Thérèse Raquin : séance 1 : entrer par le décor Emile Zola, Thérèse Raquin (1867) Lecture du premier chapitre Aspect documentaire : repérez le temps utilisé jusque la page 49 . Le présent de vérité générale Glissement dans la fiction : repérez le moment où on glisse dans la fiction en observant un changement de temps (p.49) La fiction prend place dans un lieu qu’on peut identifier géographiquement : effet de réel : si la fiction prend place dans un lieu réel, on a l’illusion qu’il s’agit d’une histoire vraie… Cf Thérèse Raquin en italique (p.49) : appartient à la fois au décor : nom –sans doute fictif- d’une Mercerie (à la réalité) et à la fiction : personnage fictif et titre du roman. La première apparition des personnages est visuelle : elle est celle de « figures » noyées dans un décor/ point de vue externe : celui du promeneur parisien. Quel point de vue ? Justifiez. Pas de nom des personnages / âge approximatif/ portrait physique A la relecture, on reconnaît les personnages. C’est la topographie des lieux qui est décrit avant les personnages qui s’inscrivent dans ce décor, leur mode de vie semble dicté par les lieux et leur occupation. →premier aspect naturaliste : influence du milieu / de l’environnement qui détermine les individus et leur comportement. D’où l’ordre : description du cadre spatial puis portrait des individus inscrits dans ce décor (semblent s’y fondre). Exemple : deux derniers paragraphes de la page 50 : les portraits de Mme Raquin, de TR et de Camille qui s’inscrivent dans le cadre précédemment décrit et qui semblent en être l’émanation. Il sont des meubles parmi les meubles et ce qu’ils sont semblent être le produit du lieu qu’ils occupent : ils sont statiques, immobiles comme les meubles/ l’immeuble! En témoignent les verbes « sommeillant » et « assis » qui expriment l’immobilité. De même, le lieu/milieu semble déterminer leur comportement : c’est parce que l’architecture du lieu est ce qu’il est (les appartements privés se trouvent dans le même immeuble que la petite mercerie) que les personnages qui l’occupent ont une vie monotone et routinière : Mme Raquin et TR ne sont pas amenés à sortir de cet univers sinistre et clos. En témoigne cette évocation en une phrase de la pauvreté de leur activité/inactivité : « On fermait la boutique, et toute la famille montait se coucher. ». Le lieu dicte les comportements : la contiguïté entre les chambre et la boutique fait qu’il n’y a rien d’autre à faire que de se coucher après le travail. De même, on pourrait dire que TR aura un amant parce que « la chambre avait une seconde porte donnant sur un escalier qui débouchait sur le passage par une allée obscure et étroite ». Le lieu permet l’adultère. Le lieu conditionne donc les comportements. Cette composition du chapitre I qui décrit les lieux avant d’ébaucher un portrait des personnages correspond donc à une vision de monde et à une étude sociale qui emprunte aux sciences humaines (sociologie) selon laquelle le milieu (l’environnement) détermine en partie les comportements. C’est le déterminisme social qui est ici observé. Bilan : Aspect réaliste : l’effet de réel créé par le fait que la fiction vient se greffer sur un lieu réel identifiable avec endroit de la greffe = Thérèse Raquin (à la fois nom d’une mercerie comme il a pu y en avoir dans le « Passage du Pont-Neuf » (p.48) et nom fictionnel d’un roman et d’un personnage). Réalisme = illusionnisme : on veut faire croire au lecteur que la fiction raconte une histoire vraie. Aspect naturaliste : le roman naturalisme met en évidence le déterminisme social et l’influence du milieu sur l’individu. Document complémentaire, séance 1 Quelle partie du texte cette photo évoque-t-elle selon vous ? Photographie d’Antoine Duquennoy Vieux-Lille 1975 – Editions de l’étagère, 2005 Séance 2 : La double influence de la nature et de l’éducation sur la formation de l’individu Double portrait : celui de p. Camille et celui de Thérèse 52-55 Qu’ont-ils de commun et qu’est-ce qui les oppose ? D’où viennent leurs différences ? Ils ont en commun d’avoir subi la même éducation et comme différence d’avoir des natures différentes (différences génétiques). Activité : - Repérez dans le texte ce qui relève de la nature (inné) et ce qui relève de l’éducation (l’acquis). - Reçoivent-ils, Thérèse et Camille, la même éducation ? Quels points communs en résultent ? - Qu’est-ce qui les distingue alors ? La nature / révélée chez TR par le changement de milieu : l’espace vert (la nature) révèle sa propre nature qui était endormie par l’éducation reçue. Elle garde en elle une double personnalité : apparence calme et tranquille (due à son éducation) et intérieur nerveux dû à sa nature / naissance : Cf mère indigène (née à Oran) donc méditerranéenne d’où elle tiendrait ce caractère nerveux (idée contestée aujourd’hui car raciste). Camille a reçu une éducation adaptée à sa nature : « malingre » (constitution faible et santé fragile) ; TR a reçu la même éducation que Camille mais en opposition avec sa nature. Résultat : elle est double, ambivalence de sa personnalité : calme (de part son éducation) et nerveuse (de par sa nature). Monstruosité : cf composition du monstre dans ma mythologie (Minotaure : corps d’homme/ tête de taureau : le monstre est le fruit d’un mélange). Minotaure, copie d'une statue de Myron, Musée national archéologique d'Athènes Conclusion : en observateur scientifique (comme un naturiste observerait le comportement animal), Zola observe dans la formation de l’individu la double influence conjuguée de la nature et de la culture (l’éducation). Le milieu ici exerce aussi son influence : il révèle la nature de chacun.