Quelques conseils diététiques pour adapter l’insuline à l’alimentation Les grands principes diététiques dans le diabète de type 1 Evolution vers une liberté alimentaire Les buts de la prise en charge d’une personne diabétique de type 1 sont de concilier à la fois : Des objectifs cliniques avec un contrôle glycémique optimal afin de prévenir les complications aigües et tardives Des objectifs psycho-sociaux visant à rechercher le maintien d’une vie sociale, professionnelle et familiale de qualité La chronicité de la maladie et l’âge de survenue du diabète de type 1, qui apparaît principalement chez une population jeune (moins de 30 ans) avec tous les problèmes « d’adaptation » que cela peut entrainer, sont des éléments importants à prendre en compte dans la prise en charge. Les progrès réalisés dans le domaine de l’autosurveillance glycémique, des techniques d’injections, de la cinétique des insulines avec l’avènement des analogues rapides puis lents de l’insuline, ont permis une grande évolution dans la conception de l’insulinothérapie et, par conséquent, dans celle de l’alimentation. Les schémas dits « basal-bolus » par injections multiples ou par pompe permettent de mieux mimer la sécrétion physiologique de l’insuline. Il vous est désormais possible d’adapter votre insuline à votre alimentation et non l’inverse. C’est un des concepts de l’insulinothérapie fonctionnelle (IF). 1 L’insulinothérapie fonctionnelle (IF) Elle s’adresse à toute personne diabétique de type 1 et nécessite un minimum d’explications et d’apprentissages pour que chacun puisse l’adapter à ses besoins. Les grands principes reposent sur la prise en compte séparée de : L’insuline basale appelée « insuline pour vivre » (analogue retard ou débit de base à la pompe), permettant de maintenir une glycémie normale entre les repas et au cours de la nuit. Et de l’insuline prandiale* appelée « insuline pour manger » (analogues rapides ou bolus à la pompe) permettant après chaque repas ou collation glucidique de maintenir normale la glycémie post-prandiale. Puis recours à de l’insuline dite « de correction » pour « soigner » sa glycémie (analogues rapides ou bolus) lorsque celle-ci se situe en dehors des objectifs. Bien entendu, il vous faudra adapter vos doses d’insuline aux différentes situations de votre vie quotidienne (activité physique, stress, maladie ...). Un apprentissage vers l’autonomie Les programmes d’éducation proposés dans différents centres hospitaliers ont pour but de vous aider à déterminer : Vos besoins de base Vos besoins prandiaux Vos besoins pour soigner votre glycémie Les adaptations nécessaires si vous faîtes une activité physique En termes de comportement alimentaire, loin d’entrainer une anarchie alimentaire comme le craignaient certains, nous constatons plutôt chez ces patients moins de frustrations et de transgressions et une nette diminution des troubles du comportement alimentaire. Renseignez-vous auprès de votre diabétologue pour de plus amples renseignements. * Prandiale : qui concerne les repas. 2 Au travers de ces expériences, vous pouvez acquérir progressivement un « savoir-faire » fondé sur l’auto-apprentissage : « j’essaie, j’observe les résultats, j’en tire des conclusions ». Vous parviendrez petit à petit à mieux comprendre et gérer votre diabète. Alimentation La prise en charge diététique a longtemps été fondée sur : L’interdiction de consommation des produits sucrés Une quantité fixe de glucides à chaque repas, avec la possibilité en cas « d’extra » d’effectuer des équivalences* (en remplaçant un aliment par un autre) Une répartition journalière systématique en 3 repas avec parfois l’obligation de collations, le tout à horaires fixes. Le mot d’ordre était le suivant : « Ne jamais sauter de repas, obligation de manger, même si on n’a pas faim ». Il est maintenant possible, si vous le souhaitez, de manger « librement », c'est-à-dire : De varier la quantité de glucides d’un repas à l’autre ou d’un jour à l’autre selon vos envies et votre appétit De consommer des produits sucrés De décaler les horaires des repas voire de « sauter » certains repas (exemple des grasses matinées) en adaptant les doses d’insuline rapide Les repas « test » Ils vont vous permettre de déterminer les besoins en insuline « pour manger ». L’expérience consiste à manger lors d’une journée, 3 repas (matin, midi et soir) dont la quantité de glucides a été bien définie (aliments glucidiques pesés). Une mesure des glycémies avant et après chaque repas permettra de valider la quantité d’insuline nécessaire à chaque repas pour obtenir une glycémie post-prandiale dans vos objectifs. Il sera ainsi possible de connaitre la quantité d’insuline qui vous est nécessaire pour 10 g de glucides, matin, midi et soir. * Principe des équivalences glucidiques : 100 g de féculents (poids cuit) = 40 g de pain = 25 g de farine. 3 Au quotidien : comment s’y prendre ! La première étape consiste à repérer les aliments glucidiques présents dans vos repas. Principaux aliments apportant des glucides : Les féculents, céréales et produits dérivés : pâtes, riz, pommes de terre, semoule, lentilles, flageolets, maïs, céréales pour petit-déjeuner, farine, pizza, crêpe, quiche ... Certains légumes : betteraves rouges, carottes, petits pois, navets, salsifis, macédoine ... Le pain et ses dérivés : pain blanc, pain aux céréales, biscottes, pain de mie, croissant ... Les fruits : tous (fruits frais, fruits cuits, compote), les fruits secs ... Les desserts sucrés : glace, entremets, yaourts aux fruits, pâtisserie ... Les produits sucrés : sucre, miel, confiture, chocolat ... Les boissons sucrées : sirop, soda, limonade, jus de fruits ... Les boissons alcoolisées sucrées : bière, cidre doux, vins cuits, cocktails à base de fruits. La deuxième étape consiste à évaluer la quantité de glucides de vos repas. Combien de glucides ? Dans les féculents : 20 g de glucides dans 100 g de féculents (poids cuits) c'est-à-dire : 1 pomme de terre 2 c. à s.* de purée 3 c. à s de pâtes 3 c. à s de semoule 3 c. à s de riz 3 c. à s de lentilles ou haricots ou flageolets Une vingtaine de frites 25 g de farine (2 c. à s.) 1 part de quiche, tarte salée, pizza 1 friand ... * cuillère à soupe 4 Dans le pain : 20 g de glucides dans : 40 g de pain blanc, complet, aux céréales 3 biscottes 4 petits pains grillés suédois 2 tranches de pain de mie 1 croissant nature 1 petit pain au lait 1 petite brioche Dans certains légumes : 10 g de glucides dans 100 g de : Carottes ; betteraves rouges, macédoine de légumes, salsifis, petits pois Dans les fruits : 20 g de glucides dans ½ petit melon 1 coupelle de fraises 3 clémentines 1 poire 1 pomme 1 orange 1 pêche 3 gros abricots 2 kiwis 1 petite grappe de raisin (15 grains) 1 vingtaine de cerises 1 petite banane Dans les desserts : 20 g de glucides dans : 1 yaourt sucré ou aux fruits 100 g de compote sucrée ou de fruits au sirop 2 boules de glace ou sorbet 5 1 flan ou entremet ou crème dessert 1 part de riz au lait ou semoule au lait 1 mousse au chocolat 2 madeleines ou 4 biscuits secs 1 petite barre de céréales 2 barres de chocolat 3 à 4 petits fours sucrés 40 g de glucides dans : 1 part de tarte (1/8e de la tarte) 1 pâtisserie individuelle ou 1 part de gâteau La troisième étape consiste à doser l’insuline prandiale en fonction de la quantité de glucides de votre repas. Exemple de besoin en insuline prandiale Matin : 2 U d’insuline pour 10 g de glucides Midi : 1 U d’insuline pour 10 g de glucides Soir : 1.5 U d’insuline pour 10 g de glucides Si votre besoin en insuline prandiale est évalué à 1 U pour 10 g de glucides, un repas de midi composé de : - salade de tomates - escalope de volaille à la crème - 200 g de riz (40 g de glucides) - 1 part de fromage - 1 compote (20 g de glucides) - 40 g de pain (20 g de glucides) apporte 80 g de glucides et nécessitera 8 U d’insuline. Un autre repas de midi pris au fast food avec - 1 Big Mac (40 g de glucides) - 1 petite frite (30 g de glucides) - 1 muffin au chocolat (40 g de glucides) apporte 110 g de glucides et nécessitera alors 11 U d’insuline. 6 Que faire en cas d’hypo ? La tendance spontanée est souvent au « resucrage excessif » ! La encore, les expériences et tests qui peuvent vous être proposés vous permettront d’observer l’effet de 2 ou 3 sucres sur votre glycémie (10 à 15 g de glucides), dose la plupart du temps suffisante pour corriger efficacement une hypoglycémie. Exemple d’aliments permettant de corriger une hypoglycémie : 3 sucres 1 c. à s. de confiture ou de miel 1 berlingot de lait conentré sucré 15 cl de soda ou de jus de fruits (1verre à moutarde) 1 barre de céréales A chacun son IF En fonction de vos besoins, de vos habitudes, de vos rythmes alimentaires ... Chaque personne diabétique de type 1 a désormais accès à la liberté alimentaire. Ce choix peut se traduire de différentes façons en fonction de chacun : Certains utilisent chaque jour cette liberté en variant leurs menus, leurs horaires de repas ... et font donc varier leur insuline prandiale. D’autres préfèrent garder une alimentation plus régulière quant au choix et aux quantités d’aliments glucidiques consommés et n’utilisent que ponctuellement lors de repas festifs ou « d’extras » cette possibilité. De nombreuses études ont permis de mettre en avant les nombreux avantages de cette approche, avec notamment un meilleur sentiment de contrôle de la maladie et de liberté personnelle, une diminution du nombre d’hypoglycémies, une stabilité voire une amélioration de l’hémoglobine glyquée et le tout sans prise de poids ! Et l’équilibre alimentaire ! Bien entendu, les conseils d’équilibre alimentaire du Programme National Nutrition Santé vous sont, comme pour toute personne en bonne santé, fortement recommandés avec, au quotidien, la consommation : 7 D’au moins 5 légumes et fruits De pain, céréales, pommes de terre, légumes secs à chaque repas et selon l’appétit De 3 produits laitiers D’1 à 2 fois de viande, volaille, œufs ou poisson D’eau à volonté En limitant les produits sucrés, les matières grasses ajoutées et le sel. Un accent tout particulier sera mis sur le choix des matières grasses en privilégiant les graisses riches en acides gras mono insaturés (huile de colza, huile d’olive, huile d’arachide) Adhérer à une association de diabétiques est recommandé et contribue à une meilleure connaissance de sa maladie et des progrès de la recherche. AFD – Association Française des Diabétiques 88, rue de la Roquette 75544 Paris Cedex 11 Tél. 01 40 09 24 25 Fax 01 40 09 20 30 www.afd.asso.fr AJD – Aide aux Jeunes Diabétiques 9 avenue Pierre de Coubertin 75013 Paris Tél. 01 44 16 89 89 Fax 01 45 81 40 38 www.diabete-france.net LDF – Ligue des Diabétiques de France 1, rue Ségure 64000 Pau Tél. 05 59 32 36 01 Fax 05 59 72 97 75 www.diabetenet.com Union des Maisons du Diabète Tel : 03 20 72 32 82 www.maison.diabete.info Le diabète en ligne Site Diabsurf : www.diabsurf.com Site Roche Diagnostics : www.accu-chek.fr 8