Cometh- Confidentiel 5/14
1 RATIONNEL ET JUSTIFICATION DE L’ETUDE
1.1 Les pathologies cardiovasculaires chez les hémophiles
L’hémophilie est une maladie hémorragique constitutionnelle héréditaire de transmission récessive liée au
sexe. Elle revêt deux formes : l’hémophilie A liée à un déficit en facteur VIII qui atteint 80% des patients
hémophiles et l’hémophilie B qui est liée à un déficit en facteur IX et qui concerne les autres 20%.
Le traitement des patients adultes est aujourd’hui encore essentiellement représenté par l’apport le plus
rapidement possible de dérivés antihémophiliques dès qu’il y a complication hémorragique, mais ces apports
peuvent être également réalisés à titre prophylactique lorsque les conditions le requièrent en raison
notamment de la réalisation d’un acte invasif (1).
Sous l’effet des progrès réalisés dans la prise en charge de l’hémophilie, les patients atteints de cette maladie
ont vu croître leur espérance de vie de manière très importante (2) et elle est estimée actuellement à 70 ans
(3). Certes, différentes études ont montré que leur hémophilie pouvait constituer un facteur préventif de la
survenue des maladies cardiovasculaires (3-7) mais il n’en reste pas moins que cet allongement de leur
longévité les expose désormais au risque de survenue des accidents cardiovasculaires dont l’incidence croît
de manière importante à partir de la cinquième décennie.
La difficulté qui apparaît alors est que la prise en charge de nombre de ces maladies cardiovasculaires telles
que fibrillation atriale, insuffisance coronaire, pathologie valvulaire, syndromes coronariens aigus, de même
que leur prévention secondaire font largement appel aux traitements antithrombotiques : médicaments
antiplaquettaires et traitements anticoagulants.
1.2 L’utilisation des antithrombotiques chez les hémophiles : un équilibre délicat
Comme le présente un récent article consacré à l’hémophilie et aux pathologies cardiovasculaires (1), la
situation du traitement des événements cardiovasculaires aigus et de leur prévention secondaire est
complexe. L’athérosclérose et la cardiopathie ischémique nécessitent un traitement pour réduire le risque de
formation d’un thrombus. Les traitements anticoagulants et antiplaquettaires augmentent le risque de
saignement chez les hémophiles et les interventions cardiovasculaires se compliquent fréquemment de
saignement. Pour minimiser ces risques, le déficit en facteur de coagulation doit être corrigé mais, à
l’inverse, l’administration de concentré de facteurs de coagulation pourrait favoriser la survenue d’ischémie
cardiovasculaire.
Face à cet équilibre difficile et instable entre risque de saignement et de thrombose, nombre de médecins se
sentent désarmés et ce d’autant plus qu’aucune recommandation n’est disponible dans ce domaine. Il semble
que les recommandations pour la prévention et le traitement des cardiopathies ischémiques émises chez les
sujets non hémophiles doivent être en principe suivies mais aucune donnée n’est disponible dans la littérature
pour évaluer ses effets tant au niveau de la prise en charge de l’épisode coronaire aigu que dans la prévention
secondaire des accidents cardiovasculaires.