Etude des grands courants philosophiques : Socrate vie de Socrate Date et lieu de naissance : Socrate naquit à Athènes vers 470 avant notre ère. Profession des parents : Socrate n’était pas un prince, mais il appartenait à la classe moyenne aisée d’Athènes. Socrate était le fils d’un sculpteur et d’une sage-femme. Toute sa vie, il vécut dans le plus total dénuement, n’ayant besoin pour lui-même d’aucune sorte de « choses » (ni vêtements, ni aliments, ni boissons). Caractéristiques physiques : Chaque trait de Socrate est largement détaillé dans les écrits. Il était fort laid : chauve, le nez épaté, il ressemblait à un satyre ; ce visage scandalisait les Athéniens pour lesquels la beauté physique était le symbole de la beauté morale. Sa tenue vestimentaire était plus que simple et il portait rarement des chaussures... La laideur de Socrate n’était-elle pas en définitive qu’un masque cachant une beauté intérieure incomparable ? C’est ce que disait Alcibiade, le jeune homme éperdu d’amour pour le philosophe. Education reçue : On peut supposer que Socrate reçut l’éducation classique que la loi exigeait des petits Athéniens de sa classe sociale : des cours de gymnastique, de musique, de géométrie, d’agriculture, et, bien sûr, l’étude des grands poètes comme Homère, Esope ou Hésiode. On ne sait rien de plus de son enfance ni de sa jeunesse, pas plus que de ses premières années de maturité. Dans les récits que lui ont consacrés ses disciples, il n’est fait aucune allusion à son éducation. Surnom : le philosophe de la rue Le message socratique Citation(s) culte(s) : Le « Connais-toi toi-même » est une réflexion sur soi-même afin de connaître ses défauts et ses qualités, et pour mieux raisonner et réagir sur le monde qui nous entoure. Socrate pousse les gens à mieux se connaître soi-même à l’aide de l’interrogation. «Ma mère accouchait les femmes, moi, j’accouche les esprits » : l'art d'accoucher les esprits, par allusion au métier de sa mère, qui était sage-femme. C'était l'idée que l'esprit humain découvre par lui-même ce qu'il peut et doit savoir, pour peu qu'on sache le conduire et le stimuler. « Je ne sais qu’une chose c’est que je ne sais rien » : Socrate ne sait qu’une chose, à savoir qu’il ne sait rien du tout. Socrate était une personne humble et qui avait de la sagesse. Au plus qu’il avait acquis de connaissances, au plus il se rendait compte qu’il ne savait rien par rapport au monde qui l’entoure. Il était toujours en quête de la vérité. A qui fait-il passer ses idées ? Questionner les sophistes pour les convaincre de leurs erreurs et confondre leur arrogance ; les jeunes gens présomptueux pour leur ouvrir le chemin du vrai ; questionner les grands et les petits, les jeunes et les vieux, les chefs de l'Etat et les maçons, tantôt Périclès, tantôt un boutiquier … il faisait passer ses idées à tout le monde. Comment fait-il passer ses idées ? Il faisait semblant de n'en savoir pas plus long, sur toute question, que le plus ignorant des hommes ; et il détournait, par un jeu malin, de trouver lui-même, par une série de raisonnements présentés sous forme de questions, la vérité cherchée. Socrate est le plus grand questionneur qui n’ait jamais existé. Où fait-il passer ses idées ? Il questionnait tous ceux qu'il rencontrait, soit au gymnase qu’il fréquentait beaucoup, soit dans les rues et sur l'agora. Ses méthodes, ses idées : - - Socrate a eu le génie de l'interrogation. Questionner tous ceux qu'il rencontrait pour forcer chacun à voir clair dans ses idées. Avec Socrate, la conversation est devenue un art ; le dialogue, une méthode. Il s'adressait à son interlocuteur en le priant d'exposer ses idées, le harcelait de ses interrogations subtiles et un peu excessives, le conduisait habilement à reconnaître une vérité, la solution d'une question. Ou bien il le laissait s'égarer dans une fausse voie, pour lui faire découvrir ainsi son erreur et rire doucement de sa confusion. Il voulait combattre l'erreur, réfuter les opinions faussées. Il avait recours alors à ce qu'on a appelé l’ironie socratique. Les interrogations de Socrate avaient toujours un tour moqueur sans en avoir l'air, d'où le sens qu'a pris chez nous le mot « ironique ». Il posait une question, comme quelqu'un qui aurait envie simplement de s'instruire ; si on lui répondait par l'affirmation d'une erreur, il ne protestait pas ; puis, par des questions adroites, il l'obligeait à développer son opinion, et l'amenait malicieusement à des conséquences si absurdes, si contradictoires, que l'interlocuteur finissait par s'embrouiller dans ses conclusions et par confesser son erreur. La maïeutique La maïeutique ou l'art d'accoucher les esprits, par allusion au métier de sa mère, qui était sage-femme. C’était l'idée que l'esprit humain découvre par lui-même ce qu'il peut et doit savoir, pour peu qu'on sache le conduire et le stimuler. Dans cette pensée, Socrate faisait appel à la spontanéité de son auditeur, à son initiative, et l'acheminait doucement, par petites transitions, à l'opinion qu'il voulait lui faire admettre. Il amenait les gens à penser avec bon sens sur les vérités psychologiques, morales et religieuses. La réminiscence La réminiscence est, dans la pensée de Platon, le ressouvenir par l'âme de connaissances qu'elle a acquises en dehors de son séjour dans un corps et qu'elle a perdu lors de sa réincorporation. L'acquisition de la connaissance doit alors débuter par une re-connaissance. Cette théorie sert tout à la fois à démontrer l'immortalité de l'âme et l'existence de réalités intelligibles. Le daïmon Dans ses dialogues, Platon montre un Socrate qui entend une voix en lui-même, la voix de la conscience morale qui apparaît liée aux crises de paralysie. Le bon génie de Socrate apparaît comme la voix qui lui disait ce qu’il ne devait pas faire. Le démon de Socrate a donc la même fonction vis-à-vis de Socrate que Socrate lui-même vis-à-vis de ses interlocuteurs. Philosophes héritiers de Socrate : Les écoles socratiques On distingue les grands socratiques d’une part et les petits socratiques. Parmi les grands socratiques, on distingue d’une part Platon, qui fonde l’Académie, et d’autre part Aristote, ancien élève de Platon mais qui ne connut pas Socrate, qui fonde le Lycée. Si Platon a été avant tout le philosophe des Idées, Aristote et les péripatéticiens se sont attachés au contraire à constituer une science des choses physiques. Parmi les petits socratiques, on trouve les Mégariques qui reprennent la dialectique de Socrate, les Cyrénaïques qui reprennent son idéal moral et les Cyniques qui reprennent son sens pratique. Les Mégariques retiendront du socratisme le doute qui était toujours chez Socrate l’expression d’un scrupule (il n’était jamais content de ses réponses ; il se remettait constamment en question). De Socrate, ils ont conservé en le rendant plus dur le sens critique et l'extrême scrupule. Au début du IIIème siècle, cette école trouvera un prolongement dans le scepticisme de Pyrrhon. Socrate prêchait la mesure et le contrôle des passions : pour les cyniques, la mesure et la vertu consistaient surtout à faire autant que possible abstraction de ses besoins. Ce n’est qu’ainsi qu’on atteint la véritable liberté. L’école cynique trouvera un prolongement, au début du IIIème siècle, dans le stoïcisme de Zénon de Cittium. Les Cyrénaïques retiennent du « connais-toi toi-même » : se connaître soi-même c’est, pour eux, définir le plaisir et le rechercher. L’école cyrénaïque trouvera un prolongement, au IIIème siècle, dans la philosophie d’Epicure. Etienne Gilson, un philosophe français, appelle un « socratisme chrétien ». Le connaistoi toi-même peut se remplacer par la connaissance de soi qui est subordonnée à une doctrine du salut. C’est parce que l’homme a été fait à l’image de Dieu que la connaissance de soi est ouverture sur le mystère de la divinité. Socrate et les sophistes Différences entre Socrate et les sophistes : Noms de sophistes connus : En plus des hommes politiques, Socrate s’est vite mis à dos les penseurs « sophistes ». Les Sophistes (dont les principaux sont Protagoras, Gorgias, Hippias, Prodicos) étaient des rhéteurs, des beaux parleurs, et se flattaient d’enseigner l’art de la parole et de la persuasion aux jeunes gens, en échange d’argent. Ils prétendaient être, à la différence de Socrate, savants en toutes choses. Cependant, Socrate mettait l’accent sur le dialogue et la pratique, et non sur le monologue et la théorie. De plus, il ne fit aucunement payer ses leçons à quelques jeunes gens (dont Platon). Il considérait qu’il n’en donnait pas, puisqu’il pensait ne rien savoir. Platon et Aristote déclarèrent plus tard une guerre sans merci aux Sophistes. La fin de la sophistique était de faire des hommes capables de bien parler et de bien agir, capables de gérer les affaires publiques et les affaires domestiques. L’idée que se faisaient les sophistes de l’instruction était ainsi de cultiver en l’homme des facultés universelles. Cependant, au contraire des sophistes, les recherches de Socrate ne portaient que sur des questions qui traitaient de la nature de l'homme, de sa destinée, de ses relations avec la divinité. Mort de Socrate Quand ? Comment ? Pourquoi ? En avril 399 av. J.-C., Socrate se vit accuser par Mélétos, ainsi que deux de ses amis (Lycon et Anytos), de deux crimes, découpés en trois chefs d'accusation : 1. «ne pas reconnaître les dieux que reconnaît la cité» ; 2. introduire « des divinités nouvelles » ; 3. «corrompre les jeunes gens». Socrate ne cesse d’admettre qu’il croit en l’existence des dieux. Il n’introduit pas non plus de nouvelles divinités. Il admet toutefois qu’une divinité, qu’il appelle son « daimonion », lui parle, lui dicte ce qu’il doit faire. La philosophie que pratique Socrate est celle de l’examen critique afin de s’améliorer sur le plan moral. Les sophistes n’ont pas ce souci. Socrate se défendit avec conviction, démonta son accusation, mais le tribunal athénien, agacé par son assurance, le condamna à mort. Les disciples de Socrate l'encouragent à fuir[15], et les citoyens s'attendent à ce qu'il agissent ainsi ; mais il refuse en raison de ses principes. Montrant son accord avec sa philosophie d'obéissance à la loi, il va vers sa propre exécution, en buvant la cigüe, poison qui lui est fourni. Il meurt à 70 ans en 399 av. J.-C. En réalité, le procès de Socrate c’est le procès fait à la pensée qui recherche, en dehors de la médiocrité quotidienne, les problèmes véritables. Socrate, en harcelant les Athéniens comme un taon, les empêchaient de dormir et de se reposer dans les solutions morales, sociales, toutes faites ; Socrate était celui qui, en nous étonnant, nous interdisait de penser selon des habitudes acquises. Socrate ne pouvait être que l’ennemi de la Cité. Période d’influence de Socrate : - Le Moyen Age n’eut pour Socrate, héros païen, qu’un intérêt limité ; même si l’on trouve chez certains pères de l’Eglise un éloge de sagesse, et chez Saint Augustin la première expression d’un Socrate qui aurait pressenti l’existence du seul vrai Dieu. - A la Renaissance, Socrate devient l’image d’un esprit libre, victime de l’intolérance, et d’abord de l’intolérance religieuse. - Au XVIIème siècle, Pascal remarque dans les Pensées de Montaigne, qui est trop religieux à son goût, qu’il faut se connaître soi-même : même si cela ne sert pas à trouver la vérité, cela sert au moins à régler sa vie. - Au XVIIIème siècle, au siècle des Lumières, Socrate devient le héros du combat de l’intolérance de l’Eglise parmi les philosophes de l’Encyclopédie. Tour à tour, Voltaire, Diderot, Rousseau se voudront de nouveaux Socrate face à la persécution, même si l’image qu’ils donnent du philosophe athénien est parfois déformée pour les besoins de la cause. - Au XIXème siècle, Hegel voit en Jésus et Socrate des « martyres de la vérité » que beaucoup d’aspects rapprochent, même si l’un appartient au registre humain, l’autre au registre humano-divin. Kierkegaard voit en eux deux individus absolus (entiers) et seuls. Nietzsche, tantôt il confère à Socrate le statut de membre de la « République des génies », tantôt il le nomme « le premier philosophe de la décadence ». Comment connais-t-on Socrate ? Grâce à quel écrit ? Toute l’histoire de la philosophie grecque est traditionnellement organisée autour de son nom. Mais nous ne connaissons Socrate, qui n’a rien écrit, que par les témoignages, publiés après sa mort, de ses auditeurs, Xénophon dans l’ « Apologie de Socrate » et les « Mémorables », et surtout Platon dont l’œuvre est censée refléter l’enseignement du maître. Quant à la caricature que, de son vivant, Aristophane donna de lui dans « Les Nuées » (4223 av. J.-C.), elle permet de mieux comprendre les raisons d’une méfiance qui devait entraîner sa condamnation.