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Des Initiateurs aux Destinataires du Changement
Les principaux courants de recherche portant sur le changement organisationnel se sont
orientés soit vers l’étude du contenu (Gipps, 1993 ; Burke, 1994, Self et al., 2007), soit vers
une compréhension des processus de changement (Webb et Dawson, 1991 ; Van de Ven et
Poole, 1995 ; Self et al., 2007). Les chercheurs s’intéressant au contenu portent leur attention
sur les causes et les conséquences des changements organisationnels tandis que le courant de
recherche portant sur les processus s’intéresse particulièrement aux rôles des managers au
cours du changement dans une perspective longitudinale (Rajagopalan et Spreitzer, 1997). Au
sein de ce second courant, les recherches menées ont majoritairement porté sur l’étude de
changements imposés. Par conséquent, ces dernières ont principalement mis l’accent sur
l’analyse des comportements et des actions entrepris par les initiateurs du changement, à
savoir le top management (Weick et Quinn, 1999 ; Boeker, 1997 ; Osterman, 2008).
Récemment, divers auteurs ont souligné l’importance d’élargir les recherches aux autres
acteurs impliqués dans le processus de changement, tels que les cadres intermédiaires (Huy,
2001, 2002 ; Balogun, 2003, 2006 ; Balogun et Johnson, 2004, 2005 ; Rouleau, 2005 ;
Rouleau et Balogun, 2011). Dans cette perspective, nous proposons une revue de la littérature
des travaux portant sur la façon dont les cadres intermédiaires participent au processus de
changement.
Les Cadres Intermédiaires comme Agents de Changement
Depuis la fin des années 80, plusieurs auteurs ont souligné le rôle que jouent les cadres
intermédiaires dans le processus de changement. Tout d’abord, selon Floyd et Wooldridge
(2000), les cadres intermédiaires peuvent être vus comme des membres clés de la
communauté organisationnelle étant donné qu’ils agissent en tant que médiateurs entre le top
management et le reste de la communauté. Deuxièmement, le contact direct et quotidien que
les cadres intermédiaires ont avec la réalité de l’organisation leur permet de prendre des
décisions davantage adaptées à la situation rencontrée. A cet égard, Dutton et al. (1997)
précisent que ce sont souvent les cadres intermédiaires plutôt que les dirigeants qui ont leurs
mains sur le « pouls de l’organisation ». Troisièmement, les cadres intermédiaires, s’ils sont
impliqués dans le processus de mise en œuvre du changement, seront mieux à même de
l’interpréter lors de son déploiement (Johnson et al., 2003). De cette façon, il n’est plus
question d’uniquement considérer les cadres intermédiaires comme des sources de résistance