Théories de l`information et de la communication 1 Bibliographie

Théories de l'information et de la communication 1
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Bibliographie générale:
* Robert Boure, Les origines des sciences de l'information et de la communication,
collection Septentrion.
* Bruno Ollivier, Observer la communication, CNRS Ed. & Les sciences de la
communication, Armand Colin.
* Daniel Bougnoux, Textes essentiels des sciences de l'information et de la
communication, Larousse
* Jean-Michel Salaul, Introduction aux sciences de l'information
* Hermès (notamment le n°38 publié en 2004)
* Communication et langages
* Réseaux
* Communications
* …
Introduction: La réflexibilité
Premier temps, dans les années 1940-1950, la communication devient massive, elle se met à
entourer les personnes, les environner et commence à se constituer comme objet de savoir, comme
une réflexion sur notre propre fonction en tant que locuteur, manipulateur de signes, et en tant que
membre d'une société de l'information, dite plus tard de la communication.
Deuxième temps, dans les années 1970, des métiers émergent autour de ce champ, de nombreuses
réflexions sont faites. Cela va aboutir à l'institutionnalisation de la discipline, en France, en 1974
avec l'entrée dans le CNU -conseil national des universités, comme une inter-discipline qui fait que
la discipline se regarde elle-même pour savoir quelle est son identité propre.
Aujourd'hui, il existe une couche sémioscémique: nous n'avons plus un contact direct avec les
choses mais elles sont médiées, médiatisées par des signes.
La réflexibilité (Faculté de se réfléchir ; propriété d'un corps susceptible de réflexion) ferait le lien
entre les théories de la communication. La réflexibilité se justifie pour des raisons:
herméneutiques/interprétationnelles
Comment interpréter notre discipline? Quels regards poser dessus? Qu'est-ce qui distingue notre
savoir de ce que Gaston Bachelard appelle « la connaissance commune »? Qu'est-ce qui différencie
une discipline d'un savoir commun?
→ Qu'est-ce qui distingue les sciences sociales et les sciences de la nature, dites dures?
Pierre Bourdieu, Science de la science et réflexibilité : analyse de la sociologie de la sociologie.
Pour lui, les sciences humaines et sociales sont plus faibles parce qu'elles sont une plus grande part
d'hétéronomie, elles sont moins closes sur elle-même. Elles produisent un savoir qui semblent
intéresser tout le monde.
Gaston Bachelard, La formation de l'esprit scientifique: rupture épistémologique,( le passage qui
permet de connaître réellement en rejetant certaines connaissances antérieures qu’il serait nécessaire
de détruire pour que se révèle la connaissance nouvelle. Dans cette perspective, l’obstacle
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épistémologique que peut constituer le savoir du passé, bien que naturel, ainsi que le "sens
commun", devraient être franchis afin qu'une « vraie science » apparaisse.) il veut faire un saut qui
consiste à dépasser tout ce qui est de l'ordre du savoir commun, vulgaire.
Dans les sciences sociales et humaines, cette connaissance vulgaire est plus répandue que dans les
sciences dures.
Quel est le type de savoir commun qui environne notre discipline et avec lequel il faut faire
rupture?
Une connaissance commune se met en place depuis quelques années sur les objets
communicationnels: elle est massive, puissante voire menaçante intellectuelle. La connaissance
commune autour de la communication des médias est appelée le démon du décryptage. Nous
sommes cernés par une adjonction à décrypter. Il n'y a pas de médias qui ne se créent sans promesse
de décryptage. On est passé de l'analyse, du commentaire au cryptage, ce dernier est le type de
savoir commun sur la société de communication. Médiatiquement, on ne parle plus d' « analyse »
mais de « décryptage ». Les rubriques « analyse » du Monde sont aujourd'hui appelées
« décryptage ». Les émissions de télé n' « analysent » plus, mais « décryptent ». Morandini est
l'industrialisation multi-usages du décryptage. La différence se porte premièrement sur les mots:
dans 'décryptage', il y a le terme 'crypte', qui amène à l'imaginaire du caché, de la grotte. Le
décryptage suggère donc une dimension cachée, que l'on va montrer. C'est donc l'idée peut-être
paranoïaque que dans la communication, il y a des choses cachées, que tout se joue en coulisse. Le
décryptage promet de révéler les stratégies de communication qu'il y a derrière la totalité des
phénomènes sociaux. Derrière ces stratégies, il y aurait des intentions cachées. Derrière le
décryptage, on retrouve l'obsession actuelle pour la transparence et donc pour le décryptage.
Exemple: Dans Dimanche +, Anne-Sophie Lapix ne demande pas aux politiques: « Quel est votre
programme? » mais « Quelle va être votre stratégie? ». Cette émission se place à une échelle méta-
communicationnelle,(Echanger sur sa propre communication, Bateson) on saute une étape. Autre
exemple: la publicité, avec Madmen (série qui montre le basculement de la publicité vers le codé, le
caché), tout est codé. Le publicitaire est aujourd'hui d'ailleurs en train de se demander comment
communiquer pour un public qui est désormais décrypteur. Cette paranoïa (?) est bien souvent
accompagnée d'« un déterminisme économique ». Le décryptage consiste de manière
préférentielle à expliquer le monde d'un point de vue uniquement économique: il consiste à ramener
tous les phénomènes à leurs modèles d'explication marketing. Ce ductionnisme est typique du
déterminisme économique. Nous serions, d'après ce déterminisme, dans une société de
communication, de stratégies l'analyse du monde doit se faire en regardant les coulisses. Ce
regard est certainement paranoïaque et répond au terme de « panoptisme ». (permettre à un
individu, logé dans une tour centrale, d'observer tous les prisonniers, enfermés dans des cellules
individuelles autour de la tour, sans que ceux-ci puissent savoir s'ils sont observés/ Omniscience
invisible, Bentham) Cette question est liée à l'accès: à quoi avons-nous accès?, qu'est-ce qui reste
caché?. Internet permet d'avoir accès.
épistémologiques/méthodologiques (production/nature/organisation)
Comment fabrique-t-on cette connaissance dans notre discipline? Qu'est-ce qu'une approche dite
communicationnelle? Quelle est notre méthode? Que sont les sciences de l'information et de la
communication?
Pour certains, les SIC constituent une discipline à part entière, autonome, définie par ses propres
objets et par ses propres méthodes qui lui seraient spécifiques. D'autres considèrent que cette
discipline s'appuie sur les autres disciplines, qu'elle n'a pas ce degré d'autonomie totale, elle doit
faire avec les autres. On pourrait soit dire que c'est une transdiscipline: la communication prendrait
les autres disciplines pour les dépasser, en faire une sorte de synthèse, un savoir total. Ou alors les
SIC seraient une interdiscipline, c'est une notion plus modeste: les SIC ne produiraient pas une
discipline qui dépasserait les autres, mais elles étudieraient les objets de communication en mêlant
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le point de vue des autres disciplines. La notion d'interdiscipline est la plus partagée. D'autres, enfin,
voient les SIC comme une métadiscipline: elles pensent autant le discours que le méta-discours, soit
le contexte, la construction de la relation. Cette notion a été développée par l'école de Palo Alto:
Bateson, Watzlawick (« On ne peut pas ne pas communiquer », « Toute communication présente
deux aspects: le contenu et la relation, tels que le second englobe le premier et par suite est une
méta-communication » dans Une logique de la communication [cf. TD]: fort degré de réflexibilité
puisque l'objet est la communication et la méta-communication), Goffman, . Ainsi, cette
discipline serait plus une discipline du méta qu'une métadiscipline. L'une des origines des SIC est la
vulgarisation scientifique. Autrement dit, à l'origine de nombreuses théories scientifiques se
posaient la question: comment transmettre le savoir?. Les SIC se demandent en permanence:
comment médier mon propre contenu, comment transmettre?. Il y a donc comme tendance très
importante à considérer comme objet de communication la réfléxibilité.
épistémiques
Quels sont les objets d'étude et de connaissance de notre discipline? Quel est le découpage de
connaissance qui caractérise notre discipline?
Les objets sont au-delà de l'objet média, la médiation, les relations, la question de l'influence, la
notion de dispositifs. Ils interrogent tous les liens qu'il y a entre information et communication.
Il existe quatre tendances sur la nature de ces liens:
Des chercheurs considèrent que l'information et la communication sont des notions
symétriques. C'est d'ailleurs, le premier temps de la discipline.
Le deuxième temps est de considérer ces deux notions comme antagoniques: ils pensent la
communication contre l'information. La tension des SIC est portée par cette asymétrie, cette
concurrence entre les deux notions.
Une troisième approche constitue à voir ces deux notions comme constituantes deux
sciences différentes mais complémentaires, qu'il faudrait rapprocher pour mieux
comprendre, par exemple, l'idée de société en réseau.
La dernière tendance consiste à penser qu'il n'y a qu'un seul objet, information-
communication.
Deux orientations sont principales: l'une va plutôt aller sur la question de la communication en tant
que relation, et l'autre qui va plutôt aller vers l'information dans un questionnement de transmission.
Sybille Krämer, article « Appareil, messager, virus, pour une habilitation de la transmission »,
revue Appareils, 2008: elle distingue deux types de la théorie de la communication qui dominent
toutes les autres théories:
Selon elle, il y a d'abord la théorie technique de la communication qui part de l'émetteur et
arrive au récepteur. Le problème est la distance qui sépare ces deux instances. Le medium,
qui va venir fixer les deux, a pour fonction de transmettre et de maintenir les deux pôles à
distance. La transmission est asymétrique et unidirectionnelle. Le média est pour franchir
une distance sans avoir l'objectif de l'annuler. Pour résumé, ce premier principe de
communication, elle l'appelle le « principe postal », qui fonctionne sur le mode d'une Poste.
L'autre grande théorie de la communication s'oppose à ce dernier, elle s'inscrit dans un
modèle de dialogue universel, qui part, au contraire, de l'idée de la compréhension
réciproque à travers des signes qui font sens. C'est le modèle du dialogue. Le problème de
cette approche est de coordonner, de fabriquer du consensus et de dissiper les désaccords.
C'est la théorie notamment développée par Habermas. Il faut se voir comme un processus
bipolaire et d'interactions sociales qui conduit au consensus. L'objectif n'est pas de lier mais
de réunir. Ce principe est un principe érotique de la communication, une sorte de fusion, au
moins à deux.
Ces deux principes résument les deux grandes orientations théoriques de la communication. L'un va
vers le dialogue, la fusion et l'autre va vers la transmission, vers un modèle de la dissémination.
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Krämer incarne ces deux postures par les deux grandes figures occidentales: Socrate et Jésus. Pour
Socrate, le dialogue est une rencontre amoureuse, il est dirigé vers son interlocuteur. La rencontre
dialogique devient un événement intime. Le comportement de Jésus est tout autre: Jésus se
caractérise lui-même de semeur de graines, dont certaines porteront des fruits et d'autres sécheront.
Son texte est transmis, non pas à des élus, mais à tous ceux qui auront des oreilles pour entendre.
C'est le modèle d'une parole sans réponse, développé par Jean Baudrillard. Ce dialogue est
irresponsable, au sens étymologique du terme.
Toutes les théories de la communication vont étudier les croisements, les rencontres entre ces deux
principes, ces deux orientations de notre discipline.
Le modèle postal est le premier à avoir été théorisé: c'est le modèle dit mathématique,
télégraphique de Shannon et Weaver. Les premiers théoriciens de la communication sont deux
ingénieurs de Bell, la compagnie américaine de téléphone. C'est la théorie à partir de laquelle tous
les théoriciens de la communication se sont positionnés. La théorie de la communication est née de
l'interrogation du principe postal.
Présentation de Pierre Schaeffer
Il incarne dans les années 1960-1970 ce qu'est une réflexion sur la communication, qui est en train
d'exploser. Schaeffer a essa de rassembler tous les courants de recherche sur ce qu'est la
communication. Il se définit comme un chercheur, mais ce n'est pas un universitaire, c'était un
praticien des médias, avec une formation scientifique et artistique. Il a écrit Les machines à
communiquer, sous deux tomes. Il y a dans cette œuvre, la double-orientation: la communication
comme machine mais aussi comme relation. Il essaie de comprendre ce qui reste d'humain,
d'artistique dans la médiation des machines. Il devient dans les années 1960 le responsable du
Service de Recherche de l'ORTF (ancêtre des chaînes de radio et télévision publiques). Au sein de
ce service, Schaeffer essaie de fabriquer de l'art avec la télévision. A cette époque, on parle de la
télévision comme le 8ème art (entre le cinéma et la BD). C'est un grand temps de l'expérimentation
de l'audiovisuel. Ce temps incarne le moment de l'interdiscipline, entre l'approche interpersonnelle
de la relation et l'approche impersonnelle, qui renvoie au principe postal, à l'approche technique.
C'est dans cette tension que se sont définies les SIC.
Les machines à communiquer, 1972: « Le dispositif télévisuel peut être comparé aux pièges tendus
à l'animal humain pour sa capture en vue de l'observation ».
Il parle de la communication comme un mot « besace », tellement ce terme est polysémique.
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Les premières grandes théories de la communication: le code
Il y a des questionnements des SIC qui sont:
y a-t-il une information sans communication?
y a-t-il une communication sans techniques, sans médiation?
Autrement dit, y a-t-il une communication pure?, une parole pure?
Il y a donc deux modèles: l'un orienté vers l'information, le diffusionnisme (modèle postal), l'autre
tourné vers l'interpersonnel, l'interactionnisme (modèle érotique).
Dans toutes les théories, est interrogée la distance entre les participants du processus de
communication. Le modèle de communication érotique tend, jusqu la fusion, à supprimer la
distance; alors que le modèle de la dissémination tend à multiplier les effets de distance et de
délégation de la parole.
Le modèle postal repose sur l'idée d'un messager, de l'apôtre, voire de l'ange. Pour Sybille Krämer,
le média n'est rien d'autre que l'objectivation de la figure du messager. Un bon messager se définit
historiquement par sa capacité à sa neutralité, à sa quasi désubjectivation. Cette notion a une
continuité actuelle avec l'idée que le consommateur est le messager de la marque, « faites vous
apôtre pour ». Il y a abstraction de la relation à travers la distance qu'implique un intermédiaire,
un « milieu » comme l'appelle Krämer. Le maintien de cette distance permet d'abstraire la relation et
de l'objectiver à travers une représentation en terme de médias. Selon Krämer, le premier modèle
théorique de la relation abstraite de la communication de type postal est le fameux schéma de la
communication linéaire proposé par Shannon et Weaver, appelé modèle mécaniste de la
communication ou modèle télégraphique. Il faut d'ailleurs noter que « télé » indique l'idée de la
distance, distance qui serait, pour Krämer, infranchissable. Ce modèle apparaît au moment de la
Seconde Guerre Mondiale, on se demande comment coder les messages. Dans cette
représentation d'une information cryptée et polémogène, il y a l'idée que l'information est précieuse
et utilitaire. C'est une réflexion sur le langage comme un codage, donc le modèle dit télégraphique
de la communication repose sur une théorie mathématique de l'information. En effet, pour s'assoir,
les sciences dites molles ou souples, s'appuient sur les sciences dures. Claude Shannon publie alors
La théorie mathématique de la communication en 1948. Cette réflexion naît dans un contexte
d'entreprise, car Shannon travaille à Bell, la compagnie de télécommunications américaine. Il
construit un cadre mathématique pour une théorie de la communication qui limite les bruits: il veut
trouver le moyen le moins couteux pour avoir des échanges les plus fiables possibles. Ils 'agit de
calculs mathématiques au service de son entreprise. Il entend information dans un sens différent: ce
qui est recherché est la conformation du message dans un format mathématique, abstrait qui va
permettre la transmission du message la plus fiable possible: l'information est un formatage, un
codage. Le message est transformé en signal. C'est une théorie du signal. Ce qui intéresse Shannon
est le trajet, le déplacement, l'acheminement, d'où l'assimilation au modèle postal de Krämer. A
l'émission et à la ception du message, il faut que la quantité d'information soit conservée, que
l'isomorphisme du message soit gardé. C'est une théorie qui repose sur des calculs de ratio entre la
quantité de signaux présentes à l'émission et celle présente à la réception.
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