tire des leçons du passé pour maîtriser l'avenir. Il souligne la fonction sociale de l'histoire, son rôle pédagogique.
Il est nécessaire de comprendre le passé pour ne plus qu'il se reproduise. Il croit que l'histoire qu'il produit est
définitive, que personne ne pourra mieux faire, comprendre, analyser que lui-même. Il transforme l'histoire en un
théorème. Pour sa version définitive du passé, on peut le mettre en rapport avec les positivistes du dix-neuvième
siècle. Thucydide est habité par le rationalisme, il est sûr de la raison. Il a la volonté d'ordonner ce qui est
hétéroclite, n'est pas intelligible.
Polybe est un grec du deuxième siècle ACN, qui vit dans le monde romain. Il veut faire une histoire
universaliste. Il a l'idée d'une histoire globale, totalisante, donc il doit faire de l'histoire comparative. Tous les
événements du passé conduisent à un résultat, le triomphe de Rome est évident, déterminé. Polybe annonce les
philosophes de l'histoire, universelle et totalisante, car il a un point de vue globalisant. Il est influencé par le
stoïcisme ; la raison universelle, associée au tout de l'univers, est supérieure à l'homme, la raison fait l'histoire.
L'histoire-connaissance fait partie de la réalité, elle se transforme en fonction de la réalité, elle n'est pas détachée
de la réalité. L'historien doit regarder le passé avec les sensibilités d'autrefois, pas avec ses propres sensibilités.
L'histoire est une vision changeante, en évolution, un va-et-vient entre le passé et le présent. Hérodote,
Thucydide et Polybe sont tous très proches de l'événement qu'ils racontent. Le recul est positif car, plus on
s'éloigne d'un événement, plus il est accessible, on retrouve des sources, le temps joue en faveur des historiens.
Par exemple, les archives diplomatiques. Le temps permet à l'événement de s'accomplir, il permet une
accumulation de réflexions sur le passé, il permet une certaine sérénité sur l'objet étudié. Le recul est négatif car,
une trop grande sérénité peut amener à l'indifférence, il peut rendre étranger au passé. Il y a ici un paradoxe,
lorsque l'on est engagé, il y a des éléments de subjectivité, et lorsque l'on est désengagé, c'est une source de
mépris, d'indifférence.
L'illusion de la rétrospectivité, c'est le fait de dire que ce qui c'est passé devait nécessairement se passer ainsi.
C'est la projection sur le passé d'un état de fait que ce passé ne pouvait qu'ignorer. Mais en histoire, il n'y a pas
de déterminisme, l'avant n'est pas toujours la cause de l'après. Il ne faut pas confondre la causalité et la
temporalité, un événement n'arrive pas parce qu'il est précédé d'un autre événement.
Transformations du temps:
La représentation du temps est non universelle, non éternelle. Il y a deux grandes visions contradictoires.
A l'Antiquité, c'était une vision cyclique, car tout est cycle : saisons, jour, nuit... La caractéristique fondamentale
est qu'il n'y a ni début, ni fin, et donc provoque une certaine harmonie. Les choses sont inscrites à l'avance. Il n'y
a pas de place au progrès, à l'inconnu de l'évolution, mais bien à l'immuable, à ce qui ne change pas. C'est une
vision à la fois rassurante, car il y a un équilibre, et pesante, car nous fait prisonnier. La transition d'une vision
cyclique à une vision linéaire se passe dans le bassin méditerranéen. Le judéo-christianisme devient religion
d'état et amène le monothéisme. Il n'y a plus qu'un seul dieu, créateur et colérique, les relations se distancent.
Avec la nouvelle vision, tout ce qui est produit est unique, il y a un côté dynamique, irrésistible, incertain,
aléatoire, mais avec des garde-fous, un début, la naissance du monde et une fin, la Parousie, c'est à dire le retour
du Christ sur Terre pour châtier les méchants et sauver le monde. La venue du Christ sur Terre réintroduit la
dimension cyclique, adoucie par la place du Christ dans le christianisme. Donc, le temps est un peu moins
irréversible, définitif. La vision monothéiste dramatise le temps et l'adoucit. Le moteur de la dynamique linéaire,