les theories des crises economiques

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LES THEORIES DES CRISES ECONOMIQUES
BERNARD ROSIER
Introduction générale :
Au début des années 70, les pays industrialisés rentrent une longue phase de difficulté économique. Si l’après-guerre avait
été une période faste de l’histoire économique mondiale, les années 70 annoncent l’inflation et le chômage. Chômage qui
perdurera jusqu’à aujourd’hui.
1. L’observation des faits et l’émergence du concept moderne de crise
*L’agriculture : elle fut jusqu’au XIX° siècle à l’origine des crises à causes de variations climatiques inattendues qui
engendraient une sous-production et donc une montée des prix et une baisse des revenus agricoles. Ces crises sont
appelées des crises frumentaires. Ces crises sont typiques des sociétés d’Ancien Régime et de manière générale des sociétés
à technologie encore faible. Cependant, l’ampleur des crises dépendait bien souvent des rapports sociaux donc de la
répartition de la production.
*L’industrie : elle a très largement affranchi les rythmes naturels mais le capitalisme est soumis à une autre périodisation
en cycles.
A) De l’observation et de la conceptualisation des crises
périodiques du XIX° siècle et de la première moitié du XX°
à la mise en évidence de
cycles économiques
a)
Crises et fluctuations
La crise est caractérisée par une contraction brutale de la
production, chute des prix, faillites nombreuses, montée
du chômage et recul du salaire. Empiriquement, le
détonateur de la crise correspond bien souvent à un krach
boursier ou bancaire. La crise en tous cas reste un
retournement de conjoncture.
Expansion
ou
Essor
Retournement de
conjoncture
CRISE
Dépression
Maximum
PEACK
Creux
Reprise
* « La seule cause de la dépression est la
THOURGH
prospérité » (Juglar) :
C’est effectivement ce que l’on observe au XIX° siècle et
début XX°. L’expansion se réalise autour d’industries
motrices qui exercent des effets d’entraînement (chemins
de fer). L’accroissement de la production est accompagné
d’une tendance inflationniste et d’une augmentation de la masse salariale ce qui entraîne une progression de la demande
et l’expansion se généralise. Montée des investissements, des profits, de la spéculation jusqu’à ce que le système ne puisse
plus absorber la production, les anticipations deviennent alors pessimistes et la bourse s’effondre : c’est la crise qui se
propage par réactions en chaîne.
b) Crises et cycles économiques
*Les cycles Juglar : (des affaires, classiques ou majeurs) : Dans Les crises commerciales et leur retour périodique en France,
en Angleterre et aux Etats-Unis de 1862, Juglar, sur des analyses statistiques de prix, délimite à 8 ans (variant entre 6 et 13
ans) la période longue d’expansion et l’apparition de crises tend à être considérée comme normale. Cependant, les
périodes n’étant pas identiques en forme et en durée, le terme de récurrence a été préféré au terme de cycle par certains
économistes.
Les américains Burns et Mitchell ont montré mis en valeur aux Etats-Unis des cycles mineurs (42 mois en moyenne) de
référence à l’intérieur des cycles Juglar. Le cycle Juglar existerait aussi aux Etats-Unis mais ils critiquent une périodisation
stricte.
*La singularité des cycles : malgré le caractère commun à tous les cycles, chaque cycle est singulier dans sa durée, dans son
intensité et dans sa nature (secteurs déclencheurs de la crise). Change aussi le pays qui est responsable de la crise au niveau
international. Il s’agit bien souvent de l’économie motrice : jusqu’en 1866, elles étaient anglaises et françaises, puis à partir
de 1870, essentiellement américain et allemand. La datation de la crise s fait alors à l’aide du mois et de l’année du
déclenchement de la crise dans le pays foyer.
Une chronologie descriptive des crises classiques du XIX° siècle : un « conjoncture ferroviaire :
Datation de
« Pays-guides »
Industries motrices
Caractéristiques de la crise
la crise
Constructions ferroviaires, industrie
1847
Angleterre
Spéculation ferroviaire, panique bancaire
métallurgique et industrie textile
1857
Etats-Unis
Constructions ferroviaires et navales, or
Spéculation ferroviaire, crise boursière
1873
All. - Aut.
Constructions ferroviaires
Spéculation ferroviaire, krach boursier
1882
France
Constructions ferroviaires
Essor industriel français, crise boursière
B) De la mise en évidence de fluctuations longues
*Kondratiev : Les économistes français Lescure et Aftalion ont mis en évidence à la fin du XIX° siècle, des mouvements de
hausse générale et de baisse générale des prix. Cependant, c’est Kondratiev qui présentera le premier une synthèse
complète : la production industrielle et agricole, les prix et le niveau du commerce extérieur connaîtraient une succession
d’ondes longues : périodes d’expansion longue d’environ 25 ans alternées avec des périodes de dépression longue (phase A
et B du cycle de Kondratiev). Contrairement aux cycles classiques, la phase B n’est pas une période de recul mais une
phase de croissance ralentie par rapport à l’effervescence de la phase A.
*Kondratiev et Juglar : la durée des phases de A et B sont variables car elles se superposent aux cycles classiques (les
Juglar). Pour Schumpeter effectivement, les phases A de Kondratiev correspondent à des périodes d’expansion plus
nombreuses et plus vives que les phases B et une phase de Kondratiev contiendrait généralement 3 Juglar.
*Kondratiev dans l’histoire du capitalisme :
Premier cycle
Deuxième cycle
Troisième cycle
Phase A
1789-1816
1847-1874
1896-1920
Phase B
1816-1847
1874-1896
1920-1945
2. Des premières interprétations à la théorie des crises de surproduction et
aux premières analyses du mouvement long
Pour les économistes classiques, il ne peut y avoir de crises si l’Etat n’intervient pas dans l’économie car le marché est à
même d’assurer l’équilibre générale (Walras) entre les ressources et ceux qui les exploitent.
A) De l’analyse des crises périodiques comme crises de
surproduction à l’étude du cycle classique
a)
La naissance de la théorie : de Sismondi à Marx
*L’origine des cycles : Marx, poursuivant les travaux fait par Sismondi, pense que la crise est rendue possible par le fait que
l’économie capitaliste a dissocié consommation et production : un bien est produit pour être vendu (pour le profit) et non
pas en vue d’être consommé. Aussi la loi des débouchés est-elle un mythe.
*La régularité des cycles : l’accumulation de capital faite par les entreprises obéit à une volonté de profit dans la
conjoncture immédiate et ne tient pas compte pour autant de la demande effective. Ainsi la crise vient régulièrement pour
rétablir les déséquilibres.
*La demande est inférieure à l’offre : pour maximiser son profit, le capitaliste va faire pression à la baisse sur les salaires et
donc il y aura sous-consommation et surproduction par rapport à la demande effective. Ainsi la théorie marxiste (comme
Malthus et Sismondi) explique la crise par des raisons structurelles et non conjoncturelle et elle joue le rôle d’un
régulateur de second rang, comme « solution momentanée et violente des contradiction existantes, éruption violente qui
rétablit pour un moment l’équilibre troublé ».
*La reprise : la crise entraîne la dévalorisation d’une large partie du capital et ainsi favorise la concentration industrielle par
rachat à bas prix des firmes naufragées, la réduction des taux de salaires (pas de syndicats au moment où écrit Marx) et la
reconstruction d’un taux de profit suffisant.
b) Le développement de la théorie : surcapitalisation et mouvement des coûts : TuganBaranovski, Aftalion, Lescure, Wicksell
*La question de l’épargne et du crédit : Tugan-Baranovski publie en 1894 les Crises industrielles en Angleterre où ils
montre que la crise éclate au moment où l’épargne devient insuffisante pour satisfaire les besoins en investissement. En
effet, l’épargne est accumulée en période de régression et dilapidée en période d’expansion et marque ainsi son terme.
(Cependant cette vision de l’épargne est trop restrictive)
*La question de l’ajustement des capacités productives : pour Aftalion, la crise provient de la surcapitalisation :
l’investissement net est stimulé par l’élévation de la demande finale qui est très vive dans la période d’expansion. Or
l’adaptation du système productif à la demande nécessitant un certain délai, il y aura toujours un décalage qui engendrera
un situation de surcapacité de production.
Ceci se rattache au principe de l’accélérateur où l’accumulation de capital est surproportionnée par rapport à la demande,
d’où une surcapitalisation en période d’essor.
*La question de l’élévation des coûts dans l’expansion :
i. Pour Jean Lescure, des coûts croissants d’établissement attaqueraient le taux de profit des entrepreneurs et
conduiraient à la crise. Ces coûts seraient le résultat de la hausse des prix des matières de base minérales et métallurgiques,
de la hausse des taux d’intérêt et de l’élévation du taux de salaire à cause d’une pression forte de la demande en période
d’essor. Les prix de vente ne suffisent plus à compenser l’élévation de ces coûts.
ii. Pour Knut Wicksell (1898), soulignait d’ailleurs que l’expansion nécessitait un écart positif entre le taux de
rendement attendu du capital et le taux monétaire courant ou taux courant d’intérêt. Or ce dernier ne pouvait
qu’augmenter en raison de la pression sur les prêts, et donc il émergeait une situation de surinvestissement conduisant à la
crise.
c)
Les apports originaux des grands théoriciens des années trente : Keynes et
Schumpeter
*Keynes :
i. Pendant la phase d’expansion : ils sont issus de l’« efficacité marginale du capital » qui est la rentabilité anticipée
du capital le plus productif. Il y a un état fallacieux de prévision qui conduit les entreprises à surinvestir à cause de
prévisions excessives par rapport à l’élévation du coût du capital et du taux d’intérêt.
ii. La crise : cette situation de déséquilibre déclanche un retournement des anticipations qui conduit à la crise par
cessation d’incitation à investir. La crise naît de l’effondrement de l’écart entre rendement escompté du capital et taux de
l’intérêt. Pour sortir de la crise il faudra donc pour Keynes, baisser le coût du crédit et augmenter de manière
contracyclique, les investissements publics.
*Mickal Kalecki : il met en cause le capitalisme car « La tragédie de l’investissement c’est qu’il conduit à la crise avant qu’il
ait pu produire ses plein effets ». Il devrait pouvoir améliorer le taux de profit mais il est déjà trop tard car le rendement
escompté du capital arrive avec un certain retard.
*Schumpeter : l’innovation surgit par grappe provoquant une période d’investissements massifs, puis, une fois
l’effervescence passée, les perspectives de profit se détériorent jusqu’à la prochaine innovation. Cependant, la
bureaucratisation annihile l’innovation et donc le capitalisme est voué à une mort certaine.
d) Introduction d’une dimension « oubliée » : l’effet des rapports sociaux
Toutes ces études permettent de mettre en évidence le rôle moteur du taux de profit, mais il faut souligner que celui-ci
dépend également des rapports de force entre classes sociales qui déterminent l’amplitude du surplus économique tiré du
travailleur. En effet, en phase d’expansion le travail connaît une meilleure productivité et un temps de travail plus long.
Cependant, au fur et à mesure que l’on se dirige vers le plein emploi, le travailleur parvient à soustraire des faveurs du
patronat et donc à fournir un travail moins intensif au niveau de la durée et de la productivité. Par un effet de ciseau, le
taux de profit de l’employeur décroît. La dépression, dans un contexte de chômage renversera de nouveau le rapport de
force.
B) Les premiers travaux sur les mouvements longs
*Lescure : la période longue d’expansion inflationniste 1850-1873 repose sur la construction rapide et intense du réseau
ferroviaire en France, en Angleterre et en Allemagne, laquelle stimule les industries minières et métallurgiques par effet
d’entraînement. Les salaires et les taux d’intérêts sont poussés à la hausse. La majeure partie du réseau ferroviaire fini en
France et en Angleterre vers 1973, la production diminue et les prix fléchissent. Le redémarrage de la fin du XIX° siècle
sera réalisé grâce aux nouvelles industries (automobile et électricité).
*Kondratiev : il cherche les structures mêmes du capitalisme par un processus endogène qui seront pour lui les ondes
longues. Pour lui le retournement de conjoncture serait dû à l’épuisement des capacités de rentabilité des investissements.
*Léon Trotski : il refuse toute automaticité du cycle car celui-ci est influencé par des facteur exogènes variables selon les
cas : guerre, conquêtes coloniales, découvertes de nouvelles ressources, révolutions…
*Schumpeter : il étend sa théorie aux mouvements longs : en fin de phase B, de nouvelles innovations émergent donnant
lieu à une longue phase d’expansion…
*Gustav Cassel (1918) : il a cherché les causes de ce système dans les phénomènes monétaires par le biais de la théorie
quantitative de la monnaie selon laquelle la masse de monnaie augmente plus vite que la production, les prix ont donc
tendance à s’élever, ce qui stimule la production. En effet, tout au long du XIX° siècle et du début du XX° (système de
l’étalon-or) il existe un synchronisme entre les ondes longues et la variation du stock d’or.
3. La « grande crise » des années trente : une rupture dans le mode de
fonctionnement du capitalisme ?
RESUME SUR LA CRISE DE 1929
La grande crise arrive 8 ans après la « crise de reconversion » et peut s’expliquer par les schémas précédents. C’est donc
par là une crise classique. Elle s’ouvre aux Etats-Unis sur l’immense débâcle boursière de Wall Street du 24 Octobre (13
millions d’actions vendues en cette seule journée). Les taux de profit chutent dans un contexte de surspéculation. La
crise s’étend très vite au reste du monde et entre 1929-1932, -50% de la production industrielle mondiale, -33% des
prix de gros, 30 millions de chômeurs dans les pays industrialisés, nombreuses faillites. Aucun mécanisme classique ne
semble calmer la crise et aucune reprise spontanée n’est en vue. Ainsi, la crise classique ne joue plus sont rôle de
régulateur de l’activité économique en longue période.
A) La question des origines de la « grande crise » : a
nouvelles formes du capitalisme, crise nouvelle ?
a)
Le contexte
*Une transformation économique : on passe des petites et moyennes entreprises du XIX° siècle n’ayant aucune influence
individuellement sur les conditions du marché, à de grandes firmes fortement concentrées qui permettront en outre de
rendre plus docile la main-d'œuvre.
*Une transformation sociale : la présence de forts syndicats a enrayé dans la dépression le processus de restauration du
profit et on met en place le taylorisme pour concentrer la main-d'œuvre et ainsi mieux ma maîtriser.
*Une transformation technique, culturelle et politique : on se lance dans la deuxième révolution industrielle (automobile,
électricité) avec une nouvelle idéologie productiviste (fordisme, travail à la chaîne, production de masse) et grâce au
soutien étatique aux grandes compagnies.
b) Les interprétations de la crise de 1929
*Galbraith :
i. La surproduction : le déclenchement de la crise tient essentiellement à l’écart qui s’est creusé entre 1919 et 1929
entre le l’élévation de la productivité industrielle (+43%) et la quasi-stagnation des salaires et des prix. Il en est résulté un
important accroissement des profits qui soutint les dépenses des classes aisées, alimenta la spéculation boursière et
encouragea un niveau élevé d’investissement. Tout ceci conduisit à une crise tout à fait classique de surproduction.
ii. Les facteurs d’amplification de la crise :
La répartition très inégalitaire des revenus : 5% de la population percevaient environ le tiers du revenu
total qui rendait dépendante l’économie d’un fort investissement et/ou des dépenses de luxe.
Les effets pervers de la forme dominante des structures industrielles dans une conjoncture spéculative :
rôle des holdings.
L’aggravation de la dépression par la politique économique (avant le New Deal) pour stopper la déflation
(hausse des tarifs douaniers, entêtement dans l’équilibre budgétaire, rejet d’une politique fiscale et d’une
politique monétaire).
*Kindleberger : la propagation internationale de la crise est due essentiellement à l’absence de leadership : les Etats-Unis
n’assument pas leur rôle d’économie dominante et l’Angleterre prétend encore l’être.
*La reprise : elle s’est faite que très tard et ce, à cause (ou grâce ?) à l’action syndicale qui à obtenu des salaires rigides à la
baisse. Donc le processus de reconstitution du taux de profit sur la baisse du salaire n’a pu se faire. En réalité ce processus
ne pouvait plus relancer la crise car il fallait pour cela que la demande en provenance des salariés soit minime, or celle-ci
était devenue trop puissante et aurait eu un effet dépressif sur la demande effective comme l’a vu Keynes.
*Bilan : la crise de 1929 se situe dans l’histoire du capitalisme, dans un contexte marqué à la fois par l’expansion du salariat
et par les débuts de la production de masse alors même que demeuraient inchangées les politiques salariales (baisse de la
part des salaires dans la valeur ajoutée) et les modes de consommation conformément à la contradiction qu’avait relevé
Sismondi : « Le pouvoir de consommer ne s’accroît pas nécessairement avec le pouvoir de produire ». Cette crise se trouve
au carrefour entre le cycle classique et le rythme long.
B) Approfondissement de l’analyse et étude de l’issue à la
« grande crise » : le New Deal
*Ford : c’est le premier en 1913, qui, confronté au refus du travail à la chaîne de ses employés, s’est vu contraint de
doubler leurs salaires. Ce n’est qu’ensuite qu’il s’aperçu de la portée de cette décision.
*Roosevelt : sa politique du New Deal qui posera les premiers jalons d’une stratégie entièrement nouvelle qui apportera
certains éléments de réponse aux problèmes posés. Mais ce New Deal n’est en réalité que le résultat du tâtonnement et
des rapports de forces sociaux, en particulier sous la pression de l’AFL (American Federation of Labour) pour la fixation
d’un salaire minimal qui aboutira en 1935 sur le Wagner Act qui met définitivement en place un nouveau droit social. Et
ainsi, la nouvelle donne permettra une hausse des taux de profit à long terme en passant par une hausse des salaires et une
réduction du chômage.
*Keynes : (Théorie générale -1936) : il préconise une politique de relance rigoureuse de la demande effective. Les solutions
qu’il propose se situeront sur deux plans complémentaires :
Mise en œuvre d’une articulation fonctionnelle entre production de masse et consommation de masse ( fordisme –
Antonio Gramsci)
Mise au point de formes nouvelles d’intervention des États par des politiques de régulation conjoncturelle et de
gestion globale des forces de travail
4. La période contemporaine : de l’expansion longue de l’après-guerre à
la « crise » de la fin du XX° siècle
A) Croissance et crise
a)
Une longue expansion accélérée
*Une transformation technique : le processus de concentration s’intensifie et on voit la généralisation du holding (société
mère qui s’entoure de firmes industrielles, commerciales et bancaires). Ces firmes géantes mettent en place des stratégies
d’expansion planifiées pour augmenter leur pouvoir de marché (market power). Le fordisme se généralise ouvrant la
marche de la production de masse et de la consommation de masse.
*Une transformation sociale : la consommation est désormais normée avec l’émergence de modèles de consommation sous
l’apparence du « libre choix du consommateur » et un nouveau type de concurrence apparaît, ne se basant plus
essentiellement sur les prix mais sur la différenciation des produits ce qui permet un effet de mode oxygénant
périodiquement la production. C’est le phénomène de consommativité (Baudrillard) c'est-à-dire la création de besoins
directement et nécessairement liée à l’élévation de la productivité et aux conditions sociales de la production.
On verra donc un nouveau type de croissance se mettre en œuvre et par là un nouveau mode de vie (division du travail,
aménagement des espaces urbains et ruraux).
*Une transformation économique : cette période correspond à l’expansion de l’économie-monde occidentale sous
l’impulsion des firmes multinationales et de l’internationalisation du capital. Ce processus entraînera par ailleurs une
double évolution de la division du travail :
Une hiérarchisation accrue des économies des pays industrialisés du « centre » développé du Nord (États-Unis,
RFA, Japon) voyant se concentrer des activités stratégiques.
Un processus de décolonisation politique qui entraîne un sous-développement massif de la période et les pays du
Nord bénéficient d’un transfert de surplus économique en leur faveur accroissant ainsi les inégalités.
Cependant cette période d’expansion régulière a nécessité de puissants régulateurs que l’on regroupe sous le terme de
régulation monopoliste étatique.
b) Retournement de conjoncture et « crise »
*La crise : Le malaise social (1966-68) et la crise de l’énergie (1973-74) ont déclencher une crise qui annoncera le retour
des cycles classiques avec la crise de 1980-82, puis celle des années 90 et le phénomène nouveau de stagflation (stagnation
et inflation). Les politiques économiques abandonnent la régulation conjoncturelle pour aider les firmes transnationales à
accroître leur compétitivité tandis que le fordisme s’est transformé en stratégie de limitation du taux de salaire pour
permettre un regain des exportations sur les importations. Ces politiques deviennent des politiques d’austérité
concurrentielles qui enfonce les PDEM davantage encore dans la crise. Au niveau mondial, cette crise aura eu pour
conséquence d’accroître les inégalités sauf pour les pays de l’OPEP.
*Les solutions : d’importantes restructurations, concentration industrielles et financières et certaines stratégies de
redéploiement industriel (transferts d’activités avec créations de filiales dans certains pays « sûr » du Sud en voie de
« semi-industrialisation ») et sont entreprises pour retrouver des taux de profit suffisants. En effet, les entreprises se
lancent dans de nouveaux secteurs (électronique, télécommunication et télématique, Internet, biotechnologie…) et dans
une remise en cause du fordisme par l’élaboration de nouvelles organisations du travail (ateliers autonomes, transfert du
fordisme au Sud, automatisation, robotique…).
*Le chômage : la modernisation cependant a un prix et ce prix sera le chômage et l’inflation.
B) La « crise » contemporaine : les diverses interprétations
a)
Les vues des économistes libéraux « néoclassiques » sur les déséquilibres et la crise
actuelle ; leurs propositions de politiques économiques
*Walras : il postule l’information parfaite de tous les agents et la totale flexibilité des prix sur des marché pleinement
concurrentiels. Ces prix ajustent l’offre à la demande par tâtonnement. Le chômage n’existe pas ou, s’il existe c’est parce
qu’il est volontaire : les travailleurs refusent d’être embauché au taux de salaire du marché « libre » (c'est-à-dire libéré de
toute réglementation).
*L’école néoclassique : (économie dominante dans cette période) le libre jeu de la concurrence et la libre formation de tous
les prix, y compris du salaire peuvent conduire à un équilibre si l’État n’intervient pas en matière économique : c’est le
principe du laisser-faire. A en croire ces théories, il n’y aurait pas de crise, et d’ailleurs ils parleront de « turbulence » pour
désigner les années 70. Turbulence déclenchée par un effet externe (les chocs pétroliers de 1973 et 74) et amplifiée par des
facteurs internes (rigidité à la baisse des salaires, interventionnisme étatique dans l’optique keynésienne).
*L’interventionnisme étatique : il aurait perturbé l’équilibre de l’économie.
Pour les tenants de l’« économie de l’offre » (supplyside economics, dite « Reagan-economics ») : s’appuie sur les
travaux du Public choice (Buchanan) et montre que l’État est envahissant et stérilisant, il faut :
1. Réduire la pression fiscale, surtout sur les revenus élevés pour effectuer un transfert des revenus vers les
pauvres, créateurs de richesses nouvelles. Cela stimulerait également l’épargne et l’investissement et
élèverait le niveau de vie général (théorie du trickle down) mais la politique de Reagan a bien prouvé
qu’aucune hausse des investissements n’avaient été obtenus et que le déficit budgétaire se creusait
encore davantage.
2.
Libérer le marché du travail de toutes ses « entraves » : salaire minimal, réglementation du
licenciement… (déréglementation). Peut d’efficacité toutefois, sauf dans la libération des prix.
Les monétaristes : l’école de Milton Friedman critique les politiques monétaires d’inspiration keynésiennes qui
stimulent l’inflation alors que la politique économique doit éviter de perturber l’équilibre du marché et donc rester
purement passive. Il s’agit donc, pour réduire l’inflation, de réduire l’expansion de la masse monétaire en la réglant
sur le taux de croissance de la production pour satisfaire les besoins de transaction. Mais ces solutions restent
irrecevables.
Von Hayek et ses disciples : la crise s’expliquerait par l’inflation de crédit des politiques keynésiennes : facilitant le
crédit, soutenant la demande et élevant ainsi artificiellement la rentabilité des investissements, le politiques
keynésiennes ont suscité l’inflation et conduit au surinvestissement, ce qui montre l’insuffisance des politiques
globales.
b) Un point de vue keynésien : une « crise organique »
Alain Barrère dans La crise n’est pas ce que l’on croît, présente la crise contemporaine comme une crise d’un nouveau
type, c’est une « crise organique » car elle provient d’un dérèglement du système de production et de répartition résultant
de la baisse relative du « revenu net disponible » pour l’épargne et l’investissement menant jusqu’au freinage de la
croissance et enfin à la crise.
c)
Trois points de vue marxistes
*Les travaux du « groupe de Bernis » : ils s’appuient sur la loi de l’égalisation du taux de profit de Ricardo et sur la loi de
baisse tendancielle du taux de profit de Marx. Chacune de ces lois sont considérées comme des institutions régulatrices
jouant le rôle de procédures sociales nécessaires au fonctionnement de l’économie. La crise éclaterait au moment où la loi
d’égalisation serait mise en cause et où les contre-tendances à la baisse tendancielle du taux de profit ne joueraient plus.
*Les travaux de Barrère-Kebadjian-Weinstein : le capitalisme d’après-guerre est caractérisé par une régime intensif
d’accumulation d’une part et d’autre part de la mise en place de formes structurelles institutionnalisées portant la négation
des caractères capitalistes. Ce sont ces deux formes contradictoires qui ont mené à la crise.
*Les travaux de Duménil et Lévy : ils critiquent la financiarisation et sa fragilité, le « capital usuraire ». Alors que dans les
années 70, l’inflation permettait d’accroître les transferts des prêteurs vers les emprunteurs (entreprises), le retour en force
de la classe financière à partir de 1979 permet d’éradiquer l’inflation. Celle-ci, en augmentant les taux d’intérêt, effectue
une captation sur les profits des secteurs productifs, entraîne la perpétuation du chômage et explique la faiblesse de
l’investissement.
d) L’approche du courant « régulationniste »
*Présentation de l’école de la régulation : il s’agit d’une école d’économistes français d’inspiration marxiste et
cambridgienne dont les premiers travaux remontent à 1975 et qui s’est attaché à l’étude de la crise contemporaine à partir
d’une analyse historique comparative débouchant sur des propositions de périodisation du capitalisme. Périodes, que
sépare chaque grande crise et qui se caractérisent par un mode de régulation particulier.
Pour Boyer il y aurait eu, jusqu’à la « grande crise » contemporaine trois régimes d’accumulation :
L’accumulation à dominante extensive : (XIX° siècle, début XX°) coopération simple dans le travail, faibles gains de
productivité, les salariés vivent de biens extérieurs à la sphère capitalistique.
L’accumulation intensive sans consommation de masse : (entre deux guerres pour États-Unis et France) taylorisme,
forts gains de productivité, diffusion de la consommation de biens manufacturés, prépondérance des
investissements.
L’accumulation intensive avec consommation de masse : (États-Unis et Europe après 1950) fordisme, forts gains de
productivité, contractualisation des revenus salariaux (sur contrat), dynamique simultanée de la consommation et
de l’investissement, internationalisation du capital.
*Les formes institutionnelles : elles représentent les formes spécifiques à une période de certains rapports sociaux
Les formes monétaires : ce sont les modalités de ce rapport social fondamental qui institue les sujets marchands et
participe à la reproduction des systèmes marchands
Les « configurations » du rapport salarial : ce sont les formes historiques du rapport capital-travail essentiellement
définies par le type de moyens de production, par les formes de la division sociale et technique du travail et par les
modes d’insertion de la consommation des travailleurs dans la production capitaliste : d’où les trois configuration :
concurrentielle (XIX° siècle), taylorienne (fin XIX° siècle) et fordienne (après 1929).
Les formes de la concurrence : relations entre les entreprises selon deux grandes modalités historiques :
concurrentielles (XIX° siècle) et monopolistique (XX°).
Les modalités d’adhésion au régime international : relations entre les États-nations et le reste du monde
Les formes de l’intervention de l’État : modalités de la politique économique et sociale et leurs effets
*Les crises : les économistes de l’école de la régulation distinguent les petites crises (celles du Juglar) et les grandes crises.
Ces dernières naissent
Soit d’un mode de régulation devenu impuissant face à des enchaînements conjoncturels défavorables, ce qui va
déstabiliser le régime d’accumulation
Soit de l’arrivée aux limites des formes institutionnelles qui conditionnent le régime d’accumulation.
*L’interprétation de la grande crise contemporaine : c’est un épuisement du fordisme en ce qui concerne
Le travail et la productivité : contestations, luttes ouvrières, revendications sociales non compensées par les gains
de productivité à cause de la rigidité de la chaîne fordiste.
Les normes de consommation : épuisement de ces normes à cause de la part croissante des services dans al
consommation des ménages et donc du travail improductif et de son coût.
Les coûts collectifs de la croissance : une gestion coûteuse des forces de travail, une augmentation croissante des
dépenses publiques.
L’internationalisation : la déstabilisation des formes antérieures de concurrence sous l’effet du vieillissement des
industries de bases et par la détérioration du rôle hégémonique de l’économie américaine et du dollar.
e)
L’approche radicale de Bowles – Gordon – Weisskopf : la crise économique
américaine comme crise du « système de la grande entreprise »
Dans l’ouvrage Beyond the Waste Land trois économistes américains présentent une théorie de l’expansion longue
américaine d’après-guerre et de la crise contemporaine.
*Le système de la grande entreprise : il repose sur un ensemble de trois socles regroupant chacun un ensemble spécifique
de relatons de pouvoir institutionnalisées :
La Pax Americana : elle arbitre les relations d’échange entre le capital américain et ses fournisseurs ou concurrents
étrangers grâce à une puissante machine politique, économique et militaire.
Un accord capital-travail : il met en place un système très structuré de relation entre les grandes entreprises et les
travailleurs en s’appuyant sur des accords passés avec les syndicats.
Un pacte citoyens-capitalisme : ce pacte gère les conflits entre les revendications populaires et le patronat et
accroît donc le rôle de l’État spécialement pour limiter les coûts sociaux de la croissance.
*L’érosion du système de la grande entreprise : à cause de la baisse de la rentabilité du capital, elle-même provoquée par
« l’apparition de conflits dans chacune des trois grandes relations au pouvoir et de privilège en raison du refus croissant, de la
part des étrangers, des travailleurs et des citoyens américains, de se plier à la subordination exigée par la structure du
système ». Et le résultat en a été :
Le déclin de la domination internationale des États-Unis lié à celui de la compétitivité américaine.
L’effondrement du pacte capital-travail à cause de l’accroissement des inégalités.
La remise en cause de la logique du profit par plusieurs mouvements sociaux.
5. Des analyses de la crise contemporaine au renouveau de l’approche en
termes de rythmes longs
Le retournement de conjoncture après les années fastes 1950-1970 a donné une grande actualité aux analyses en terme
d’ondes longues et si le renouveau des années 90 s’avérait confirmé, cela encouragerait ce type d’analyses.
A) De certaines interprétations théoriques nouvelles
a)
L’école française marxiste française dite du CME (capitalisme monopoliste d’État)
et la suraccumulation du capital
Ces économistes et en particulier Paul Boccara et Louis Fontvieille intègrent la crise contemporaine dans l’analyse des long
waves et mettent l’accent sur les facteurs internes de la crise (différent des libéraux). Les causes des rythmes longs sont
en effet à chercher dans la suraccumulation du capital (accumulation excessive par rapport aux capacités de rentabilité
« normale » du capital investi) que l’on observe dans les pays capitalistes dès la fin des années 60.
La période d’expansion connaîtrait, à cause de cette suraccumulation, une substitution du capital au travail et ensuite des
élaborations nouvelles techniques qui permettent de réduire la dépense en capital, d’augmenter les salaires et donc la
demande et le taux de profit.
b) Bowles – Gordon – Weisskopf et les bases institutionnelles de l’accumulation
Les mouvements longs sont associés à des formes de régulations spécifiques comme le système de la grande entreprise qui
sont efficaces durant la période d’expansion mais sont remis en cause à l’apparition de certaines contradiction et se
déclenche alors une « crise universelle » : celle-ci ne connaît pas les frontières, et touche toutes les dimensions de la vie
quotidienne.
c)
Ernest Mendel et les systèmes de machines successifs
*La phase d’expansion : c’est une révolution technologique centrée sur un type spécifique de machines qui entretient la
croissance pendant cette phase (machines des métiers à tisser, machines à vapeur, locomotive, moteurs électriques,
électronique dans l’automobile américaine).
*Le retournement de conjoncture : chaque machine est associée à un certain type d’organisation du travail effectuant une
substitution du capital au travail et donc rencontrant le mécontentement des travailleurs.
*La sortie de dépression : elle s’effectue sous l’impulsion d’un facteur extérieur variable selon les cas et permettant la mise
en œuvre par la hausse des taux de profits au sortir de la dépression de la révolution technologique qui « couvait sous la
cendre ».
d) Christopher Freeman et les paradigmes techno-économiques
*La destruction créatrice dans la sphère productive, institutionnelle et sociale : les cycles longs correspondent à une
succession de « paradigmes techno-économiques » (Perez) où le changement de paradigme signifie une transformation
radicale du système de pensée qui prévalait dans les industries en matière d’ingénierie et de gestion pour l’obtention de
profits et de productivité optimaux. Les innovations radicales qu’il nécessite entraînent la crise en tant qu’ajustement
structurel de remplacement des branches motrices de l’économie, ainsi que de profonds changements institutionnels et
sociaux.
*Le facteur clé du paradigme : il doit avoir un coût relatif peu élevé et déclinant rapidement, une disponibilité presque
illimitée, une capacité à être utilisée dans de nombreux processus productifs. Ils existaient déjà auparavant mais son
utilisation n’était pas optimisée :
Révolution Industrielle : faible coût du travail et coton
Milieu XIX° siècle : charbon et transports à vapeur
Après 45 : pétrole
*La crise de la fin du XX° siècle : elle est perçue comme une transition entre un régime fondé sur le pétrole bon marché et
une consommation de masse et un régime nouveau sur la base d’instruments microélectroniques à faible coût et d’une
d’organisation productive intensive en information liant design, marketing…
B) Le rythme long comme alternance de périodes d’expansion
« ordonnée » et le temps de mutation
a)
Questions de méthode
Si les cycles Juglar sont basés sur des critères précis (chute de production, des prix et des profits, forte élévation du
chômage, faillites nombreuses, il n’en est pas de même avec les long waves qui sont souvent discutées comme les travaux
de Kondratiev. En effet, sur la longue période, les interprétations des données statistiques sont très diverses et ces données
elles mêmes sont parfois erronée. Mais le but visé par les théories de la crise est surtout de montrer l’existence de
mouvements longs plutôt que d’en proposer une interprétation universelle.
b) Ordres productifs successifs, dynamique économique et rythmes longs
*Le mode d’accumulation du capital : il s’agit des formes que prennent, pour un temps, les rapports sociaux qui
structurent la production
Le rapport capital-travail : les ondes longues correspondent à des « cycles disciplinaires » et des « crises
disciplinaires » (Jean-Paul de Gaudemar).
Les rapport intra-capital : ce sont les structures industrielles et financières et les modalités de la concurrence qui
permettent de mettre en évidence une ère « concurrentielle » et une ère « monopoliste » du capitalisme.
*Le type de « forces productives » : chaque période longue d’expansion repose sur une base technique et sur certaines
industries motrices. Or le progrès technique ne relève pas d’une logique immanente, indépendante du contexte historique
dans lequel il évolue mais correspond bien à un « marquage social » qui forme un certain type de croissance. C’est ainsi
que la « taylorisation » progressive du travail n’est pas cette « organisation scientifique » neutre, correspondant à une
nécessité technique mais est une forme particulièrement efficace de mise au travail et de contrôle des forces de travail
satisfaisant à un impératif social.
*Le type de division du travail à l’échelle mondiale :
La division du travail : le capitalisme est ainsi fait qu’il s’est toujours organisé autour d’une économie dominante
qui fut souvent l’Angleterre et qui est aujourd’hui les États-Unis. Cette économie dominante effectue des échanges
avec d’autres régions du monde selon une hiérarchie qui explique la diffusion des modes d’accumulation et des
crises. La division internationale du travail permet ainsi de comprendre les modalités de l’économie-monde et son
évolution.
La système monétaire international : il est fortement lié aux conjonctures économiques longues. C’est d’abord le
système de l’étalon-or qui prévaut jusqu’à la Première Guerre mondiale, c’est ensuite le système de l’étalon de
change or basé sur la livre sterling et le dollar. Enfin après 1945, les États-Unis imposent le système de Bretton
Woods qui crée des parités entre les principales monnaies et la période contemporaine débouche sur une ère de
changes flottants.
*La thèse régulationniste : la complexité et les contradictions que rencontre le capitalisme pose la question cruciale de
savoir quel mode de régulation est en action pour rendre un tel ordre productif opérationnel.
La régulation : pour Boyer dans La Théorie de la régulation : une analyse critique, la régulation est « La
conjoncture des mécanismes concourant à la reproduction d’ensemble du système, compte tenu de l’état des
structures économiques et des formes sociales ».
Au XIX° siècle : les crises classiques assurent la régulation même si l’État joue un rôle social indispensable :
1.
2.
3.
Pour maintenir l’ordre contre les révoltes populaires que provoquent le chômage et la misère ouvrière
Pour prendre en charge nombre d’équipements collectifs indispensables à l’expansion industrielle
Pour étendre, ouvrir ou protéger les marchés (colonisation, accords commerciaux, protectionnisme…).
Après la crise de 1929 : une régulation…
1. Au niveau du mode d’accumulation du capital :
☺ Celui des structures industrielles en oligopoles stabilisés, forme régulatrice par nature pour les
économistes libéraux
☺ Celui du fordisme, mode d’articulation efficace entre travail, salaire et consommation
☺ Celui des formes données au rapport salarial
2. Au niveau du type de croissance : la régulation est fonction du mode de travail (univers de la
productivité) et du mode de vie (univers de la « consommativité », J. Baudrillard).
L’ampleur de l’intervention de l’État : c’est elle vraiment qui contraste entre le type de régulation du XIX° siècle et
celui d’aujourd’hui et dans deux domaines principalement :
1. Celui des politiques économiques d’inspiration keynésienne
2. Celui des politiques sociales en tant que prise en charge d’une large part des coûts de gestion globale des
forces de travail (Sécurité sociale, allocations familiales, allocations de chômage).
C) De la croissance longue d’après-guerre à la « crise »
contemporaine : la montée des contradictions
*Le mode d’accumulation du capital :
Les contestations sociales du mode du fordisme entraîne une baisse de productivité et une hausse des salaires qui
débouchent sur une baisse du rendement du capital.
D’autre part la progression des consommations non-marchandes (santé, éducation, logement social…) et la montée
des services à faible productivité dans la consommation entraînent une forte progression des coûts socialisés de la
croissance et un déplacement de la demande vers des consommations collectives.
La montée des contradiction : avec le syndicalisme, le rapport de force va graduellement s’inverser en faveur des
salariés.
*La vigueur de l’accumulation du capital : elle conduit à l’émergence de firmes géante et à une rude compétition sur un
marché qui s’internationalise. Il y a donc la nécessité de redistribuer le travail selon la nouvelle conjoncture.
Conclusion
A) Quels enseignements théoriques ?
B) Une stratégie d’expansion coordonnée
C) La conjoncture présente (2000) : nouvelle économie ou
crise financière ?
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