La gonarthrose ou arthrose du genou Prothèse totale du genou I. LA MALADIE Le genou est constitué par les surfaces articulaires cartilagineuses du fémur, du tibia et de la rotule. L’arthrose du genou, ou gonarthrose, est une altération dégénérative progressive du cartilage articulaire d’un ou de plusieurs compartiments du genou. Il s’agit d’un processus irréversible. La rapidité de la destruction articulaire est variable, de quelques mois, à plusieurs années. C’est la cause de douleur du genou (gonalgie) la plus fréquente après 50 ans. Cette douleur peut être chronique (présente en permanence) ou évoluer par crise (poussée d’arthrose). Elle s’accompagne de déformation de l’articulation, d’enraidissement et donc de limitation des mouvements. La chirurgie devient la seule solution lorsque le traitement médical n’est plus efficace et que les examens complémentaires (radiographies) mettent en évidence une arthrose globale avancée de l’articulation. Ce traitement chirurgical est le remplacement de l’articulation par une prothèse totale de genou. L’indication opératoire dépend surtout de la douleur et de la gêne fonctionnelle (limitation de la mobilité articulaire, retentissement sur la marche…). La décision du moment de l’intervention incombe au patient, et à personne d’autre. Le principal bénéfice à attendre du traitement proposé est la suppression des douleurs, et ainsi retrouver une déambulation indolore. II. LES TRAITEMENTS DE L'ARTHROSE DU GENOU Le traitement médical (antalgiques, anti-inflammatoires, protecteurs du cartilage (chondroprotecteurs)), les règles hygiéno-diététiques, ou une visco-supplémentation (infiltration intraarticulaire d’un produit huileux) permettent éventuellement de patienter avant la chirurgie. Nous vous proposons de demander conseil à votre Médecin Traitant ou à votre Rhumatologue. III. PRINCIPE DE LA CHIRURGIE PROTHETIQUE DU GENOU Le but de l’intervention est de remplacer les surfaces articulaires dégradées de votre genou par une articulation artificielle appelée prothèse totale de genou. L’intervention est réalisée dans un bloc opératoire hyper-aseptique sous anesthésie générale ou rachi-anesthésie. Elle dure environ 1 heure. Avant le début de l’intervention, un garrot est placé à la racine de la cuisse pour limiter le saignement. L’incision est située sur la face antérieure du genou (sur le devant du genou). L’articulation est ouverte, exposant les surfaces articulaires. La voie d’abord chirurgicale utilisée est une voie d’abord dite « mini-invasive » (respect maximum des plans anatomiques et des muscles), afin de permettre une récupération postopératoire la plus rapide possible. Les ligaments croisés, les ménisques et les ostéophytes (excroissances osseuses), sont enlevés. Un ensemble d’instruments (ancillaire) permettant de prendre des mesures et de réaliser des coupes osseuses spécifiques est fixé sur votre genou. Ces coupes permettent de retirer le cartilage abîmé et d’adapter les os à la forme de la future prothèse. (Le cartilage de la rotule est aussi retiré). Une fois les coupes osseuses réalisées, une prothèse d’essai est mise en en place afin de vérifier l’axe de votre jambe, et la stabilité de votre genou. Après validation des pièces d’essai, la prothèse définitive est fixée. L’articulation est abondamment lavée puis la fermeture de la capsule articulaire et des différents plans superficiels est réalisée. A la fin de l'intervention, le genou sera infiltré avec un mélange d'un anesthésique local et d'un anti-inflammatoire afin de gérer au mieux la douleur post-opératoire. Parfois un cathéter (petit tuyau) sera laissé en place dans l'articulation afin de réinjecter le même type de produits le lendemain de l'intervention, pour prolonger l'antalgie post-opératoire. Un pansement compressif est mis en place. Une surveillance post-opératoire de quelques heures est nécessaire en salle de réveil avant de regagner votre chambre. La prise en charge de la douleur se fera par l’administration d’antalgiques adaptés (pompe à Morphine gérée par le patient lui-même). Les fils ou les agrafes mis en places pour la fermeture de la peau seront retirés aux alentours du 15ème jour post-opératoire. IV. PREPARATION AVANT L'OPERATION Vous devrez signaler au Chirurgien ainsi qu’à votre médecin traitant et à votre anesthésiste, tout problème de santé récent. Il est important de préciser votre traitement actuel complet et de signaler toute allergie connue. Pour réduire au minimum le risque infectieux, l’Equipe Chirurgicale vous demande de prendre les PRECAUTIONS suivantes Les jours qui précédent l’opération Vous ne devrez présenter aucune infection dans les 10 jours qui précèdent votre intervention (grippe, angine, panaris, infection urinaire ou de la peau, abcès dentaire, sinusite, toux grasse…).l’apparition d’une infection doit conduire au report de l’intervention. Signaler tout problème infectieux avant l’opération, au chirurgien et à votre médecin et faire les examens complémentaires nécessaires. Consulter votre dentiste pour la réalisation d’un bilan dentaire à la recherche d’un foyer infectieux éventuel qui devra alors être traité avant l’intervention. Une consultation auprès d’un médecin ORL permet également d’écarter une infection silencieuse. La veille de l’opération Retirer avant l’hospitalisation tous vos bijoux (bagues, piercing éventuels…) et ne pas les remettre jusqu’à votre sortie de l’hospitalisation. Retirer avant l’hospitalisation tous les éléments de maquillage (vernis à ongles, fards, etc…). Prendre une DOUCHE COMPLETE (y compris cheveux) au savon antiseptique Bétadine ® scrub ou si allergie à l’iode : avec de l’Hibiscrub R, en vous lavant méticuleusement à deux reprises, en insistant sur les aisselles, l’ombilic (nombril), la région urogénitale et les pieds. Il faut bien faire mousser et rincer le savon. Pour vous essuyer, prenez une serviette propre qui sort de l’armoire. Habillez vous uniquement avec des vêtements parfaitement propres dès la veille de l’opération (sous-vêtements et chaussettes inclus). Ces vêtements doivent sortir de l’armoire. Changer les draps de votre lit pour des draps propres la veille de votre opération si vous êtes hospitalisé le jour même de votre intervention. La zone opératoire devra être débarrassée des poils gênants. Une TONTE mécanique non irritante sera effectuée à la clinique par un personnel spécialisé (= pas de rasage avec une lame qui blesse la peau qui constitue alors un « nid à bactéries »). V. SUITES POSTOPERATOIRES ET SURVEILLANCE Le jour même après l’intervention Vous serez conduit en salle de réveil où vous serez surveillé jusqu’à votre réveil complet. Vous regagnerez votre chambre lorsque le réveil sera complet et votre douleur post-opératoire considérée comme bien contrôlée. Votre genou sera refroidi pour lutter contre l’inflammation avec des vessies de glace. Le premier lever sera effectué le soir même de l'intervention, et les perfusions seront retirées, en fonction de l'évolution de votre douleur. Les jours suivants l’opération Le pansement, plus léger, sera changé à la 48ème heure. Une prévention des caillots de sang dans les veines (phlébite ou embolie pulmonaire) est nécessaire avec la prise d’un comprimé tous les jours pendant un mois ou par une injection sous cutanée avec contrôles sanguins hebdomadaires. Une radiographie de contrôle post-opératoire sera réalisée dès votre arrivée au service. La rééducation est débutée avec le kinésithérapeute dès le lendemain de l'intervention, travail au lit et marche. Un endolorissement et une faiblesse du genou sont très fréquents dans les jours qui suivent l’opération. Avec un travail sur votre lit, vous bougerez votre genou selon vos douleurs. Vous irez au fauteuil selon vos douleurs et votre fatigue. Le deuxième jour Le travail de reprise de la marche avec des béquilles sera accentué et se fera selon vos aptitudes. Les jours suivants Vous devrez vous conformer aux recommandations particulières à chaque personne pour la rééducation. Votre départ de l’hôpital sera possible à partir du 4ème jour après l'intervention, selon votre reprise d’autonomie, pour envisager votre retour à domicile (de préférence) ou éventuellement pour le départ en centre de rééducation pour les personnes qui vivent seule ou qui nécessitent des soins particuliers. A distance de l’intervention La rapidité de la récupération post-opératoire peut être très variable d’une personne à l’autre. En moyenne, la reprise de la marche sans cannes, est obtenue en 6 semaines. Le même délai de 6 semaines est nécessaire pour permettre une flexion du genou à angle droit (90 degrés). VI. LES COMPLICATIONS CHIRURGICALES POSSIBLES Toute intervention chirurgicale est soumise au risque de complication précoce ou tardive. Cette liste n’a pas pour but de vous effrayer, elle doit vous aider à prendre conscience qu’une opération chirurgicale est un acte sérieux qui peut avoir des conséquences inattendues. Le Chirurgien souhaite vous délivrer une information précise avant l’intervention pour vous aider dans votre choix thérapeutique. Aucune complication possible n’est passée sous silence. Le risque de voir apparaître une complication dépend du sérieux de votre préparation préopératoire décrite au chapitre correspondant. La connaissance que vous aurez de ces risques nous aidera à les prévenir, à les déceler tôt et y faire face pour en réduire les répercussions. Lors de la consultation, votre Chirurgien vous a indiqué que l’intervention chirurgicale proposée était opportune en comparaison aux autres traitements possibles de votre maladie (médicaments contre la douleur, anti-inflammatoires, repos articulaire, mise en décharge, pratique d’une rééducation, immobilisation temporaire, infiltration…). La consultation est un moment privilégié de discussion mais peut être n’avez vous pas retenu toute l’information qui a été alors donnée. Ce chapitre vous rappelle les principales informations délivrées notamment sur les risques graves y compris vitaux communs à toutes les interventions chirurgicales. Les risques liés au type d’anesthésie vous seront exposés par les médecins anesthésistes en consultation. La consultation anesthésique préopératoire a pour but de déceler ces risques et d’envisager, au besoin, des bilans complémentaires, des précautions voire de vous contreindiquer pour l’opération souhaitée. Le taux de complication est faible. Il varie en fonction de votre âge, de votre état de santé (hypertension artérielle, diabète, insuffisance rénale, excès de consommation d’alcool, tabagisme, excès de poids, allergies, ostéoporose, anomalies anatomiques, pathologie cancéreuse, etc.…). Il est difficile de donner des pourcentages de complications car les risques dépendent essentiellement de la réactivité propre de chacun. La fréquence des infections est faible, cependant ce risque doit vous être signalé. Le caractère de chacun, la volonté de guérir, la motivation et le respect des traitements prescrits sont des facteurs importants, nécessaires voire indispensables au bon rétablissement ! Malgré le bilan préopératoire, certaines découvertes durant l’intervention peuvent justifier de la part de votre chirurgien une modification du plan établi initialement et une adaptation du geste chirurgical. Les complications opératoires Une par une ostéoporose. Cette fracture peut justifier une extension du geste chirurgical pour réparer l’os fracturé (ostéosynthèse). Ceci peut entrainer une impossibilité de s’appuyer sur le membre opéré pendant le temps de consolidation osseuse. L’atteinte d’un nerf, d’un vaisseau, d’un tendon, d’un muscle ou d’un os avoisinant sont des complications possibles. L’atteinte d’un nerf peut entraîner une paralysie plus ou moins complète et une altération de la sensibilité allant de l’anesthésie cutanée, à l’apparition de douleur de type « décharge électrique » dans la zone concernée. L’atteinte d’un vaisseau (veine ou artère) peut entraîner un saignement nécessitant des transfusions sanguines ou une réparation directe nécessitant de nouvelles incisions. En outre, un saignement très important peut mettre en jeu votre pronostic vital et entraîner le décès pendant ou après l’intervention. Les complications précoces Les allergies, les problèmes cardio-pulmonaires, digestifs, neurologiques ou infectieux peuvent survenir, nécessitant une réanimation post opératoire prolongée dont l’issue peut être fatale. Exemples de complications : Les anti-inflammatoires prescrits contre la douleur peuvent agresser l’estomac entrainant soit une « simple » inflammation (gastrite), soit un ulcère d’estomac. Une désunion de la cicatrice, un hématome ou une nécrose de la peau peuvent apparaître et nécessiter une reprise chirurgicale. Les anticoagulants qui vous seront prescrits pour prévenir les phlébites et les embolies pulmonaires peuvent favoriser l’apparition d’un hématome, d’une hémorragie ou une chute des plaquettes sanguines. La phlébite est un caillot de sang dans une veine, dont la conséquence la plus grave est le déplacement du caillot sanguin dans les poumons (embolie pulmonaire) qui peut entraîner un décès. La phlébite peut survenir du côté opéré, ou du côté opposé. Cette complication sera prévenue au mieux par une injection d’héparine ou par un anticoagulant oral, tous les jours pendant plusieurs semaines. Le port des bas de contention est important, ainsi que le levé précoce le lendemain ou le surlendemain de l’opération. La marche et la poursuite du traitement anti-coagulant efficace après l’intervention sont le plus souvent les meilleurs moyens d’éviter ces complications. Un déboîtement de la prothèse (luxation). La luxation peut survenir lors d’une chute ou d’un faux mouvement de la jambe. En cas de luxation, il faudra une anesthésie générale brève pour remettre la prothèse en place. Les complications plus tardives : Une décalcification du membre appelée algodystrophie ou algoneurodystrophie peut apparaître. Il s’agit d’un trouble de la microcirculation accompagné de douleurs et « d’ostéoporose ». Ce trouble guérit lentement sur plusieurs mois. Une cicatrice disgracieuse peut exister malgré une technique de fermeture cutanée éprouvée. Le retard de consolidation de l’os ou de la greffe osseuse, voire l’absence de consolidation osseuse, appelée pseudarthrose peut apparaître. L’altération d’un implant ou d’une prothèse par usure, luxation, rupture ou descellement est toujours possible : L’usure de la prothèse se produit toujours et peut conduire à un changement partiel ou complet de la prothèse dans les années qui suivent. La prothèse est collée dans l’os. Lorsqu’elle se décolle (descellement), cela peut entrainer des douleurs et nécessiter un changement de votre prothèse. Un descellement précoce peut parfois se produire en cas de surcharge de poids, d’une utilisation trop intense ou parfois sans raison particulière, et nécessiter un remplacement de la prothèse avant le délai prévu initialement. La rupture de la prothèse peut survenir, soit à la suite d’une chute, ou de manière exceptionnelle, spontanément. Le risque infectieux : L’infection est particulièrement préoccupante en orthopédie. Une infection du site opératoire peut se produire malgré une prévention systématique. Ce risque est accentué par une fatigue générale ou une maladie infectieuse. Ce risque sera majoré si vous êtes atteint de diabète, ou si vous consommez des médicaments diminuant l'efficacité de vos défenses immunitaires, comme des corticoïdes. Une mauvaise hygiène n’est pas simplement compensée par une douche la veille de l’opération. C’est également un risque d’infection supplémentaire. Si l’infection reste superficielle, un traitement par des pansements et des antibiotiques sera nécessaire. Une infection plus profonde nécessitera une nouvelle intervention. Il s'agira soit d'un lavage de la prothèse, soit de son changement, ou de la mise en place temporaire (pendant un ou plusieurs mois) d’une prothèse provisoire avec des antibiotiques. L’infection peut survenir dans les jours qui suivent l’opération mais surtout longtemps après. Dans les années qui suivent, l’infection peut s’étendre à la prothèse à partir d’un panaris, d’un abcès dentaire, d’une infection urinaire, d’une plaie non soignée au pied. Vous devrez soigner sans délai toute infection de votre corps même plusieurs années après la pose de votre prothèse. Le résultat décevant : Indépendamment des complications post opératoires, il est possible que le résultat ne soit pas à la hauteur de ce que vous attendiez ou qu’il soit obtenu plus lentement que prévu. En effet, les interventions orthopédiques, même parfaitement effectuées, ne donnent pas de résultats uniformément et systématiquement bons dans tous les cas. Un état psychologique défaillant peut altérer la qualité du résultat objectif. Enfin, les conséquences de l’acte chirurgical peuvent retarder ou modifier les conditions de votre réinsertion professionnelle. Parfois le résultat imparfait peut nécessiter une reprise chirurgicale. Votre prothèse comporte des implants métalliques susceptibles de déclencher des portails aéroportuaires de sécurité. Vos obligations en tant que patient : 1- Au décours de l’intervention, après votre sortie de la clinique, vous devez informer votre chirurgien de tout événement indésirable. 2- Votre prothèse justifie une surveillance régulière auprès de votre chirurgien. A 6 semaines, on apprécie la bonne restauration des amplitudes articulaires et la reprise des activités domestiques. Le contrôle à 3 mois permet de confirmer la réhabitation définitive des implants. Enfin un examen est systématique au 6ème mois et à un an après l'intervention. 3- L’observance des règles d’hygiène, en particulier vis-à-vis du risque infectieux doit accompagner votre prothèse tout au long de votre vie. L'équipe du Chirurgien vous conseille de lire ce document et d’en parler avec votre famille ou votre Médecin Traitant. La Chirurgie Orthopédique est rarement vitale, le but étant d’améliorer votre confort de vie. Il faut donc bien peser les bénéfices attendus et les risques encourus. L'équipe Chirurgicale est prête à rediscuter de ce sujet avec vous.