Dieu qui avait peur - Cellules Paroissiales d`Évangélisation

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Pôle missionnaire de Fontainebleau
Système des Cellules Paroissiales d’Evangélisation
Enseignement 090401-10
Dieu qui avait peur
Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani et leur
dit : « Restez ici, pendant que je m'en vais là-bas pour prier. » Il emmena
Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, et il commença à
ressentir tristesse et angoisse. Il leur dit alors : « Mon âme est triste à en
mourir. Demeurez ici et veillez avec moi. » Il s'écarta un peu et tomba la face
contre terre, en faisant cette prière : « Mon Père, s'il est possible, que cette
coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu
veux. » Puis il revient vers ses disciples et les trouve endormis ; il dit à Pierre :
« Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi ? Veillez et
priez, pour ne pas entrer en tentation ; l'esprit est ardent, mais la chair est
faible. » Il retourna prier une deuxième fois : « Mon Père, si cette coupe ne
peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! » Revenu près des
disciples, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil. Il les
laissa et retourna prier pour la troisième fois, répétant les mêmes paroles. Alors
il revient vers les disciples et leur dit : « Désormais, vous pouvez dormir et vous
reposer ! La voici toute proche, l'heure où le Fils de l'homme est livré aux mains
des pécheurs ! Levez-vous ! Allons ! Le voici tout proche, celui qui me livre. »
(Mt 26, 36-46).
Dieu avait peur. Il avait peur de souffrir, Il avait peur de mourir.
Les gens pensent que parce qu’Il est Dieu, Il ne peut pas souffrir et par
conséquent, Il ne peut pas avoir peur. Ils pensent aussi que parce qu’Il est Dieu, il n’a
besoin de personne. Et voilà un Dieu qui a peur et qui dans l’angoisse terrible, a besoin
de sentir la présence de trois amis. Un jour, Il les a pris avec lui sur une haute montagne
et « Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses
vêtements, blancs comme la lumière » (Mt 17, 2). Aujourd’hui son visage et ses
vêtements ne brillent plus. Ils ne l’ont jamais vu ainsi. Ils contemplent la face cachée de
Dieu, Dieu qui connaît l’angoisse, qui connaît la peur de souffrir et qui a besoin de l’aide
de l’homme. Ils ne savent pas qu’ils sont en train de voir un autre miracle, celui d’une
autre transfiguration. Le voilà Jésus « transfiguré » par l’angoisse de la souffrance et de
la mort qui approchent. Les écrivains païens des premiers siècles du christianisme étaient
irrités et ne cherchaient même pas à cacher leur déception. Quel dommage ! Il pourrait
au moins mourir dignement et ne pas se montrer si faible.
Dieu a besoin de l’homme.
Lorsque l’homme a besoin de Dieu il crie dans le psaume 44 : « Lève-toi,
pourquoi dors-tu, Seigneur ? Réveille-toi ! » (Ps 44, 24). Ici les rôles se sont
renversés, ici c’est Dieu qui vient chercher le réconfort : « Ainsi, vous n'avez pas eu la
force de veiller une heure avec moi ? ». Il ne se sentait pas assez fort pour porter
cette angoisse tout seul et c’est pour cela qu’il les a pris avec Lui. Non pas tous, mais
seulement trois. Trois amis suffisent. Pour porter l’angoisse et la tristesse il vaut mieux
être trois amis, qu’une foule de sympathisants.
Il n’attendait pas de paroles de réconfort, juste une présence. La souffrance et la
peur qui va avec, ne s’expliquent pas, ne se commentent pas. La présence suffit, pas
besoin de mots : « Demeurez ici et veillez avec moi ». Combien de fois l’homme
reproche à Dieu de ne pas être à côté de lui dans le temps de l’épreuve. Ici c’est l’homme
qui laisse Dieu seul à l’heure de l’épreuve : « leurs yeux étaient lourds de
sommeil ».
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Jésus n’était pas obligé de montrer qu’il avait peur. S’il n’y avait pas eu ce récit
dans les évangiles, les biblistes n’en auraient rien dit, comme quoi il nous manque
certainement quelque chose. La mort sur une croix était suffisamment humiliante pour
qu’on y ajoute encore une autre humiliation. Et pourtant Jésus n’a pas voulu cacher qu’il
avait peur, il n’a pas voulu cacher cette faiblesse, il n’a pas voulu paraître en héros. La
manière dont il souffre pour notre salut n’a rien d’impressionnant, personne ne se sentira
intimidé par l’exemple de son courage.
Dès lors, tout homme éprouvé par la peur et l’angoisse pourra se tourner vers ce
Dieu, car il saura que c’est un Dieu qui le comprend, parce qu’il a vécu l’angoisse de la
souffrance. L’auteur de la lettre aux Hébreux dira : « Car nous n'avons pas un grand
prêtre impuissant à compatir à nos faiblesses, lui qui a été éprouvé en tout,
d'une manière semblable, à l'exception du péché. Avançons-nous donc avec
assurance vers le trône de la grâce afin d'obtenir miséricorde et de trouver
grâce, pour une aide opportune. » (He 4, 15-16).
En méditant cet exemple, chacun de nous peut aussi apprendre à accepter et à
reconnaître ses propres faiblesses et angoisses. Saint Paul l’a compris le premier et l’a
appliqué dans sa vie : « Le Seigneur m'a déclaré : Ma grâce te suffit : ma
puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Je n'hésiterai donc pas à
mettre mon orgueil dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite
en moi. C'est pourquoi j'accepte de grand coeur pour le Christ les faiblesses, les
insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car,
lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort. (2 Cor 12, 9-10).
L’acceptation et la reconnaissance de ses propres faiblesses, a été un des
moments décisifs dans la vie et l’apostolat de l’Apôtre de nations. Il est probable que cela
doit être pareil dans la vie de tout évangélisateur. Pour partager un Dieu qui n’a pas
caché son angoisse humaine, il faut être prêt à ne pas cacher la sienne.
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Il n’est pas évident de montrer sa pauvreté et ses limites. Nous ne voulons pas les
dévoiler, ni devant les autres, ni devant nous-mêmes et parfois même pas devant
Dieu.
Comment l’exemple de Jésus peut m’aider à résister au réflexe de vouloir toujours
paraître fort et de cacher mes faiblesses ? Comment cela peut m’aider dans
l’évangélisation ?
Bonne fête de Pâques à vous tous !
Père Bogdan BRZYS
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