L’évaluation des savoirs p2
1. Introduction
« Dans la compétition mondiale, la capacité d’innover est devenue un facteur de compétitivité. L’innovation
devient alors une constante dans la stratégie de l’entreprise. Pour préserver leur croissance, leur compétitivité et
l’emploi, les entreprises doivent traduire les idées nouvelles en succès techniques et commerciaux et répondre
aux exigences dictées par le client. De façon générale deux indicateurs du potentiel d’innovation des pays sont
utilisés : le dépôt de brevets et la part du PIB consacrée à la recherche et développement », (LOPEZ MONSALVO,
1998). Mais à un niveau plus micro, ces indicateurs ne sont pas adaptés à l’évaluation d’entreprise. En effet,
diverses méthodes d’évaluation d’entreprise existent : les unes qualitatives, les autres quantitatives, certaines
mixtes, mais avant d’utiliser une méthode plutôt qu’une autre, il faut connaître le contexte de cette évaluation :
est-ce pour un rachat, une fusion, une alliance, un partenariat, une sous-traitance, etc. ?
Dans le cas d’un partenariat de recherche, certes la stabilité financière de l’entreprise est importante, mais
pour innover ce sont les niveaux de connaissance et de compétence (point de vue statique) et la capacité
d’apprentissage (point de vue dynamique) de l’entreprise partenaire qui doivent être évalués. En résumé,
l’entreprise partenaire sera-elle capable de mener au bout le projet d’innovation avec les contraintes de qualité,
de coût et de délais imposées par le marché ?
Après avoir expliqué l’émergence de la problématique, nous présenterons l’analyse fonctionnelle du système
d’évaluation des savoirs des partenaires dans un projet d’innovation qui permettra d’aboutir à la proposition
d’une méthode d’évaluation des savoirs, puis nous conclurons et proposerons des perspectives.
2. Emergence de la problématique
Les entreprises évoluent dans des environnements de plus en plus turbulents. Ce concept de turbulence,
apparu dans les années 60 avec (EMERY et TRIST, 1964) et (TERREBERRY, 1968), popularisé par (DRUCKER,
1969) et (TOFFLER, 1981), est défini par (GUEGUEN, 1998) comme « un enchaînement d’évènements plus ou
moins espacés dans le temps, plus ou moins favorables mais imprévisibles quant à leur ampleur et suffisamment
nouveaux pour entraîner un impact, perçu par les membres de l’organisation, qui conduit à une reconsidération
des capacités de la firme du fait de la gêne occasionnée ».
A l’origine de la théorie de la contingence environnementale, (BURNS et STALKER, 1961), (LAWRENCE et
LORSCH, 1967) ont travaillé sur la cohérence entre la stratégie ou la structure d’une organisation et son
environnement caractérisé par :
la complexité, due à l’hétérogénéité et à l’étendue des activités d’une organisation, (DESS et BEARD,
1984) ;
l’incertitude, causée par le manque d’informations sur les facteurs environnementaux rendant
impossible l’estimation de probabilités des différents évènements possibles, (DEMSETZ, 1998) ;
le dynamisme, entraînant l’absence de modèles et renforçant le caractère imprédictible de
l’environnement, (DESS et BEARD, 1984).
(JOFFRE et KOENIG, 1992) ont analysé différents comportements stratégiques : la coopération, l’évitement et
l’affrontement. (GUEGUEN, 2001) s’est basé sur ces travaux afin de définir quatre stratégies en fonction des trois
caractéristiques de l’environnement précédemment identifiées :
La stratégie de pérennisation collective (environnement complexe et incertain)
L’entreprise essaye de nouer des relations avec ses concurrents ou une partie d’entre eux. Plutôt que
d’affronter sans cesse l’hostilité des concurrents, elle préfère essayer de calmer les relations avec les
différentes parties en présence sur le secteur d’activité. Elle serait favorable à un code de bonne
conduite entre les différentes entreprises.
La stratégie de positionnement (environnement complexe et dynamique)
L’entreprise essaye de se situer sur une niche dans un marché qu’elle connaît. Elle connaît bien son
métier et son objectif est de le développer en gardant ses spécificités. Elle préfère se positionner sur
un segment précis.
La stratégie de souplesse organisationnelle (environnement incertain et dynamique)
L’entreprise essaye de s’adapter aux fluctuations de la demande et à la concurrence. Elle est flexible
et essaye de suivre les changements rencontrés par le biais d’une redéfinition des tâches des
employés. Elle préfère réagir aux changements.