La III° république (IV) Certains estiment que la III° République ne se

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La III° république (IV)
Certains estiment que la III° République ne se termine que le 10 janvier 1947 et
l’élection de Vincent Auriol.
La III° République a plusieurs mérites : sa durée, la démocratie, traverser la Grande
Guerre, faire voter la loi de séparation des Eglises et de l’Etat (1905).
Le premier gouvernement socialiste est de René Viviani en 1914.
Mais cette République est indéniablement parlementariste, et connaît donc une forte
instabilité gouvernementale. Elle est marquée par l’anticléricalisme.
A) L’ordre moral (1870-1879)
I « L’Année terrible »
La III° République nait dans la douleur, comme le décrit Victor Hugo.
La France touche le fond. Le 4 septembre, après la proclamation de la République par
Gambetta, on met en place un gouvernement : le gouvernement de la Défense Nationale,
présidé par le général Trochu, à qui on confie la tâche de maitriser la capitale. En
octobre, l’armée de Bazaine capitule avec l’équivalent de 100 régiments à Metz. Metz
annonce Paris : Gambetta constate que les Prussiens ont très bien lu la carte de France :
pour vaincre la France, il suffit de prendre la capitale, assiégée dès octobre.
Léon Gambetta, à 32 ans, s’échappe en ballon de Paris. En tant que ministre de
l’Intérieur, il crée une annexe du gouvernement provisoire à Tours. Trochu est à Paris
avec 300 000 hommes peu disciplinés, mal équipés.
Gambetta a un impératif : il doit tout faire pour libérer Paris, affamée. Gambetta
regroupe successivement 600 000 mais attaque de façon séparée. Arrivant de
Normandie, Chanzi prend Orléans, marche sur Paris, mais son armée, affaiblie, capitule
devant les Prussiens avant d’arriver à la capitale.
Les Français ont 11 types différents de fusils d’infanterie ! Néanmoins, deux cas font
exception. A Belfort, Denfert-Rochereau tient en échec pendant toute la durée du conflit
les armées qui lui sont envoyées. Un village dans les Vosges résiste aussi. Denfert-
Rochereau est aidé par Garibaldi qui libère la ville de Dijon.
Mais les armées allemandes bloquent la marche sur Paris, et la garnison de Paris
n’arrive pas à sortir. Victor Hugo s’adresse à Trochu et se venge contre lui en deux vers.
En janvier 1871, l’Empire Allemand est proclamé dans la galerie des Glaces de Versailles.
Paris n’a plus de ressources et est affamée. Les Français sont obligés de proposer un
armistice aux Prussiens, ce qu’acceptent tout de suite Otto Von Bismarck, nouveau
chancelier d’Allemagne. Mais il veut signer une paix par un traité, ratifié par un
Parlement, d’où l’armistice électorale du 28 janvier 1871. Une Assemblée Nationale est
élue, alors que 43 départements sont occupés, qu’il n’y a pas de réunions publiques, que
les villes sont paralysées. Le 8 février, après des élections à un seul tour, la France vient
d’élire une Assemblée monarchiste, et la France des campagnes prend sa revanche : 400
députés sur 645 sont monarchistes.
Cette nouvelle assemblée nationale se réunit à Bordeaux. Lorsque l’Assemblée se réunit
le 12 février, on se rend compte des divisions des royalistes, entre orléanistes (pour le
retour du Comte de Paris) et légitimistes (pour Monseigneur le Comte de Chambord,
Henri V). Thiers : « la République est le gime qui nous divise le moins ». Thiers reçoit le
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titre de « chef du pouvoir exécutif de la république française » : c’est le pacte de
Bordeaux qui permet de lancer les négociations avec les Allemands. Bismarck agit en
vainqueur, au nom de la nouvelle et puissante Allemagne. On accorde aux Français que
Belfort, mais les mines de charbon et de fer sont données aux Allemands : l’Alsace-
Lorraine est perdue.
Les Français doivent payer 5 milliards de francs-or, pour que les Allemands retirent
leurs troupes. Les habitants d’Alsace-Lorraine, s’ils veulent rester Français, doivent
quitter leurs habitations en laissant leurs biens.
Mais la France connaît deux drames : en Algérie, une gigantesque révolte éclate ; 100
000 hommes interviennent pour rétablir la situation. Bismarck répond au vœu de Thiers
de libérer les généraux du II° Empire, pour pouvoir asseoir la République en Algérie… ou
contre la Commune de Paris.
Paris n’accepte pas la reddition : le ton monte entre un gouvernement qui ne réintègre
pas Paris, transférant son siège de Bordeaux à Versailles. La Commune de Paris est élu le
26 mars, et prend ensuite le nom de Commune insurrectionnelle. Elle ne reconnaît pas
deux choses que veut obtenir le gouvernement des Versaillais : la fin du moratoire des
loyers et, le 18 mars, l’affaire des canons de Montmartre.
Une majorité des Communards, des Girondins, souhaite une France fédérée, d’où
l’apparition de Communes un peu partout en France. On rétablit le calendrier
révolutionnaire, le tutoiement, les Sans-Culottes. Le programme social annonce des
mesures qui seront par la suite faite jusqu’au Front Populaire : séparation des Eglises et
de l’Etat, écoles primaires gratuites, laïques et obligatoires, création d’un droit du
travail, création d’un salaire minimum garanti. D’autre part, ils souhaitent l’élection des
fonctionnaires, la création d’Ateliers Nationaux, etc.
Mais ces « Communeux » sont critiqués, et Jules Ferry, député de Paris, qui tente une
conciliation échoue. Tout commence le 22 mai 1871 : un traitre ouvre les portes de Paris
au Point du Jour : la Semaine Sanglante débute. Les Communards fusillent 56 otages,
dont l’Archevêque de Paris. Toute personne suspectée de les soutenir est
automatiquement fusillée. Paris se voit interdire l’élection d’un maire.
Concernant la revanche sur l’Allemagne, Gambetta déclare : « n’en parlez jamais, y
pensez toujours ». Le Tour de France par deux enfants, publié en 1875, est le manuel
scolaire de référence.
II Les lois fondamentales
On assiste à un curieux phénomène. Est-ce qu’une Restauration n’évoquerait pas un
éventuel retour des droits féodaux ?
Après des élections partielles, 99 Républicains sont réunis autour de Gambetta.
Thiers en profite pour asseoir son statut : la loi Rivet donne le titre personnel de
Président de la République à Adolphe Thiers, et déclare que celui-ci préside le Conseil
des Ministres.
Il faut libérer le territoire le plus rapidement possible, et Thiers lance des emprunts qui
permettent de rembourser rapidement la dette à l’Allemagne. Bismarck en profite pour
faire passer à son industrie la seconde révolution industrielle. Mais Thiers n’arrive pas à
faire accepter un changement des couleurs de l’armée.
On propose à Gambetta le titre de « libérateur du territoire », qui pour sa part déclare à
l’Assemblée que le seul à mériter ce titre est Thiers. C’est l’apogée de Thiers.
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Thiers devient néanmoins peu à peu comme un dictateur en puissance : on se souvient
qu’il a porté au pouvoir LNB. On interdit alors au chef de l’Etat de se présenter ou de
parler à l’Assemblée Nationale : c’est la « loi chinoise ». Il pourra seulement adresser un
message écrit aux députés. Les députés monarchistes finissent par croire à une
restauration possible autour d’Henri V, âgé, malade et sans descendance.
Thiers, parce qu’il voit les dangers de cette restauration, est interpelé mais ne peut se
défendre ; le 23 mai, il démissionne. Il achève sa vie avec ses deux compagnes.
Le Comte de Chambord agit comme un responsable : il met la barre trop haute (peut-
être pour ne pas provoquer une guerre civile, et éviter d’accéder au pouvoir, puisque pas
accepté par les orléanistes : manifeste du Comte de Chambord). En attendant la mort du
Comte de Chambord, on nomme quelqu’un pour présider l’Etat.
On nomme Mac Mahon. Totalement inculte, il devient Président de la République en
1873. Son président du Conseil est De Broglie. La politique est dominée par le principe
de l’Ordre Moral.
Les parlementaires rendent le service militaire obligatoire : juillet 1872. Pendant 5 ans,
tous les ans, pendant 28 jours, les conscrits sont appelés à s’entraîner. En 1875, les
députés décident, par l’amendement du 30 janvier 1875 du député Wallon, que le
régime républicain ne pourra être changé : « la République est inaliénable ». On décide un
système orléaniste.
Le Président de la République est élu pour 7 ans. Il est le chef de la force publique. Il
nomme les hauts fonctionnaires civils et militaires. Il nomme le Président du Conseil et
les ministres du gouvernement. Il est irresponsable mais tous ces actes doivent être
contresignées par un ministre. Il a le pouvoir de dissolution de la chambre des députés.
On fait la séparation entre le chef de l’Etat et le Président du Conseil des ministres. On a
deux chambres : la Chambre des députés et le Sénat. La chambre des députés est élue au
suffrage universel direct. Le scrutin est le scrutin uninominal majoritaire à deux tours.
Le Sénat est renouvelé tous les trois ans par tiers au suffrage universel indirect. Les deux
peuvent proposer une loi. C’est le début de la navette parlementaire. Les députés
peuvent interpeler un ministre. Les ministres sont solidaires.
A l’automne 1875, les députés ont l’impression d’avoir rempli leur contrat. En janvier
1876, c’est une nouvelle Assemblée Nationale qui est élue. Or cette chambre est à
majorité républicaine (360 députés : une famille dite « des opportunistes » qui suit
Gambetta, Ferry, Grévy et une autre famille dite « des radicaux » avec Georges
Clemenceau). Jules Simon, Président du Conseil, est poussé à la démission par Mac
Mahon. Mac Mahon nomme le duc de Broglie et dissout le 16 mai 1877 la Chambre des
députés, élue à peine un an auparavant. C’est l’épreuve de force.
« Il faudra vous soumettre ou vous démettre », Léon Gambetta
Au soir des nouvelles élections législatives de 1877, les républicains sont toujours
majoritaires. En janvier 1879, alors que Chambord est mort, Mac Mahon démissionne le
30, tandis que le Sénat bascule dans le camp républicain.
Le droit coutumier l’emporte. Pour la première fois, députés et sénateurs se réunissent à
Versailles en congrès pour élire le nouveau Président de la République : Jules Grévy.
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B) La République des opportunistes (1879-1899)
Introduction : Jules Ferry
Jules Ferry est idéaliste et homme politique, sorti de la politique aussi pauvre qu’il y
était entré. Protestant libérale, il naît en 1832. Il devient avocat mais ne peut exercer à
son goût son métier à l’époque de l’Empire autoritaire. Il devient journaliste politique
engagé à gauche. En 1860, il est élu député républicain et est proche du Président du
Conseil, Emile Olivier. A Paris, à la Salle Molière, il fait un discours sur l’égalité de
l’éducation. Pendant la Commune, il tente d’éviter la catastrophe. En 1872, il est
ambassadeur à Athènes.
Jules Ferry est marqué par la révolution qui s’est terminée en 1790. Il ne se reconnaît
pas dans le Comité de Salut Public. « Pourquoi des hommes qui ont su si admirablement
mourir n’ont-ils pu ni su être libres ? »
Il est marqué par la franc-maçonnerie. Il veut faire passer l’ensemble des classes les plus
pauvres à l’éducation. Il ne veut pas que les « classes dangereuses » soient rejetées de la
cité. La solution, c’est la laïcité, un effort de tolérance, de charité et d’éducation. La
colonisation est un élément de la puissance de la France qui vient de perdre l’Alsace et la
moitié de la Lorraine. Il favorise la colonisation et est surnommé Ferry le Tonkinois.
En 1890, lorsqu’il part pour une inspection en Algérie, il découvre que son idéal justifie
des crimes coloniaux, qu’il dénonce par la suite au Sénat, et décède peu après, de façon
prématurée.
La France des années 90 reste dans le culte de Napoléon I°, et plus généralement dans
un nationalisme exacerbé. La pièce L’Aiglon connaît un succès énorme.
I L’œuvre durable des opportunistes
La Constitution Grévy se résumé par un Président sans grands pouvoirs, nommant très
rarement son Président du Conseil. Sous Jules Grévy, deux présidents du Conseil ont
marqué : Gambetta en 1881 (9 mois) et Jules Ferry jusqu’en 1885.
Le 14 juillet 1880, à Longchamp, au cours d’une grande fête militaire, on décide que la
Marseillaise sera l’hymne national. On fait inscrire République Française sur les
drapeaux. On commémore jusque la Fête de la Nation, et l’on applique une loi d’amnistie
générale qui permet aux Communards déportés de rentrer (dont Louise Michel et Henri
Rochefort).
Les opportunistes prennent une succession de dispositions. On classe les débits de
boisson (là où l’on commente la presse). On instaure la liberté d’afficher, surtout lors des
élections municipales. En 1881, on met en place la liberté de réunion publique. Les lois
de 1882 et 1884 ont mis en place les élections municipales, avec les conseillers
municipaux qui votent pour un maire.
En 1884, on supprime les sénateurs inamovibles. De plus, on ne peut changer en France
la forme républicaine du gouvernement, ce qui implique que les anciennes familles
régnantes ne peuvent résider en France.
Naquet autorise le divorce et le rend plus facile, même s’il reste l’avantage du mari.
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En 1880, l’Etat autorise le dimanche comme repos obligatoire et légal, en reconnaissant
que l’Etat est l’héritier de siècles de christianisme. Les prières publiques sont interdites,
les écoles religieuses soumises à autorisation préfectorale (contrairement à ce que
mettait en place la loi Falloux.
Jules Ferry et Paul Bert sont à l’origine de la réforme de l’école : ouvrir la connaissance
au plus grand nombre et faire en sorte que la France soit peuplée de citoyens
responsables. Néanmoins de nombreuses écoles existent déjà auparavant.
En 1881, chaque village doit proposer une école gratuite pour tous.
On développe les lycées : chaque sous-préfecture a un lycée. On crée des lycées de
jeunes filles. On développe le système de bourse.
En 1889, une loi militaire impose le service militaire de trois ans, les militaires
ecclésiastiques, un an.
Les républicains décident qu’il n’y aura pas de chef-lieu de département sans gare
centrale. On crée donc à perte des gares.
On crée des lignes ferroviaires à double voie, en préparant ainsi une future guerre. La
récession économique entraine la hausse des tarifs douaniers (Ministre de l’Agriculture :
Méline). Cette situation favorise les scandales financiers : en 1882, la banque l’Union
Générale est en faillite. Elle a fait de très mauvaises affaires avec des banquiers véreux
juifs. Une crise agricole frappe la France : le phylloxéra attaque la vigne jusqu’en 1892, et
favorise les importations d’Algérie.
II La crise boulangiste
La République connaît un certain nombre de scandales politico-financiers. Wilson,
gendre de Jules Grévy, a fait fortune en trafiquant la Légion d’Honneur. Le scandale
éclate en 1887. Les slogans se multiplient : « A bas les voleurs ! ». La République est
jeune, et beaucoup gardent l’espoir de la renverser.
Un jeune général, initialement républicain, ministre de la Guerre très populaire, le
général Boulanger prend des mesures très appréciées : donner une fourchette aux
soldats, donner un sabre aux sous-officiers, peindre les guérites en bleu-blanc-rouge,
diffuser le buste de Marianne. En 1887, il est sur le point de déclencher une mobilisation,
alors qu’un incident de frontière éclate en Alsace-Lorraine. Le 8 juillet, sur ordre du
Président de la République, il est démissionné pour avoir trop voulu déclencher la
guerre. Il est envoyé à Limoges.
Boulanger focalise autour de lui tous ceux qui ne supportent pas le régime. Clemenceau
appelle le boulangisme « le grand dégoût collecteur ». Boulanger démissionne de l’armée
pour se présenter aux élections législatives qui ont lieu en 1889. Il est élu à une
écrasante majorité dans une circonscription parisienne. On le supplie ensuite de
marcher sur l’Elysée, mais il renonce. De plus l’armée ne l’aurait jamais soutenu, car
cette armée est celle de la République. Le 27 janvier, Sadi Carnot (petit fils de Lazare
Carnot), nouveau Président de la République, est sûr que l’armée restera fidèle à la
République. Boulanger prend la fuite en Belgique.
En 1889, c’est le centenaire de la Révolution. Pour l’exposition universelle, Gustave Eiffel
construit une Tour à la gloire de la modernité.
Le boulangisme concentre le nationalisme à droite, avec l’antiparlementarisme et
l’antisémitisme. En 1889, aux républicains opportunistes succèdent les républicains
modérés.
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