l’offre de droits à polluer rencontre une demande de droits à polluer. Le prix du droit à polluer est déterminé par le jeu de l’offre et de la demande. Ce système de marché des droits à polluer se heurte à une difficulté majeure : le prix de la tonne de CO2 est actuellement tellement bas qu’il n’incite pas les entreprises polluantes à internaliser leurs externalités. Il oscille aujourd’hui entre 4 et 6 euros alors qu’il devrait plutôt être autour de 30 euros. En cause, notamment, une allocation gratuite de droits à polluer trop généreuse. 23