PSYCHOLOGIE DE L’ORGANISATION DE LA SANTÉ
Cet article d'Ivar Oddone répondait à une demande particulière (donc avec un public et un nombre de
pages bien définis) émanant d'une revue de psychologues : faire connaître notre situation en Italie. Même si
le contenu est lié à cette demande particulière, sa lecture est utile parce que, d'un certain point de vue, nous
avons travaillé dans l'optique qu'il décrit. Les points pour lesquels des développements ultérieurs sont
prévus : a) le couple médecin-client (en particulier en direction du médecin spécialiste nous considérons
le médecin du travail comme un médecin spécialiste -, et du médecin des urgences) ; b) les aspects liés à
l'organisation sociale (le cartographe, le Maire, tout ce qui est décrit à propos du "triangle" et qui peut
permettre de dépasser l'isolement du couple médecin-client) ; c) le problème du langage.
RESUMÉ. La Psychologie de la santé est corrélée au langage et à l’organisation du parcours individuel "du
soupçon à la connaissance" de l’état de santé. Dans une commune française, une expérience, durée 20 ans, a
permis de réaliser des résultats intéressants, que ce soit sur le plan pratique ou sur le plan théorique. Le
produit : le SIC (Système d’Information Concret), une intervention liée à une approche d’ergonomie
cognitive. Une intervention tournée vers l’intégration des comportements des groupes intéressés : les
citoyens, les médecins généralistes et le maire, comme représentant emblématique du pouvoir sur
l’environnement construit. Le but : l’élimination progressive des maladies qui peuvent être sûrement
éliminées c’est-à-dire les maladies liées à l’environnement construit.
1) De la médecine à la psychologie de la santé
HIER
Parler de psychologie de la santé en voulant identifier un territoire bien défini n’est pas facile pour moi, ce ne
serait peut-être même pas correct. La géographie scientifique se redéfinit continuellement, la géographie
psychologique en particulier.
Nombres de recherches des années soixante et soixante-dix, définies "non rituelles" par F. Butera, ont
impliqué la psychologie européenne intéressée au problème de la santé, avant leur identification ou leur
reconnaissance par la communauté des psychologues italiens liés à la psychologie de la santé d’empreinte
nord américaine.
On peut identifier en Italie une aire de la psychologie de la santé "autre", différente de celle qui comporte la
médiation de la psychologie américaine. Un enchevêtrement d’expériences hétérogènes, à partir desquelles
on pourrait redéfinir un ensemble de férences théoriques. Dans la mémoire de la communauté scientifique,
peu de choses restent de cet ensemble. Nombre des recherches ont été conduites en dehors des règles de la
communauté scientifique, liées à des paradigmes qui n’ont pas survécu. Aujourd’hui il ne reste que ce qui a
été recueilli et archivé principalement en dehors des sources d’information de routine des chercheurs.
Quatre congrès annuels de la Société de Médecine du travail Italienne (1971, 1973, 1976, 1978) ont
comporté des rapports liés à des initiatives ouvrières sur la santé ; en particulier, en 1978, G. Marri a
présenté, au nom du syndicat unitaire, un rapport sur "les systèmes participatifs de prévention dans le cadre
du service sanitaire national".
Le peu d’importance des travaux scientifiques (en psychologie, mais pas seulement), comme eurent à le
souligner G. F. Minguzzi d’abord et D. Romano ensuite, trouve peuttre un motif dans l’accouplement
structurel entre sous-ensembles scientifiques et milieux de développement isolés du monde réel.
L’histoire européenne de l’après guerre, en particulier en Italie, avec tous les problèmes sociaux, pratiques
et théoriques qui l’ont caractérisée, a certainement influé sur l’attention portée par les mouvements
politiques et culturels au thème de la santé. Mon expérience est née dans ce scénario.
Le thème de la psychologie de la santé évoque à nouveau en moi l’une des plus fascinantes ouvertures d’une
position psychologique, celle du premier cognitivisme, le “comportementalisme subjectif” de G. A. Miller,
E. Galanter et K.H. Pribram (1960) :
“Quand je suis assis à mon bureau, je sais je suis. Je vois devant moi une fenêtre; au-delà, des arbres ;
au-delà de ceux-ci, les toits rouges du campus de l’université de Standford ; au-delà encore, les collines
dorées du Hamilton Range. Quoi qu’il en soit, je sais plus que tout ce que je vois Ce dont j’ai parlé
concerne la connaissance. La connaissance n’est peut-être pas le mot juste. On devrait peut-être dire mon
image du monde. La connaissance a une implication de vérité, Ce dont je suis en train de parler c’est ce dont
je crois qu’il soit vrai" (K.E. Boulding, 1956).
En ré-évoquant les phrases d'ouverture de "The Image" de K. L. Boulding, GA Miller, E Gallanter et KH
Pribram proposent l'Image comme l'ensemble des dimensions de notre vie : notre inscription dans l'espace,
dans le temps, dans la société, dans la nature et dans notre histoire personnelle.
Écrire un article sur la psychologie de la santé est pour moi comme me mettre à une fenêtre : au-delà se
dessine un paysage, un ensemble de souvenirs, de visages, d'émotions, surtout une atmosphère particulière
d'action et de recherche. A la fin des années soixante, quelques groupes d'ouvriers me posèrent un problème
que je ne savais pas résoudre. Ils me demandaient des informations sur le risque que leur condition de travail
pouvait représenter pour leur santé. Ils considéraient que ces informations pourraient leur permettre de
changer la condition de travail. Ce groupe n'était pas le seul à poser ce problème et je n'ai pas été le seul
médecin à qui il ait été posé. Les sujets de la demande sont devenus des centaines de milliers et ont
certainement influé sur les "services sanitaires".
"Au moment un événement se produit, celui-ci altère la structure de l'Image. La signification d'un
événement ou d'un message est le changement qu'il produit dans l'Image. La majeure partie des messages la
traversent sans la frapper, une partie ajoute des spécifications, des détails : ce qui était vague devient plus
clair, plus stable. Quelquefois, un message frappe une sorte de noyau ou la structure portante d'une image et
la chose entière change de façon radicale" (KL Boulding, 1956).
Les "messages" qui ont déterminé en moi ce phénomène de réorganisation de l'image, en introduisant un
élément de rupture dans ma façon d'affronter le problème de la santé, qui était celui du médecin traditionnel,
et changé de façon radicale mon image de la santé et de la maladie, sont reliés à cette demande adressée à un
médecin pour avoir les informations adéquates pour améliorer les conditions de travail. Je n'étais pas un
médecin du travail mais un assistant universitaire de médecine interne qui, le soir, faisait le médecin
généraliste, le médecin de la mutuelle.
La demande des ouvriers m'a poussé, dans un premier temps, à m'informer sur les textes de médecine du
travail, mais seulement pour me rendre compte que ce que je réussissais à trouver était une liste de
substances. Je ne retrouvais rien de ce qu'on nous décrivait comme conditions réelles de production, ni sur la
possibilité de substituer au processus polluant des processus non polluants. Certains ouvriers me
demandaient même comment devenir plus rapidement asbestosés. Cette demande apparemment paradoxale
contenait en réalité une hypothèse dissonante par rapport à mon image médicale des maladies dues à
l'environnement construit par l'homme.
Je découvrais en fait que ma connaissance avait une structure rationnelle.
Un processus productif donné pouvait comporter des risques pour la santé, mais justement cette
connaissance des risques possibles, basée sur la littérature médicale, garantissait, logiquement pour moi,
l'élimination des conditions de nocivité. Pour les travailleurs au contraire, le problème se configurait
autrement. C'était la alité productive, avec ses risques réels, qui définissait leur attitude. La crédibilité d'un
changement des conditions de travail, dans le contexte spécifique où ils se trouvaient, était le fait
psychologiquement important, qui déterminait leur demande de santé. Si le dépassement de la nocivité
n'était pas psychologiquement crédible, devenir asbestosé (c'est-à-dire tomber malade) "par anticipation",
voulait dire au moins pouvoir sortir "avant" d'un milieu de travail certainement nocif.
Quand, aujourd'hui, je cherche à reconstruire ce moment de rupture et de réorganisation de mon Image en
terme de psychologie de la santé, entendu comme capacité de "voir" le comportement des hommes face à la
santé et à la défense de la santé, je revois, d'une part, des clients qui représentent le patient traditionnel, avec
la demande de diagnostic, de pronostic et de thérapeutique, d'autre part des hommes qui ne me demandaient
pas des examens ou des médicaments, mais une utilisation du savoir médical dans le but de modifier les
conditions de travail, de prévenir les maladies d'environnement, d'adapter le milieu de travail à l'homme au
travail. En d'autres termes, actuels aujourd'hui mais qui n'étaient pas alors à la mode, une intervention de
"santégénèse".
A partir de ce moment, se sont définies en moi deux Images qui ont soutenu, dans mon expérience, deux
stratégies professionnelles différentes. Deux modèles d'usage différents, au départ avec un noyau central
commun, le savoir médical. Deux compétences d'usage : une de type traditionnel, comme réponse à des
demandes "typiques" du parcours qui s'ouvre avec la consultation du médecin de la part d'un patient ; l'autre,
qui a accompagné ma nouvelle, et définitive activité professionnelle, celle de psychologue du travail à
approche ergonomique.
Mon savoir professionnel de médecin non seulement ne me mettait pas en condition de répondre à la
demande de santé qui m'était adressée par les ouvriers, mais il ne me rendait même pas capable
"d'interroger", de façon adéquate, les personnes sur leur milieu de vie et de travail. Pour le faire j'aurais dû
avoir un plan professionnel de recherche qui me permette de reconstruire la condition de production, et
l'organisation du travail qui la définissait, jusqu'à la spécification suffisante pour "voir" ce que "voyait"
l'ouvrier de la situation productive. Je ne réussissais pas à partager avec eux, dans leur expérience
quotidienne, dans les négociations syndicales, dans leurs discussions internes, ce que Minsky définirait "une
ligne K" (knowledge line), c'est-à-dire le fil qui coud l'une à l'autre les expériences faites, pour composer le
tissu de la connaissance, pour définir l'Image.
Je devais avant tout résoudre un problème clé : construire un langage qui rende perméable l'interface entre
moi, comme technicien de la santé et eux, comme sujets qui demandaient de gérer la solution du problème de
la nocivité du travail. Les tentatives pour construire ce langage communiquant, d'interfaces, demandèrent
tant de temps et tant d'erreurs ; environ 5 ans de travail sur le terrain. Le parcours qui a caractérisé la
tentative qui apparaît, à la lumière de l'expérience, celle qui a nécessité le plus d'engagement et qui a eu le
moins de succès fût celui de tenter de reconstruire la représentation des facteurs de risque des ouvriers
comme un ensemble minimal de connaissance du même type que les connaissances scientifiques, sans
changer de paradigme, c'est-à-dire en termes de divulgation.
La solution vint encore de l'Image, de la "compétence d'usage" commune à tous, d'un script. Du matériau
cognitif mnémotechnique, lié au langage historico-naturel. De ce qui dans le glossaire de notre laboratoire
sonne comme ce qu'on ne peut pas ne pas savoir.
"Quelles images viennent à l'esprit, par association, quand un sujet choisit une maison ? Lesquelles quand il
pense à une usine ? Lesquelles quand il pense à la fatigue ? " Les réponses sont des images familières à tous,
quel que soit le niveau de scolarité. Il en dérive "les 4 groupes de facteurs nocifs" qui dans les années 70
furent l'instrument essentiel du langage de la santé dans les usines.
La maison rappelle à l'esprit : température, éclairement, bruit, ventilation, humidité (1er groupe). L'usine :
poussières, gaz, fumées, vapeurs (2ème groupe). La fatigue, deux types fondamentaux de fatigue : celle,
traditionnelle, due à l'activité physique (3ème groupe), les autres formes infinies de fatigue due à des causes
différentes de l'activité musculaire ; par exemple : monotonie, anxiété, répétitivité, rythmes excessifs,
responsabilité (4ème groupe).
Cette structure représente les scripts, les "frame" essentiels, les catégories de bases, sur lesquelles construire
et les arborescences scientifiques et les organisations mentales empiriques, du type "agrégat" selon M.
Minsky.
Un deuxième élément de réorientation de la compétence vers une psychologie de la santé caractérisée en un
sens ergonomique : la conscience réfléchie de la centralité des "lieux". La découverte de l'importance, pour
notre type de recherche psychologique, du "où", de "l'indovazione", de la "terroirisation". Nous
construisîmes alors la technique de la carte brute. Les ouvriers dessinaient les cartes brutes de leurs postes de
travail, de façon grossière, comme une carte du trésor. Ceci signifiait pouvoir confronter les cartes
cognitives spatiales que la psychologie connaît bien mais utilise peu. Les utiliser signifie, comme notre
laboratoire l'a largement confirmé, que sous leur aspect grossier, les cartes cognitives révèlent une richesse
notable, nous les définîmes alors brutes, à cause d'une signification attribuée à l'adjectif par le dictionnaire :
"en attente d'une quelconque élaboration formelle". La possibilité de confrontation signifiait vérification,
signifiait possibilité de capacité critique, capacité de distinguer deux lieux distincts. Des centaines, des
milliers de cartes brutes de risques, ont été faites à la main, dans les années 60 et 70, par les ouvriers, par les
étudiants, par les médecins et par les psychologues engagés dans les luttes pour la santé dans les postes de
travail. Des recherches non rituelles, étrangères au circuit scientifique à tel point que dans le bulletin de la
société géographique italienne, il y a peu d'années, on proposait d'utiliser en Italie aussi une technique très
diffuse aux États-Unis, "the hand sketch maps" (P.Daini, 1993). Ceci est, assis à mon bureau, tout ce que je
revois au-delà de la fenêtre, en récupérant les premières Images de "ma" psychologie de la santé.
AUJOURD'HUI
Il y a 20 ans, nous avons répondu (comme LECHT), à la demande d'une société de secours mutuel, en
engageant un projet pilote pour la transformation d'une organisation sanitaire volontaire, à base territoriale,
dans la zone des Bouches-du-Rhône. Objectif : une recherche de psychologie de l'organisation de la santé,
sur base ergonomique. Le résultat de cette recherche : un projet d'organisation de la santé, le Système
d'Information Concret (SIC), et sa réalisation.
Il s'est agi d'un travail d'action-recherche plus que de recherche-action. Le rapport entre action et recherche
a été le moteur d'inférence. Les résultats de l'intervention, de l'action, posaient les problèmes de la recherche
et les problèmes de la recherche définissaient les indications pour l'action.
L'objectif de l'intervention était celui de transformer l'organisation curative existante en une organisation
capable "aussi" d'identifier (pour pouvoir les éliminer) les maladies sûrement éliminables en tant que
maladies dues à l'environnement construit. La dynamique prévue : définir des risques prioritaires, considérés
indices prioritaires de la santé ; créer un parcours de l'information sur la santé individuelle ; assembler les
informations individuelles pour obtenir une représentation de la santé collective ; informatiser le système ;
diffuser les résultats comme terminaux d'un service ciblé, structuré de façon à permettre à la communauté
municipale d'évaluer l'organisation de la santé et de la modifier en conséquence.
L'objectif de la recherche de notre laboratoire : vérifier les hypothèses théoriques et la méthodologie
dérivées des recherches sur l'organisation de la santé en usine en tentant un accouplement structurel plus
ample, celui de la collectivité communale, et préfigurer un système ergonomique centré sur le médecin
généraliste.
Le milieu de développement : un "centre de santé" géré par une organisation de secours mutuel. Un centre de
soins qui peut être considéré comme privé en ce sens qui gère la santé (pour les exigences non hospitalières)
des adhérents à la sociéde secours mutuel, avec une organisation autonome, avec des secrétaires, des
médecins généralistes, des médecins spécialistes, un laboratoire. En d'autres termes il garantit le service qui
est garanti en Italie par le médecin de base, plus les services spécialisés usuels : le laboratoire d'analyses, la
radiographie, l'échographie, l'électrocardiographie, la pneumologie, la neurologie, l'angiologie, parmi
d'autres.
Chaque citoyen, qui a le droit d'utiliser ce centre de santé quand il est volontairement inscrit à cette société
de secours mutuel, peut retenir par téléphone une consultation de son médecin traitant. En cas d'urgence il
peut se rendre directement au centre de santé, en utilisant les médecins généralistes présents. Chaque
médecin généraliste travaille dans des conditions particulières de temps, de possibilité d'examens, de
services paramédicaux, et de plateau technique. On peut dire que ce sont des conditions optimales pour
l'exercice des fonctions du médecin généraliste, de famille.
Dans le cadre de cette activité usuelle, le SIC représente une activité intégrée à l'activité usuelle du médecin
généraliste.
Dans le déroulement de son travail, le médecin signale, sur la base de règles instaurées dans le système, les
cas qu'il considère à risque du point de vue de l'environnement (de vie et/ou de travail). Cette déclaration est
à l'origine d'un parcours spécial qui définit le traitement des informations du SIC. La déclaration du
médecin, qui peut être substituée par la déclaration du sujet lui-même qui veut savoir si sa santé est à risque
du point de vue de l'environnement, donne lieu à la création d'une liste de sujets à risques présumés.
Quand un client se rend au centre de santé pour une visite usuelle, si il existe, pour lui, le signalement d'une
situation de "risque présumé", se met en route le cycle caractérisé par le parcours : médecin, secrétaire,
cartographe, médecin. Un parcours que l'information, considérée centrale dans le système, trace, et que le
psychologue de la santé guide, du point de vue des procédures. Celui qui le gère, d'un point de vue
opérationnel, à travers les hommes impliqués, en particulier les médecins généralistes, c'est une figure
nouvelle dans l'organisation de la santé, le cartographe. C'est le gestionnaire d'une intervention d'ergonomie
cognitive, contrôlée par le psychologue, visée à la récupération de l'expérience des sujets impliqués, en
particulier les connaissances du client sur son micro-milieu de vie et de travail. La récupération de
l'expérience procédurale des opérateurs impliqués dans l'action-recherche, intéresse aussi.
Le cycle comporte : après le signalement du médecin, qui a donné origine au parcours, l'enquête d'une
secrétaire, qui remplit la fiche individuelle de risques et la fiche du poste de travail ( la seule qui soit déjà
complètement activée parmi les huit fiches environnementales prévues). Pour recueillir les informations
nécessaires, la secrétaire suit une procédure définie et périodiquement vérifiée par le psychologue avec les
opérateurs intéressés. La procédure utilise le modèle des quatre groupes de facteurs nocifs, et les
informations déjà accumulées dans le cadastre des situations à risque du SIC.
La fiche individuelle de risques, informatisée, est composée de quatre aires. La première permet d'identifier
le sujet (le nom est visible seulement pour le médecin traitant) ; une deuxième identifie le poste de travail et
les risques éventuels par l'exposition ; une troisième précise les risques de maladies et les atteintes
éventuellement présentes. Ces trois parties sont rigidement codifiées alors qu'une quatrième partie, appelée
feuille d'accompagnement, contient toutes les informations (non élaborées, selon les codes, dans les autres
aires) sur le sujet et sur les conditions de risques, dont on présume qu'elles puissent être de quelque intérêt.
Le but est celui de faciliter une observation, enregistrée, "ouverte", non définie a priori par la codification.
La fiche du poste de travail représente la base de l'anamnèse environnementale, concrète, utilisable pour
établir un lien éventuel entre atteinte et environnement. Le poste de travail est identifié à travers trois
éléments : le "2x2, le "CQF" et la "spécificité locale". Le "2 mètres par 2 mètres" définit le contexte spatial
concret dans lequel un sujet travaille (il peut y en avoir plus d'un pour le même sujet). Le "CQF" (ce qu'il
fait) est ce que le sujet fait véritablement dans son poste de travail (la tâche connotée de façon adéquate). La
"spécificité locale" identifie si l'activité de travail, le processus, a des caractéristiques spécifiques, en positif
ou en négatif, en ce qui concerne le risque par rapport aux activités de travail du même type.
L'évaluation du risque et/ou de l'atteinte à la santé de l'individu, donc des examens nécessaires, de la
signification des résultats, jusqu'à l'éventuelle déclaration de la maladie professionnelle, est de la
compétence du médecin généraliste. Celui-ci est le même qui a signalé le soupçon de risque et qui le vérifie
sur la base des informations (environnementales, cliniques, et de laboratoire).
Le cartographe construit les archives des postes de travail à risque. Le terme qui le qualifie
professionnellement dérive de son devoir de produire les cartes de risques. Les cartes sont construites par le
bas, par apposition, chaque nouveau cas s'ajoute à ceux déjà connus. Les cartes sont utilisées, avec une
partie du matériau des fiches individuelles, pour la construction d'un panneau communal des risques
composé par : A- une carte topographique de la commune avec notation (on les encercle de rouge) des lieux
à risque ; B- quatre colonnes relatives aux risques prioritaires : 1- liste numérique des personnes à risque
pour chacun des risques prioritaires (estimation) ; 2- une liste numérique des personnes à risque
(connaissance documentée dans le SIC) ; 3- liste numérique des atteints (estimation) ; 4- liste numérique des
atteints (connaissance documentée dans le SIC). Le panneau communal des risques est mis à jour
périodiquement et utilisé par les trois protagonistes du système d'information concret : les citoyens, les
médecins, et le maire. Il représente l'un des deux pôles (l'autre est représenté par les fiches individuelles)
d'un système ergonomique avec une forte possibilité de fonction cybernétique en tant que les informations
rendent possible le contrôle du territoire pour vérifier l'amélioration de la santé vers laquelle tend le système.
2 / Une action recherche d'ergonomie de la santé
L'organisation de la santé comporte l'identification des "acteurs" fondamentaux de l'organisation, actuels
et/ou potentiels, et des interfaces de contact.
Nous avons utilisé un schéma qui permet la confrontation entre des situations différentes. Trois éléments
sont toujours présents, dans le cadre du territoire d'une commune, dans le scénario de l'organisation de la
santé : les citoyens, les médecins généralistes, le maire. Le triangle de base pour le système d'information
concret.
La qualité de citoyen est commune à tous : c'est le sujet qui a le problème de sa propre santé. Tous ont la
qualité de citoyens, les composants du deuxième et du troisième groupe aussi. Le second groupe : les
médecins généralistes, ont une fonction sociale particulière, "évaluer" la santé des citoyens (et agir en
conséquence). Le troisième groupe, représenté emblématiquement par le maire, comprend ceux qui dans la
société ont la fonction de gérer le territoire communal, l'environnement construit, aussi en fonction de la
santé.
L'étude des rapports entre ces acteurs présuppose l'hypothèse qu'il y ait une homogénéité de langage à
l'intérieur de ces trois groupes, et une hétérogénéité entre les groupes. Par conséquent il est d'un intérêt
notable, pour le psychologue, d'étudier les interfaces de communication entre ces groupes. En premier lieu,
pour vérifier lesquels sont seulement potentiels, lesquels sont actuels. En outre, il y a un intérêt à connaître
s'il y a des prévalences dans l'une des deux aires qui s'interfacent, si la perméabilité est valide dans les deux
sens, si dans l'ensemble la perte d'information dans le passage est acceptable. L'état de ces interfaces
détermine et définit l'efficacité des langages procéduraux : structure des dossiers médicaux, procédure
d'interrogation anamnésique et catégories concrètes de support, codes de classification des maladies,
langages de mise en mémoire des éléments de référence. L'ensemble complexe en général confus, souvent
obsolète, parfois inadéquat, des langages de la santé.
Parmi les interfaces possibles, entre les trois groupes, une seule est généralement active : celle entre le
citoyen singulier et le médecin généraliste correspondant. Dans la situation spéciale des deux communes
dans lesquelles nous avons opéré, en France, où les différenciations formelles des services sanitaires
périphériques sont très amples, la société de secours mutuel, qui a permis de faire la recherche, a joué un rôle
fondamental pour définir la dynamique du triangle citoyen-médecin-maire.
Une nouvelle fonction a été activée, celle du cartographe, qui joue la fonction essentielle de gestion
opérationnelle des interfaces. L'importance du langage s'est révélée déterminante pour le partage de
catégories et de stratégies, surtout de procédures ciblées et participatives. Tout le parcours de l'information,
du moment de la naissance du soupçon jusqu'à la connaissance vérifiée du risque PAR (l'agent causal) et de
l'existence du risque DE avéré (maladie, atteinte consécutive au risque PAR), a été reconstruit avec le
personnel paramédical et surtout avec les médecins.
Nous avons étudié tous les côtés du triangle (citoyens, médecins et maire) auxquels correspondent les
interfaces. En particulier celle qui se trouve entre le médecin généraliste et le client a été objet de recherches
sur la base d'une approche définie par nous comme "plan quotidien d'intégration". Nous utilisons le modèle
du plan millérien pour simuler séparément le comportement et du médecin généraliste et du client, pour
l'évaluation des incongruences entre les deux plans, les deux langages et de la perméabilité de l'interface.
L'objectif est la construction du plus petit commun dénominateur d'intégration entre les deux plans de
comportement.
Les trois côtés ont tous été activés, même s'il ont été en mesures diverses. L'activation des interfaces entre
maire et médecins généralistes et entre maire et citoyens, a déterminé la création d'un O.C.S. géré par la
commune (Observatoire Communal de la Santé), qui assure la diffusion des données produites par le
système d'information concret parmi les médecins extérieurs au SIC et parmi les citoyens.
La synthèse de ces données est représentée par le panneau communal des risques, qui de façon mis à jour,
répond aux questions : a) sont les risques prioritaires? b) combien sont les exposés à ces risques? combien
sont les atteints?
Qu'est-ce qu'il donne aux citoyens ? Une représentation organique, accessible à tous, de la situation de la
santé de la population de la commune, ciblée par une série définie de maladies éliminables. Il sert au citoyen
pour avoir un cadre à utiliser pour agir dans la direction d'un changement prévu, pour vérifier la validité de
la prévision et de la proposition d'action.
Qu'est-ce qu'il donne aux médecins généralistes ? Un instrument pour relier leur activité professionnelle à la
recherche médicale, en réalisant une action-recherche, qui les qualifient comme terminaux de la recherche
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