LES ANTAGONISTES DES RECEPTEURS AU GLUTAMATE ET LA MALADIE DE PARKINSON Préambule : Le présent texte a été élaboré en partie grâce aux documents obligeamment fournis par le Service Information et Documentation Médicales des laboratoires Rhône-Poulenc Rorer que je tiens à remercier vivement ici. Ce document comprend 4 parties : 1 / Données anatomo-physiologiques sur les Acides Aminés Excitateurs et leurs antagonistes. 2 / Riluzole et Sclérose Latérale Amyotrophique. 3 / Riluzole et maladie de Parkinson . 4 / Analyse critique de ces données, commentaires. Les 3 premières parties de ce texte sont essentiellement une compilation de publications scientifiques sur le sujet, publications papier et/ou Internet. Les références à ces documents sont clairement indiquées dans le texte. La quatrième et dernière partie est plus personnelle et n’engage que son auteur… Fait à Saint-Raphaël le 18 septembre 1998 Claude Mange, médecin retraité, responsable pour le Var de l’Association France Parkinson. e.mail : [email protected] LIAISONS GANGLIONS DE LA BASE – CORTEX CEREBRAL schéma CORTEX CEREBRAL C. Moteur, Prémoteur, Aire motrice supplémentaire Substance Noire Dopamine Dopamine Glutamate + Pars Compacta D2 STRIATUM Message Hypoactif Activité +++ Gaba –- Voie directe Globus Pallidus Externe THALAMUS Gaba - VL - VA Gaba - NOYAU Sous-Thalamique Activite +++ Gaba - Glutamate+ Globus Pallidus Interne -----------------------Subst.noire Pars Reticulata D1 Activité ++++ Mise en évidence de la boucle Vers Tronc cérébral Moelle épinière Cortex – Ganglions de la base – Cortex Et du rôle des voies excitatrices glutamaérgiques. 2 Le STRIATUM reçoit 2 sortes de messages : Ceux venant de tout le Cortex cérébral ( des régions motrices vers le putamen, des régions sensorielles et associatives vers le noyau caudé). Il s’agit de voies glutamaérgiques – donc excitatrices. Ceux venant de la Substance Noire (Pars compacta) C’est à dire des voies dopaminergiques (qui sont déficitaires dans la MP). Nota : l’activité du striatum est déterminée en grande partie par l’équilibre des apports de ces 2 voies, mais cette activité est de toutes façons augmentée puisque la modulation de dopamine est insuffisante et qu’il y a excès d’apport des entrées glutamaérgiques venant du cortex. Le STRIATUM émet par 2 voies de sortie : Il s’agit de 2 voies Gabaérgiques – donc inhibitrices. Voie directe qui relie le Globus Pallidus interne et la Substance Noire pars réticulata. Voie indirecte qui relie le Globus Pallidus externe, lui même relié au Noyau sous thalamique (qui est donc hyperactif) et qui est lui relié au Globus Pallidus interne et la Substance Noire pars réticulata par une voie excitatrice glutamaérgique . En outre le NST déjà hyperactif émet des voies glutamaérgiques –donc excitatrices- vers le GPI/SNR dont l’hyperactivité est encore renforcée . Ainsi le Thalamus est TROP INHIBE par la voie gaba venant du GPI/SNR et le message final thalamo-cortical est hypoactif. Le cortex moteur émet finalement un message inadéquat sur la voie motrice commune, d’où l’akinésie du Parkinson. Donc : Akinésie par hypoactivité du cortex frontal Et par hyperactivité du Noyau sous thalamique et du Globus Pallidus interne. Donc : Rôle très important du NST dans la MP, d’autant qu’il reçoit une voie directe du cortex moteur. Enfin : Rôle très important des voies excitatrices glutamaérgiques dans cette boucle Cortex-ganglions de la base–cortex ! On comprend l’intérêt de substances frénatrices de ces voies glutamaérgiques dans le traitement de la MP…... Première partie : ACIDES AMINES EXCITATEURS Dans le cerveau, la majorité des synapses excitatrices sont glutamaérgiques. Autrement dit, l’anion L.Glutamate et l’anion L.Aspartate sont responsables des principales excitations dans les centres nerveux. 3 L’ensemble ce ces deux molécules est réuni sous le nom d’Acides Aminés Excitateurs (AAE). Ce sont des acides aminés non-essentiels ; c’est à dire qu’ils sont synthétisés par l’organisme. Mais ne franchissant pas la barrière hémato-encéphalique ils sont donc élaborés dans les centres nerveux. Voies Glutamaérgiques : Toutes les régions du néocortex se projettent sur le striatum et le thalamus par des voies glutamaérgiques. L’hippocampe reçoit des voies glut. Dans le cervelet les voies afférentes excitatrices sont médiées par les AAE. Dans les voies auditives, gustatives, olfactives et somesthésiques il y a aussi transmission par les AAE. Récepteurs aux AAE. Différents types de récepteurs sont connus. Les récepteurs ionotropes comprennent le complexe NMDA ( activé par le N.Méthyl D Aspartate) et les « non-NMDA « avec les types AMPA et Kainate. Il existe aussi des récepteurs métabotropes dont la réponse est caractérisée par des oscillations du courant chlore. Le complexe récepteur NMDA (rNMDA) : Le résultat le plus important de l’activation de ce récepteur est une entrée de Calcium. Et cette réponse dépend du voltage utilisé pour l’activation du récepteur. ( On le dit voltage-dépendant ). Certains antagonistes sélectifs du NMDA ne bloquent pas le canal mais l’inhibent seulement : on les dit compétitifs : ainsi la kétanine, la phénylcyclidine, le MK 801 (dizocilpine). Il existerait des sous types de ce récepteur. Récepteurs kainate et AMPA : Ces 2 types sont souvent associés mais ont néanmoins une distribution préférentielle. Ainsi le kainate dans l’hippocampe, le cortex, le striatum. L’AMPA ( alpha-amino 3 hydroxy 5 méthyl 4 isoxazolepropionate) dans les couches externes du cortex, le cervelet. Il existe plusieurs sous-types de récepteurs AMPA. Effets physiologiques de ces récepteurs : Les effets obtenus par l’activation des récepteurs aux AAE sont dus à une entrée de calcium intracellulaire. Certains de ces effets sont nécessaires au bon déroulement des processus de développement et d’apprentissage, d’autres sont au contraire toxiques et entraînent diverses pathologies. Potentialisation à long terme (PLT) : est impliquée surtout dans les récepteurs rNMDA ; serait le support des mécanismes mnésiques au niveau cellulaire... La PLT serait la conséquence d’une augmentation de libération de glutamate au niveau présynatique. Les bloquants des rNMDA (comme AP5 ou PCP ) bloquent la PLT. Ainsi l’AP5 réduit les possibilités d’apprentissage des tâches à discrimination spatiale. On connaît aussi un phénomène inverse à la PLT, la dépression à long terme (DLT). 4 On connaît depuis longtemps déjà les lésions produites par l’administration des AAE et de leurs agonistes, lésions décrites sous le nom d’excitotoxicité. Ainsi l’administration systémique de glutamate entraîne une perte neuronale. Les antagonistes NMDA sont efficaces pour réduire les effets de l’administration de glutamate. Il faut souligner que la libération de glutamate a tendance à s’auto entretenir et même s’amplifier... Ces propriétés toxiques des AAE sont à la base de certains syndromes cliniques lésionnels et sont impliqués dans le vieillissement( Ainsi l’épilepsie, l’ischémie cérébrale, l’hypoglycémie cérébrale, l’anoxie, les encéphalopathies...) Nota : certains cas d’intoxication alimentaire sont en rapport avec les récepteurs aux AAE ; ainsi le lathyrisme (paraplégie astique) dû à une légumineuse contenant un agoniste des rampa, le syndrome de Guam ( Sclérose latérale amyotrophique ) dû à un agoniste des rAMPA et rNMDA... Par ailleurs on pense que les fluctuations du Parkinson seraient en rapport avec une potentialisation des neurones glutamaérgiques du striatum. Ainsi donc la transmission par les acides aminés excitateurs est impliquée dans les processus fondamentaux de la biologie des structures nerveuses. Mais les applications cliniques de ces notions sont compromises par la toxicité des antagonistes NMDA. Documentation : Neurotransmetteurs par JM Meunier et A Shvaloff chez Masson. LES ANTAGONISTES DU GLUTAMATE DANS LA MALADIE DE PARKINSON Traduction libre et interprétative d’un article de Juin 98 paru dans « CNS Drugs « par Alison J Cooper, Camille B Carroll and Ian J Mitchell, University of Birmingham, England . 1 / Rôle du glutamate – Antagonistes des récepteurs NMDA. Les limites du traitement de substitution par la L.Dopa ont enclin à chercher d’autres approches du traitement de la maladie de Parkinson. L’une des plus prometteuses de ces approches alternatives est l’utilisation des antagonistes des récepteurs au glutamate. Et ce en raison des mécanismes physiopathologiques de la MP. Le Striatum, outre les influx dopaminergiques, reçoit de massifs influx glutamaérgiques venant du cortex cérébral( Voir Schéma de la page 1 ).L’activité des neurones dopaminergiques du striatum est déterminée en grande partie par l’équilibre entre ces deux sortes d’influx. L’action de la voie dopaminergique venant de la substance noire est inhibitrice vers les récepteurs D2 : en effet la perte d’innervation dopaminergique dans le striatum fait que ces neurones deviennent anormalement hyperactifs en raison de l’excès d’apport de glutamate. Cet excès de glutamate existe aussi dans les autres structures des ganglions de la base au cours de la MP. L’hyperactivité des neurones striataux induit indirectement une hyperactivité des neurones du noyau sous-thalamique. Ces neurones sont glutamaérgiques et cette hyperactivité dangereuse produit un accroissement d’activité de leurs zones de terminaison, particulièrement le segment médian du globus pallidus et la part reticulata de la substance noire. 5 Il s’ensuit que toute action pharmacologique réduisant la transmission glutamaérgique dans le striatum ou le segment médian du globus pallidus doit réduire les symptomes de la MP. Cette approche du traitement de la MP semble intéressante car elle ne modifie pas directement la transmission dopaminergique et par conséquent devrait éviter les effets secondaires nocifs du traitement par l.dopa. 2 / Utilisation des antiglutamates dans la MP. C’est le récepteur NMDA qui a été le plus étudié dans l’optique d’une amélioration des symptômes de la MP. Ainsi les études chez les rongeurs montrent que l’administration systémique d’un antagoniste non compétitif rnmda, le MK 801 – dizocilpine -, déclenche une importante amélioration de la locomotion bien que l’animal soit très ataxique. Par contre l’antagoniste compétitif rNMDA CPP est inefficace dans le parkinson induit par la réserpine chez les rongeurs. Ainsi et la dizocilpine et le CPP augmentent les effets antiparkinsoniens obtenus avec de faibles doses de L.Dopa ou d’apomorphine. Cette découverte est d’une importance capitale car elle permet de penser qu’il est possible d’ajouter des antiglutamates au traitement classique L.Dopa-Agonistes et ainsi de diminuer leurs doses, donc d’éviter l’apparition des dyskinésies induites par la dopa. Dans le modèle primate, la dizocilpine a peu d’action. Il est possible que les effets positifs des antiglutamates soient masqués par des effets contraires comme la somnolence ou l’ataxie. Par contre les injections intrastriatales de R-HA-966 chez le babouin reproduisent les résultats obtenus chez les rongeurs, c’est à dire une amélioration des signes du Parkinson.Mais ces résultats ne sont obtenus que par injection intrastriatale. Cependant l’administration d’ifenprodil, un antagoniste NMDA associé au site de liaison de la polyamine, à des babouins rendus parkinsoniens, procure une très importante et durable rémission des symptômes parkinsoniens. 3 / Récepteurs non AMDA ( AMDA, Kainate ) : Les antagonistes des autres types de récepteurs au glutamate ont été bien étudiés chez les rongeurs pour leurs propriétés antiparkinsoniennes. Les antagonistes des rAMPA ( NBQX, YM. 90K….) améliorent la locomotion chez les rats hémiparkinsoniens quand on les injecte directement dans le noyau inter pédonculaire (homologue chez le rat du segment médian du globus pallidus ). Les expériences In Vitro ont démontré que la libération du glutamate dans les synapses terminales est modulée par les neurotransmetteurs opioïdes. Ainsi l’administration de l’énadoline (CI 977) aux babouins parkinsoniens améne un renversement limité des symptômes. 4 / Site d’action des antiglutamates : Si toutes les études chez l’animal ont prouvé l’action antiparkinsonienne des antiglutamates, par contre le site d’action de ce composé n’a pu être déterminé. Les structures le plus souvent étudiées ont été le striatum, le segment médian du globus pallidus et la part reticulata de la substance noire, chacune de ces zones pouvant être des sites d’excès de glutamate du cerveau parkinsonien. 6 Cependant l’injection intrastriatale de CPP, antagoniste compétitif du rNMDA, a pu renverser les symptômes parkinsoniens chez le rat. Par ailleurs l’injection d’AP5, antagoniste NMDA, dans le noyau accumbens de la souris en déplétion de monoamine améliore la locomotion alors que l’injection dans le striatum n’est suivie d’aucun effet ; ceci laisse supposer que le site d’action de cet agent est circonscrit à une zone très limitée du striatum. Cependant chez les primates l’injection de RHA966 soit dans le noyau caudé soit dans le putamen, a donné les mêmes résultats sur le plan moteur. L’injection de CPP dans le noyau endopédonculaire ou la part reticulata de la substance noire chez les rongeurs parkinsoniens augmente leur activité locomotrice. De même l’injection intrapallidale de l’acide kinurénique ou de l’antagoniste kinurénate (associé au site glycine du rNMDA) à des singes traités par MPTP, a amené une amélioration de courte durée des symptômes parkinsoniens. Par contre l’AP5 injecté directement dans le striatum de rats déplétifs en monoamine n’a qu’un faible effet sur la locomotion. 5 / Parallèle avec le traitement chirurgical de la MP : Il a donc été démontré que le blocage de discrètes structures intracérébrales pouvait inverser les symptômes du parkinsonien. Ce blocage peut aussi être obtenu par ablation ou stimulation d’un noyau cérébral précis. Ainsi l’ablation d’une partie du segment médian du globus pallidus peut diminuer considérablement la symptomatologie du Parkinson. De même l’ablation ou la stimulation du noyau sous-thalamique amène de remarquables améliorations de la MP. 6 / Effets secondaires des antagonistes du glutamate : De nombreuses données expérimentales de l’action des antiglutamates chez les rongeurs parkinsoniens ont conduit à proposer ces agents en alternative ou en complément de la stratégie thérapeutique de la dopa seule. Mais l’administration de ces agents, et en particulier des antagonistes des rnmda, est associée à une large série de réponses qui font obstacle à leur activité positive antiparkinsonienne. Ces dernières années le rôle très important des rNMDA dans la médiation par PLT (Potentialisation à long terme ) a été mis en évidence. Or la PLT serait un des mécanismes neuronaux du support de la mémoire à court terme : donc l’utilisation des anti rNMDA pourrait entraîner un ralentissement des fonctions d’apprentissage et mnésiques ! Par exemple l’administration de D-CPP chez les rongeurs a montré la baisse de la mémoire spatiale. Par ailleurs les antagonistes des récepteurs NMDA non compétitifs, comme la dizocilpine, peuvent occasionner des effets de dissociation anésthésie/psychisme. Cette dernière propriété pourrait expliquer l’absence de résultats de la dizocilpine chez les primates. 7 / Sous-types de récepteurs NMDA : Il paraît actuellement évident qu’il existe un grand nombre de sous-types de rnmda, chacun ayant un potentiel d’action spécifique et une distribution neuroanatomique propre. On distingue ainsi les NMDA R1 et R2. Le R1 ne dépend que d’un seul gène et semble essentiel pour le glutamate. Le R2 est codé par 4 gènes et a une sensibilité différente pour les agonistes. Ces données laissent espérer que des antagonistes spécifiques de chacun de ces sous-types pourraient avoir une efficacité maximum sur le parkinson sans effets secondaires. Ainsi l’ifenprodil, antagoniste sélectif pour le R2 ( surtout présent dans le striatum), est efficace pour renverser la symptomatologie chez le macaque et ce sans induire de sédation ni d’ataxie. 7 8 / Anti NMDA et neurotoxicité / neuroprotection : Les études toxicologiques ont démontré qu’une excessive neurotransmission de glutamate par le rNMDA peut entraîner la mort neuronale. En conséquence les antagonistes des rNMDA doivent pouvoir protéger les neurones de ce processus. On a ainsi supposé que les cellules dopaminergiques qui meurent dans la MP le font par excès de glutamate. L’effet bénéfique des antiglutamates dans la MP serait d’empêcher les premières anomalies des cellules dopaminergiques en réduisant ainsi les débuts de la neurodégénérescence. La substance noire contient un nombre modéré de récepteurs au glutamate : le mécanisme toxique induit par l’excès de glutamate doit donc y être présent. Ainsi l’administration de MPTP produit des dommages sélectifs dans les cellules dopaminergiques du mésencéphale après transformation de ce composé en MPP, son métabolite toxique. Or cet effet toxique peut être bloqué par les antagonistes des rNMDA. De plus, les lésions du MPP sur les cellules de la substance noire, à côté du blocage mitochondrial conduisant à une déplétion de l‘énergie intracellulaire stockée, qui à son tour augmente la probabilité de dépolarisation membranaire et en conséquence l’incapacité du blocage du magnésium par le canal ionique, font que dans ces circonstances même des taux normaux de glutamate peuvent devenir toxiques pour les neurones ! Ceci laisse penser que les antagonistes des rNMDA pourraient avoir des propriétés toxiques en certains points du cerveau. Par ex. le traitement par dizocilpine entraîne une dégénérescence du cortex retrosplénial. De même certaines observations laissent penser que le phencyclidine, un antagoniste des rnmda, peut aussi entraîner une sorte de mort cellulaire programmée dans certains neurones du striatum. 9 / Manifestations cliniques et perspectives d’avenir : La neurotransmission par les récepteurs NMDA offre une stratégie alternative à la thérapeutique substitutive par la L.Dopa dans la MP. Ainsi la budipine, un nouvel antiparkinsonien qui a fait la preuve de son efficacité, serait un antagoniste non compétitif des rNMDA. De même dextrométhorphan, mémantine et amantadine sont des antagonistes non compétitifs des rNMDA qui auraient une action antiparkinsonienne chez l’homme particulièrement en association avec le traitement dopaminergique. Malheureusement les antagonistes non spécifiques des rNMDA ont de sévères effets adverses. Cependant des agents spécifiques de sous-types de récepteurs, comme l’ifenprodil, pourraient avoir avoir des effets positifs sans ces inconvénients. D’autres produits, comme la buphénine (Nylidrin) et le RO-256981 sont en cours d’expérimentation. Mais, et cela n’a pas été souligné jusqu’à présent, reste le problème des conséquences à long terme du traitement par les antiglutamates. L’utilisation à long terme de la dopa en remplacement est associée à nombre de problèmes sévères comme la baisse d’efficacité, l’apparition de dyskinésies induites par la L.Dopa.. On peut espérer que les avantages cliniques d’un traitement à long terme par les antagonistes des r NMDA amèneront une amélioration des symptômes sans la survenue d’effets adverses. Mais il est aussi possible que l’utilisation à long terme des antiglutamates amène aussi des dyskinésies Il est actuellement prématuré pour conclure à ce propos. ……… CONCLUSION : Les études expérimentales dans les modèles animaux de MP montrent que les antagonistes des récepteurs au glutamate sont capables d’induire une amélioration des symptômes. Cependant ces 8 résultats encourageants doivent être considérés avec précaution car ces effets positifs sont souvent associés à des effets négatifs. La récente découverte de multiples sous-types des récepteurs NMDA, avec leurs différentes expressions à travers le cerveau, peut amener des objectifs thérapeutiques nouveaux. Désormais le développement d'agents très spécifiques de ces sous-types est requis avant que les antiglutamates puissent être utilisés en clinique face à la L.Dopa dans le traitement de la maladie de Parkinson. Deuxième partie : Riluzole ; pharmacodynamique, pharmacocinétique humaine, tolérance : Le riluzole est un benzothiazole de formule 2-amino-6-trifluorométhoxybenzothiazole. Il est insoluble dans l’eau. Vendu sous le nom de Rilutek® , comp pellicules dosées à 50 mg. Aurait une action inhibitrice des processus glutamaérgiques. Il a des effets présynaptiques et post synaptiques : Inactivation des canaux sodiques voltage-dépendants Inhibition de la libération de glutamate Blocage indirect non compétitif des récepteurs des acides aminés excitateurs Activation d’une voie métabolique dépendante des protéines G Profil cinétique indépendant de la dose : Taux max. atteint en 1h à 1h30, ½ vie de 9 à 15 heures, bio disponibilité moyenne 60%, Etat d’équilibre atteint en 5 jours. Elimination par voie rénale. Posologie : 1 comp toutes les 12 heures soit 2 fois par jour (100 mg par jour) Une posologie supérieure n’a porté aucun bénéfice supplémentaire, tout au moins dans la SLA. Contrindications : avant toutes maladies hépatiques ou le taux des transaminases est supérieur de 3 fois la normale avant la mise en route du traitement par riluzole. Effets indésirables : Asthénie, nausées, et augmentation des paramètres biologiques hépatiques (transaminases) le plus souvent transitoire et réversible. Numération formule sanguine à contrôler en cas de fièvre. Riluzole et Sclérose Latérale Amyotrophique : Le Rilutek a obtenu l’Autorisation de Mise sur le Marché pour la seule indication de la Sclérose Latérale Amyotrophique (maladie de Charcot ). Cette affection neurodégénérative d’évolution fatale en 2 ans environ affecte l’ensemble des moto neurones. L’administration de Rilutek dans la SLA à la dose de 100 mg par jour en 2 fois a permis une amélioration statistiquement significative de la survie à 12 mois par rapport au placebo : Survie 74 % dans le groupe Rilutek contre 57,7% dans le groupe placebo. (A 18 mois respectivement 56,8% et 50,4%). Mais il faut noter qu’après 18 mois ces pourcentages ont tendance à se rapprocher dans les 2 groupes. Cet effet ( neuroprotecteur ?) du riluzole dans la SLA n’est pas une simple action « antiglutamate » car des produits interférant avec le métabolisme glutamaérgique comme le dextrométhorphan ou la lamotrigine (Lamictal®) n’ont prouvé aucun effet bénéfique dans la SLA. 9 Troisième partie : RILUZOLE ET PARKINSON : Le riluzole en prévention du Parkinson induit par le MPTP chez les singes : Extrait de European Journal of Pharmacology 284 (Juin 95) A Benazzouz,T Boraud, P Dubèdat, A Boireau , JM Stutzmann, C Gross. Résumé : Des études préliminaires ont montré que le riluzole (classe des benzothiazoles ), une drogue qui intervient dans la neurotransmission du glutamate, a une action neuroprotectrice dans les modèles ronfeurs de l’ischémie cérébrale généralisée ou localisée. Dans cette étude pilote les effets protecteurs et palliatifs du riluzole ont été étudiés chez 2 singes rendus hémiparkinsoniens par une injection intracarotidienne de MPTP et leurs signes moteurs ont été évalués par examen clinique et électromyographique. Quand le riluzole (4 mg par kg) est administré AVANT l’injection de MPTP, les signes moteurs du Parkinson, en particulier la bradykinésie et la rigidité sont absents. Quand il est injecté quotidiennement après stabilisation des symptômes moteurs parkinsoniens, la bradykinésie et la rigidité sont réduites significativement. Le riluzole en pré traitement induit une augmentation significative du métabolisme de la dopamine comparativement au MPTP seul. Il est donc possible qu’il y ait une neuroprotection et une facilitation de la sécrétion de dopa qui expliquerait les effets sur la motricité observés après traitement par riluzole. Ces résultats préliminaires laissent penser que le riluzole pourrait avoir une action neuroprotectrice et palliative dans les modèles primates de MP. ……… Discussion : Cette étude pilote chez 2 singes, sans étude statistique mais uniquement clinique et EMG, amène à penser que le riluzole a un double effet chez les singes rendus park. par le MPTP. Premièrement un effet préventif quand il est injecté AVANT le MPTP : aucun symptôme moteur parkinsonien n’est alors observé. Deuxièmement un effet palliatif. Il est remarquable que le tonus musculaire du triceps soit réduit après traitement par riluzole et qu’il augmente après arrêt du riluzole. Il est donc possible que le riluzole ait un effet myorelaxant non décelable chez l’animal normal. Le MPTP est transformé par la MAO B en MPP, métabolite toxique. Le MPP est synthétisé lors du catabolisme de la dopa et s’accumule dans les terminaisons dopaminergiques où il bloque la respiration cellulaire. Un possible effet protecteur du riluzole peut se faire via la MAO B ou par inhibition du catabolisme de la dopa... ..La dépolarisation membranaire qui résulte d’une cascade d’évènements qui succèdent à une diminution du taux d’ATP tend à réduire le blocage par le magnésium des canaux NMDA et ainsi le glutamate extracellulaire peut devenir toxique … En conclusion : le riluzole possède à la fois un effet neuroprotecteur sur les neurones dopaminergiques et un effet palliatif. 10 Mais ces données n’ont été obtenues que chez 2 singes et confirmation immuno-histo-clinique de ces résultats est nécessaire : d’autres études doivent être rapidement entreprises sur un plus grand nombre d’animaux. Le riluzole réduit les mouvements anormaux…. Palfi,Riche,Brouillet,Guyot,Mary,Wahl,Peschanski,Stutzmann,Hantraye ( in Exp-Neuro juillet 1997) Le riluzole a montré sa capacité d’augmenter la durée de vie chez les patients atteints de Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA). Un certain nombre d’études expérimentales laissent penser que ce composé a aussi une action neuroprotectrice… …. Chez le babouin recevant de l’acide nitropropionique (3NP) à fortes doses et la solution de riluzole pendant 12 semaines, apparaissent des dystonies persistantes de la jambe et une augmentation de l’incidence de 3 catégories de mouvements anormaux et de l’index de dyskinésies au test à l’apomorphine. L’évaluation quantitative de ces déficits a été faite par un système vidéo d’analyse des mouvements qui a montré une baisse significative de l’activité locomotrice chez l’animal traité par 3NP comparé aux contrôles. L’analyse histologique montre la présence de lésions striatales sévères, bilatérales, localisées dans la queue et le putamen. Le traitement concomitent avec le riluzole (4 mg/kg) 2 fois par jour entraîne une réduction significative de l’index des dyskinésies (moins 35%) au test à l’apomorphine. … La comparaison histologique des 2 groupes d’animaux décédés n’a pas montré de net effet neuroprotecteur du riluzole. Cette étude montre que le riluzole a un intérêt potentiel dans les affections neurodégénératives, intérêt qui consiste en une amélioration des symptômes moteurs consécutifs aux lésions striatales. Antagonistes du glutamate dans un modèle animal de MP. Starr and Kaur, Neuroscience-Biobehavioral Revue, Juillet 97 Dans la MP les voies glutamaérgiques des ganglions de la base deviennent hyperactives, ce qui laisse supposer que les antagonistes du glutamate auraient des propriétés antiparkinsoniennes. … La haute affinité pour le NMDA d’agents bloquant l’ouverture des canaux ioniques, comme le MK801, leur procure un haut pouvoir antagoniste avec une activité paradoxale anti-akinétique et fortement myorelaxante. D’autres composés sont mieux tolérés et sont capables d’améliorer l’akinésie et la rigidité musculaire par eux-mêmes : ainsi les aminoadamantanes, les antagonistes des sites polyamine, les agonistes kappa, le riluzole. D’autres ne peuvent rétablir seuls les mouvements (dextrométhorphan, kétamine) mais doivent inter réagir avec la dopa dont ils renforcent l’action (antagonistes compétitifs NMDA et AMPA, lamotrigine 11 ).Ils peuvent médier les réponses dopaminergiques par les récepteurs D1 et D2, ou par un autre mécanisme. Riluzole et ischémie cérébrale de la gerbille. Malgouris, Bardot, Daniel, Pellis, Rataud, Uzan, Blanchard et Laduron In Journal of neuroscience, vol 9, 1989. Les effets neuroprotecteurs du riluzole, un nouvel antiglutamate, ont été démontré dans un modèle d’ischémie cérébrale induite chez la femelle gerbille de Mongolie par une occlusion transitoire des 2 carotides (10’). Le riluzole a été administré juste avant (4 mg/kg), 4 heures après et pendant les 14 jours qui ont suivi l’occlusion des carotides. Les séquelles de cette ischémie étaient mesurées grâce à un test de mémoire (évitement passif) et l’étendue des lésions neuronales estimée par un examen histologique et une autoradiographie quantitative des récepteurs muscari niques de l’hippocampe. La performance au test de mémoire de la gerbille ischémiée était d’environ la moitié des animauxcontrôle. Ce déficit de mémoire est totalement inversé chez les animaux traités par le rillettes. Cet effet protecteur du riluzole a été confirmé par les études histologiques et auto radiographiques. La dégénérescence neuronale des cellules pyramidales CA1 de l’hippocampe observée dans le groupe ischémique n’a pas été retrouvée chez les animaux traités par le riluzole, qui étaient similaires au groupe contrôle. Cette dégénérescence neuronale de l’aire CA1 a été confirmée par une mesure quantitative des récepteurs muscariniques : la liaison était abaissée d’un tiers dans le lacunosum moléculaire, la couche oriens et la couche radiale. Par contre, chez les gerbilles traitées par riluzole, cette baisse était réduite de 50 %. Finalement, une nette corrélation a été trouvée entre le déficit au test de mémoire et la baisse des récepteurs muscariniques liés à l’aire CA1. Ces résultats sont compatibles avec l’idée que l’acide glutamique doit être impliqué dans la dégénérescence neuronale de l’hippocampe secondaire à l’ischémie et qu’il est possible de la prévenir. Effets neuroprotecteurs du riluzole dans un modèle de MP chez le rat. Barnéoud, Mazadier, Miquet, Parmentier, Dudebat, Doble, Boireau In Neuroscience Oct 96. Le but de cette étude est de voir si le riluzole, un composé qui interréagit avec le canal sodique voltage-dépendant de la transmission glutamaérgique, peut démontrer une activité neuroprotectrice dans un modèle de MP chez le rat. Le riluzole était administré 15’ avant et 24 h après la lésion. Le riluzole réduit toutes les rotations controlatérales induites par l’apomorphine et les seules ipsilatérales obtenues avec l’amphétamine. Cependant, le métabolisme dopaminergique décroissant que l’on observe après injection de 6hydroxydopamine est réduit chez les animaux traités par riluzole, tant dans le striatum que dans le locus niger. Ces résultats biochimiques et comportementaux démontrent la capacité du riluzole de prévenir partiellement la dégénérescence des neurones nigro-striataux induite par la 6-hydroxydopa. 12 Sans doute que la plus impressionnante des preuves de l’effet protecteur du riluzole est l’amélioration de l’habileté manuelle, un comportement sensori-moteur complexe qui n’est pas facilement amélioré par la thérapie palliative (dopa thérapie ). Ces résultats confirment les données précédentes qui ont montré que le riluzole s’oppose à la toxicité du MPTP et du MPP sur les neurones dopaminergiques des rongeurs ; L’utilisation du riluzole semble présenter un grand intérêt dans la thérapie neuroprotectrice du Parkinson. Neurotoxicité, méthamphétamine et dopamine : Boireau, Bordier, Dubedat et Doble In Neuroscience Juillet 95 Les effets du riluzole et de la lamotrigine, 2 agents qui interfèrent avec la libération du glutamate, et du MK-801, un bloquant des récepteurs NMDA, sont comparés dans un modèle de déplétion en dopamine induite par la méthamphétamine chez les souris. ( Les injections de méthamphétamine entraînent une nette diminution des taux de dopamine, DOPAC et HVA). Si les souris sont traitées par riluzole, aucune protection n’est observée à part la baisse de la dopa et de ses 2 métabolites. Le traitement par le MK-801 antagonise la baisse des taux de dopamine, Dopac et HVA induite par le toxique. Ainsi à la différence des bloquants du NMDA, les drogues qui interviennent dans la libération du glutamate n’antagonisent pas la neurotoxicité de la dopa induite par la méthamphétamine chez la souris. Les conséquences de cette inactivité sont à discuter quant à la sûreté de ce modèle pour tester de nouvelles drogues ayant une éventuelle efficacité comme traitement de la MP. Récepteurs aux AAE et neurodégénérescence : Doble, in Thérapie, Juillet/Août 95 Cet article décrit les récentes avancées dans la compréhension de la pharmacologie des récepteurs aux AAE et les applications de ces connaissances dans les mécanismes étiologiques des maladies neurodégénératives et de leur traitement. Les récepteurs ionotropes des AAE peuvent être classés en 2 grandes familles, la famille des rNMDA et la famille des r.AMPA / Kainates. Les études par clonage ont montré qu’il existe un grand nombre de sous-types des récepteurs de cette famille. Des antagonistes ont été développés pour le rNMDA qui peuvent interagir avec au moins 4 sites différents de reconnaissance des drogues sur les récepteurs. Pour les rAMPA / Kainates, 2 classes d’antagonistes ont été identifiées. On peut raisonnablement penser que des antagonistes sélectifs existent actuellement virtuellement sur tous ces sites, des composés inhibant la libération présynaptique d’acide glutamique ayant déjà été identifiés, tel le riluzole. La capacité de l’acide glutamique de tuer les neurones (Excito-toxicité) semble être médiée dans beaucoup de cas par une interaction avec les rNMDA conduisant à une hausse incontrôlable des concentrations de Ca intracellulaire et par conséquent à la lyse des cellules et à leur mort. La mise en route des circuits glutamaérgiques semble être le processus clef dans le maintien, l’extension et l’amplification des foyers neurodégénératifs. L’existence de tels processus a été largement démontrée dans les modèles animaux de congestion cérébrale, dans lesquels les antagonistes des rNMDA et rAMPA / Kainates ont des effets neuroprotecteurs. 13 Des essais cliniques sont en cours avec des antagonistes rNMDA dans la congestion cérébrale. Ainsi les mécanismes excitateurs contribuent probablement à la pathologie des traumas cérébraux et des encéphalopathies virales. L’ingestion d’AAE doit jouer un rôle dans certaines affections cérébrales d’origine alimentaire comme le lathyrisme et l’intoxication par l’acide domoïque. Dans les maladies neurodégénératives chroniques le rôle des AAE est moins clair, sauf pour la SLA où les mécanismes excitotoxiques sont plus évidents. La preuve des modèles animaux laisse penser que les médicaments qui bloquent la neurotransmission glutamaérgique doivent être bénéfiques dans la MP, la maladie d’Huntington et la SLA, mais la transposition du modèle animal à la pathologie humaine est hasardeuse. Cependant les résultats cliniques préliminaires suggèrent que le riluzole est efficace dans l’allongement de l’espérance de la survie dans la SLA et que très certainement les antagonistes des récepteurs NMDA seront couramment utilisés dans la MP. Ces quelques prochaines années, on devrait assister à une percée dans le traitement des maladies où ces composés interfèrent avec la transmission glutamaérgiques. Riluzole et Parkinson expérimental : Boireau, Miquet, Dubédat, Meunier et Doble In Neuroreport, Oct 94 Une perfusion du striatum du rat avec 100 microM de MPP entraîne une augmentation de libération de dopamine et une baisse des taux extracellulaires de DOPAC et HVA. Un traitement préalable avec riluzole antagonise partiellement les effets du MPP sur la libération de dopamine mais ne modifie pas les effets de ce toxique sur les flux de Dopac et HVA. In vitro le riluzole n’affecte pas l’augmentation de libération de dopamine induite par le MPP. In vivo l’efficacité du riluzole sur la libération de dopamine induite par le MPP est peut être dûe à une interférence avec la transmission glutamaérgique. Nos données indiquent un rôle protecteur du riluzole au regard de la libération de Dopa, un marqueur des altérations neuronales induites par le MPP, neurotoxine pré parkinsonienne. Riluzole et libération de dopamine : INSERM U 408 Hop Bichat Paris Nov 97 La dopamine est libérée en grande quantité au cours de l’ischémie cérébrale et peut aggraver les lésions tissulaires. Le riluzole est un agent qui diminue la neurotransmission par le glutamate dans le système nerveux central et ainsi peut protéger des dégâts ischémiques dans certains modèles animaux. Comme le glutamate stimule la libération de dopamine dans le striatum, les auteurs font l’hypothèse que le riluzole peut antagoniser la libération de dopamine dans cette structure. L’essai consiste en une perfusion de 3HDA en suspension dans un liquide cérébrospinal artificiel et de mesurer la radioactivité obtenue après 22’, d’abord en l’absence de tout traitement (libération spontanée 8’ ) puis en présence d’agents dépolarisants mélangés au riluzole (5’) et finalement sans aucune stimulation pharmacologique ( 9’ ). Les agents dépolarisants suivants ont été testés : KCl, vératridine, NMDA, Kainate et nicotine. Résultats : Tous ces agents dépolarisants ont eu un résultat significatif : augmentation de la 3hda.Le riluzole a montré une diminution significative de libération induite par la vératridine, proportionnelle aux concentrations. A l’inverse il n’affecte pas la libération obtenue par le KCl ou la nicotine. 14 En conclusion, le riluzole produit un puissant blocage de la libération de dopamine par l’intermédiaire de l’activation des canaux sodiques pré synaptiques, les récepteurs NMDA et kainate. La baisse de transmission de glutamate parallèle au blocage de la libération de dopamine peut, in vivo, contribuer à l’action de cet agent. Quatrième partie : ANALYSE CRITIQUE DE CES DONNEES ; COMMENTAIRES. Les données anatomophysiologiques mettent en évidence l’importance des liaisons glutamaérgiques dans la transmission des influx des ganglions de la base , et , par conséquent l’importance de ces liaisons dans la physiopathologie de la maladie de Parkinson. Et effectivement on retrouve leur rôle au travers de celui des divers composés étudiés qui interviennent dans la transmission glutamaérgique. Certaines de ces données expérimentales ou cliniques sont sûres, d’autres relèvent encore d’hypothèses... Tout d’abord, les antagonistes des récepteurs glutamaérgiques mettent en évidence divers types et sous-types de ces récepteurs et une répartition intracérébrale encore mal connue. De même les études effectuées le sont souvent au niveau cellulaire ou synaptique sans avoir toujours une vue d’ensemble sur les voies elle mêmes et les conséquences de ces modifications cellulaires à ce niveau plus global …….Du chemin reste encore à accomplir avant une vue claire et globale de la réalité. Il en reste néanmoins que le blocage des récepteurs au glutamate est possible par certains composés, mais qui ne sont pas toujours dénués de méfaits... Il est évident que la découverte ou la mise au point de composés spécifiques de sous-types de récepteurs devrait être source de considérables. En attendant, les seuls composés ayant une activité antiglutamate actuellement disponibles en pharmacie sont la lamotrigine et le riluzole. Le fabricant du Lamictal® reconnaît le peu d’action de ce produit dans la maladie de Parkinson. En ce qui concerne le riluzole, ses possibilités théoriques qui découlent de certaines études citées ci dessus devraient en faire un médicament efficace sinon indispensable dans le traitement du Parkinson. En effet et en premier lieu, de par son action, ce composé devrait être d’une grande utilité comme traitement de première intention de la MP débutante, avant toute dopa thérapie substitutive dont il devrait retarder longuement l’utilisation. Il devrait en outre, au moins théoriquement, avoir une action frénatrice sur l’évolution de la maladie : en diminuant la toxicité de l’excès de dopamine il devrait ralentir et contrarier les effets sur la lyse des neurones dopaminergiques et leur mort. Et ce, même en dehors de tout effet neuroprotecteur vrai, qui, malgré les affirmations du fabriquant n’ont jamais fait leur preuve, même dans la SLA... A ce propos, l’augmentation confirmée par les analyses statistiques, de l’espérance de vie dans la SLA, ne semble pas dûe à un effet neuroprotecteur du riluzole car si l’espérance de vie est allongée sous 15 riluzole dans les 18 premiers mois, elle reste totalement inchangée après ces 18 mois, les 2 courbes se rejoignant inéluctablement, alors qu’un décalage devrait persister. Il semble que les effets du riluzole soient dûs à une diminution de l’inhibition du thalamus, donc à une meilleure qualité du message transmis par lui vers les aires frontales, préfrontales et surtout vers l’aire motrice supplémentaire. En effet son utilisation au stade des complications tardives dans une MP évoluant depuis une vingtaine d’années s’est traduite par une remarquable amélioration de l’attention et de l’initiation des phénomènes idéomoteurs, avec reprise d’une élocution efficace, d’une écriture lisible et la disparition presque complète de tous mouvements anormaux. En ce qui concerne l’attention, la parole et l’écriture, il semble que l’effet du riluzole s’épuise au bout de 8 à 10 mois. ( Rappelons que ce phénomène d’épuisement du produit a été constaté lors de son utilisation dans la SLA...). En ce qui concerne par contre l’action du riluzole sur les mouvements anormaux, cet effet perdure après 15 mois d’utilisation chez une parkinsonienne. A ce sujet la mise au point d’un composé spécifique de certain sous-type de récepteurs au glutamate devrait permettre une action particulière sur les voies de sortie du noyau sous thalamique et avoir le même effet que la stimulation de ce noyau par voie chirurgicale … Des essais multicentriques de traitement de la MP par le riluzole sont en cours. Espérons qu’ils viendront confirmer les études précitées et les espoirs mis dans l’utilisation des antiglutamates dans le traitement de la maladie de Parkinson. ….en attendant de connaître l’étiologie certaine de cette affection neurodégénérative. 16