1 AFRAMNEWSLETTER Numéro 39 Juin 1994 ISSN 02437090 Publication semestrielle du Centre d'Etudes Afro-américaines et des Nouvelles Littératures en Anglais de la Sorbonne Nouvelle 5, rue de l'Ecole de Médecine, F 75006 Paris In Memoriam Ralph Ellison (1914 -1994) Ralph Ellison occupe une place considérable dans nos cours et notre esprit. Souvent enseigné dans nos classes et séminaires, Invisible Man a été inscrit au programme de l’agrégation en 1984 et a fait l’objet, cette année-là, d’un recueil d’articles préparé par divers membres du CETANLA (un numéro spécial de Delta, presque aussitôt épuisé). Nous adressons à Mrs. Ellison l’expression de notre profonde sympathie et de notre cordial souvenir. Louis-Thomas Achille (31 août 1909 - 14 mai 1994) Né en Martinique, cousin de Paulette Nardal, ami de Léopold Senghor et collaborateur de la Revue du Monde Noir, il a été assistant de français à Howard University de 1932 à 1943. Professeur agrégé au lycée du Parc, à Lyon depuis 1948, il y fonda le Park Glee Club (qu’il anima pendant près de quarante ans) avant de devenir professeur de Khâgne. Présent au premier congrès des intellectuels et écrivains noirs à la Sorbonne en 1956, il avait participé avec éclat à la conférence sur les Noirs américains et l’Europe de Février 1992. Nous adressons à sa famille l’expression de notre vive amitié et de notre profonde reconnaissance Nouvelles du Centre Le Dr Lynn Weiss, de Washington University (St/Louis) a été attachée au Centre comme chercheur dans le cadre des échanges post-doctoraux de septembre 1993 à juin 1994. Elle a poursuivi, entre autres choses, la rédaction d’un ouvrage consacré à Gertrude Stein et Richard Wright. Du mardi 1 Fevrier au samedi 5 février 1994, au Palais du Luxembourg a eu lieu un Colloque international consacré aux artistes afro-américains et l’Europe . Patronné par le CETANLA, le CIRNA,(Paris VII), the Contemporary Transatlantic Art Program (California College of Arts and Crafts), the W E.B. Du Bois Center for African-American Research (Harvard University), the Collegium for African American Research (Universität Hannover). il avait été organisé principalement par 2 Maïca Sanconie (CETANLA, Université Paris III) et Raymond Saunders (California College). Les communicaitions suivantes ont été données : - Europe and Africa: Conflicting Attractions ? : “African-American Artists and Negritude in Europe” par Jacqueline Bernard (Cooper Union, New York) et Jocelyne Rotily (Université Paris VII); “Breaking Away from European Hegemony: the ‘Black Atlantic Tradition’ “ par Robert F. Thompson (Yale University). - Europe: A Converging Point; Some Historical Moments; “William H. Johnson’s Encounters with Northern European Expressionism” par Richard Powell (Duke University) - “Some Contemporary Visions of Europe”. Table ronde avec les artistes David Hammons, Martin Puryear, Faith Ringgold, Raymond Saunders. Modérateur: Maïca Sanconie. -The Role of Artistic Decision-Makers within the America-Europe Art Network; “Validity of African-American Museums and Galleries”, forum dirigé par Peter Seltz (U C Berkeley) avec Linda Bryant (New York), Eddie Chambers (African and Asian Visual Arts Archive, Bristol), Bonny Gabin (Fondation Draper, Paris), Thelma Golden (Whitney Museum, New York), Josine Ianco Starrels (Art consultant, Los Angeles), June Kelly (June Kelly Gallery, New York), Moira Roth (Mills College, Oakland), etc. - The Artist versus the Network. “The Distinction of the African-American Artist in the International Art Scene”. Table-ronde présidée par Alan Gordon (Sacramento), avec les peintres et sculpteurs Dewey Crumpler, Sam Gilliam, Russel Gordon, David Hammons, Mildred Howard , Clarence Morgan, Howardena Pindell, , Martin Puryear, Faith Ringgold, Betye Saar, Raymond Saunders, John Scott, et Adrian Piper (performance artist) et Lorna Simpson (photographe). Très animé, un “Open forum”, dirigé par Maria Diedrich (Universität Hannover), Geneviève Fabre (Université Paris VII), Henry-Louis Gates, Jr. (Harvard University) et Raymond Saunders a permis de traiter de la crise de la critique artistique, de l’art et la conscience politique, des problèmes de conensus, etc. A l’Institut d’Anglais Charles V, a eu lieu une session “African American Artists on Video” avec Linda Freeman et Dominique Masson, comprenant la projection de “Robert Colescott” (de Linda Freeman), “Jacob Lawrence”, “Faith Ringgold”, “Martin Puryear in Saché” (de Dewey Crumpler), “Griots of Imagery: A Comment on the Art of Romare Beardena and Charles White”, “A Conversation between Two Artists: Raymond Saunders and Jacob Lawrence”(de Dewey Crumpler). A cette occasion également, le 1er février au soir à la librairie Shakespeare & Co., et le 4 février après midi à l’Institut du Monde Anglophone, un hommage poétique à Langston Hughes a été donné par Ted Joans, Hart LeRoy Bibbs, James Emanuel et Jake Lamar. Une exposition Jean-Michel Basquiat réunissait au Musée de la SEITA 72 oeuvres, pour la plupart jamais exposées auparavant, dont 20 toiles provenant de diverses collections privées. Journée d’étude sur le roman afro-américain Le symposium Ernest J. Gaines organisé par Claude Julien a eu lieu à l’ UFR d’anglais-LEA de l’Université de Tours le 7 mai 1994. Des débats ont eu lieu avec la 3 participation deYves Bonnemère, Sylvie Chavanel, Françoise Charras, Geneviève Fabre, Claudine Raynaud, Lynn Weiss, Andrée Kekeh. Des communicaitons ont été données, notamment par Claude Julien, Michel Fabre, Michelle Herpe. La traduction par cette dernière d’ Une longue journée de Novembre, de Gaines vient de recevoir le Prix Coindreau et sa traduction de A Lesson before Dying (Dites leur que je suis un homme) a paru en français le 15 mai aux Editions Liana Lévi. De passage à Paris à cette occasion, Ernest Gaines a rendu visite au CETANLA. Aucun spécialiste du Commonwealth n’a été nommé à l’Institut du Monde Anglophone de la Sorbonne Nouvelle, le professeur Jacques Leclaire continuant d’assurer la partie correspondante du DEA dans ce domaine. A la suite de la journée d’études de Tours, les participants a cette journée ont décidé de fonder le Cercle Français d’Etudes Afro-Américaines, qui servira de lien entre les afro-américanistes en assurant une partie des fonctions du CETANLA, en prévision du moment où celui-ci devra cesser ses activités.Le bureau suivant a été élu: Michel Fabre (président), Claudine Raynaud (vice-président); Andrée Kekeh (trésorier); Lynn Weiss (réprésentant aux Etats-Unis). Les statuts seront déposés à la Préfecture de Police. Les membres afro-américanistes du CETANLA sont de droit membres du CFEA (dont l’adresse est pour l’instant celle du CETANLA); aucune cotisation n’est demandée, et AFRAM Newsletter continue d’être envoyé à ceux qui en font la demande. L’atelier de la Société Française pour l’étude des pays du Commonwealth a eu lieu à la mi-mai 1994 lors du congrès de la SAES à l’Université de Valenciennes. Il était dirigé par Cynthia Abrioux. Les communications données à cette occasion paraîtront dans un prochain numéro de Commonwealth. Le 25 mai, M. Fabre, président de la SEPC, s’est associé aux protestations d’organisations professionnelles et d’associations d’études africaines, notamment des Etats-Unis, et a adressé aux autorités universitaires du Cameroun des Fax exprimant notre inquiétude devant les mesures de suspension prises à l’endroit du professeur Ambroise Kom, de l’Université de Yaoundé, et de dix autres professeurs, par le décret no. 513/MFPRA/DEDC du 22 mars 1994. Le motif invoqué serait leur absence de l’université entre les 17 et 22 mars. Le CETANLA a eu le plaisir d’accueillir ce printemps plusieurs professeurs et chercheurs étrangers, parmi lesquels Walter Jackson (University of North Carolina), Alden Reimonenq (University of California), Jay Blochner (Université de Montréal), Margaret Simons (Southern Illinois University in Edwardsville,qui travaille sur les rapports entre Richard Wright et Simone de Beauvoir), Malgorzata Irek (Swiebodzin, Pologne, qui étudie l’influence de Léo Frobénius sur les études africaines et afroaméricaines). Kenneth Janken (qui termine un long article sur “African-American and Francophone Black ;Intellectuals: Contacts and Conversations, 1919-1930s ”) sera des nôtres cet été. Nous avons reçu le premier numéro de International Jazz Archives Journal, auquel le CETANLA est associé. Au sommaire, parmi une dizaine d’articles nous notons un long article suivi d’une bibliographie fournie, “Image-Making, Jazz and 4 Paris” d’Ursula Broschke-Davis, “The Melancholy of Monk” de Francis Hofstein, “The Case for a Pessimistic View of Jazz” de Mike Henessey. La publication est semestrielle et chaque numéro coûte $ 15.00. S'adresser au rédacteur en chef: Professor Nathan DavisInternational Jazz Archives JournalUniversity of Pittsburgh International Academy of JazzRoom 514 WPUPittsburgh, PA 15260 USA Le professeur Charles Martin (Queens College, New York) a publié “Coloring Books: Black Writing on Europe”, sa communication au Colloque de Février 1992, dans Mosaic, 26/4 (Fall 1993), pp. 55-67. Le 18 mai, à l’Université Catholique de Louvain (campus de Courtrai), M. Fabre a fait partie du jury de soutenance de Mme Kathleen de Loof, auteur d’une thèse dirigée par la Professeur Vic Doyen, et intitulée Culture-B(e)aring Black Woman; a Study of the Double Consciousness in Toni Morrison’s Fiction (425 p). Le 18 juin, a été soutenue à l’Université de Dijon, par M. Jean Leclerc, une thèse préparée sous la direction de Jean-Pierre Durix, intitulée La quête de l’identité antillaise chez les écrivains anglophones de la Caraïbe; 1930-1955 (330 p) Prochaines manifestations A la suite de la Conférence de Février 1994, il a été décidé d’organiser une Conférence sur La musique afro-américaine et l’Europe, qui se tiendrait au Palais du Luxembourg et à l’Institut du Monde Anglophone pendant la première semaine de février 1996. Le comité de sponsoring groupe déjà le CETANLA, le W E.B. Du Bois Center for African-American Research (Harvard University), the Collegium for African American Research (Universität Hannover); le comité d’organisation comprend déjà Kristin Couper (Université Paris VII) Bernard Loupias (critique de jazz), Michel Fabre (Paris III), Geneviève Fabre (Paris VII). Nous accueillons avec reconnaissance toute nouvelle collaboration (le sponsoring impliquant une participation financière). AFRIQUE Liliane Louvel. Nadine Gordimer. Presses universitaires de Nancy; Collection ”Univers anglo-américain”, 1994; 191 p. 100F. Au delà de l’approche thématique et textuelle des principales oeuvres --dont cinq romans et un recueil de nouvelles traduites en Français--, cette étude fournit au lecteur le contexte socio-historique et l’arrière-plan biographique nécessaires à la bonne compréhension d’une fiction hors du commun. Fiction souvent angoissée, voire torturée, et qui revêt des allures apocalyptiques, mettant en premier plan la peur de l’anéantissement, les difficultés de la communication entre les êtres et les races. La prose de Gordimer est d’une violence généralement retenue mais parfois explosive. Tels sont les grandes lignes, les points saillants d’un livre qui représente une introduction, souvent poussée et nuancée, à l’écriture autant qu’au message d’un écrivain courageux et profond. Guy Ossito Midiohouan. Du bon usage de la francophonie. Editions CNPMS (BP 135 Porto-Novo, Bénin, Fax 229 21 36 50). 1994, 235 p. 5 Cet essai sur “l’idéologie francophone” constitue à bien des égards une mise à jour et une mise au point. Son ton, bien différent du ronron des platitudes de la “coopération”, en fait une mise en accusation en même temps qu’une défense de la liberté de pensée. Les relations de la francophonie constituent le dernier système en date des relations organisées entre la France et les nations du champ linguistique. On trouve des accents de Mongo Beti qui dans Perpétue, écrivait que l’Afrique est ravagée par “trois grands fléaux: la dictature, l’alcool, et la langue française”. Midiohouan dénonce ‘l’idéologie francophone” comme un “dangereux dérivatif au compte des intérêts de l’Empire français sur le continent africain; il demande aux élites africaines de s’en détourner afin de promouvoir l’unité africaine à l’heure où les peuples se mobilisent pour démocratiser les Etats. Qu’on ne s’y trompe pas: ce recueil d'articles n’est ni une oeuvre de haine, ni une oeuvre polémique, mais plutôt un refus de baisser les bras, de choisir entre la “francophonie” et la “francophobie”. L’Afrique est d’abord “africanophone”, que le fondement de la francophonie n’est pas culturel; elle répond à des intérêts politiques dont les liens culturels ne sont que l’alibi; elle a été menée par la France pour préserver son hégémonie avec l’aide d’ hommes politiques africains, dont Senghor et Houphouet-Boigny; elle s’est développée concurremment avec l’unité africaine et lui a fait échec. Parmi les conclusions, nous lisons: “le francotropisme est un appauvrissement incommensurable... la nouvelle pédagogie du français doit être fondée sur un humanisme élargi ayant sa source et son aboutissement en Afrique”. Guy Ossito Midiohouan. et Mathias Dossou. Bilan de la nouvelle d'expression française en Afrique Noire. SPU. Campus d’Abomey-Calavi, Bénin. 1993. 88 p. Cet ouvrage comprend une chronologie de la production, une liste des nouvelles par pays et ordre alphabétique, les oeuvres primées dans le cadre du concours pour la meilleure nouvelle, anthologies et recueils collectifs, articles et ouvrages sur la nouvelle en Afrique, autres ouvrages sur la nouvelle. Michel Fabre Etats-Unis Kenneth Robert Janken. Rayford W. Logan and the Dilemma of the AfricanAmerican Intellectual. Amherst, University of Massachusetts Press, 1993, 320 p. La première partie du livre, “Growing up in the Nadir”, situe l’enfance et la formation de Logan jusqu’en 1917. Sa formation est nettement celle d’un intellectuel d‘élite- à Williams College, à Harvard. Il se situe alors dans la droite ligne des conceptions de W.E.B. Du Bois concernant les responsabilités de “the talented tenth”. Il met son esprit, caustique autant que pénétrant, et son renom au service des siens. Le second chapitre, “Mr. Wilson’s War and Mr. Logan’s War”, qui couvre la période 1917-1924, révèle Logan durant ce qui reste sa première apogée, lorsqu’il accompagne Du Bois en France pour porter la “question noire” devant la Société des Nations à la conférence de la paix à Versailles. Les recherches soigneuses de Janken établissent que Logan devrait désormais figurer, dans les ouvrages d’histoire, au nombre de ceux des ”panafricanistes” convaincus. C’est à nos yeux l’une des parties les plus intéressantes de cet ouvrage, peut-être parce que Logan prend alors toute la mesure des liens intercontinentaux concernant ce qui sera bientôt appelé “la diaspora noire”, notamment lorsqu’il tente de concilier les points de vue de Blaise Diagne et 6 de Du Bois. Par la suite, le professeur éminent se doublera, comme on pouvait s’y attendre, d’un activiste, sinon d’un homme politique, jusqu’à ce qu’en 1932, le Chicago Defender puisse parler de lui comme d’un ”bad Negro with a Ph. D.” A l’occasion de la Seconde guerre mondiale, l’expérience de Logan met en évidence combien les problèmes de l’un peuvent faire l’affaire de l’autre, et il oeuvre opiniâtrement pour combattre la discrimination et la ségrégation dans les forces armées. What the Negro Wants et The Silent South sont alors ses oeuvres majeures, et il se révèle comme l’un des champions de la lutte pour les droits civiques. Le chapitre qui traite de ces ouvrages dans un contexte soumis à des impulsions divergentes était particulièrement difficile à équilibrer, et Janken parvient à le faire avec un remarquable sens des nuances. Il était permis de se demander pourquoi Logan n’avait jamais acquis la réputation ou d’un Walter White à l’époque, sinon la stature d’un W.E.B. Du Bois. Janken répond à cette interrogation avec discernement: bien qu’il ait servi plus d’une fois de médiateur entre les groupes raciaux, Logan hésita à briguer l’acceptation émanant du pouvoir blanc, craignant, par souci d’efficacité autant que par honnêteté vis-à-vis de sa race, de se trouver prisonnier du rôle de leader noir reconnu . Ayant eu l’honneur de le rencontrer, j’avais toujours été frappé par sa perspicacité et son absence d’illusions autant que par son optimisme délibéré et son enthousiasme pour la France; je le comprends maintenant davantage. Logan était surtout connu, jusqu’ici, par ses écrits sur le problème racial mettant à nu l’hypocrisie américaine. Soyons particulièrement reconnaissants à Kenneth Janken de lui donner la place qu’il mérite comme activiste et penseur. Il le fait avec probité, un souci permanent du détail exact, et un évident respect pour son sujet, qui sont tout à son honneur. Et il y parvient, ce qui ne gâte rien, dans un style jamais pesant. NB : Signalons l’édition en “paperback” d’un ouvrage dont la teneur et la qualité rappellent, à bien des égards, la biographie de Janken. Il s’agit de Gunnar Myrdal, and America’s Conscience, Social Engineering and Racial Liberalism, 1938-1987. une excellente étude de Walter A. Jackson (University of North Carolina Press). Dark Laughter. The Satiric Art of Ollie W. Harrington. Edited, with an introduction by W. Thomas Inge. Jackson. University Press of Mississippi, 1994. 116 p; Ollie W. Harrington,. Why I Left America and Other Essays. With an introduction by M. Thomas Inge. Jackson. University Press of Mississippi, 1994. 113 p. The some one hundred cartoons reproduced [nearly a quarter of them in full color] come from the impressive Walter O. Evans collection of African-American art. One is delighted to discover unknown facets of Harrington's international art, which deals esentially with antagonistic social situations, the opposition between black and white, the rich and the poor. If Harrington's milder humor of the 1940s and 50s is akin to that of Hughes's Jesse B. Simple, there is in his recent satire all the political bitterness associated with the great illustrators of the leftwing during the Great Depression, the period when he started his career as a journalist and artist. In the black press, the Baltimore AfroAmerican and the Pittsburgh Courier --which ran his series called ' Boop', about the mishaps of a small child. In the New York Amsterdam News, his best-known comic strip, about the a black man, stout, bald and mustachioed began in 1935. “Bootsie” became so well-known that, Thomas Inge relates in a introduction, "when Orson Welles suggested that a young black actor call 7 himself Bootsie Washington it spelled his immediate success as a comic dramatist" [p. xxii]. Later, Adam Clayton Powell's People's Voice featured Harrington. A reproduction of the newspapers intial-- February 14, 1942-- issue shows him both as the author of the "Jive Grey" comic strip and the powerful illustrator of a serialized publication of Richard Wright's Native Son. Thomas Inge recalls in detail the career of Harrington who exiled himself in Europe in 1951 after having served as a war correspondent there and in North Africa. In Paris, he followed art courses at the Académie de la Grande Chaumière while deriving his income from cartoons in the Courier and the Defender. He became one of the stars among the café Tournon group and Chester Himes remembered him as the best story-teller and others as a ladies' man. He became Wright's closest friend and, after his untimely death, he moved to East Berlin, accepting an offer to illustrate a series of American literary classics. In the color pages of Eulenspiegel his art reached maturity; he was meanwhile working for the Daily World which published a portfolio of his cartoons in 1972. His criticism of U.S. political practices and racial policies all over the world stems from a deep sense of moral outrage. A political artist, constantly involved with the Black liberation struggle, he is an important figure in twentieth-century American expressive culture. The other volume,"Why I Left America."consists of nine essays, all but two of them published from 1961 to 1976. Harrington focusses first on the meaning and consequences of Richard Wright's expatriation and death in 'The Last Days of Richard Wright', a long obituary piece written for Ebony in 1961, and ' The Mysterious Death of Richard Wright,' [Daily World, 1977] which raises unanswered questions and reinforces the rumor that Wright might have been poisoned because of his pro-Communist opinions [although he left the CPUSA in 1944]. Of great interest ot the cultural historian is "Look Homeward Baby," indeed the central essay of the book, as well as a major and discerning, inspired piece on home and expatriation. It is complemented by 'Why I Left America,'which provides welcome detail on his career and European years. 'How Bootsie Was Born" chronicles the genesis of his best-known cartoon charecter and " Our Beloved Pauli," celebrates Pauli Murray, the author of Proud Shoes and Paul Robeson. "Through Black Eyes”, ”Like Most of Us Kids." and "Where Is the Justice'' are shorter, topical pieces. Thanks to these volumes Harrigton receives overdue attention, focusing on his accomplishments as a major comic artist. While "Ol Harrington" is still with us, someone like Schomburg librarian Christine McKay would do well to start a fulllength biography of a man who was not only famous by association but who will remain in history as a witness to our changing world. Michel Fabre Kenneth Kinnamon and Michel Fabre, eds. Conversations with Richard Wright. Jackson, University Press of Mississippi, 1993. 288p. $ 32.50 et 14.95. For more than twenty years, Misissippi's best-known black son, Richard Wright, was interviewed and widely quoted by a wide range of reporters from the international press, from Italy to Indonesia, from Sweden to South America, not to speak of the resounding statements made to the U.S. media by the author of Native Son and Black Boy. At the end of his life, the Chicago Communist had become a 8 well-travelled Marxist intellectual and the range of his interests now extended from literary concerns, to racial and political issues in theThird World.as well as the West. Of course, not all of the hundreds of statements made by Wright which were recorded and kept (many of them imbedded as quotes in articles about him) could not de gathered here. A selection of over fifty longer interviews is enough to provide a fair, even an exciting idea of his interests and responses. The selection is particularly valuable because it includes major statements, uttered in his later years, which were nearly unavailable to the Anerican reader. Michel Fabre has been able to recover several "lost" gems, notably two long interviews given to the French radio in the mid 1950s and provided here in translation.. The collection reveals an earnest citizen of the world, who attempts to question and explode racial definitions, in order to bring an end to racial perspectives about the contemporary world. Throughout his life Wright functioned as a committed intellectual trying to make his (mostly white) audience listen to his careful explanations of unspoken racial etiquette in the U.S. or to the nationalistic feelings of black Africans. Neither are dire warnings absent from his more didactic pronouncements. There is comparatively little personal, emotional revelations but much of this material analyses his thought processes, often set forth as representative of those of his oppressed race brothers. Concerning his literary tastes, influences undergone and writing strategies there is also much to glean from his conversations, although Fabre's Richard Wright's Books and Writers (published by the same press nearly a decade ago) remains the most enlightening referemce Bruce Dick Appalachian State University James V. Hatch. Sorrow is the Only Faithful One. The Life of Owen Dodson. Foreword by Arnold Rampersad. University of Illinois Press. 1993. $34.95. The title of the book is borrowed from a moving poem by Dodson. Born in 1914, orphaned at the age of 12, known only to a few readers as a poet and a novelist, Owen Dodson lives on in the memory of his contemporaries above all as the lifegiver to Black theatre at Howard University where he directed some three hundred representations over several decades. Toni Morrison, who counted herself among his students, recently celebrated him as a devoted and inventive professor. He received international recognition, having been invited and sponsored by the Norwegian parliament to visit Scandinavia after his remarkable production of Ibsen’s Wild Duck. And he never ceased to promote the talents of his disciples. From his early years as a teacher, to his final years, aspiring poets and drama students enjoyed the inspiration and support of Owen Dodson. A friend of John Gielgud and of W.H. Auden, as well as of Paul Robeson, he managed to combine, as did James Baldwin, a humanism full of hope, of dimension, and of consideration for others, with a sensitivity often ardent, wounded and fragile. A gay man who was frequently unhappy, he ended his days alcoholic and alone barely ten years ago. Those who knew him keep a memory of him as an exceptional being, who, if circumstances had been different, had the potential for a dazzling career, yet was destined to never fully realize that potential. In a sense, as Dodson’s biography reveals, he owed his early successes to the fact that he created art according to traditional standards, yet 9 by the time he achieved artistic maturity, it was more fashionable to break the rules of form and deliver a polemic message. Dodson’s brushes with fame and success were many, and he was acclaimed by many of his contemporaries: he knew W.E.B. Dubois, he knew Bessie Smith, and he wrote Countee Cullen’s epitaph. One of the most bittersweet memories of his career provides an example of how opportunities for greatness continually slipped from Dodson’s fingers. As Director of the Comittee for Mass Education in Race Relations, he worked to change the negative stereotyped images of Blacks in American films. He met with Orson Welles, who expressed his desire to make a film based on the life of Toussaint l’Ouverture and the first Negro Republic of Haiti; Welles offered to direct the film for free, but the budget he proposed amounted to several million dollars. It was impossible for Dodson to even consider the project with his tiny budget. Professor James Hatch, who knew Dodson well and patiently supported him, finds the proper tone with which to tell the story, often sketchy, not only of a troubled life, but of the beautiful novel Boy at the Window, and of the numerous cultural and theatrical activities that deserve to be reclaimed from the forgotten. The portrait which rises from the pages of this scholarly biography written with elegance is compelling, even if Dodson as a poet and novelist remains among the so-called minor writers. Geneviève Fabre Berthold Klosterman. Blue Notes- Black Fiction. Schwarze Musik in der afroamerikanischen Erzählliteratur der zwanziger und dreissiger Jahre Trier, Wissenschaftlicher Verlag. 1993. 312 p. DM 56. La culture afro-américaine repose sur un ensemble de pratiques orales et expressives dont la musique est certainement la pierre angulaire; il n’est pas surprenant que les écrivains afro-américains qui veulent “faire noir” aient recours à une thématique et aussi à une écriture qui privilégient cette musique; ils l’utilisent pour renforcer et assurer la texture de l’identité ethnique du groupe; telle est, en gros, la thèse développée par Klosterman. Une première partie théorique s’attache à examiner la place de la tradition orale dans la littérature noire, les principes et la forme de cette tradition, les rapports entre langue et musique et se termine sur la réception de la musique noire à Harlem aux années vingt. Puis viennent des chapitres nourris et détaillés, mais de longueur variée et adaptée aux écrivains respectifs, consacrés à l’oeuvre de James Weldon Johnson, Claude McKay, Langston Hughes et Richard Wright. Si les trois premiers semblaient des passages obligés, Wright ne passe pas généralement (mais en partie à tort) pour un prosateur qui fait grand usage de la musique noire. Klosterman nous convainc du contraire. En fin de volume viennent des considérations sur les spirituals, les sermons, les blues et le jazz, enfin sur la musique comme fil conducteur dans la littérature, ce qui permet d’aborder quelques oeuvres littéraires tout à fait contemporaines. L’auteur conclut à une tendance à la “ré-oralisation” de la littérature noire par le truchement de la musique, ce qui semble encore plus évident dans des oeuvres (comme Invisible Man ou Song of Solomon) postérieures à la période 10 considérée en détail. Le découpage classique de cette thèse nuit un peu à la fluidité du style mais permet de s’y retrouver aisément. Michel Fabre Niels Frid-Nielsen. Harlem, Guide til en Ghetto. Copenhague, Fremad, 1993. 209 p. Ce guide, accompagné de cartes, est une présentation de la Mecque noire des origines à nos jours plutôt qu’un ensemble d’itinéraires pour le touriste. Il se compose, pour autant que nous puissions déchiffrer le Danois, d’une introduction insistant sur la variété culturelle de ce berceau musical, d’une partie intitulée “Background” qui retrace l’histoire des lieux et des habitants depuis le début du siècle, et enfin d’un guide topographique proprement dit, qui va de l’Apollo et de l’Abyssinian Baptist Church à l’entreprise des pompes funèbres Morris et à l’Université Colmubia. Carla Capetti. Writing Chicago. Modernism, Ethnography and the Novel. New York: Columbia University Press, 1993. 288 p. $39.50 (cloth) et $ 17.50 (pap). Pour évaluer l’apport d’une époque et d’un lieu à l’idéologie au sens large (qu’elle soit figurée par la fiction ou livrée sous les espèces “objectives” des sciences sociales), Carla Capetti met en relations l’étude d’écrivains “engagés”, Algren, Farrell, Wright, et celle des sociologues de l’Ecole de Chicago, notamment Robert Park, Robert Redfield, et Louis Wirth. Ces groupes ont écrit pendant les années de la crise économique et la Seconde guerre mondiale, et surtout ils se trouvaient plus proches les uns des autres, et plus souvent en contact réel, qu’on l’a estimé. Les romanciers traitaient de sociologie et les sociologues s’intéressaient à la littérature, la recherche quantifiable et l’imagination créatrice ne s’excluant pas mutuellement.. A tel point que leurs oeuvres portant sur le ghetto, l’immigration, la criminalité se nourrissent les unes des autres. Capetti ouvre des perspectives intéressantes en traitant de l’urbanisation, de la modernisation, considérées comme un processus d‘ensemble, mais aussi de la ghettoisatione et de la marginalisation. Elle éclaire d‘un jour parfois nouveau les oeuvres littéraires. Un seul regret, que Native Son soit abordé plutôt marginalement. Clarence Major. From Juba to Jive A Dictionary of African-American Slang. New York (375 Hudson St., NY 10014); Penguin, 1994. 538 p. $14.95 pap. Plus connu comme romancier, Clarence Major avait déjà publié, voici quelques vingt années, un dictionnaire d’argot noir. Le présent volume est le résultat d’un travail d’équipe, bien plus fourni. La liste des termes retenus est exhaustive et chaque sens est accompagné, ce qui est précieux, d’indications permettant de restreindre le champ des locuteurs (Northern slang, Southern slang, drug culture, jazz and blues slang, prison slang, youth culture slang, etc) Voici, à titre d’exemple, quelques entrées : bantam n. (1930s-1940s) a girl or young woman. Variant of “ chick” (BB, OHHJ p. 33) SNU. See “Band” or “banta issue” or “banter play built on a coke frame.” banter play built on a coke frame. n. (1930s-1940s) an attractive young girl of woman. “Banter “is a variant of “bantam” which is a variant of “chick” and “coke-frame” refers to the shape of a Coca-Cola bottle as representative of the shape of an attractive female body. (DB, OHHJ, p. 133) Example: “Man see that bnater play 11 built on a coke frame? Sure would like to know her name” Harlem, NCU. SNU signifie “Southern Northern use” et NCU ‘Northern city use” [DB, OHHJ renvoie à Dan Burley’s Original Handbook of Harlem Jive] Junebug n. (1850s-1950s) a variant for “Junior Boy”, nickname for one who is named after his father (FR) SU. Certaines entrées posent problème; les choses se compliquent,n par exemple, avec Bad, adj. (17700s-1990s) positive to the extreme; a ka nyi ko-jugu (Mandingo/ Bambara); a nyinata jaw-ke (Mandingo/ Bambara); god boad (Sierra Leone); a simple reversal of the white tandard, the very best, etc. La référence au Mandingo/Bambara et au pidgin de Sierra Leone, n’est pas claire, en effet; s’agit-il d’usage comparable? existerait-il un lien étymologique? De même, dans l’entrée back-gate parole, qui signifie “death in prison”, l’explication “the word ‘parlor’ is short for ‘funeral parlor’ “ ne peut provenir que d’une erreur de lecture car ‘parole” suffit à signifier” “libération anticipée ” et ‘parlor’ n’apparait pas ici. A Black Codes (1860s-1870s) nous lisons: “Laws first made by Bienville, French colonial governor of Louisiana, regarding the relations of master and slave, and which were maintained by the Crown of Spain in 1769 to restrict rights of Negroes; these laws were enforced vigorously after the Civil War...” Si la notion de “lois défavorables aux Noirs” est globalement exacte, l’amalgame entre le Code noir (promulgué par le roi de France et non le gouverneur), le codigo negro (qui améliorait en fait quelque peu la condition des Noirs, et les mesures discriminatoires de la Restauration, est inadmissible pour tout bon historien. Major n’est ni un historien, ni un linguiste; pourtant, tel qu’il est, ce dictionnaire représente un outil commode et indispensable à tout américaniste, car, il faut le répéter avec lui dans son introduction enthousiaste, l’anglais d’Amérique est tout imprégné de parler noir que l’on aurait tort à limiter à l’argot de la rue. Françoise Clary David L. Lewis. The Portable Harlem Renaissance Reader. New York; Viking, 1994. 764 p. Précédé d’un introduction substantielle et d’une chronologie de l’auteur du non moins excellent Harlem Was in vogue (1981), accompagné de notes abondante, ce choix d’oeuvres littéraires et de documents d’une des grande périodes de la culture noire américaine représente sans conteste l’anthologie la plus satisfaisante de la dizaine d'ouvrages de ce genre qui ont été publiés après The New Negro. D’une part, tous les “passages obligés” s’y trouvent, y compris des nouvelles et de longs extraits de romans; de l’autre, l’éventail des auteurs représentés, dont le nombre approche la cinquantaine, prend en compte bon nombre d’écrivains femmes jusqu’alors négligées (comme Mae Cowdery Elise McDougald) des textes dus à des personnages significatifs (comme Mary White Ovington sur Marcus Garvey ou Paul Robeson sur les pièces d’Eugene O’Neill) et d’autres signés de publicistes peu connus (comme W. A. Domingo ou Louise Thompson Patterson). On trouve aussi des textes sur les arts plastiques comme “Aaron Douglas Chats about the Harlem Renaissance.” Le mouvement est considéré dans ses multiples registres. Et aussi dans toutes ses dimensions temporelles --un certain révisionnisme dans la périodisation nous amène à élargir nos catégories, telle l‘inclusion d’une nouvelle de Dorothy West que l’on a trop tendance à considérer exclusivement comme un écrivain des années quarante 12 alors qu’elle s’apparente, à bien des égards, à Nella Larsen et Jessie Fauset. Et, ce qui ne gâte rien, Lewis fait volontiers place aux voix discordantes et marginales, témoin l’article de George Schuyler intitulé “The Negro -Art Hokum.”, ce qui est peut-être, de la part de l’historien subtil qu’est Lewis, une manière de rappeler les caractéristiques “euro-américaines” tout autant que censément “africaines “ de la Renaissance de Harlem. Richard Wright. Rite of Passage. Afterword by Arnold Rampersad. New York: Harper/Collins, 1994. 152 p. Richard Wright avait laissé “The Jackal” ou Rite of Passage inachevé en 1957. Le voici publié plus de trente ans plus tard. Cette histoire, qui reste d’actualité, peut s’apprécier davantage peut-être par comparaison avec The Street d’Anne Petry; et Go Tell It on the Mountain de James Baldwin. Comme Johnny Grimes dans ce dernier roman, Johnny Gibbs a des problèmes avec sa famille. Non que son beau-père le martyrise mais il découvre que la famille dans laquelle il vit n’est pas la sienne. A la différence du protagoniste baldwinien qui opte pour le salut et la sécurité de l’église, l’adolescent choisit le monde violent de la rue. Il entre dans un gang de jeunes surtout par rébellion contre la figure d’autorité que représente son père, inspecteur de police. Wright s’intéresse aux ressorts cachés du comportement délinquant. Plus qu’un roman documentaire ou à thèse, il s’agit d’un roman psychologique sur les rapports de l’individu et de l’autorité sociale, de la délinquance et de la liberté. Phillip Lewis. Life of Death. Fiction Collective Two. English Dept. Publication Center, College Box 494, University of Colorado, Boulder, CO 80309-494 USA), 1993. 253 p. $18.95 et $ 8.95. Il nous arrive parfois d’Amérique un livre choquant, scandaleux, déroutant qui témoigne d’une puissance créatrice profonde. C’est ainsi que les textes scabreux d’un Henry Miller ou d’un William Burroughs nous questionnent comme le font, ceux d’un Céline. En ouvrant Life of Death, on pense plus volontiers au premier roman de Clarence Major, All-Night Visitors de Clarence Major, dont l’obscénité était une stratégie subversive, faisant bientôt place à des fictions post-modernistes que ne désavouerait par le “Fiction collective.” Le roman de Lewis correspond, pour une fois, à ce qu’annonce la résumé de la quatrième de couverture: “a potent, poisonous powerhouse of rage, desperation and desire laced with maniacal comedy. In one long delirious outburst, narrator Louie Philips takes aim at life in a crumbling suburb of Washington D.C. and skewers the bourgeois attitudes that keep him from suceeeding as an artist.” Travaillant comme serveur au Dummheit café, le protagoniste se trouve pris au piège des mesquineries et des pratiques sexuelles échevelées de ses compagnes et compagnons de travail. Roman d'initiation d’un jeune noir, celui ci n’a rien de l’itinéraire progressif de l’Homme invisible mais relève d’une esthétique de l’hystérie, du fuck et du foutre, où les déjections figurent la corruption sociale, où la violence portée à son paroxysme cruel voile à peine une insondable et insupportable frustration. Sexualité et horreur avant tout. Mais il ne faut pas s’y tromper: Philips n’a rien d’un écorché vif qui se complairait dans la copulation, même si son écriture grince et saigne. Certes, l’épuisant amoncellement millerien de fornication hyperréaliste et répétitive finit par faire écran et par lasser. Mais l’humour est là 13 aussi, ne serait-ce que dans les noms des serveuses chinoises, et dans les coups de griffe au préjugé visible dans l’attitude des employés hispaniques. Et, au plus cauchemardesque des étreintes les plus débridées, on trouve encore un enracinement sain aux sources animales de la vie... A la fin du roman, Louie, en fuite, se retrouve à Istamboul, et le lecteur, médusé mais resté sur sa faim, se surprend à penser: “A quand la suite?” CARAIBE Simone Maguy Pézeron. The Carib Indians of Dominica Island in the West Indies. Five Hundred Years after Columbus. New York: Vantage Pres, 1993. 138 p. Cette monographie présente l’intérêt d’évoquer le peuple qui a donné son nom à la Caraïbe, un peuple dont on a longtemps parlé mais dont beaucoup ignorent qu’il existe encore des représentants dans la petite île de la Dominique, au large de la Guadeloupe. A vrai dire, cette population, en partie métissée avec des noirs, ne dépasse pas deux mille personnes mais elle a conservé suffisamment de caractéristiques culturelles, en même temps (et surtout) que de traits physiques distinctifs pour prétendre former un groupe à part. C’est à l’exploration de cette différence qu’une enseignante guadeloupéenne enthousiaste, et amicalement guidée par le chef caraïbe Hilary Frederick, nous invite -- un chercheur qui, à la différence d’autres, a su se faire accepter au cours de séjours successifs dans la partie accidentée et isolée de l’île qui est “territoire indien.” LIVRES REÇUS Paul Auster. Disparitions. Editions Unes, Actes Sud, 1994. 160 p. 120F Des poèmes (fort bien) traduits de l’américain par Danielle Robert, préface de Jacques Dupin. Raymond Carver. Numéro 4 (1993) de Profils américains (collection dirigée par Michel Bandry) 146 pages de textes critiques réunis par Claudine Verley; des clés sophistiquées et des ”shortcuts” pour aborder une oeuvre minimaliste au prix minimal de 60 f. A commander au CERCA, Université Paul Valéry-Montpellier III. Paris Transcontinental, a Magazine of Short Stories, No.8. Ce numéro fait voisiner 11 auteurs anglophones dont un Néo-Zélandais (Justin D’Ath) et une Australienne (Jane Downing). Le numéro 9 (Mai 1994) contient une nouvelle du Canadien Kenneth J. Emberly et deux nouvelles australiennes signées de Michael Wilding et Elizabeth Sacre. Souscription aux numéros 9 et 10: 120F. S’adresser à Claire Larrière, chief editor, au 5 rue Ecole de Médecine, 75006 Paris. Envoyez-nous vos compte-rendus... Send us book reviews for publication... 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