Que Vlo-Ve? Série 2 No 8 octobre-decembre 1983 pages 3-21
Dossier de presse: L'Oeuvre du marquis de Sade, l'Oeuvre du divin Arétin
© DRESAT
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DOSSIER DE PRESSE
L'Oeuvre du marquis de Sade
L'Oeuvre du divin Arétin
Les Nouvelles, lundi 28 juin 1909
«Les Nouvelles bibliographiques»
Littérature - Critique
[…] GUILLAUME APOLLINAIRE: L'Oeuvre du divin Arétin, œuvres choisies, comprenant
des traductions nouvelles et des morceaux traduits pour la première fols, Bibliothèque des
Curieux, 4, rue de Furstenberg, 7 fr.50.
Précédée d'une introduction où M. Apollinaire fait à la fois œuvre d'historien et de
critique, enrichie de notes, parfois savoureuses, toujours placées à propos pour préciser quelque
locution douteuse sur laquelle de précédents auteurs ont parfois trébuché jusqu'au contre-sens, ou
éclaircir l'obscurité d'une expression archaïque, c'est ici une traduction qui se recommande au
lecteur, autant par son souci de garder au texte le plus possible de son coloris et de sa vivacité,
que par la qualité de son style, clair, élégant, pittoresque. On y trouvera la première partie des
Ragionamenti qui se compose de trois Journées, sans l'Avertissement, et, sur les vingt-six
sonnets attribués à l'Arétin, les seize que, seuls, le traducteur ne juge pas apocryphes.
Vers et prose, t.XVIII, juillet-août-septembre 1909
«Notes»
[…]
Deux livres de G. Apollinaire
M. Guillaume Apollinaire, qui n'est pas seulement un poète d'avenir, vient de publier
(Bibliothèque des Curieux, 4, rue de Furstenberg), deux livres qui témoignent de ses travaux
d'érudit. [3]
L'un, L'Oeuvre du divin Arétin, contient des traductions nouvelles et des morceaux
traduits pour la première fois. Ces traductions, ainsi que les notes et l'introduction sur la vie et les
ouvrages de l'Arétin, révèlent une compétence parfaite.
Dans l'autre livre, L'Oeuvre du marquis de Sade, Apollinaire discute la vie et la mentalité
de ce personnage; iI donne les extraits les plus caractéristiques de son œuvre et, en outre,
plusieurs morceaux inédits.
Tout cela est fort intéressant, morale à part bien entendu, car on sait que ni l'auteur de
Justine, ni celui des Sonneti lussuriosi, n'écrivaient pour la bibliothèque rose.
[…] Louis MANDIN
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Mercure de France, tome 80, 1er juillet 1909
«Revue de la quinzaine»
[…]
Publications récentes
[...] Littérature
Arétin: L'Oeuvre du divin Arétin, traduction et notes par Guillaume Apollinaire; Bibliothèque
des curieux. 7 50.
[…] MERCURE
Mercure de France, tome 80,16 août 1909
«Revue de la quinzaine»
[…]
Lettres italiennes
[…] Memento.- Guillaume Apollinaire: L'Oeuvre du divin Arétin, Bibliothèque des
Curieux.[...] Ricciotto CANUDO
Le Journal, vendredi 20 août 1909
«Quelques livres»
[…] L'OEUVRE DU DIVIN ARETIN.- Les pornographes zélés et sévères qui veillent sur nos
mœurs pourraient s'émouvoir de cette publication. En effet, le dictionnaire nous enseigne que
l'Arétin fut « l'écrivain le plus impudent, le [4]
plus déhonté, le plus dissolu, le plus impie de l'Italie.» Cela n'a pas empêché M. Guillaume
Apollinaire de traduire avec goût quelques-uns de ses dialogues de courtisanes et de ses sonnets,
- qui expliquent, je dois le dire, l'opinion du dictionnaire. Pourtant, l'Arétin fut l'ami de Charles
Quint, de François 1er, de on de Médicis, du Titien et de Michel-Ange, et ils goûtaient ses
poèmes. Quelle leçon d'indulgence devraient donner aux esprits raisonnables les variations de la
morale!
[…] Paul REBOUX
Comoedia, dimanche 29 août 1909
«La Semaine littéraire»
[…]
GUILLAUME APOLLINAIRE.- L'OEUVRE DU DIVIN ARETIN, un vol. in-8, à 7
fr.50. Bibliothèque des curieux.
Cette édition populaire de l'Arétin n'était peut-être pas des plus utiles. Nul plus que moi
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n'estime à leur juste valeur certaines œuvres que la plus élémentaire prudence conseille
d'enfermer à clef dans une bibliothèque. Dans ce genre, il existe de véritables chefs-d'œuvre qu'il
convient au premier chef de ne point négliger lorsque l'on s'intéresse aux lettres; seulement, il
faut bien le dire, la publication de ces ouvrages licencieux ne me paraît légitime que lorsqu'elle
peut satisfaire les érudits, les lettrés et les bibliophiles.
Isidore Liseux fut maître en ce genre: toutes ses éditions, tirées à 100 ou 150 exemplaires
sur papier de Hollande, vendues à un prix élevé, collation-nées avec soin et donnant le texte
original en regard, sont de véritables chefs-d'œuvre qu'il convient d'avoir dans toute bibliothèque
d'érudit. Mais l'on peut estimer, étant donnée la facilité relative que l'on a pour retrouver ces
livres chez les marchands de livres anciens, que ce tirage à 100 exemplaires fut largement
suffisant pour le nombre existant des curieux de lettres.
L'œuvre de l'Arétin, que nous offre pour 7 fr.50 M. Guillaume Apollinaire, me paraît plus
directement destinée aux collégiens de lettres. Je ne dis point que cette édition n'ait pas été revue
ni annotée avec abondance, mais je ne vois pas bien ce qu'elle peut ajouter en particulier aux
éditions de Liseux. Et tout d'abord il est facile de voir ce qu'elle en retranche; l'auteur ne nous
donne, en effet, que la moitié environ des Ragionamenti de l'Arétin.
Quant aux Sonnets luxurieux, d'une lecture, il faut bien l'avouer, assez pénible, une
réédition récente qui en fut faite, sur le texte de Liseux, mais éditée à 200 francs, paraissait
largement suffisante. G. de PAWLOWSKI
[5]
Mercure de France, tome 81,1er septembre 1909
«Revue de la quinzaine»
[...]
Publications récentes
[…] Littérature
Guillaume Apollinaire: Les Maîtres de l'amour: L'Oeuvre du Marquis de Sade. (Zoloé, Justine,
Juliette, La Philosophie dans le boudoir, Oxtiern ou les malheurs du libertinage, etc.). Pages
choisies comprenant une œuvre entière, des morceaux inédits et des lettres publiées pour la
première fois, tirées des Archives de la Comédie-Française. Introduction, Essai bibliographique
et Notes par Guillaume Apollinaire. Ouvrage orné de 2 gravures et d'un autographe hors texte.
Bibliothèque des Curieux. 7 50.
[…] MERCURE
Arthénice, 1ère année, no3,15 septembre 1909
«Les Livres»
[…] L'Oeuvre du Divin Arétin.- M. Guillaume Apollinaire a traduit quelques-uns des
dialogues des courtisanes du grand poète libertin, l'ami de Charles-Quint et des lettrés de cette
époque. Mais l'auteur a traduit avec beaucoup de goût et une exquise délicatesse.
[…] C. CANNERA
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Le Journal du Soir, samedi 18 septembre 1909
«Nos chroniques»
«Les Deux 'Divins'»
Guillaume Apollinaire, poète subtil et prosateur énergique, tente, à son tour, l'aventure de
placer en bonne lumière, les deux figures si étranges et si mal connues de ces deux écrivains qui
se décernent eux-mêmes le qualificatif de divins: Pietro Arétino (l'Arétin) et M. le Marquis de
Sade. Aucune ressemblance pourtant, entre ces deux maîtres de l'amour qui vivaient à deux
«décadences» différentes; aucune similitude entre ces deux vies. L'une, celle de l'Arétin, s'écoule
dans une fête continuelle, nn un palais somptueux sur le Canal Grande de Venise; l'autre, celle
de M de Sade, se [6]
passe en partie en prison; sa vie libre est bouleversée, pleine d'aventures cocasses et tragiques.
Une seule chose, à priori, pourrait sembler commune: c'est le même moyen, le même procédé,
pornographique plutôt, pour arriver à attiser la curiosité de leurs contemporains car nul doute
aujourd'hui que leur libertinage, leur «vice exprimé» ne fût qu'un prétexte pour attirer l'attention
des foules. Un moment, avec l'Ane d'or, d'Apulée, l'alchimie pensa aussi à ce stratagème pour se
faire des adeptes.
L'Arétin, Inventeur en quelque sorte de la «presse périodique », journaliste-pamphlétaire
émérite, s'intitule modestement le Fléau des Princes, le Véridique... le Divin... parce qu'il fait
trembler les souverains, les papes, les grands qui se flattent alors d'être de ses amis, mais qui
achètent fort cher son silence sur leurs turpitudes. Il est l'homme libre par la grâce de Dieu (c'est
lui qui l'écrit). Il a droit à notre admiration à cause de cela. Ne vit pas libre à sa guise qui veut. Sa
liberté, II la doit à sa plume, une plume dangereuse, pleine de fiel, d'esprit, une plume de grand
reporter, une plume de maître-chanteur. L'Arétin est un véritable Epicurien, un gros jouisseur; au
demeurant, un bon enfant, aimant à festoyer avec ses amis, amies et tous ceux qui aiment la
bonne chère et les belles-lettres. Il exploite le vice, il en tire même de beaux profits, mais cet
argent, dont ses coffres sont pleins, il sait le dépenser et, dans un geste large le jeter aux pauvres,
au peuple qu'il aime et qui le lui rend bien.
Le marquis de Sade est plus intéressant encore. D'abord, après Judas, c'est l'homme le
plus calomnié sur la terre. De tous les crimes dont les crimes dont on a daigné le couvrir, un seul
ne résiste pas à un examen conscienceux: c'est le crime de Marseille. Ce crime - si crime il y a, -
est d'une effroyable banalité. Il n'en est pas moins condamné à mort pour avoir au cours d'une
petite orgie, fait prendre de la cantharide à quelques courtisanes consentantes: ce crime a de quoi
faire sourire, de nos jours, tous nos débauchés. N'importe! M. de Sade est un apologiste de
l'amour naturel. Si nous rentrions sincèrement en nous-mêmes, si nous avions le courage de
certains aveux, bref, si nous baissions le masque de notre hypocrisie, nous reconnaîtrions que
nous recherchons, la nuit, avec indécence et perversité, ce que nous condamnons ouvertement le
jour. La pureté est la tunique des châtrés [sic] et des impuissants et c'est l'Eglise qui a tissé cette
tunique abominable, plus dangereuse, dans ses conséquences morales, que la tunique de Nessus
elle-même !
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La vérité sur le marquis de Sade est beaucoup plus simple. Derrière son libertinage
affecté, Sade pensait, Sade écrivait des choses si hardies au point de vue social, qu'il fallait
l'enfermer. C'est du Nietzschéisme avant Nietzsche, de l'anarchisme avant Proud'hon [sic]. Par la
pornographie, il avait l'espoir d'aller plus vite à la foule grossière, mais forte, friande aussi
«d'amour naturel». Et puis il faut l'écrire, la première liberté que réclamait Sade, c'était la liberté
complète de l'amour pour l'homme... comme pour la femme. Cela, on ne pouvait lui pardonner...
après le Concile de Trente. Pourtant, lui-même cherche à dessiller les yeux de cette foule, sur le
vice qui l'entoure (et Dieu sait si le vice régnait à la fin du XVIIIe siècle!) mais il le fait en
laissant dire à Saint-Fond ces ironiques paroles:
[7]
«La politique de tous ceux qui mènent un gouvernement est d'entretenir dans les citoyens
le plus extrême degré de corruption; tant que le sujet se gangrène et s'affaiblit dans les délices
de la débauche, II ne sent pas le poids de ses fers; on peut l'en accabler sans qu'il s'en doute. La
véritable politique d'un Etat est donc de centupler tous les moyens possibles de la corruption du
sujet. Beaucoup de spectacles, un grand luxe, une Immensité de cabarets... des « maisons
publiques », une amnistie générale pour tous les crimes de débauche; les voilà, les moyens qui
vous assoupliront les hommes.
0 vous ! qui voulez régner sur eux, redoutez la vertu dans vos empires, vos peuples
s'éclaireront quand elle y régnera, et vos trônes qui ne sont étages que sur le vice. seront bientôt
renversés; le réveil de l'homme libre sera cruel pour les despotes, et quand les vices n'amuseront
plus son loisir; [sic] II voudra dominer comme vous...»
Il va sans dire, n'est-ce pas, qu'une telle philosophie contenait trop de vérités pour être
admise par le pouvoir royal. Sade, contrairement aux encyclopédistes, n'entourait point ses
pensées, [sic] de rhétorique inutile. Aucun mot ne lui répugnait. Il haïssait l'hypocrisie en amour
comme dans la vie, prenait plaisir à fouler aux pieds les superstitions, les préjugés, les coutumes,
toutes ces Inutilités qui ne sont que complications dans l'existence de l'homme.
Ce seigneur, certainement, fut un terrible débauché dans sa jeunesse, mais sa débauche ne
dépassait pas celle de ces autres roués, ses compagnons et il n'aurait jamais eu maille à partir
avec la justice, s'il ne s'était vanté lui-même de ses exploits libertins. Au reste, marié jeune à une
femme... dont il aimait la sœur et qui s'était retirée dans un couvent, il n'eut que cinq ou six ans
pour s'amuser; car cet homme - ce pauvre homme ! - a passé vingt-sept années en prison et les
vingt-sept plus belles années de sa vie! On le promène de Vincennes à Miolans, de Miolans à
Saumur, de Saumur à la Bastille, partout.
La réputation qu'il s'est faite, par gloriole, - qu'on lui a faite aussi ! - le suit partout. En
prison, à tous, à Mirabeau comme à Ange Pitou, II apparaît comme un monstre. On l'a trop
représenté comme un homme dangereux, pour ne pas ébranler la conviction des esprits les plus
avertis. Dangereux, il l'est: pour la royauté, la police, les moralistes puritains, pour tous les
empêcheurs de danser en rond.
Sa philosophie est hautaine, sans retenue et ce n'est qu'abêti par la prison qu'il poussera
quelques cris de patriote, cris qui sonneront faux dans cette âme à laquelle viendra s'abreuver un
des plus hardis philosophes de notre époque: Nietzsche.
Chose curieuse, ce débauché, en 1779, enfermé à Vincennes n'aura qu'un amour, et un
amour platonique (ô ironie), pour une amie de sa femme : Mlle de Rousset. Le 29 février 1784, il
est transféré à la Bastille. C'est là qu'il écrit la plupart de ses ouvrages. C'est là qu'en 1789, ayant
connu la Révolution qui se préparait, le marquis de Sade commença à s'agiter. «Il eut des
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