je parlais n’est pas toute ; si elle n’est pas toute, en fin de compte, je ne sais pas bien si c’est comme le
réel , ou si j’ai été introduit à formuler que le réel n’est pas tout à cause d’elles (comme vous voudrez
l’écrire, au singulier ou au pluriel). Une parole de Lacan.
« Pratiques innommables, actes contre-nature : l’art tabou de Karen Finley »… Dans son recueil Acting
out : Féminist Performances, Lynda Hart considère que ces performeurs impriment à leur travail un
rapport paradoxal du signe au référent et que leurs performances peuvent se ranger sous l’appellation de
performances autotextuelles. Théâtralité et performativité, sont troublées, acte, passage à l’acte, acting
out, s’entremêlent.
En considérant que les désirs sexuels sont toujours pris dans un contexte, sont variables, anti-
ontologiques, Lynda Hart a une façon de se situer dans son être et son devenir sexuel, et à propos des
identités et des politiques qui en découlent, en particulier dans le mouvement queer des communautés
lesbiennes ou féministes, elle affiche son orientation assez directement psychanalytique. Elle dit en
particulier utiliser la psychanalyse afin que ce ne soit pas celle-ci qui l’utilise, elle développe
l’interprétation de la performativité du S/M lesbien, nouvelle figure de l’impossible, en rapport avec le
concept lacanien de réel, En 1998, dans son livre Entre corps et chair. Sur la performance sado-
masochiste, elle ne revendiquait pas de parler au nom d’une communauté. Elle ne prétendait pas parler
non plus pour une communauté, mais elle ne la regardait pas en étrangère, position inside/out, topologie
à produire.
Anne-Marie Vindras
Anna von Lou
« Récemment, Papa et moi sommes tombés d’accord en discutant : le fait d’analyser n’est pas une
affaire pour êtres humains, il faudrait être quelque chose de beaucoup mieux pour ça, quoi, d’ailleurs,
je ne sais pas. Ce n’est pas le travail analytique qui est en question, on peut arriver à le faire avec un peu
de compréhension humaine, mais le fait de hanter sans cesse des destins humains ». Matière épistolaire
faite de dates qui se succèdent, qui se chevauchent, qui se rapprochent, qui s’éloignent : première date
de la première lettre de Lou Andreas-Salomé, 6 Décembre 1919, dernière date de la dernière lettre
d’Anna Freud, 22 Janvier 1937. Entre les deux, quatre cent dix neuf lettres sont échangées.
Comment Anna est-elle concernée lorsque Freud en 1919 publie son cas, comment jouela conférence
qu’elle a tenue sur cet article en 1922 ? Comment lire « La semaine dernière, mes « belles histoires » se
sont soudainement réveillées et se sont déchaînées toute la journée comme elles ne l’avaient pas fait
depuis longtemps. Maintenant elle se sont rendormies, mais cela m’en impose de constater la stabilité,
la force d’attraction d’un tel rêve éveillé, bien qu’il ait été tellement plumé comme un poulet, analysé,
rendu public et malmené de toutes sortes de façons et écorché vif, mon pauvre rêve éveillé à moi. Je sais
que c’est vraiment une honte, particulièrement entre deux patientes, mais c’était à nouveau très beau et
je l’aime encore beaucoup. » Aurait-elle subi un mauvais traitement devant le public de la Société
psychanalytique de Vienne ?
Martine Renaud
Le riche et divers atelier-Anna
Lou ne fait aucune commande, mais les robes qu’Anna lui fabrique s’accumulent, robes dans lesquelles
Anna dit « crocheter surtout ses excitations et ses angoisses » qui pourraient venir gratter/torturer Lou
autant que la laine. Lou confesse « adorer cela ». Anna se risque alors à avouer les lieux d’une
jouissance érotique jusque-là retenue : « A l’avant et à l’arrière, tu dois déjà sentir la chaleur sur
l’épaule droite terminée […] depuis que j’ai vu combien de degré en dessous de zéro il fait chez toi,
j’essaie de crocheter plus vite. La poitrine est terminée et je me promène maintenant sur ton dos,
montant et descendant au fil des rangs ».
Beaucoup plus tard, Anna se risquera :« Cependant j’ai un désir, te tricoter une chemise de nuit en
laine ». Désir assorti d’une nouvelle demande de modèle. Lou détourne l’offre en refusant
catégoriquement la chemise de nuit. Elle ramène Anna à plus de convenance. Elle n’acceptera qu’une
robe d’été comme la jeune et colorée qu’elle avait souhaitée respectable. Selon sa manière, Anna ne
contrarie pas l’autre, tient compte de son avis tout en conservant l’idée qui lui convient et en le disant
« Ta robe blanche du matin doit commencer aujourd’hui, ne t’effraie pas si ce n’est pas vraiment autre
chose qu’une chemise de nuit ». Et dans la lettre suivante elle ajoute un simple post-scriptum « Ta
chemise de nuit-robe d’intérieur-robe du matin-ou quoi que ce soit d’autre, grandit ». Quelques jours
plus tard elle annonce simplement « Sur le Semmering une robe douce et légère t’attend ». « Toi, avec
ton crochet, tu dois véritablement analyser ! Ça ne va pas du tout ! Ne fais rien avant que nous nous