COURS TERMINALES-La conscience

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COURS TERMINALE S
La conscience
PLAN DU COURS
I – Mise en situation de la conscience : ni un sujet, ni un objet mais leur rencontre
II – La conscience : jeu complexe du monde et du sujet
III – Le désir : moteur de la conscience
PROBLÉMATIQUE PRINCIPALE DU COURS
Ressayer de nous saisir nous-même en ce moment comme conscience.
AUTEURS ABORDÉS
Pascal, Descartes, Sartre, Nietzsche.
REPÈRES
Médiat/Immédiat
Objectif/Subjectif
FICHE DÉFINITION
Conscience
Du latin cum scire = savoir avec
1) PHILOSOPHIE
A- connaissance plus ou moins claire que chacun possède immédiatement de son existence,
de ses états (représentation, affections) de ses actions et du monde extérieur.
B- Sentiment de soi-même, de son identité.
C- Le sujet, l’être conscience, d’être pour soi, opposé à la chose à l’en-soi.
2) PSYCHOLOGIE : conscience est caractéristique de certaines représentations, elle
accompagne des états terminaux de traitement de l’information.
– Conscience de classe : notion marxiste désignant un ensemble de représentations et
sentiments déterminés par l’appartenance sociale.
– Conscience morale : Faculté de porter des jugements moraux.
– Conscience malheureuse : selon Hegel, douleur de la conscience dans sa découverte d’ellemême comme figure de l’esprit lorsqu’elle vit le déchirement de l’intériorité et de l’extériorité.
– Philosophie de la conscience : philosophie qui dans un courant issu de Descartes, prennent
la conscience comme principe de la connaissance et l’évidence interne comme critère de
vérité.
Conscient
* doué de conscience (sens subjectif)
* ce dont on a conscience (sens objectif)
* qui assume la responsabilité de ses actes et sait apprécier ceux d’autrui (morale)
* ensemble de phénomènes psychiques dont le sujet a conscience.
Emmanuelle ROZIER
Cours Terminales / Le sujet
Philosophie
I – Mise en situation de la conscience : celle-ci apparaît comme n’étant ni un
sujet, ni un objet, mais leur rencontre
1) La rencontre d’un sujet de conscience et d’un objet de conscience
- dans la conscience que trouve-t-on ? l’environnement immédiat. Mais le problème, c’est ce
dans car les éléments de l’environnement sont hors de nous…
- ce qui s’impose immédiatement, c’est que notre conscience est nous comme sujet d’une
expérience dont l’objet est à l’extérieur
- le vécu empêche l’assimilation de la conscience à l’objet
= la rencontre d’un sujet et d’un objet.
2) Il n’y a pas de sujet sans objet : « toute conscience est conscience de… »
exemple : quand on se concentre pour lire, le corps et l’environnement s’éclipsent au profit
d’une pensée qui s’élabore.
Essayer de penser sans objet de pensée, d’avoir une conscience vide de tout objet – c’est
impossible !
= toute conscience est conscience de quelque chose. On ne peut saisir la conscience qu’en
acte, en train de saisir quelque chose, son objet.
3) Toute conscience, en même temps qu’elle est conscience de quelque chose ou
tel objet est aussi conscience de soi
Notre conscience est précisément l’objet qu’elle saisir mais ne sort jamais du sujet, le sujet
ne se perd jamais dans l’objet de la conscience.
= Toute conscience est par nature réflexive : conscience soi, conscience de soi comme
conscience.
4) La nature nécessairement subjective de toute représentation de conscience
- La conscience n’est pas un sujet qui rencontre un objet extérieur, mais la rencontre d’ellemême.
- Le sujet de la conscience ordonne le monde dans lequel il se situe, le caractère subjectif du
monde perceptif de chacun s’enracine dans l’affectivité absolument personnelle de chacun.
ex. : être amoureux dans une fête, ou attendre un amant dans un café (exemple de Sartre).
= le moteur de la relation de conscience : l’affectivité ; aimer ou haïr, structure le monde et
lui donne du relief.
- Expérience : c’est la conscience d’un sujet véritablement impliqué dans une relation
affective au monde qui sculpte le monde lui donne relief et couleurs.
= Autant de représentations du monde, autant de sujets.
5) De quoi parle alors la philosophie quand elle parle de sujet pur et d’objet en
soi ?
- On ne peut ni connaître le sujet pur et l’objet en soi : l’un n’existe que par l’autre.
- Ce qui revient au seul sujet c’est d’être l’actant de la conscience, l’organisateur immobile,
mais affectivement instable de la représentation toujours changeante de l’objet.
L’objet : substrat inconnaissable, il suscite l’attention de la conscience (sollicité déjà un mixte
entre le sujet et l’objet).
CONCLUSION
Toute connaissance est par nature subjective.
Le sujet et l’objet son imbriqués l’un dans l’autre dans un entrelacement inextricable, né de
la conscience et des expériences passées, mais aussi perpétuellement remis en cause par la
conscience elle-même sous la forme de la prise de conscience.
Emmanuelle ROZIER
Cours Terminales / Le sujet
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Philosophie
II – La conscience n’est pas seulement la relation qui existence entre le
sujet et le monde, elle est un jeu complexe entre intrication et
désimbrication du monde et du sujet.
1) Assimilation du monde qui crée le sujet / le sujet qui dans sa subjectivité
particulière organise le monde.
- Le sujet pur s’il existait serait toujours neuf et incapable de conscience parce qu’incapable
d’intérêt (c'est-à-dire d’élire des objets d’attention). Sélectivité de la subjectivité.
- La consistance du sujet est donnée par sa relation passée au monde. Les cristallisations en
moi de mes rencontres passée avec le monde et ses objets.
Le « je » aperceptif de Kant : le sujet n’est jamais pur, c’est toujours déjà sous la forme d’un
moi concret qu’il se manifeste.
= le moi est rempli du monde.
- mais l’idée que le moi et le monde sont une et même chose est difficile à accepter. La
conscience naît aussi d’un effort de désolidarisation entre le moi et le monde.
2) La prise de conscience est toujours issue de la résistance du monde ; toute
prise de conscience détruit une ancienne imbrication et en génère une nouvelle
entre le moi et le monde.
- Bergson : « il n’y a pas de perception qui ne soit imprégnée de souvenirs ».
Mais l’adéquation entre le moi et le monde est loin d’être totale.
- Cette nouveauté du présent se manifeste comme une résistance aux projections du sujet.
La résistance à cette fusion/confusion que la conscience tend à instaurer entre le sujet et
l’objet.
- Réajustement de mes vues sur le monde : prise de conscience ou saisir de la réalité telle
qu’elle est, telle est à vivre dans son irréductible nouveauté.
- Dans la nature du moi de ne pas voir la nouveauté et de ne pas apprécier d’être bousculé
par elle si jamais elle s’impose.
Exemple de la force de l’habitude comme lieu de repos de la conscience.
cf. les hommes aliénés dans l’Allégorie de la caverne République VII de Platon.
Mais la conscience n’est pas toujours au même niveau.
- Prise de conscience douloureuse car il faut renoncer à des acquis à ses repères et
habitudes mentales, désirs et attentes.
Exemples des psychothérapies.
= la prise de conscience change donc à la fois le monde qui nous entoure puisque nous le
voyons enfin et le sujet qui le regarde autrement.
- On accueille une information sans la déformer par ses craintes et désirs et qu’on agira qu’à
la lumière de cette information
= se remettre en question.
Toute prise de conscience naît initialement de la résistance de la réalité à la subjectivité.
= l’expérience de vérité est toujours un renforcement de la personnalité.
CONCLUSION
La conscience est rencontre du sujet et du monde, cette rencontre fonde l’unicité du sujet.
Mais le moi porte une nature peu encline à s’ouvrir à ce qui le remet en cause. La prise de
conscience est à ce compte salutaire si elle peut arriver.
Emmanuelle ROZIER
Cours Terminales / Le sujet
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Philosophie
III – Le désir est le moteur de la conscience. Toute conscience est un jeu
entre l’être et le néant entre l’être du monde et le néant négateur et
créateur d’être de la conscience.
Comment naissent conjointement chez le tout petit enfant le désir et le moi ?
1) La naissance du moi c’est la séparation entre le moi et le monde qui permet
leur double émergence au sein d’une conscience individuelle.
- L’enfant qui vient de naître ne se distingue pas de sa mère, ni de la réalité extérieuure =
pour être soi, il faut ne pas être tout.
- L’individualisation suppose la constitution d’une frontière. On parlera d’un triple
accouchement :
de la conscience
du moi
du monde
Il faut accepter de n’être que soi. Ce triple accouchement qu voit naître le sujet est du à
l’imperfection du maternage (une mère extralucide comblant tous les besoins n’existe pas).
= Expérience de l’altérité.
- Moi d’abord un moi frontière puis un moi désir. Le manque et son corollaire psychique le
désir sont donc les deux fondements de la conscience. Pour savoir ce que je suis il faut
d’abord repérer ce que je ne suis pas = tout est nourriture pour le moi.
- Le moi initial est d’abord un appel d’être, le lieu d’un désir d’être. S’élaborent le pouvoir
d’assimilation, les identifications primaires.
= Le sujet est un vide appelant le plein qu’est la réalité extérieure.
2) La Philosophie sartrienne : la conscience et la liberté sont des néants face à
l’être.
a – Sartre considère l’homme comme un être tout à fait à part, en tant qu’être de conscience
et de liberté.
« Il est évident que le non-être apparaît toujours dans les limites d’une attente humaine »,
L’être et le Néant, Gallimard, 1943, p. 41.
Pour Sartre, le néant est lié à la réalité même de l’homme = originalité de la philosophie.
- L’être en soi : référence à Hegel dans la Phénoménologie de l’esprit, c’est l’être de la chose
matérielle, de tout ce qui n’est pas humain.
- L’être pour soi : introduit du changement et fait notre une temporalité historique, c’est
l’homme car il porte en lui une puissance négatrice de l’être.
b – L’être en soi c’est la réalité contingente d’une être particulier
- Facticité :
être affirmé
tout ce que dans le passé j’ai choisir de faire ou d’être et qui m’entraîne et m’enchaîne dans
le présent.
Comme être humain je ne suis jamais complètement déterminé à être ceci ou cela.
c – La mauvaise foi :
- lorsque j’affirme un être puisque je ne suis jamais complètement cet être-là que j’affirme
- lorsque je nie ce que je suis (lorsque je nie le poids de la facticité)
= la conscience recèle en son être un risque permanent de mauvaise foi. Essayer de ne pas
me prendre au jeu est difficile.
Exemple du garçon de café, Etre et Néant p. 95. « Il joue à être garçon de café ».
Emmanuelle ROZIER
Cours Terminales / Le sujet
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Philosophie
d – Assumer sa liberté c’est assumer l’infinité des possibles, accepter de choisir et être
responsable de ses choix.
« L’angoisse est saisir réflexive de la liberté par elle-même », EN, p. 75.
Exemple : on peut changer de vie, de fils d’ouvrier devenir président.
= refuser la pente de la facticité, changer le projet général de ma vie.
e – L’être-en-soi n’est jamais aliénant ou humiliant, ce sont les projections du mental qui le
font apparaître tel.
NEGATITÉS : concept sartrien. La conscience en tant qu’être pour soi est manque d’être/
Exemple : je m’attendais à voir Pierre et mon attente a fait arriver l’absence de Pierre
comme un événement réel concernant ce café. EN, p. 45.
L’absence, le regret, la crainte, le désir, sont des êtres imaginaires qui concurrencent l’être.
Exemple : quand on s’attend à trouver une somme d’argent dans sa poche et qu’on en
trouve une autre.
Les négatités sont des projections du néant dans l’être qui viennent du sujet de son néant
intérieur qui révèlent l’être en le négativant.
Insatisfaction intérieure projetée sur l’extérieur. Négatité qui peut se faire créativité : la
liberté en introduisant du nouveau le permet.
= La conscience, c’est l’univers d’un sujet, une relation intense entre le sujet et l’objet et une
relation dialectique.
CONCLUSION
Pour Sartre, la conscience définit l’humain et sa spécificité. Elle s’accompagne de
mécanismes qui visent à instaurer un rapport au réel parfois distordu.
La relation du sujet et du monde doit se construire sous la forme d’une libération des fauxsemblants.
Emmanuelle ROZIER
Cours Terminales / Le sujet
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Philosophie
CONCLUSION GÉNÉRALE
Quelles questions sont posées par la notion de conscience ?
* la différence entre conscience morale et conscience perceptive et intellectuelle
- la conscience morale qui nous permet d’évaluer de juger nos actions et pensées
- la conscience intellectuelle qui nous permet d’avoir relation au monde en formant
des représentations des choses à partir de nos perceptions ;
En ce sens elle est à la fois pouvoir et devoir. Peut)on alors parler de devoir de conscience :
il nous faut prendre conscience de la pauvreté et des problèmes climatiques ? Nous
l’étudierons lors du cours sur la morale.
* le rapport de la conscience et de l’identité personnelle : notre conscience est le support de
notre identité, le lieu de notre moi.
* le fait de prendre conscience de soi et la naissance d’une conscience
En ce sens elle est pouvoir et devoir, et comporte des limites.
- conscience spontanée : que le nourrisson a de ce point de vue, qui correspond au
système nerveux central
- conscience réfléchie qui permet la réflexivité, le retour sur soi, l’analyse, elle
implique un engagement plus grand, elle est élévation : prendre vraiment conscience de la
pollution implique une construction, des connaissances, un engagement. Ex. la conscience
professionnelle.
* la question de la lucidité de la conscience : en quoi permet-elle une connaissance fiable ?
Ce que nous éclaircirons dans le cours sur la science.
Donc, la conscience est de manière générale l’écart entre le moi et le monde
permis par les représentations que nous nous formons. Le fait que nous fonctionnons
grâce à des représentations et non les choses même permet la création, le langage, la
distance avec soi-même. Tout ce qui fait l’homme.
* la question de l’existence d’une conscience réfléchie et de ce qui la rend possible :
- voir (percevoir) et prendre conscience ne sont pas une même chose… Il y a un
écart entre simplement voir et prendre conscience de.
- de plus, nous percevons grâce à des repères appris : comme le temps et l’espace.
L’acte de conscience est une perception ordonnée des choses.
* la question de la prise de conscience : prendre conscience c’est donc avoir des principes
qu’on accorde à soi et au monde ; ces principes changent, il y a dans le temps une
progression indéfinie de la conscience. Ces principes sont soit hérités, soit une intériorisation
de prescription sociales : ce que fait Descartes quand il remet en question les principes
intellectuels et moraux de son temps.
TEXTE/DESCARTES, Le Discours de la méthode, le cogito.
Emmanuelle ROZIER
Cours Terminales / Le sujet
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