INTRODUCTION
Les nouvelles connaissances acquises dans le domaine médical dotent l’homme de
pouvoirs nouveaux dont l’utilisation engage sa responsabilité, alors que les conséquences néfastes
pour certains d’entre eux n’étaient ni soupçonnées ni mesurées.
Ces problèmes concernent en premier lieu les scientifiques et les professionnels de la santé, mais
aussi la société tout entière qui doit établir un cahier de charges de la mission qu’elle confie au
corps médical.
L’analyse de l’histoire de la médecine montre l’impact des religions sur la pratique médicale
depuis plus de cinq mille ans. On constate que toutes les civilisations qui marquent notre histoire
naissent sous l’influence directe d’une religion, et l’art de guérir s’est appuyé sur la croyance d’une
puissance surhumaine.
En dépit des progrès considérables les scientifiques et médecins de notre époque ne sont pas
entièrement satisfaits mais plutôt incertains, tristes, brouillés avec le monde, car ils constatent que
beaucoup de maladies ne sont pas combattues, et que de nouvelles maladies naissent, sans parler
des pathologies qui résistent encore aux moyens thérapeutiques de notre époque. La science, les
idéologies, la civilisation sont en crise et traversent une dangereuse et passionnante période de
mutation.
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la séparation pour de nombreux chercheurs est
nette, le fossé parfois profond, entre la recherche scientifique et médicale, et la religion [3]. Or la
science et la religion sont complémentaires, elles sont deux aspects d’une même réalité. Il y a un
aspect objectif de l’être humain: son pouls, sa température etc., que la science décrit, et une partie
subjective sous forme de sentiments que la religion éduque et organise. On ne reconnaît pas la
nature exacte de l’amitié, mais on reconnaît ses effets, manifestés en actes. Le médecin est à la
croisée de ces deux chemins. Il est mi-rationnel, mi-affect et doit aborder toute la réalité, sans
séparer le rationnel de l’affectivité. Les écrits bahá’ís affirment que « la religion et la science sont
les deux ailes qui permettent à l’intelligence de l’homme de s’élever vers les hauteurs, et à l’âme
humaine de progresser. Il n’est pas possible de voler avec une aile seulement. Si quelqu’un
essayait de voler avec l’aile de la religion seulement, il tomberait dans le marécage de la
superstition, tandis que, d’autre part, avec l’aile de la science seulement, il ne ferait aucun
progrès mais sombrerait dans la fondrière désespérante du matérialisme »[4].