ils peuvent choisir là où ils vont», explique M. Wilkinson, qui établit une comparaison avec «l'industrie du
pétrole et du gaz, elle qui est contrainte de se diriger vers les régions où les réserves de ces matières
premières se trouvent – quel que soit le niveau du risque pris à opérer sur pareils terrains.»
Pour l'expert de la TRAG, la conclusion est évidente: «Dans le cas où le tourisme est le pilier de l'économie
d'un pays, vous pouvez assez facilement porter atteinte au gouvernement de ce pays et l'affaiblir, en vous
attaquant à son industrie touristique. Vous pouvez nuire à l'économie du pays, faire perdre des emplois à la
population, générer un sentiment de frustration et miner la légitimité du gouvernement en place. L'objectif
d'un acte terroriste est de provoquer le pouvoir en place et le déstabiliser.»
De plus, une attaque contre des étrangers offre l'indéniable «avantage» d'une vaste couverture médiatique
internationale et sert ainsi l'agenda des terroristes qui sont à la recherche de la plus large publicité possible.
Avant même les attentats du Bardo et de Sousse, il y avait des signes évidents que les appréhensions
sécuritaires étaient un facteur déterminant dans le choix de la destination que font les touristes.
Le Maroc, par exemple, où 17 personnes, pour la plupart étrangères, ont trouvé la mort à Marrakech en 2011, a
enregistré une baisse de 5,6% en recettes touristiques cette année-là, selon le Conseil mondial du voyage et du
tourisme (WTTC, en anglais). Le Kenya, une autre victime africaine du terrorisme, a subi des pertes de
revenus de 9,4% en 2014, suite aux attaques terroristes.
En Europe, par contre, des pays comme la Grèce, l'Espagne et le Portugal ont tous enregistré des croissances
fortes de leurs revenus touristiques.
Les terroristes opèrent plutôt sur d'autres terrains
Les données semblent indiquer que les terroristes n'ont pas intensifié leurs attaques contre l'industrie du
tourisme, ces dernières années.
Les chiffres de TRAG suggèrent que la tendance des attaques contre le secteur du tourisme a été très stable
depuis 2007, et plus particulièrement depuis 2011, année où le nombre annuel avait oscillé entre 28 et 32. Pour
l'année courante, le compte en était à 17 jusqu'au 4 août et il équivaudrait un nombre annuel de 29.
Globalement, la banque de données de la TRAG a enregistré 297 attaques terroristes contre des intérêts
commerciaux (plutôt que contre des services de sécurité, tels que des commissariats de police ou des casernes)
durant l'année se terminant au début du mois d'août, et la majorité de ces opérations terroristes auront eu lieu
dans des marchés émergents.
L'année 2015 s'achemine vers un record d'environ 500 attaques contre des intérêts commerciaux, en hausse par
rapport aux 443 attaques de 2014, mais en baisse en comparaison avec les 5 années précédentes.
Le commerce du détail est l'activité économique la plus atteinte, du fait très probablement de l'omniprésence
de ce secteur et sa nature de cible très vulnérable. Plusieurs de ces attaques ont lieu dans des marchés en plein
air, selon M. Wilkinson.
Cependant, alors qu'en 2014 les attaques contre les commerces de détail ont atteint 45,8% du nombre total des
attaques, en 2015, jusqu'à présent, elles n'atteignent que la proportion de 28,9%.
Si tant est qu'il existe des schémas généraux à dégager de toutes ces données, il semble bien qu'il y ait une
tendance vers l'attaque terroriste contre les infrastructures.