Page 2 - & théologie no 6 – avril 2015
Que suggère cet élan éditorial ? S’il fallait absolument trouver une troisième voie entre les
modèles économiques de société, elle serait plutôt à chercher à mi-chemin entre une
conception exclusivement religieuse de l’économie et celle strictement séculière ou laïque,
selon les analyses d’Adrian Pabst (A Catholic Third Way: Pope Benedict and the Crisis of
Global Capitalism, 28 mars 2012, URL: <http://www.abc.net.au>, art. consulté le
16 mars 2014). Ces réflexions traversent les articles du récent numéro thématique de la Revue
des sciences religieuses consacré à « Éthique et économie » (88, no 3, juillet 2014).
De telles questions alimenteront un débat à l’École nationale d’administration (ÉNA) à
Strasbourg lors d’une table-ronde avec M. le préfet Joël Thoraval, auteur d’un récent ouvrage
Pensée et action sociales de l’Église (éd. Parole & Silence, 2014), et M. Antoine Moster,
ancien président des Caisses d’Épargne d’Alsace, et animée par le professeur René Heyer,
doyen de la faculté de théologie catholique.
Marc FEIX
La pensée du mois
« Deux facteurs me semblent expliquer que l’économie soit en train de perdre sa capacité de
s’autotranscender en se projetant vers l’avenir. Le premier est que l’économie a toujours eu
besoin des ressources du politique, de son extériorité par rapport à elle, de ses propres facultés
d’autotranscendance, pour se dépasser elle-même. Le politique est une source essentielle
d’autotranscendance. De quoi le politique tient-il ce pouvoir ? La réponse à cette question
difficile ne fait pour moi pas de doute et j’en ai traité ailleurs (La Marque du sacré, Paris,
Flammarion, 2012) : c’est de ce qui reste de sacré dans le politique que celui-ci tient son
pouvoir de faire que les peuples, parfois, réussissent à s’élever au-dessus d’eux-mêmes et à se
projeter vers l’avenir. Dans le monde de l’économie tout s’achète. De plus en plus
ouvertement l’économie se paie le politique – il ne s’agit pas spécialement de corruption,
même si cela existe – et elle s’en montre fière. Tantôt elle se vante de pouvoir se passer de lui,
tantôt elle lui repasse les tâches subalternes. Elle aime bien faire peur et qu’on la craigne.
Rien ne la réjouit davantage que de voir ces hommes et femmes politiques impuissants qui
marchent à pas de loup pour ne pas l’effrayer. Eh bien, elle a tort. En rabaissant le politique,
elle scie le tuteur qui lui permettait de dépasser le médiocre statut qui est le sien, à savoir la
gestion de l’intendance. Elle se condamne à la pure immanence des tâches du foyer. En
occupant tout l’espace social, l’économie s’est privée de l’extériorité dont elle a un besoin
absolu. N’ayant d’autre horizon que l’avenir immédiat, elle se recroqueville sur elle-même,
cesse de donner des raisons de vivre à la jeunesse, réduit des populations entières à la misère
et, perdant sa capacité de contenir la violence, nous prépare un monde de cauchemar. »
Jean-Pierre DUPUY, « La crise de la raison économique et la perte de foi dans l’avenir »,
Revue des sciences religieuses 88, no 3, juillet 2014, p. 309.
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