LA SOCIETE DE CONSOMMATION
Du nécessaire au superflu
Entre guerres et prospérités, les humains ont, tant bien que mal, traversé les siècles, découvrant peu à
peu des moyens et des techniques pour améliorer leur vie quotidienne.
On estime l'âge des plus anciennes civilisations à 15 000 ans, l'âge de l'Homo Sapiens à 200 000 ans.
Nul besoin d'aller plus loin, l'humanité a traversé 200 000 ans sans téléphone, sans voiture, sans électricité, sans
Internet, sans machine à coudre, sans machine à écrire…
Leur vie a sans douté été plus difficile que celle de l'homme occidental du XXIe siècle, mais il n'est pas inutile
de rappeler ici que nombre d'hommes et de femmes vivent encore comme les hommes de la préhistoire, par
exemple dans les profondeurs de la forêt amazonienne.
Le XXe siècle dont les effets se prolongent et s'amplifient avec le XXIe siècle représente donc un
bouleversement radical dans l'histoire de l'humanité.
Amorcé dès la fin du XIXe avec la révolution industrielle, le XX° siècle a donné de plus en plus
d'importance au superflu.
Le temps passé à table
Le repas a toujours été, dans toutes les civilisations un moment de convivialité, de réunion et un élément
de cohésion sociale. Il n'est d'ailleurs pas difficile de constater que toutes les civilisations ont développé au
cours des millénaires des codes, des rites et des règles entourant la prise des aliments.
La société de consommation a détruit tout cela d'un revers de la main ! Les temps modernes sont venus apporter
une nouvelle vision de la façon de vivre, dévoyée par les nouvelles structures de la société : la grande maison
familiale a été remplacée par le studio ou le deux pièces des HLM (Habitation à Loyer Modéré), ce qui ne
favorise guère les grandes réunions familiales. Comme la société de consommation pousse justement à la
consommation, un seul salaire n'y suffit plus, les femmes aussi travaillent et plus personne ne souhaite passer
du temps à préparer un vrai repas.
La société de consommation a apporté la réponse, sous plusieurs formes : les plats à emporter, les plats préparés
(les conserves/appertisés), les plats congelés, les pizzas livrées à domicile et bien sûr la restauration rapide
(essentiellement la pizza et le hamburger).
L'organisation du travail a suivi cette évolution et la plupart des activités sont désormais basées sur la
journée continue qui accorde une pause syndicale de 30 minutes pour le repas. Il convient de souligner que ces
prises rapides d'aliments ont forcément du conséquences non négligeables sur la santé (ulcères, mauvaise
digestion, prise pondérale) sans parler de la qualité douteuse des aliments industriels.
Ainsi peut-on conclure que la société de consommation a amené les hommes et les femmes à travailler
plus, à avoir moins de temps libre et à négocier ce peu de temps de liberté en achetant des services (comme la
nourriture industrielle qui épargne le temps que l'on n'a plus à préparer un vrai repas).
De la consommation au gaspillage
La consommation est devenue, au cours du XXe siècle non plus une nécessité (acheter à manger) mais
un mode de vie, de comportement et de culture. Il est frappant de constater que la "grand messe" de la
consommation n'a pu influencer et modifier les comportements de la majorité des individus que parce qu'une
mutation s'est opérée dans la culture. S'il est vrai que la publicité imprimée a beaucoup aidé à amorcer cette
transformation de la civilisation, c'est avant tout la radio, puis la lévision qui ont été et sont encore
aujourd'hui, plus que jamais, les instruments de la propagande pour cette civilisation du gaspillage.
Il ne faut pas pour autant refuser le progrès ! La révolution industrielle a rendu possible la fabrication
d'appareils ménagers à des prix abordables, dont certains, il faut honnêtement le reconnaître, ont
indéniablement apporté du confort dans la vie des ménages, en nous soulageant tout particulièrement dans
tâches les plus épuisantes. On pensera en particulier à l'aspirateur, au fer à repasser électrique et surtout à la
machine à laver le linge.
L'Amérique devient le modèle à suivre pour les Européens
Bien que présente en Europe dès le début du XXe siècle, c'est vraiment à partir de 1945, au sortir de la
seconde guerre mondiale, que la société de consommation va rapidement se développer. Elle se répand dans
l'Europe de l'après-guerre à la faveur de l'image très positive laissée par l'Amérique libératrice et
victorieuse. Force est de constater qu'en ce début de XXIe siècle il y a encore beaucoup de nos contemporains
qui continuent de croire naïvement au « miracle » du modèle américain.
Toujours est-il que c'est bien eux qui ont invenla société de consommation dans ce qu'elle a de plus
mercantile : le supermarché en 1930, on pense aussi à la fabrication à la chaîne lancée par Ford pour
produire plus et moins cher. La France ne suivra qu'en 1957.
Belle aubaine pour le client de trouver de la marchandise à meilleur prix, car tel était le but du supermarché à
l'origine. Mais acheter moins cher peut inciter à acheter plus, et forcément à gaspiller plus facilement. On peut
néanmoins admettre qu'il est dans la nature du consommateur des années 1930 de ne pas forcément aimer
gaspiller.
Et en fait, ce n'est pas le consommateur qui gaspille, mais le système qui pousse au gaspillage.
A la base, l'objet utilitaire a sa raison d'être et on l'achète volontiers en vu de profiter du service qu'il rend. Le
consommateur veut du bien-être et la société de consommation lui en propose et lui en vend. Ainsi achète-t-il
un lave-linge ; il se dit en toute logique que le temps pendant lequel la machine fait la lessive, il pourra le
consacrer à du loisir : passer du temps avec les enfants, faire de la lecture, aller au cinéma ou au théâtre. Il n'y a
là rien de suspect ou de critiquable.
La saturation du marché
Mais la société de consommation couvre rapidement, à partir des années 1960, que les ventes
d'appareils ménager ne peuvent se prolonger indéfiniment. Une fois que la plupart des ménages se sont équipés
avec les appareils ménagers élémentaires, c'est-à-dire le réfrigérateur, le lave-linge, l'aspirateur et quelques
autres standards, le marché tend à se saturer et les courbes de ventes diminuent.
Que faire ? Comment continuer de faire tourner les usines ? C'est alors que les industriels découvrent la
réponse au problème, réponse qui va faire basculer le système de consommation d'objets utilitaristes vers une
société pervertie par l'appât du gain, la société de gaspillage.
D'où vient que le marché se sature ? De ce que les appareils vendus sont robustes et durables. On décide donc
désormais de les fabriquer moins robustes et moins durables afin de s'assurer un marché du renouvellement. Et
pour forcer la main des consommateurs, on commence à exploiter mieux la publicité en insistant sur la
nouveauté, le progrès, les avantages du nouveau modèle, les fauts de l'ancien, etc. « Nouveau » et
« Nouveauté » sont les deux mots les plus utilisés dans les slogans publicitaires.
Le gaspillage dans toute son horreur
Nous venons de voir comment la société de gaspillage pousse à la consommation en produisant des
objets utilitaires dont la durée de vie a été volontairement raccourcie.
A partir des années 70 apparaît une nouvelle forme de perversion : ne plus se contenter de produire le
nécessaire, mais également produire le superflu.
Découvrant les vertus de la publicité, la facilité avec laquelle l'effet de nouveauté provoque des vagues
d'achats massifs et des modes, les industriels s'ingénient à inventer des gadgets qui vont finir par devenir des
objets de consommation courante. On ne mesure pas à quel point la télévision a joué et joue encore un rôle
central dans la manipulation des consciences, non seulement à travers les tonnes de messages publicitaires qui
harcèlent le pauvre téléspectateur, mais aussi avec un grand nombre d'émissions destinées à glorifier le
consumérisme. Toutes ces émissions, d'une manière ou d'une autre, ramènent le téléspectateur à une image
corrompue du bonheur : consommer.
Du gaspillage à la pollution
Une règle élémentaire à connaître et dont il faut mesurer les conséquences :
Plus on consomme, plus on pollue.
Tout le monde connaît les cimetières de voitures : des carcasses rouillées entassées les unes sur les autres et une
absence totale de politique de récupération des métaux. Désormais il y a des cimetières de tout : des monticules
d'ordinateurs, d'appareils ménagers, de tubes cathodiques (contenant des substances polluantes), etc. On trouve
même des "cimetières de béton" gigantesques fosses sont enterrés les débris et matériaux récupérés sur les
chantiers de démolition, de construction et de travaux publics. À ce jour, le volume de ces déchets non
recyclables ne fait l'objet d'aucune publication statistique de la part des autorités. Certains avancent le chiffre de
100 millions de tonnes par an.
De la pollution à la lutte écologique
Comment sortir de ce cercle infernal ? Plusieurs pistes méritent d'être explorées et elles se complètent
mutuellement.
Devant l'appel incessant de la société de consommation pour acheter ceci ou cela, parce que c'est "nouveau", il
faut se recentrer sur soi-même et se poser la questions salvatrice, celle qui nous pousse à faire une prise de
conscience :
En ai-je vraiment besoin ?
Les autres l'achètent ? Vous avez le sentiment d'être ringard parce que vous ne l'avez pas encore acheté ?
Qu'importe ! Votre vie n'est pas la leur et tirez plutôt votre fierté du fait de ne pas faire comme les autres. De ne
pas suivre comme un mouton ou un robot le chemin tracé pour vous par un monde dirigé par les marchands.
Consommer moins, consommer mieux, consommer intelligent
La simplicité volontaire est le premier pas vers la décroissance : vous ne consommez que ce dont vous avez
besoin. Ça a du bon : quand on consomme moins, on fait des économies et on peut dès lors envisager d'investir
son argent de façon utile. Par exemple, au lieu d'acheter des fruits et légumes issus de la production agro-
industrielle, on choisira la filière bio, un peu plus chère certes, mais respectueuse de l'environnement. La
culture bio s'interdit tout emploi de pesticides ou engrais chimiques, n'ayant recours qu'à des techniques
naturelles et immédiates.
Fabriquer soi-même
Bien souvent on achète ce dont on a besoin sans savoir qu'avec quelques astuces, un peu de patience et un peu
de réflexion, on peut parfaitement fabriquer des objets usuels. On peut soit partir de matériaux bruts, soit
réhabiliter des objets usagés et récupérer.
SOURCE : EKOPEDIA 02/2011
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