Théories de l'information et de la communication 2
épistémologique que peut constituer le savoir du passé, bien que naturel, ainsi que le "sens
commun", devraient être franchis afin qu'une « vraie science » apparaisse.) il veut faire un saut qui
consiste à dépasser tout ce qui est de l'ordre du savoir commun, vulgaire.
Dans les sciences sociales et humaines, cette connaissance vulgaire est plus répandue que dans les
sciences dures.
→ Quel est le type de savoir commun qui environne notre discipline et avec lequel il faut faire
rupture?
Une connaissance commune se met en place depuis quelques années sur les objets
communicationnels: elle est massive, puissante voire menaçante intellectuelle. La connaissance
commune autour de la communication des médias est appelée le démon du décryptage. Nous
sommes cernés par une adjonction à décrypter. Il n'y a pas de médias qui ne se créent sans promesse
de décryptage. On est passé de l'analyse, du commentaire au décryptage, ce dernier est le type de
savoir commun sur la société de communication. Médiatiquement, on ne parle plus d' « analyse »
mais de « décryptage ». Les rubriques « analyse » du Monde sont aujourd'hui appelées
« décryptage ». Les émissions de télé n' « analysent » plus, mais « décryptent ». Morandini est
l'industrialisation multi-usages du décryptage. La différence se porte premièrement sur les mots:
dans 'décryptage', il y a le terme 'crypte', qui amène à l'imaginaire du caché, de la grotte. Le
décryptage suggère donc une dimension cachée, que l'on va montrer. C'est donc l'idée peut-être
paranoïaque que dans la communication, il y a des choses cachées, que tout se joue en coulisse. Le
décryptage promet de révéler les stratégies de communication qu'il y a derrière la totalité des
phénomènes sociaux. Derrière ces stratégies, il y aurait des intentions cachées. Derrière le
décryptage, on retrouve l'obsession actuelle pour la transparence et donc pour le décryptage.
Exemple: Dans Dimanche +, Anne-Sophie Lapix ne demande pas aux politiques: « Quel est votre
programme? » mais « Quelle va être votre stratégie? ». Cette émission se place à une échelle méta-
communicationnelle,(Echanger sur sa propre communication, Bateson) on saute une étape. Autre
exemple: la publicité, avec Madmen (série qui montre le basculement de la publicité vers le codé, le
caché), tout est codé. Le publicitaire est aujourd'hui d'ailleurs en train de se demander comment
communiquer pour un public qui est désormais décrypteur. Cette paranoïa (?) est bien souvent
accompagnée d'« un déterminisme économique ». Le décryptage consiste de manière
préférentielle à expliquer le monde d'un point de vue uniquement économique: il consiste à ramener
tous les phénomènes à leurs modèles d'explication marketing. Ce réductionnisme est typique du
déterminisme économique. Nous serions, d'après ce déterminisme, dans une société de
communication, de stratégies où l'analyse du monde doit se faire en regardant les coulisses. Ce
regard est certainement paranoïaque et répond au terme de « panoptisme ». (permettre à un
individu, logé dans une tour centrale, d'observer tous les prisonniers, enfermés dans des cellules
individuelles autour de la tour, sans que ceux-ci puissent savoir s'ils sont observés/ Omniscience
invisible, Bentham) Cette question est liée à l'accès: à quoi avons-nous accès?, qu'est-ce qui reste
caché?. Internet permet d'avoir accès.
épistémologiques/méthodologiques (production/nature/organisation)
→ Comment fabrique-t-on cette connaissance dans notre discipline? Qu'est-ce qu'une approche dite
communicationnelle? Quelle est notre méthode? Que sont les sciences de l'information et de la
communication?
Pour certains, les SIC constituent une discipline à part entière, autonome, définie par ses propres
objets et par ses propres méthodes qui lui seraient spécifiques. D'autres considèrent que cette
discipline s'appuie sur les autres disciplines, qu'elle n'a pas ce degré d'autonomie totale, elle doit
faire avec les autres. On pourrait soit dire que c'est une transdiscipline: la communication prendrait
les autres disciplines pour les dépasser, en faire une sorte de synthèse, un savoir total. Ou alors les
SIC seraient une interdiscipline, c'est une notion plus modeste: les SIC ne produiraient pas une
discipline qui dépasserait les autres, mais elles étudieraient les objets de communication en mêlant