PHILOSOPHIE
Emmanuelle ROZIER Cours Terminales / La Culture
INTRODUCTION
Lisons pour commencer Montaigne (penseur du XVIe siècle) car il a dit quelque chose de
fondamental :
- le langage ne compte pas, et
- il n'est rien qui compte davantage.
Dans le cadre de cette tension qu'on inscrira une réflexion sur le langage.
Montaigne est défiance envers les discoureurs (rappelez-vous ce qu'on en a vu concernant
l'interprétation il dénonçait alors les interprétations sur les interprétations).
Exemple de deux architectes Athéniens donné par Montaigne,
Essais
, I, §26 :
l'un se présente avec un beau discours sur le sujet de son projet
l'autre dit seulement « ce qu'il vient de dire, je le ferai ».
Qui préférer?
* Le second transforme le concurrent en orateur voire en bonimenteur.
* Le beau parleur au risque qu'il ne soit ni compétent, ni actif dans la réalisation de
son projet, l'autre qui sait que l'importance réside dans le fait de construire, non de dire (non
de séduire par le langage).
= D'emblée, le langage et l'action sur le monde sont mis en relation.
Montaigne écrit « je veux que les choses surmontent, et qu'elles remplissent de telle façon
l'imagination de celui qui écoute qu'il n'ai aucune souvenance des mots ».
= le langage remplit sa fonction quand il se fait oublier.
Autre enjeu pour Montaigne : « si le langage nous trompe, il rompt tout notre commerce et
dissout toutes les liaisons de notre police »,
Essais
, II, 28.
= Le langage est aussi le lien par lequel les hommes se tiennent entre eux.
Quoi que ce soit ce dont nous parlons, c'est toujours à autrui que nous en parlons.
= nous venons de dégager les différents pôles autour desquels se structure toute étude du
langage : le moi, le monde, les autres.
Difficulté à analyser le langage : il nous faut composer la polarité objective et la polarité
intersubjective dans l'analyse d'une production linguistique concrète. On ne parle pas de la
même manière à deux interlocuteurs différents, et en même temps, tous deux nous
comprennent.
Le langage a une visée d'objet : les architectes visent la construction d'un temple. Mais
comment parler de ce qui n'existe pas?
Platon déjà se posait la question, dans le Sophiste (262e) « le discours est forcément des
qu'il est, discours sur quelque chose ».
Peut s'étonner de ce fait basique que le langage est seul à nous donner de pouvoir nous
rapporter à ce qui n'existe pas, alors qu'aucun moyen par lequel nous entrons en contact
avec le réel ne nous le permet.
= aucun de nos sens ne nous met en contact avec autre chose que le donné. L'objet du
discours est ici indépendant de ce qui est dit de lui.
Le langage nous permet donc de parler de choses qui n'existent pas et aussi de celles qui
existent. Il nous permet d'accomplir des actes de discours qu'on ne saurait analyse en disant
qu'ils parlent de quoi que ce soit (AUSTIN).