*La reprise : la crise entraîne la dévalorisation d’une large partie du capital et ainsi favorise la concentration industrielle par
rachat à bas prix des firmes naufragées, la réduction des taux de salaires (pas de syndicats au moment où écrit Marx) et la
reconstruction d’un taux de profit suffisant.
b) Le développement de la théorie : surcapitalisation et mouvement des coûts : Tugan-
Baranovski, Aftalion, Lescure, Wicksell
*La question de l’épargne et du crédit : Tugan-Baranovski publie en 1894 les
Crises industrielles en Angleterre
où ils
montre que la crise éclate au moment où l’épargne devient insuffisante pour satisfaire les besoins en investissement. En
effet, l’épargne est accumulée en période de régression et dilapidée en période d’expansion et marque ainsi son terme.
(Cependant cette vision de l’épargne est trop restrictive)
*La question de l’ajustement des capacités productives : pour Aftalion, la crise provient de la
surcapitalisation
:
l’investissement net est stimulé par l’élévation de la demande finale qui est très vive dans la période d’expansion. Or
l’adaptation du système productif à la demande nécessitant un certain délai, il y aura toujours un décalage qui engendrera
un situation de surcapacité de production.
Ceci se rattache au principe de l’accélérateur où l’accumulation de capital est surproportionnée par rapport à la demande,
d’où une surcapitalisation en période d’essor.
*La question de l’élévation des coûts dans l’expansion :
i. Pour Jean Lescure, des coûts croissants d’établissement attaqueraient le taux de profit des entrepreneurs et
conduiraient à la crise. Ces coûts seraient le résultat de la hausse des prix des matières de base minérales et métallurgiques,
de la hausse des taux d’intérêt et de l’élévation du taux de salaire à cause d’une pression forte de la demande en période
d’essor. Les prix de vente ne suffisent plus à compenser l’élévation de ces coûts.
ii. Pour Knut Wicksell (1898), soulignait d’ailleurs que l’expansion nécessitait un
écart
positif entre le taux de
rendement attendu du capital et le taux monétaire courant ou taux courant d’intérêt. Or ce dernier ne pouvait
qu’augmenter en raison de la pression sur les prêts, et donc il émergeait une situation de surinvestissement conduisant à la
crise.
c) Les apports originaux des grands théoriciens des années trente : Keynes et
Schumpeter
*Keynes :
i. Pendant la phase d’expansion : ils sont issus de l’« efficacité marginale du capital » qui est la rentabilité
anticipée
du capital le plus productif. Il y a un état fallacieux de prévision qui conduit les entreprises à surinvestir à cause de
prévisions excessives par rapport à l’élévation du coût du capital et du taux d’intérêt.
ii. La crise : cette situation de déséquilibre déclanche un retournement des anticipations qui conduit à la crise par
cessation d’incitation à investir.
La crise naît de l’effondrement de l’écart entre rendement escompté du capital et taux de
l’intérêt
. Pour sortir de la crise il faudra donc pour Keynes, baisser le coût du crédit et augmenter de manière
contracyclique, les investissements publics.
*Mickal Kalecki : il met en cause le capitalisme car
« La tragédie de l’investissement c’est qu’il conduit à la crise avant qu’il
ait pu produire ses plein effets »
. Il devrait pouvoir améliorer le taux de profit mais il est déjà trop tard car le rendement
escompté du capital arrive avec un certain retard.
*Schumpeter : l’innovation surgit par grappe provoquant une période d’investissements massifs, puis, une fois
l’effervescence passée, les perspectives de profit se détériorent jusqu’à la prochaine innovation. Cependant, la
bureaucratisation annihile l’innovation et donc le capitalisme est voué à une mort certaine.
d) Introduction d’une dimension « oubliée » : l’effet des rapports sociaux
Toutes ces études permettent de mettre en évidence le rôle moteur du taux de profit, mais il faut souligner que celui-ci
dépend également des rapports de force entre classes sociales qui déterminent l’amplitude du surplus économique tiré du
travailleur. En effet, en phase d’expansion le travail connaît une meilleure productivité et un temps de travail plus long.
Cependant, au fur et à mesure que l’on se dirige vers le plein emploi, le travailleur parvient à soustraire des faveurs du
patronat et donc à fournir un travail moins intensif au niveau de la durée et de la productivité. Par un effet de ciseau, le
taux de profit de l’employeur décroît. La dépression, dans un contexte de chômage renversera de nouveau le rapport de
force.
B) Les premiers travaux sur les mouvements longs