1
« ENTRE LACHARNEMENT ET LABANDON »
LA DECISION ETHIQUE EN SOINS DE REANIMATION:
PLACE DES RELIGIONS EN GENERAL ET DE LA FOI BAHAIE EN PARTICULIER
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
I. LES DONNEES DU PROBLEME
II. L’ENJEU ETHIQUE DU PROBLEME
1. LE SENS ET LES OBJECTIFS DE LA REANIMATION
2. INCIDENCE DES DECISIONS DIFFICILES
III. ETABLIR LEQUATION BENEFICE/RISQUE/COUT
1. BENEFICES POUR LE MALADE
2. BENEFICES POUR LA SOCIETE
3. BENEFICES POUR LA SCIENCE
4. EFFETS PERVERS
4.1. ILLUSION DE PUISSANCE
4.2. RATIONNEMENT DES SOINS -
IMPLICATIONS ECONOMIQUES
4.3. LES ETATS VEGETATIFS CHRONIQUES
4.4. NEONATALOGIE
IV. ASPECT TECHNIQUE
1. HISTORIQUE ET EVOLUTION DES PROGRES
TECHNOLOGIQUES EN REANIMATION
2. DIFFICULTES DE PRONOSTIC (AGE, PATHOLOGIES MULTIPLES,
LA PLACE EN REANIMATION)
3. PROBLEMES ECONOMIQUES
4. SOINS PALLIATIFS
IV. ASPECT JURIDIQUE
1. DEVOIR DASSISTANCE
2. CONSENTEMENT ECLAIRE
3. TESTAMENTS DE VIE
4. EXPERIMENTATION
V. ASPECT DEONTOLOGIQUE
VI. RECOMMANDATIONS DES ASSOCIATIONS PROFESSIONNELLES
2
VII. ASPECT CULTUREL
1. DE LEXTREME ONCTION AU SAMU
2. RELATION MEDECIN - MALADE - LENVIRONNEMENT
TECHNIQUE ET LISOLEMENT SOCIAL TRAUMATISANTS
VIII. PLACE DES RELIGIONS
1. LA RELIGION JUIVE
2. LA RELIGION CHRETIENNE
3. LA RELIGION MUSULMANE
4. LA FOI BAHAIE
4.1. LE BIEN-ETRE, SELON CHAQUE EPOQUE
4.2. FINALITE DE LA VIE HUMAINE
4.3. COMPLEMENTARITE DE LA SCIENCE ET DE LA RELIGION
4.4. RELATION MEDECIN - SOIGNANT
a. La dignité intrinsèque de la nature humaine
b. L’importance de se tourner vers Dieu
c. La compétence professionnelle et morale du soignant
d. La reconnaissance de l’autorité médicale
e. La prise en compte des possibilités à la fois spirituelles et matérielles
intervenant dans le processus de guérison
4.5. EUTHANASIE ET ACHARNEMENT THERAPEUTIQUE
4.6. CONCEPTION DE LA MORT ET DE VIE DANS LAU-DELA
XI. UNE METHODOLOGIE DECISIONNELLE PLURIDISCIPLINAIRE
CONCLUSION
ANNEXES
Annexe 1. Communauté Européenne et testaments de vie
Annexe 2. Extraits du Guide européen d’éthique médicale
Annexe 3. La Foi Bahá’íe
Annexe 4. Textes Bahá’ís
Annexe 5. L'acte éthique (l'expérience lyonnaise)
Annexe 6. Quand votre patient est un Bahá’í...
BIBLIOGRAPHIE
3
«Le Docteur Houtin BAGHDADI soumet un mémoire très dense ayant pour trait
l’éthique de la décision médicale en soins de réanimation: acharnement et abandon
sont les deux extrêmes entre lesquels les médecins sont amenés à agir. Les religions
Chrétienne, Judaïque, Musulmane, apportent leur contribution à la réflexion, de même
que la Foi Bahá’íe, effectivement méconnue en France. L’auteur souligne bien dans son
mémoire la difficulté de fixer des bornes trops étroites à la notion d’acharnement
thérapeutique tant que cette dernière est succeptible d’évoluer dans le temps, avec
l’avènement de progrès scientifiques et techniques au cours de ce XXéme siècle. C’est la
difficulté qu’a rencontrée le législateur et l’un des grands sujets qui nourrissent la
réflexion du Comité d’Ethique.
Ce mémoire très bien documenté, très nourri de réflexion spirituelle, est digne d’un
grand intérêt».
Un membre du Jury...
4
AVANT-PROPOS
La révolution scientifique de ces dernières décennies a entraîné une véritable mutation de
la médecine, avec des progrès d’une importance sans précédent dans la connaissance des causes
profondes des maladies individuelles et collectives, donc de leur prévention et de leur traitement.
Ces possibilités s’accompagnent de la part des utilisateurs des systèmes de santé d’une plus grande
exigence nourrie d’espoirs de miracles dont les média se font l’écho. Or le coût de cette
technologie devient insupportable pour les contribuables et la complexité de la technique mise en
oeuvre est ressentie comme déshumanisée par le grand public. Si la majorité des gestes entrepris
par un médecin anesthésiste-réanimateur dans sa pratique quotidienne ne pose pas de problème
décisionnelle notoire, les impasses et dilemmes auxquels il est confronté, par la nature même de sa
spécialité, requièrent une réponse rapide et impérieuse. La décision d’un instant peut avoir une
incidence humaine et économique considérable, ce qui l’expose à une pression morale et un stress
pouvant devenir ingérables. Le débat économique qui dérive vers le rationnement des soins
soulève la question insoluble du prix de la vie humaine et sa finalité dans ce monde. Entre la mort
et la guérison avec restitution ad integrum se situe les états intermédiaires qui nourrissent les
débats. Conserver la vie à tout prix? Est-ce l’objectif de la médecine? Le Professeur Jean
Hamburger écrivait: « La tâche du médecin n’est pas de maintenir la vie à tout prix, elle n’est pas
d’empêcher la mort naturelle, elle est seulement de prévenir et d’éviter la mort pathologique
survenant avant l’heure » [2].
Entre l’acharnement thérapeutique qui est un excès de soins et l’abandon thérapeutique qui est une
démission prématurée, les dilemmes rencontrés en réanimation resteront douloureux et complexes.
Il n’y aura ni réponse simple ni de "bonne" solution à proposer; chaque cas sera unique et
nécessitera une réflexion soigneuse pour atteindre la "moins mauvaise" solution au cas spécifique
auquel on confronte et au compromis le plus acceptable parmi les acteurs en présence.
Dans l’interface tendue entre la vie et la mort se situe la pratique de réanimation, se trouve les
grandes questions philosophiques que soulèvent la subjectivité humaine. La science qui par
définition est fondée sur un consensus rationnel et objectif reste muette et la religion qui
s’adresse aux sentiments est particulièrement éloquente.
Voila pourquoi nous avons choisi d’examiner le point de vue des religions à ce débat, et plus
particulièrement celui de la foi bahá’íe que nous connaissons mieux que les autres et dont la
contribution particulièrement riche mérite d’être mieux connue par les chercheurs francophones.
5
INTRODUCTION
Les nouvelles connaissances acquises dans le domaine médical dotent l’homme de
pouvoirs nouveaux dont l’utilisation engage sa responsabilité, alors que les conséquences néfastes
pour certains d’entre eux n’étaient ni soupçonnées ni mesurées.
Ces problèmes concernent en premier lieu les scientifiques et les professionnels de la santé, mais
aussi la société tout entière qui doit établir un cahier de charges de la mission qu’elle confie au
corps médical.
L’analyse de l’histoire de la médecine montre l’impact des religions sur la pratique médicale
depuis plus de cinq mille ans. On constate que toutes les civilisations qui marquent notre histoire
naissent sous l’influence directe d’une religion, et l’art de guérir s’est appuyé sur la croyance d’une
puissance surhumaine.
En dépit des progrès considérables les scientifiques et médecins de notre époque ne sont pas
entièrement satisfaits mais plutôt incertains, tristes, brouillés avec le monde, car ils constatent que
beaucoup de maladies ne sont pas combattues, et que de nouvelles maladies naissent, sans parler
des pathologies qui résistent encore aux moyens thérapeutiques de notre époque. La science, les
idéologies, la civilisation sont en crise et traversent une dangereuse et passionnante période de
mutation.
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la séparation pour de nombreux chercheurs est
nette, le fossé parfois profond, entre la recherche scientifique et médicale, et la religion [3]. Or la
science et la religion sont complémentaires, elles sont deux aspects d’une même réalité. Il y a un
aspect objectif de l’être humain: son pouls, sa température etc., que la science décrit, et une partie
subjective sous forme de sentiments que la religion éduque et organise. On ne reconnaît pas la
nature exacte de l’amitié, mais on reconnaît ses effets, manifestés en actes. Le médecin est à la
croisée de ces deux chemins. Il est mi-rationnel, mi-affect et doit aborder toute la réalité, sans
séparer le rationnel de l’affectivité. Les écrits bahá’ís affirment que « la religion et la science sont
les deux ailes qui permettent à l’intelligence de l’homme de s’élever vers les hauteurs, et à l’âme
humaine de progresser. Il n’est pas possible de voler avec une aile seulement. Si quelqu’un
essayait de voler avec l’aile de la religion seulement, il tomberait dans le marécage de la
superstition, tandis que, d’autre part, avec l’aile de la science seulement, il ne ferait aucun
progrès mais sombrerait dans la fondrière désespérante du matérialisme »[4].
1 / 45 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !